Re: [EDUC] Un lycée stéphanois recrute sa technicienne ou son technicien "réseaux et systèmes" pour le salaire minimum interprofessionnel de croissance...

[Laurent COOPER <laurent.cooper AT ac-grenoble.fr>]

Bonjour

Pour bien connaître la situation de la région Rhône Alpes (ajouter
l'Auvergne maintenant), je peux répondre assez précisément à Michel

Contrairement à ce que dit Étienne, il ne s'agit pas du tout d'un emploi
dans le cadre de la responsabilité des collectivités.

Pour ceux qui ne le savent pas, il y a eu un texte de la loi passé à
l'assemblé il y a maintenant presque 3 ans (de mémoire). Les députés ont
appelé ça une clarification de la loi de décentralisation, les
collectivités locales ont parlé d'une extension de la loi de
décentralisation. En cause ? Les systèmes informatiques dans les milieux
scolaires.

La situation était assez chaotique. En effet, la loi indiquait
clairement que
* La collectivité de rattachement (école : mairie, collége : conseil
départemental, lycée : région) fournit le matériel informatique
* la gestion des outils métiers relève de l'éducation nationale (le
logiciel de compta, d'emploi du temps, etc ...)

Mais ... la gestion de l'infrastructure réseau ? Des OS ? Là, la loi
était floue et les pratiques aussi diverses que variées. Souvent, les
rectorats et donc l'EN avaient un rôle assez fort , ailleurs les
collectivités s'occupaient de tout, et parfois, personne ne faisait rien
à cause de conflits larvés entre les instances ou des personnes.

Dans l'académie de Lyon, avant la clarification de la loi, un DSI du
rectorat a estimé que c'était à la région de faire le boulot. Il a
clairement démoli les moyens académiques qui ont été réduit à très peu,
afin que la région assume son rôle. Rôle qu'elle n'a pas assumé. Les
établissement se sont trouvé dans des situations assez mauvaises.

Depuis la loi de clarification, une société a été choisie sur procédure
de dialogue concurrentiel (comme un appel d'offre mais aux modalités un
peu particulière). C'est la société ATOS qui a le marché pour l'ensemble
des lycées de la région Rhone Alpes.

C'est la région qui DOIT gérer les OS, déploiements d'applications et
maintenance technique des machines. D'ailleurs, pour tout
dysfonctionnement, le lycée est censé contacter la société ATOS via le
guichet unique d'assistance.

C'est le lycée qui a en charge juste la création et la gestion de
comptes et la partie logiciel métier.

Sauf que ... ça ne fonctionne pas du tout. Les lycées sont dans une
situation catastrophique la plupart du temps. Parfois un enseignant sert
d'administrateur local, d'autres fois ce sont des sociétés embauchées
sur des crédits de fonctionnement.

Là, c'est un exemple typique. L'établissement ne fonctionne pas. Ils
sont sans doute trop juste au niveau dotation enseignant et frais de
fonctionnement. Donc ils essayent de détourner un emploi d'AED.

Michel a bien dit que le contrat était sur un statut d'AED. Sauf qu'AED,
ce n'est pas qu'un statut, c'est aussi une mission bien définie. C'est
une mission de surveillance et de vie scolaire (assistant d'éducation),
avec les contrainte et le salaire qui vont avec cette mission.

Ce n'est en aucun cas un statut destiné à embaucher un responsable
informatique.  C'est une utilisation complétement détournée.

Ce n'est pas l'éducation nationale. Ce n'est pas la région. C'est le
proviseur et/ou l'intendant d'un lycée qui essaye de bricoler une
solution avec le peu de moyens à leur disposition par ce que la région
ne remplit pas correctement ses missions.

En espérant que ces précisions vous aideront à y voir un peu plus clair
dans ce mille feuilles aux nombreuses ramifications ....

Cordialement

Laurent


Le 20/10/2016 à 08:58, Étienne ANDRÉ a écrit :
> Bonjour,
> 
> Il s'agit bien d'un emploi dans le cadre de la dernière loi confiant aux 
> collectivités de rattachement (collèges = département, lycées = région) la 
> maintenance du parc informatique. Apparemment, la région en question confie 
> le recrutement à l'établissement, ce qui est un plus pour les personnels 
> qui sauront où ils travailleront, et un moins parce qu'il est imaginable 
> que "le fils de" soit embauché. Mais c'est pas vraiment un cadeau, à ce 
> niveau de salaire...
> 
> Si tu penses que c'est vraiment trop mal payé, je te renvoie au bulletin de 
> vote que tu as mis dans l'urne au printemps dernier, je crois que c'était 
> assez nettement clair dans le programme des candidats. Et je n'en dis pas 
> plus, tout le monde aura compris et je ne vais pas me faire virer de la 
> liste pour propagande politique. Déjà au moins dans cette région-là, il 
> semble qu'il soit envisagé de mettre une personne à temps plein pour un 
> lycée de 400 machines : chez moi, on a un jour par semaine, non, un jour 
> une semaine sur deux, une demi-journée les autres. On ne se plaint pas : 
> avant c'était fait par l'opération du Saint-Esprit. Et je serais bien 
> étonné que le gars qui fait ça touche beaucoup plus que le SMIC et un coup 
> de pied au derche.
> 
> Cela dit, le MEN, lorsqu'il embauche, ne fait pas vraiment mieux, et pour 
> des missions fichtrement plus difficiles encore. La fonction publique n'a 
> jamais créé de corps spécifique à ces missions, alors que ça fait 25 ans 
> qu'on en aurait besoin. Moralité, ce travail est systématiquement assuré 
> par des contractuels, à des conditions odieuses. Une chose en entraînant 
> une autre, c'est certainement à l'origine du déclassement de l'informatique 
> en tant que profession dans notre pays. Du beau travail, de la bonne 
> politique.
> 
> Librement,
> 
> ----- Mail original -----
>> De: bdesroches AT free.fr
>> À: educ AT april.org
>> Envoyé: Jeudi 20 Octobre 2016 06:50:15
>> Objet: Re: [EDUC] Un lycée stéphanois recrute sa technicienne ou son 
>> technicien "réseaux et systèmes" pour le salaire
>> minimum interprofessionnel de croissance...
>>
>> Etant dans l'EN, j'ai malheureusement l'habitude ce genre de
>> recrutement. Mais juste une question. Est-ce qu'il s'agit bien de
>> l'EN comme employeur car dans de nombreuses régions, ce type
>> d'emploi (si on peut appeler ça un emploi) est payé par la Région...
>> mais ne nous voilons pas la face : en matière de sous-paiement état
>> et régions (de tous bords) s'y entendent bien.
>> Le malheur est qu'ils finissent par embaucher quelqu'un ... bien
>> souvent sans les réelles compétences exigées et je dirais même qu'il
>> arrive que soit embauché "le fils de"
>>
>> Bruno Desroches
>> Académie de Clermont-Ferrand
>>
>> ----- Mail original -----
>> De: "Maou 420" <maou420 AT free.fr>
>> À: educ AT april.org
>> Envoyé: Jeudi 20 Octobre 2016 03:59:04
>> Objet: [EDUC] Un lycée stéphanois recrute sa technicienne ou son
>> technicien "réseaux et systèmes" pour le salaire minimum
>> interprofessionnel de croissance...
>>
>>
>> Bonjour à toutes et tous,
>>
>> Ce courriel est un coup de gueule contre l'éducation nationale
>> (désolé pour les nombreux membres de cette liste qui y travaille au
>> quotidien).
>>
>> Juste pour vous reporter les teneurs d'un entretien passé ce lundi
>> pour un poste de "technicien de maintenance" dans un lycée de
>> Saint-Etienne (dont je tairai le nom par souci de représailles).
>>
>> Le côté technique :
>> - parc de 400 machines clients essentiellement sous différentes
>> versions de Windows,
>> - des serveurs essentiellement sous Linux mais pas que,
>> - des imprimantes, des vidéoprojecteurs...,
>> - plusieurs plateformes à maitriser (Web, ENT, passerelles...),
>> - un service aux étudiants de connexion avec leur propre machines (ce
>> lycée a des classes préparatoires)... le système classique donc.
>>
>> Le côté administratif :
>> - statut d'assistant de l'éducation (niveau BAC exigé),
>> - temps complet de 1607 heures annuelles,
>> - taux horaire brut de 9,67 euros,
>> - période de travail sur 39 à 46 semaines,
>> - travail les samedis matins (sur ce point, je n'ai pas tout
>> compris),
>> - contrat CDD de 12 mois renouvelable sur 6 ans.
>>
>> Voilà ! Nous étions 6 candidats et je n'ai pas été retenu. Sans doute
>> parce que je leur ai demandé de préciser s'il s'agissait bien d'un
>> taux horaire brut et non net . Je leur ai fait également la remarque
>> en direct qu'ils ne pouvaient pas être plus bas en terme de
>> rémunération. Je leur ai répondu, après le refus reçu par courriel
>> (même pas la délicatesse de téléphoner) que je n'étais pas prêt à
>> brader mes compétences (voir mon CV si cela vous intéresse) et que
>> je leur souhaitais d'avoir, contre ce salaire, une personne à la
>> hauteur du poste. Ces deux remarques sont restées sans réponse pour
>> l'instant.
>> Et à ceux qui penseraient qu'il resterait 12 semaines pour aller
>> faire un complément de salaire ailleurs, et bien, même pas possible
>> car, comme dans la majorité des cas, on profite de la fermeture d'un
>> site pour y appliquer des mises à jour importantes. Donc vous ne
>> pourriez pas vous engager à l'avance sur d'autres activités pendant
>> les vacances scolaires.
>>
>> Ce que je veux exprimer clairement au travers de mon courriel, c'est
>> le fait que l'éducation national peut lâcher des millions d'euros
>> pour acheter des licences M$ mais elle n'a pas un sou au-dessus du
>> SMIC pour rémunérer dignement son personnel informatique. Je
>> commence à comprendre pourquoi l'informatique dysfonctionne dans pas
>> mal d'établissements.
>>
>> Et je pourrai également vous parler du C.H.U qui a une politique de
>> recrutement encore plus incroyable. Ou encore de la gestion
>> pitoyable des écoles élémentaires mais cela sort de ce "post". ...
>>
>> A vous relire... Michel Campistron.
>>
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