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educ - Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie)

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie)


Chronologique Discussions 
  • From: Vincent Mabillot <vincent.mabillot AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie)
  • Date: Tue, 13 Dec 2016 22:36:45 +0100

Hum, après le climatoscepticisme le digitalosceptiscisme que vous voudrez bien interpréter comme un sceptiscime sur les bienfaits du numérique.

Il me semble qu'on est ici entrain de compter la consommation relative des technos, alors qu'il faudrait tenir compte de la consommation absolue liée à l'inflation des usages.

Oui un ordinateur n'a pas besoin d'un réseau pour consommer, mais un ordinateur connecté a un usage bien plus permanent qu'un ordinateur non connecté.

La connectivité génère des usages qui sont individuellement moins énergivores mais dont l'augmentation en nombre produit une inflation de la consommation.

Preuve en est que la consommation mondiale d'énergie et de matières premières n'a cessé d'exploser. Pas seulement pour que les pauvres accèdent aux progrès de la techno, mais surtour pour que les pauvres puissent produire pudiquement des technos délicieuses.

En France, le secteur domestique et tertiaire a vu sa consommation grimper en flèche avec l'ère numérique tandis que le secteur industriel devenait un consommateur secondaire.

Nous sommes (en France) dans une période de stagnation de la conso d'électricité qui s'explique probablement par une saturation du marché, des technologies plus économes mais au prix d'une augmentation de la facture industrielle et d'une manufacturation déplacer dans d'autres régions du monde. Adpetes des technos «propres» travaillant à domicile envisagez d'échanger votre taux de pollution avec celui des ouvriers des régions fabricant ces technos qui sont accessibles parce qu'il y a un coût déplacé et encaissé sur les «conditions de vie» de ces régions productrices.

Bonne soirée

Vincent


Le 13/12/2016 à 20:15, Mathias Damour a écrit :
Bonjour,

J'ai lu la transcription de cette conférence,

J'allais être assez critique sur les propos de Benjamin Bayart, en fait j'ai failli le lire trop vite (mais il reste des choses discutables).

Juste avant le passage donné ci-dessous, il dit : « /Il y a des études qui disent des bêtises sur Internet, il y en a depuis avant la création d’Internet. Internet ne consomme pas d’électricité, ce sont les ordinateurs qui en consomment. Si on ne les met pas en réseau, ça consomme quand même. Il faut faire très attention à la façon dont on lit./ »

En effet, apparemment il y a eu une vague d'articles en 2013 sur la consommation d'Internet en général, sinon des ordinateurs, smartphones ou utilisations particulières, avec beaucoup d'approximations et d'approches trompeuses.
J'ai trouvé récemment cet article par exemple qui titre "Votre smartphone consomme plus que votre réfrigérateur !" pour finalement dire que c'est en comptant l'utilisation d’applications et sites Web (ce qui reste pour le moins à vérifier)
http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Votre-smartphone-consomme-plus-que-votre-refrigerateur-!-2013-08-20-1000083
Ceux qui lisent vite retiennent facilement que le smartphone consomme vraiment plus qu'un réfrigérateur, alors qu'il consomme environ 100 fois moins.

Je viens de développer l'article : https://fr.vikidia.org/wiki/Puissance_%28physique%29 sur Vikidia, en insistant bien sur des exemples et ordres de grandeur.
Où il apparaît qu'un smartphone consomme de l'ordre d'1 watt en activité et 0,1 watt en veille.

Les objections de type « oui mais si on compte aussi... » ne sont pas recevables ou très insuffisantes sans chiffres, j'y répondrais "Eh bien comptez et revenez avec des chiffres tangibles". C'est une exigence essentielle tant on a tendance à rester sur de simples idées dont les bases sont fragiles sinon totalement fausses. D'approximations en approximations, en passant par les impressions et sentiments que..., on en vient vite à des rumeurs totalement erronées.

Que les datacenters consomment beaucoup, je ne vais pas le nier (quoique j'aimerais avoir des données plus construites sur le sujet, comment se répartit la consommation entre datacenter et terminaux utilisateurs ?). À mon avis, une raison centrale d'une éventuelle croissance exagérée de la consommation énergétique du numérique, c'est que la valeur financière de l'énergie est actuellement très faible, et en particulier faible en rapport avec la valeur de ce que représente le numérique.
Que l'électricité soit 2 ou 10 fois plus chère et cela commencera peut-être à se sentir, au point que les entreprises comme les particuliers y regarderont de plus prêt et adopteront des solutions pour réduire cette consommation. Je suis sûr qu'il y a des possibilités multiples de réduire cette consommation, mais qui ont sans doute à chaque fois un certain coût, même s'il est surmontable : se préoccuper de la consommation des machines, chercher des moyens d'optimisation... Actuellement, qui regarde la puissance d'un ordinateur quand il l'achète ? Ça ne fait aucune pression sur les constructeurs de ce côté.
Et puis il faut envisager que le gisements d'économies d'électricité (si on se limite à l'électricité) soit beaucoup plus importants ailleurs, ou au moins qu'on sait difficilement à l'avance où ils sont (isoler des logements, installer des chauffe-eaux solaires...) Il faudrait prendre la question de façon pragmatique pour le savoir... Et/ou augmenter le prix de l'électricité pour tout le monde mettrait en relief les fortes consommations qui peuvent être réduites. Un ensemble de serveurs qui consommerait autant qu'une rame de train « sert » combien de fois plus d'internautes qu'il y a de passagers dans la rame ?

Ensuite je crains que sur quelques points cette intervention mélange un peu tout, ou alors il ne développe pas jusqu'au bout ce qu'il vaut dire quand il parle de centralisation/décentralisation de la consommation d'énergie. C'est de l'oral, donc on ne se relit pas, mais il y a quand-même une contradiction entre « /quand on décentralise ces infrastructures, on se met à consommer plus d’énergie, parce qu’on ne fait plus des économies d’échelle/ » et « /C’est l’hyper centralisation qui coûte très cher en énergie./ »

Donc je crois qu'il faut chiffrer et voir au cas par cas plutôt que tirer certaines données dans le sens qui nous attire et propager des impressions mal fondées. Et si ces rumeurs sont tant diffusées plutôt que des explications basées sur des faits et données pertinentes sur la question, j'aurais tendance à faire le lien avec le manque de culture scientifique ou à l'approche de l'enseignement des sciences dans l'école française quand, restant très formelle, elle fait trop peu de liens avec le concret, et laisse inchangées les représentations spontanées qu'on se fait sur une question. Autrement dit apprendre et appliquer des formules sans les comprendre et ensuite n'avoir aucune idée de ce que représente un kilowatt-heure et le confondre allègrement avec le kilowatt...

Reste à discuter de la centralisation des serveurs pour des question autres qu'énergétiques, ou encore la question des ressources employées pour la production du matériel, sa durée de vie, mais sans sauter trop vite d'une question à l'autre...


Le 13/12/2016 à 08:17, Marie-Odile Morandi a écrit :

   Bonjour

   Dans cette conférence
   https://www.april.org/big-data-gafa-nos-donnees-numeriques-nous-appartiennent-elles

   Intervention de B. Bayart qui donnes des éléments pour la réponse à
   ce souci

   *Benjamin Bayart :* Oui. Voilà ! C’est très important, parce que ça
   fausse l’idée qu’ont les gens. Si je fais des choses sur mon
   ordinateur au lieu de les faire en réseau, ça consomme probablement
   plus d’électricité. L’existence du réseau permet de traiter
   énormément de choses sans se déplacer. Ce qui correspond à terme :
   le seul mode de société qui permet de relocaliser la production
   c’est celui où les gens peuvent échanger des données. Il faut faire
   très attention à voir à quel endroit on consomme de l’énergie et à
   quel endroit on en économise. Je ne dis pas que la question n’existe
   pas, je dis qu’elle est beaucoup plus complexe et que je me méfie
   des études qu’on lit sur le sujet, parce qu’elles ont une certaine
   tendance à additionner n’importe quoi avec n’importe quoi d’autre.
   Oui les technologies de l’information et de la communication
   consomment une quantité énorme d’énergie. Oui ! Il se trouve que si
   on utilise correctement Internet, c’est une consommation d’énergie
   qu’on peut relocaliser.

   À l’heure actuelle il y a une tendance, très fâcheuse, à l’hyper
   centralisation, c’est le principe des Google, Amazon, etc., qui sont
   des plateformes gigantesques. Ça, c’est hyper consommateur d’énergie
   et surtout, ça consomme beaucoup d’énergie en un point. Quand on
   délocalise, quand on décentralise ces infrastructures, on se met à
   consommer plus d’énergie, parce qu’on ne fait plus des économies
   d’échelle, mais partout. C’est-à-dire si au lieu d’avoir toutes vos
   données chez Google, vous avez toutes vos données sur un petit
   ordinateur chez vous, ça va consommer plus d’énergie que Google,
   mais ça va consommer un tout petit peu d’énergie dans tous les
   logements, et ça c’est facile à produire de manière propre. Produire
   des mégawatts de manière propre c’est compliqué. Produire quelques
   kilowatts, pour sa maison, c’est assez simple. C’est-à-dire qu’en
   fait, c’est beaucoup moins que le chauffage. Ma consommation
   d’énergie en matière de numérique, c’est moins que le chauffage de
   mon logement, beaucoup moins. Et donc, c’est une consommation
   d’énergie qu’on est capable de relocaliser, à terme.

   Il faut faire très attention dans les grilles de lecture à ce qui
   est lié à une forme particulière de l’usage qui est l’hyper
   centralisation et à ce qui est lié à la technologie elle-même. Le
   numérique, en lui-même, est très peu consommateur d’énergie. La
   preuve un téléphone consomme très, très peu d’énergie. Si vous
   réfléchissez, la charge d’une batterie de téléphone, en quantité
   d’essence, c’est quelques gouttes. En fait, la quantité d’énergie
   qui est contenue dans une batterie de téléphone, c’est l’équivalent
   de quelques gouttes d’essence. Et pourtant, c’est un ordinateur
   extrêmement puissant. C’est-à-dire ça [Benjamin montre son
   téléphone] c’est largement assez puissant pour traiter mon mail,
   enfin toutes mes données perso, quoi ! La quantité d’énergie mise en
   œuvre dans un certain nombre de cas est extrêmement raisonnable.
   Donc il faut faire très attention aux grilles de lecture. C’est
   l’hyper centralisation qui coûte très cher en énergie. Là où il y a
   un vrai problème, c’est sur les consommations de ressources. C’est
   sur le fait que ça, on le jette tous les trois/quatre ans, alors
   qu’il n’y a pas de vraies bonnes raisons. Ça, c’est un autre sujet.
   Ça, ce sont des questions de recyclage, etc., mais c’est vrai dans
   toutes les techniques.


   /Amicalement
   Marie-Odile Morandi
   Adhérente April/

   Le 13/12/2016 à 08:12, Frucot Jean-Louis a écrit :

       Le 12/12/2016 à 23:53, Marc Hépiègne a écrit :


           Concernant owncloud, ça fonctionne bien, mais il faut un
           serveur, ça ne
           peut donc pas être totalement gratuit, mais c'est pour la
           bonne cause.

       Il est une question que je me pose aussi (c'est une vraie
       question) : «Qu'en est-il de l'aspect énergétique de
       l'auto-hébergement ?»
       J'ai l'impression, mais peut-être n'est-ce qu'une impression,
       qu'un serveur personnel même avec un PI et surtout avec les
       disques durs consomme plus qu'une instance chez un hébergeur pro
       comme ovh.
       Votre avis ?

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