Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
Archives de la liste
- From: Mathias Damour <mathias.damour AT gmx.fr>
- To: educ AT april.org
- Subject: Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie)
- Date: Tue, 13 Dec 2016 23:32:46 +0100
Le 13/12/2016 à 22:36, Vincent Mabillot a écrit :
Hum, après le climatoscepticisme le digitalosceptiscisme que vous voudrez bien interpréter comme un sceptiscime sur les bienfaits du numérique.
climatoscepticisme et digitalosceptiscisme de qui ? Je n'ai pas bien compris.
Il me semble qu'on est ici entrain de compter la consommation relative des technos, alors qu'il faudrait tenir compte de la consommation absolue liée à l'inflation des usages.
Oui un ordinateur n'a pas besoin d'un réseau pour consommer, mais un ordinateur connecté a un usage bien plus permanent qu'un ordinateur non connecté.
La connectivité génère des usages qui sont individuellement moins énergivores mais dont l'augmentation en nombre produit une inflation de la consommation.
Sans doute. C'est une proposition valable. Et après ? Je voulais dire que c'est important de chiffrer cela plutôt que d'en rester à des idées. En escomptant que ça puisse déboucher sur le choix de matériels plus économes par exemple. Ou se rendre compte peut-être qu'on économisera beaucoup plus d'énergie à limiter quelque peu ses déplacements (voire plus qu'un peu) qu'en réformant ses pratiques numériques....
Preuve en est que la consommation mondiale d'énergie et de matières premières n'a cessé d'exploser. Pas seulement pour que les pauvres accèdent aux progrès de la techno, mais surtour pour que les pauvres puissent produire pudiquement des technos délicieuses.
En France, le secteur domestique et tertiaire a vu sa consommation grimper en flèche avec l'ère numérique tandis que le secteur industriel devenait un consommateur secondaire.
Nous sommes (en France) dans une période de stagnation de la conso d'électricité qui s'explique probablement par une saturation du marché, des technologies plus économes mais au prix d'une augmentation de la facture industrielle et d'une manufacturation déplacer dans d'autres régions du monde. Adpetes des technos «propres» travaillant à domicile envisagez d'échanger votre taux de pollution avec celui des ouvriers des régions fabricant ces technos qui sont accessibles parce qu'il y a un coût déplacé et encaissé sur les «conditions de vie» de ces régions productrices.
Ça élargit beaucoup le sujet, on ne peut pas répondre en trois ligne à tout ça. Il n'y a sans doute pas qu'en Europe qu'on a la préoccupation de réduire la pollution.
Un vélo à assistance électrique est typiquement un produit des technologies industrielles consommatrices de ressources et polluantes, avec sa batterie notamment, puis il consomme de l'énergie pour le charger. Mais en 50 à 100 fois plus petit qu'une voiture électrique, c'est utile à relever.
Le 13/12/2016 à 20:15, Mathias Damour a écrit :
Bonjour,
J'ai lu la transcription de cette conférence,
J'allais être assez critique sur les propos de Benjamin Bayart, en fait j'ai failli le lire trop vite (mais il reste des choses discutables).
Juste avant le passage donné ci-dessous, il dit : « /Il y a des études qui disent des bêtises sur Internet, il y en a depuis avant la création d’Internet. Internet ne consomme pas d’électricité, ce sont les ordinateurs qui en consomment. Si on ne les met pas en réseau, ça consomme quand même. Il faut faire très attention à la façon dont on lit./ »
En effet, apparemment il y a eu une vague d'articles en 2013 sur la consommation d'Internet en général, sinon des ordinateurs, smartphones ou utilisations particulières, avec beaucoup d'approximations et d'approches trompeuses.
J'ai trouvé récemment cet article par exemple qui titre "Votre smartphone consomme plus que votre réfrigérateur !" pour finalement dire que c'est en comptant l'utilisation d’applications et sites Web (ce qui reste pour le moins à vérifier)
http://www.la-croix.com/Actualite/Economie-Entreprises/Economie/Votre-smartphone-consomme-plus-que-votre-refrigerateur-!-2013-08-20-1000083
Ceux qui lisent vite retiennent facilement que le smartphone consomme vraiment plus qu'un réfrigérateur, alors qu'il consomme environ 100 fois moins.
Je viens de développer l'article : https://fr.vikidia.org/wiki/Puissance_%28physique%29 sur Vikidia, en insistant bien sur des exemples et ordres de grandeur.
Où il apparaît qu'un smartphone consomme de l'ordre d'1 watt en activité et 0,1 watt en veille.
Les objections de type « oui mais si on compte aussi... » ne sont pas recevables ou très insuffisantes sans chiffres, j'y répondrais "Eh bien comptez et revenez avec des chiffres tangibles". C'est une exigence essentielle tant on a tendance à rester sur de simples idées dont les bases sont fragiles sinon totalement fausses. D'approximations en approximations, en passant par les impressions et sentiments que..., on en vient vite à des rumeurs totalement erronées.
Que les datacenters consomment beaucoup, je ne vais pas le nier (quoique j'aimerais avoir des données plus construites sur le sujet, comment se répartit la consommation entre datacenter et terminaux utilisateurs ?). À mon avis, une raison centrale d'une éventuelle croissance exagérée de la consommation énergétique du numérique, c'est que la valeur financière de l'énergie est actuellement très faible, et en particulier faible en rapport avec la valeur de ce que représente le numérique.
Que l'électricité soit 2 ou 10 fois plus chère et cela commencera peut-être à se sentir, au point que les entreprises comme les particuliers y regarderont de plus prêt et adopteront des solutions pour réduire cette consommation. Je suis sûr qu'il y a des possibilités multiples de réduire cette consommation, mais qui ont sans doute à chaque fois un certain coût, même s'il est surmontable : se préoccuper de la consommation des machines, chercher des moyens d'optimisation... Actuellement, qui regarde la puissance d'un ordinateur quand il l'achète ? Ça ne fait aucune pression sur les constructeurs de ce côté.
Et puis il faut envisager que le gisements d'économies d'électricité (si on se limite à l'électricité) soit beaucoup plus importants ailleurs, ou au moins qu'on sait difficilement à l'avance où ils sont (isoler des logements, installer des chauffe-eaux solaires...) Il faudrait prendre la question de façon pragmatique pour le savoir... Et/ou augmenter le prix de l'électricité pour tout le monde mettrait en relief les fortes consommations qui peuvent être réduites. Un ensemble de serveurs qui consommerait autant qu'une rame de train « sert » combien de fois plus d'internautes qu'il y a de passagers dans la rame ?
Ensuite je crains que sur quelques points cette intervention mélange un peu tout, ou alors il ne développe pas jusqu'au bout ce qu'il vaut dire quand il parle de centralisation/décentralisation de la consommation d'énergie. C'est de l'oral, donc on ne se relit pas, mais il y a quand-même une contradiction entre « /quand on décentralise ces infrastructures, on se met à consommer plus d’énergie, parce qu’on ne fait plus des économies d’échelle/ » et « /C’est l’hyper centralisation qui coûte très cher en énergie./ »
Donc je crois qu'il faut chiffrer et voir au cas par cas plutôt que tirer certaines données dans le sens qui nous attire et propager des impressions mal fondées. Et si ces rumeurs sont tant diffusées plutôt que des explications basées sur des faits et données pertinentes sur la question, j'aurais tendance à faire le lien avec le manque de culture scientifique ou à l'approche de l'enseignement des sciences dans l'école française quand, restant très formelle, elle fait trop peu de liens avec le concret, et laisse inchangées les représentations spontanées qu'on se fait sur une question. Autrement dit apprendre et appliquer des formules sans les comprendre et ensuite n'avoir aucune idée de ce que représente un kilowatt-heure et le confondre allègrement avec le kilowatt...
Reste à discuter de la centralisation des serveurs pour des question autres qu'énergétiques, ou encore la question des ressources employées pour la production du matériel, sa durée de vie, mais sans sauter trop vite d'une question à l'autre...
Le 13/12/2016 à 08:17, Marie-Odile Morandi a écrit :
Bonjour
Dans cette conférence
https://www.april.org/big-data-gafa-nos-donnees-numeriques-nous-appartiennent-elles
Intervention de B. Bayart qui donnes des éléments pour la réponse à
ce souci
*Benjamin Bayart :* Oui. Voilà ! C’est très important, parce que ça
fausse l’idée qu’ont les gens. Si je fais des choses sur mon
ordinateur au lieu de les faire en réseau, ça consomme probablement
plus d’électricité. L’existence du réseau permet de traiter
énormément de choses sans se déplacer. Ce qui correspond à terme :
le seul mode de société qui permet de relocaliser la production
c’est celui où les gens peuvent échanger des données. Il faut faire
très attention à voir à quel endroit on consomme de l’énergie et à
quel endroit on en économise. Je ne dis pas que la question n’existe
pas, je dis qu’elle est beaucoup plus complexe et que je me méfie
des études qu’on lit sur le sujet, parce qu’elles ont une certaine
tendance à additionner n’importe quoi avec n’importe quoi d’autre.
Oui les technologies de l’information et de la communication
consomment une quantité énorme d’énergie. Oui ! Il se trouve que si
on utilise correctement Internet, c’est une consommation d’énergie
qu’on peut relocaliser.
À l’heure actuelle il y a une tendance, très fâcheuse, à l’hyper
centralisation, c’est le principe des Google, Amazon, etc., qui sont
des plateformes gigantesques. Ça, c’est hyper consommateur d’énergie
et surtout, ça consomme beaucoup d’énergie en un point. Quand on
délocalise, quand on décentralise ces infrastructures, on se met à
consommer plus d’énergie, parce qu’on ne fait plus des économies
d’échelle, mais partout. C’est-à-dire si au lieu d’avoir toutes vos
données chez Google, vous avez toutes vos données sur un petit
ordinateur chez vous, ça va consommer plus d’énergie que Google,
mais ça va consommer un tout petit peu d’énergie dans tous les
logements, et ça c’est facile à produire de manière propre. Produire
des mégawatts de manière propre c’est compliqué. Produire quelques
kilowatts, pour sa maison, c’est assez simple. C’est-à-dire qu’en
fait, c’est beaucoup moins que le chauffage. Ma consommation
d’énergie en matière de numérique, c’est moins que le chauffage de
mon logement, beaucoup moins. Et donc, c’est une consommation
d’énergie qu’on est capable de relocaliser, à terme.
Il faut faire très attention dans les grilles de lecture à ce qui
est lié à une forme particulière de l’usage qui est l’hyper
centralisation et à ce qui est lié à la technologie elle-même. Le
numérique, en lui-même, est très peu consommateur d’énergie. La
preuve un téléphone consomme très, très peu d’énergie. Si vous
réfléchissez, la charge d’une batterie de téléphone, en quantité
d’essence, c’est quelques gouttes. En fait, la quantité d’énergie
qui est contenue dans une batterie de téléphone, c’est l’équivalent
de quelques gouttes d’essence. Et pourtant, c’est un ordinateur
extrêmement puissant. C’est-à-dire ça [Benjamin montre son
téléphone] c’est largement assez puissant pour traiter mon mail,
enfin toutes mes données perso, quoi ! La quantité d’énergie mise en
œuvre dans un certain nombre de cas est extrêmement raisonnable.
Donc il faut faire très attention aux grilles de lecture. C’est
l’hyper centralisation qui coûte très cher en énergie. Là où il y a
un vrai problème, c’est sur les consommations de ressources. C’est
sur le fait que ça, on le jette tous les trois/quatre ans, alors
qu’il n’y a pas de vraies bonnes raisons. Ça, c’est un autre sujet.
Ça, ce sont des questions de recyclage, etc., mais c’est vrai dans
toutes les techniques.
/Amicalement
Marie-Odile Morandi
Adhérente April/
Le 13/12/2016 à 08:12, Frucot Jean-Louis a écrit :
Le 12/12/2016 à 23:53, Marc Hépiègne a écrit :
Concernant owncloud, ça fonctionne bien, mais il faut un
serveur, ça ne
peut donc pas être totalement gratuit, mais c'est pour la
bonne cause.
Il est une question que je me pose aussi (c'est une vraie
question) : «Qu'en est-il de l'aspect énergétique de
l'auto-hébergement ?»
J'ai l'impression, mais peut-être n'est-ce qu'une impression,
qu'un serveur personnel même avec un PI et surtout avec les
disques durs consomme plus qu'une instance chez un hébergeur pro
comme ovh.
Votre avis ?
--
Pour vous désinscrire de cette liste :https://listes.april.org/wws/sigrequest/educ
Pour gérer votre abonnement à la liste educ et vos informations personnelles :
http://listes.april.org/wws/info/educ
--
Pour vous désinscrire de cette liste
:https://listes.april.org/wws/sigrequest/educ
Pour gérer votre abonnement à la liste educ et vos informations personnelles :
http://listes.april.org/wws/info/educ
--
Pour vous désinscrire de cette liste :
https://listes.april.org/wws/sigrequest/educ
Pour gérer votre abonnement à la liste educ et vos informations personnelles :
http://listes.april.org/wws/info/educ
--
Mathias Damour
49 rue Carnot
74000 Annecy
04 57 09 10 56
06 27 13 65 51
mathias.damour AT gmx.fr
- [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie), Mathias Damour, 13/12/2016
- Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie), Vincent Mabillot, 13/12/2016
- Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie), Mathias Damour, 13/12/2016
- Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie), Vincent Mabillot, 14/12/2016
- Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie), Mathias Damour, 13/12/2016
- Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie), Wilfrid Niobet, 14/12/2016
- Re: [EDUC] consommation d'Internet (was Re: Dégooglelisation accomplie), Vincent Mabillot, 13/12/2016
Archives gérées par MHonArc 2.6.19+.