Re: [EDUC] Retour sur la vision du groupe Educ du lundi 12 septembre

[P&O Educ <orisc.educ AT orange.fr>]

Le 27/09/2022 à 00:37, Eda a écrit :
> Coucou,
>

Salut,

En préambule, on est assez nouveau dans ce groupe, et par ailleurs, 
assez nul en matière de stratégie, tactique, etc..


[...]
> Cela fait deux mois que mon enfant est au collège et que tous les
> soirs il regarde son appli Pronote. C'est sa première appli non libre
> sur son téléphone. Je n'ai pas réussi à l'obliger à ne pas l'utiliser,
> et passer par l'interface web. Malgré mes efforts. Car je ne voulais
> pas qu'il fasse autrement que ses copains et qu'il se sente donc, à
> cause de mes convictions, différent, mis de côté. C'est exactement ce
> qui se passe pour celles et ceux qui arrivent pas à se passer de
> Facebook, instagram, et autres outils. Car je ne voulais pas que
> demain il me dise et redise ah toi et tes principes éthiques ... ah
> toi et ton Google encore ... et qu'il souffre de mes arguments ....
> car déjà il me dit le monde entier est dessus (sur pronote) sauf toi.
> Oui grace à l'école, il a pu aller sur Goggle play store et installer
> sa petite appli pronote. Et toutes les semaines il me dit : ah tu vois
> cette info je n'aurais pas pu l'avoir sans Pronote, demain on va avoir
> un prof absent. Ah la prof d'histoire géo avait oublié de nous noter
> un devoir, elle l'a mis sur Pronote. Pourtant sur mon bureau j'ai un
> papier de l'école qui me dis que Pronote n'est pas obligatoire, que
> l'enfant va jamais avoir un devoir écrit sur pronote qu'on ne lui a
> pas dit d'écrire sur papier, ou autre info importante par la seule
> voie de Pronoite, car l'apprentissage de l'autonomie, l'écoute en
> classe etc. Ce n'est pas moi qui le dit, c'est l'école. Or ce n'est
> pas vrai. Les trois quarts de ses profs ne lui font pas écrire les
> devoirs et ajoutent régulièrement des informations de type devoirs sur
> pronote qui ne sont pas ailleurs ...
[...]

On peut témoigner strictement de la même chose depuis 6 ans, et ce pour 
nos deux enfants, qui pis est sans téléphone portable (ni pour eux, ni 
pour nous, et ce depuis toujours). C'est en effet terrible de les voir 
être singularisés malgré eux, d'être toujours la famille qui va poser la 
question liée au respect de la vie privée/du RGPD/du droit à l'image, et 
même, beaucoup plus fondamentalement du "pourquoi le recours 
systématique au numérique" (même si on essaie de ne pas trop interférer 
dans la liberté pédagogique des profs de nos enfants).


>
> Ici à l'April c'est pour moi l'endroit où on peut se ressourcer et
> trouver les arguments pour garder le courage et continuer à
> décortiquer,
> hacker et contrer toutes les situations et solutions propriétaires,
> monopolistiques, et liberticides qui nous font croire qu'on peut pas
> faire sans. Et pronote et ce qui se passe avec dans nos écoles
> publiques
> est une de celles là, c'est je crois indéniable. D'où ma tristesse sur
> ce sujet ... Car on y évoque pas du tout (à peine en bas du pad), ni
> dans la lettre, ni dans notre stratégie à ce sujet, le problème de la
> surnumérisation de l'école.
>

On a aussi le sentiment que le vrai monstre derrière tout ça, c'est bien 
la surnumérisation. A la réunion, on a bien entendu qu'il y avait une 
volonté de ne pas trop attaquer la communauté éducative et en 
particulier les profs, qui sont plus victimes que bourreaux sur le 
sujet, notamment à travers cette injonction non-formulée mais bien 
présente à "en être" et utiliser du numérique à tout prix, volonté qu'on 
comprend et partage.

Précisons/déminons tout de suite : on est une prof de l'EN, et un prof 
dans la territoriale et dans l'éduc pop (ou ce qu'il en reste...), 
anciennement prof en LP et à la fac, on a un grand respect pour ce 
boulot et pour les gens qui le font.

Ce que dit Eda sur Pronote, on y adhère à fond, et on ajoute que si 
ProNote est archetypal, en fait, il y a derrière lui plein d'autres 
logiciels qui cherchent à devenir incontournables, que malheureusement 
plein de profs/membres de l'EN utilisent sans en avoir bien mesuré les 
tenants et aboutissants (Quizlet, Pearltrees, Numworks, et on en oublie 
- on en découvre presque toutes les semaines...).
Ne pas le soulever nous semble aussi problématique, et c'est un peu ce 
qu'on lit entre les lignes quand Eda dit qu'on va s'adresser à l'éditeur 
plutôt qu'aux clients (les établissement/administrations) et aux 
utilisateurs (les profs, donc, puis les familles et élèves).
Pour nous, un des pbs, c'est qu'entre l'injonction à utiliser du 
numérique, l'absence de solutions logicielles proposées par 
l'institution et concrètement connues des équipes pédagogiques (qui 
connaît le socle interministériel parmi les équipes de profs de nos 
enfants ? seulement le prof de maths... parce qu'on lui en parlé suite à 
inscription de notre enfant à un SAAS sans notre consentement...), et le 
fait que ce sujet des données personnelles et des cookies revient 
quotidiennement sur la table sans que personne n'y comprenne grand-chose 
(en moyenne), hé bien les profs, comme les familles, comme les élèves, 
comme la majorité de la population en viennent à se dire que de toute 
façon, c'est foutu, et que, du coup, on va se simplifier la vie et 
arrêter de s'embêter avec toutes ces questions trop compliquées, et 
fermer les yeux pour cette fois... et toutes les suivantes.


>
> J'invite la liste à re-réfléchir à la solution proposée d'envoyer un
> courrier à Index, je suis profondément en désaccord avec ça, pour
> toutes les raisons que je dis plus haut. Je ne le ferais que dans un
> deuxième temps, ou en accompagnement d'une stratégie plus globale, qui
> serait d'abord une lettre à l'Education Nationale? Sur forme par
> exemple d'un article fouillé type lettrre ouverte où on énumère nos
> arguments à proposer à un journal type mediapart ou monde diplo (le
> monde diplo a beaucoup écrit sur le sujet Pronte). J'invite aussi ici
> à scruter plus profondément avant de se décider, car c'est notre
> force, on sait de quoi on parle, on sait quand et comment non libertés
> sont bafouées et on a un devoir en quelque sorte de le faire pour
> restituer ce savoir aux autres ... et je trouve qu'on a de quoi dans
> ce sujet evoquer des problèmes éthiques plus globaux et plus détaillés
> que juste Google Anlytics et le code libre, et pas à destination
> d'Index seulement.
>
> Je ne sais pas si d'autres sont de cet avis, mais si oui revoyons nous
> pour en parler? J'ai de nouveau du temps à consacrer à ce projet et je
> crois que je peux scruter un peu le côté des données (RGPD), le coté
> surnumérisation de l'école et du côté d'Index. Il vaut mieux peut être
> se pencher un peu plus longuement sur ce grand sujet, mais le faire
> plus profondément? J'ai peur que si on envoie la lettre à Index on se
> dise c'est bon, voici te travail de l'April sur le sujet Pronote. Et
> encore une fois amha c'est pas hyper pertinent stratégiquement de
> commencer par ça, et encore moins de ne faire que ça.

Alors, encore une fois, la stratégie, c'est pas notre fort, mais on est 
pour faire plus également.
Quoi, ensuite ? On est assez partisan des échanges locaux : aller 
discuter avec les profs, les vies scolaires, les administrations ; leur 
proposer des alternatives pour ne pas juste les laisser face à une 
pratique problématique sans proposer du positif/constructif.
Mais si on peut baser ces discussions sur des publications -disons- 
nationales de l'APRIL, pour attester du sérieux de notre démarche, et 
les associer à des actions similaires dans d'autres établissements en 
France (et ailleurs), pour éviter d'être considérés de manière 
marginale, ça nous facilitera la tâche.
Ca nous permettra, par ailleurs, d'étayer notre posture, car sans 
téléphone portable, on est très vite catalogués technophobes (ou amishes 
😉 ), voire gentiment arriérés ou passéistes... Si on peut juste 
endosser la veste du grain de sable, ça nous suffira...

Bonne soirée.

P&O