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accessibilite - Re: [Accessibilite] Qu'est que l'acessibilité ?

Objet : Liste de diffusion du groupe de travail Accessibilité (liste à inscription publique)

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Re: [Accessibilite] Qu'est que l'acessibilité ?


Chronologique Discussions 
  • From: Armony ALTINIER 聂和美 <armonyaltinier AT gmail.com>
  • To: Francois Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>
  • Cc: accessibilite <accessibilite AT april.org>
  • Subject: Re: [Accessibilite] Qu'est que l'acessibilité ?
  • Date: Sun, 6 Dec 2009 09:57:00 +0100
  • Domainkey-signature: a=rsa-sha1; c=nofws; d=gmail.com; s=gamma; h=mime-version:in-reply-to:references:date:message-id:subject:from:to :cc:content-type; b=sVeB/lRRsdWjwXp8AQJLqn8bPQ9VQsygJ0ouTRw5Pqv0AQWnvbu/biTmkTuKJey9jI K6p3yMhrRgLxFSD/bhgdutwgF+AqBxcvCqzXBCUH66jPCIkmI30LVJlHGqG9mMuQvkQI 58BWC5YWM/rtPh5LpSCTWKeYWia3F9syzPc4M=

Bonjour François !

Merci pour cette première contribution riche et qui relève bien la complexité de l'enjeu.

Je vais essayer de réagir à quelques unes de tes remarques.

L'accessibilité des Logiciels Libres est actuellement un qualificatif ; il faudrait que ça devienne une démarche, et pourquoi pas, à l'avenir, un fait banal supporté par l'architecture de production des logiciels
Je suis parfaitement d'accord là-dessus. Et le sens du travail entrepris dans ce groupe est justement de développer une démarche.

je pense ainsi l'accessibilité :
* Le message est-il sémantiquement adapté à son public ? On ne s'exprime  pas à un technicien comme on s'exprime à un néophyte ; de même pour  les enfants, les analphabètes, les déficients mentaux, etc.
* Le média utilisé est-il adapté à son public ?
C'est une bonne façon d'aborder l'accessibilité je pense. Mais si cette définition large est valable pour tous publics (et c'est une excellente chose), je rappelle juste pour mémoire que nous nous attacherons dans ce groupe à traiter de l'accessibilité des logiciels libres aux personnes en situation de handicap. C'est déjà très large, mais ça permet de cadrer un peu plus le débat.

Je n'imagine pas du tout comment traiter le premier point hors du cadre d'applications spécifiques (les machines ne sont pas douées pour travailler la sémantique de l'information). Je pense que en l'état, les applications sont conçues pour un public bien défini.
Oui et non. S'il est vrai qu'une application, idéalement, est conçue pour un public spécifique, cela n'empêche pas le respect de normes permettant l'accès à ce logiciel aux personnes en situation de handicap.

Car si je déteste le mot "handicapé" en tant que substantif, c'est justement parce qu'il fausse la réflexion. Une personne ne peut pas être définie par son handicap. Si je conçois un logiciel pour un ingénieur, il doit être accessible même si certains de ces ingénieurs ont un handicap. Ce qui définit mon public c'est le fait qu'il fasse partie de la catégorie des ingénieurs, et pas qu'il soit handicapé...

C'est pour ça qu'il existe deux types de logiciels.
  1. Les logiciels standards, qui eux doivent être accessibles à tous indépendamment de leur handicap. Mais qui peuvent en effet s'adresser sémantiquement à des publics très ciblés (des coiffeurs, des comptables, des ados amateurs de jeux vidéos...).
  2. Les aides techniques, qui sont des logiciels venant se greffer aux ordinateurs et permettent une utilisation adaptée selon un handicap particulier. Ceux-ci sont en effet développés en fonction des différents types de handicap.
Ainsi, en dehors du cas particulier des aides techniques - et dont le développement sous licence libre doit être un axe de promotion majeur de notre groupe -, tout développeur de logiciel libre est concerné par l'accessibilité.

Sur ce je ferai quelques commentaires :
  • Les déficiences ne sont certainement pas binaires, ce qui rend certainement plus compliqué le schéma (ex : perception des couleurs, mauvais contrôle des gestes, etc.). Ce n'est pas parce qu'une personne  distingue mal les couleurs qu'elle ne peut pas lire à l'écran.
  •  Les déficiences ne sont certainement pas toutes indépendantes, donc  certaines combinaison ne sont pas forcément à explorer. Ce qui peut rendre plus simple le schéma (ex: si une personne sourde s'avère en  général avoir de graves difficultés à s'exprimer à l'oral).
  • De ce que j'ai compris, le monde du handicap fourmille d'initiatives éparses (et proprio). Un travail intéressant pour penser une  architecture globale serait le recensement de ces initiatives, et la tentative d'inscrire ça dans un modèle de couches fonctionnelles (à la manière des modèles en couches des réseaux, qui sont des outils formidables pour penser leur intéropéra(ti)bilité).
  •  Je parle ici de l'accessibilité sur un plan qualitatif, mais il faudrait aussi quantifier les différentes possibilités. Par exemple, le débit d'information parallèle potentiellement fourni par la vision n'a rien à voir avec un débit séquentiel comme celui du son. Il ne suffit ainsi  pas, par exemple, de transcrire en sons le texte affiché pour rendre  son contenu accessible de manière efficace.
Alors, pour information, ces sujets complexes ne sont pas nouveaux et un gros travail a déjà été entrepris pour normaliser la conception de logiciels accessibles.

Si cette normalisation est davantage aboutie dans le domaine du Web, avec les règles pour l'accessibilité des contenus Web (Web Content Accessibility Guidelines - dites WCAG), il existe également un référentiel pour l'accessibilité des logiciels d'édition (Authoring Tool Accessibility Guidelines - dit ATAG). Ces "normes" ont été imaginées par le W3C, consortium international chargé de veiller à l'accès au Web pour tous, partout.

Même si l'application de ces règles est au départ envisagée pour le Web et les logiciels d'édition pour écrire sur le Web, je crois qu'il est intéressant (et même indispensable) pour les développeurs de logiciels de les connaître, d'autant que la frontière entre logiciel de bureau et logiciel en ligne tend à s'amenuiser.

On peut envisager des ateliers sur le sujet éventuellement.

Voilà, désolée d'avoir été si longue, mais j'espère que ce vaste sujet est un peu plus clair et cadré...

Librement,
Armony

Armony ALTINIER 聶和美
Directrice d'ACS Horizons
Consultante Chine et accessibilité du Web

ACS Horizons - Le meilleur de la Chine et du Web : conseil, création, formation

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95110 Sannois, France 法國

 


Le 3 décembre 2009 11:45, Francois Poulain <fpoulain AT metrodore.fr> a écrit :
Bonjour,

Je viens de m'inscrire à la liste. Une question posée ailleurs par
Armony à suscité ma curiosité, même si je n'ai aucune expérience
du sujet (et en plus je prends la discussion en route).

Qu'est-ce que l'accessibilité ? Vaste question si l'on en croit la masse
énorme de choses qui on pu être écrites à ce sujet. Je n'ai jamais eu à
réfléchir sérieusement à la question, notamment car je n'ai jamais
encore été en contact proche avec des gens qui sont impacté par un
handicap qui les mettrait hors de portée d'un ordinateur. Voici mon point
de vue, disons d'ingénieur.

L'accessibilité des LL est un actuellement un qualificatif ; il faudrait que
ça devienne une démarche, et pourquoi pas, à l'avenir, un fait banal
supporté par l'architecture de production des logiciels, au même titre
qu'aujourd'hui un développeur ne se préoccupe pas de mettre «Ok» à
droite (en français) et «fichier» en haut à gauche.

Le rôle d'un ordinateur est de traiter de l'information ; qu'il s'agisse
d'effectuer des calculs ou de relayer (router) l'information. Pour que
ce rôle présente un intérêt, il faut à un moment ou à un autre (en bout
de chaîne) qu'il y ait un échange d'information entre l'utilisateur et
la machine. On peut distinguer deux composantes dans cette fonction
d'échange : le message et le média (c'est un point de vue discutable
mais c'est le mien à cet instant). En corolaire, je pense ainsi
l'accessibilité :
* Le message est-il sémantiquement adapté à son public ? On ne s'exprime
 pas à un technicien comme on s'exprime à un néophyte ; de même pour
 les enfants, les analphabètes, les déficients mentaux, etc.
* Le média utilisé est-il adapté à son public ?

Je n'imagine pas du tout comment traiter le premier point hors du cadre
d'applications spécifiques (les machines ne sont pas douées pour
travailler la sémantique de l'information). Je pense que en l'état, les
applications sont conçues pour un public bien défini. Il y a cependant
peut être des efforts à faire pour systématiser cette définition à la
conception (par exemple inciter les programmeurs à mettre des icônes
suggestives élargi potentiellement le public visé par rapport à du texte
brut, souvent jargonneux).

En revanche, le second objectif me semble plus atteignable, dans la
mesure où beaucoup de traitement automatique est possible avec les
ordinateurs modernes. Les sens qui sont à notre disposition pour
communiquer sont cinq : le goût, le toucher, l'ouïe, l'odorat, la vue. À
cela il faut ajouter (ou soustraire) les problèmes liés à ce que l'on ne
contrôle pas : le savoir faire technologique et plus généralement
l'environnement. Ainsi, le goût et l'odorat sont rapidement exclus des
systèmes d'information. Il reste trois médias majeurs pour communiquer :
le toucher, l'ouïe (lorsqu'elle n'est pas parasitée par l'environnement)
et la vue. Une façon simple de s'assurer que le média est adapté au
public est de permettre une redondance totale des trois médias comme
outils d'IHM (et en bidirectionnel), là où le couple toucher/vue
unidirectionnel est de rigueur chez les gens qui ont la chance de ne
souffrir d'aucune déficience.

Voilà, je pense, un premier enjeu de taille pour les logiciels libres.

Sur ce je ferai quelques commentaires :
* Les déficiences ne sont pas certainement pas binaires, ce qui rend
 certainement plus compliqué le schéma (ex : perception des couleurs,
 mauvais contrôle des gestes, etc.). Ce n'est pas parce qu'une personne
 distingue mal les couleurs qu'elle ne peut pas lire à l'écran.
* Les déficiences ne sont certainement pas toutes indépendantes, donc
 certaines combinaison ne sont pas forcément à explorer. Ce qui peut
 rendre plus simple le schéma (ex: si une personne sourde s'avère en
 général avoir de graves difficultés à s'exprimer à l'oral).
* De ce que j'ai compris, le monde du handicap fourmille d'initiatives
 éparses (et proprio). Un travail intéressant pour penser une
 architecture globale serait le recensement de ces initiatives, et la
 tentative d'inscrire ça dans un modèle de couches fonctionnelles (à la
 manière des modèles en couches des réseaux, qui sont des outils
 formidables pour penser leur intéropéra(ti)bilité).
* Je parle ici de l'accessibilité sur un plan qualitatif, mais il faudrait
 aussi quantifier les différentes possibilités. Par exemple, le débit
 d'information parallèle potentiellement fourni par la vision n'a rien
 à voir avec un débit séquentiel comme celui du son. Il ne suffit ainsi
 pas, par exemple, de transcrire en sons le texte affiché pour rendre
 son contenu accessible de manière efficace.

Pour tout ça, on s'organise comment ? ^^
François

--
François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>

La faculté de citer est un substitut commode à l'intelligence.
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