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educ - Re: [EDUC] Après Lyon 1, Paris Descar tes signe avec Microsoft

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Après Lyon 1, Paris Descar tes signe avec Microsoft


Chronologique Discussions 
  • From: yannick <sevmek AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Après Lyon 1, Paris Descar tes signe avec Microsoft
  • Date: Mon, 20 Jul 2009 15:16:24 +0200

Bastien a écrit :
> Odile Bénassy <obenassy AT april.org> writes:
>
>>> 1. signer un partenariat avec Paris V
>>> 2. proposer des formations techniques avancées
>>> 3. faciliter la diffusion d'appels à projet
>>> 4. proposer des bourses de thèse aux étudiants
>>> 5. soutenir la fondation Paris Descartes
>>>
>> parmi ces points, quels sont ceux qui servent l'intérêt général ?
>
> Un partenariat entre une université et une entreprise privée sert à la
> fois l'intérêt de cette entreprise et l'intérêt général. Ou en tous cas
> de tels partenariats sont possibles, non?

Je trouve cet argument pour le moins curieux.

Je m'explique:
L'université prévoit d'avoir un fonctionnement plus ou moins
démocratique, avec des conseils décisionnels qui se veulent des
instances représentatives des profs et des étudiants.

L'université elle-même est dépendante des pouvoirs publics qui eux-mêmes
se veulent représentatifs d'une population.

Que la tendance actuelle soit orientée vers une plus grande "autonomie",
plus de partenariats avec le privé etc. ne change pas ce besoin d'avoir
une certaine légitimité démocratique.

Le fonctionnement d'une entreprise ne se fonde pas pas sur l'idée d'une
représentativité, mais sur l'idée de la propriété privée. De fait, rares
sont les moments où la majorité se fait entendre dans une entreprise.

Il n'est du reste pas impossible qu'il y ait une entente entre la
majorité et ceux qui possèdent, mais ce sont là deux pouvoir distincts.
Et il n'est pas rare non plus que leurs intérêts soient antagonistes.

On ne peut pas balayer d'un revers de main ce problème comme tu le fais
; le jour où on me demandera d'enseigner à compter à des enfants de 6
ans avec des hamburgers siglés mac donalds ou des bouteilles étiquetées
coca-cola, je démissionnerai et je ne pense pas que je serai le seul.

J'aimerai bien que dans une association comme l'April, on puisse
discuter autrement qu'avec des "c'est autorisé, donc est-il besoin de
creuser plus avant la question ?".

>
>> [ tu ne veux tout de même pas que le monde du libre se mette à imiter
>> systématiquement les initiatives marketing des opérateurs privés ! ]
>
> Ce qui est systématiques pour l'instant, ce sont les lamentations sur
> telle ou telle initiative de MS, le manque d'engagement des universités
> envers le libre, etc.
>
>>> (Largement inspiré de cet article:
>>> http://www.neteco.com/287292-microsoft-universite-paris-descartes-accord.html)
>>>
>>> Au moins le (4) me paraît utile à développer, histoire d'augmenter le
>>> nombre de boursiers CIFRE qui travaillent dans des entreprises faisant
>>> du libre.
>>>
>> oui
>> tu peux donc prendre l'initiative et tâcher d'organiser une bourse aux
>> projets
>
> Pardon?
>
> Ce que je dis simplement c'est que ce n'est pas une mauvaise idée de
> signaler aux entreprises du libre que des accords avec les universités
> sont possibles, notamment pour des bourses CIFRE. Je sais que c'est
> vite dit, mais je ne vois pas ce qu'il y a à redire. À moins qu'on
> considère que tout rapprochement entre l'université et le privé soit
> démoniaque - mais c'est un autre débat.
>

En quoi est-ce un autre débat ? Est-ce à dire que de se préoccuper de ce
qui est social ou politique n'a pas sa place ici ?

Je rappelle que les logiciels libres se fondent pour une large partie
sur la licence GNU GPL qui n'est rien d'autre que l'expression légalisée
de certaines valeurs sociales qui se fondent sur une conception de la
primauté des droits du public sur les intérêts privés ("privateurs" de
droits comme dirait RMS). Il y a aussi une autre conception plus
récente, "open source" qui vise clairement à mettre de côté les valeurs
pour les remplacer des conceptions plus compatibles avec -justement- les
intérêts privés.

On peut faire l'autruche sur ces questions. On peut aussi stigmatiser
plus ou moins clairement ceux qui défendent des valeurs : des
"intégristes", des gens qui voient les choses de manière "démoniaques",
etc. Dans ces cas là, j'aime à me rapeler ces paroles de Nietsche : "les
vérités que l'on tue deviennent vénéneuses". Ma mission d'enseignant à
la petite école est aussi de transmettre des valeurs et, pour faire
simple, les valeurs de la bourse qui peuvent se permettre de ruiner
massivement comme cela vient de se faire avec la "crise" ne font pas
parti de ce que j'enseigne.

Enfin, il y a aussi un autre point qui semble très important au niveau
de l'université, qu'il y ait ou nom partenariat avec le privé, c'est le
droit pour le public de se servir des "découvertes" universitaires.

De part ma participation à un projet de logiciel libre, je fais
actuellement des recherches en vue d'implémenter certains algorithmes de
peer-to-peer. D'une part je constate qu'il est extrêmement difficile
d'avoir accès -gratuitement- aux travaux universitaires récents dans ce
domaine (pourtant très populaire dans la recherche) sur internet.
D'autre part, j'ai vu, par exemple, qu'une université allemande ne se
prive pas de déposer des algorithmes issues des travaux d'une thèse
auprès de l'office européen des brevets. Je me vois donc pris dans une
sorte de champ de mine où je dois contacter tous les auteurs des
algorithmes pour savoir s'il n'y a pas un brevet qui traine ici ou là et
il a fort à parier qu'un algorithme breveté ne fera pas parti de ce que
je vais implémenter. En toute franchise, je trouve cela ni plus ni moins
qu'antisocial ; l'argent public sert à financer des recherches, dont on
peut assez logiquement affirmer qu'elles ne sont en générale que la
continuation de ce qui a été fait avant (c'est le cas pour l'algorithme
dont je parle) et cela non seulement rend la recherche plus difficile
par une sanction monétaire pour monsieur tout-le-monde, mais en plus on
s'arroge le droit (par ailleurs encore illégal en europe de ce que je
sais) de priver la société d'une utilisation d'une telle recherche, au
bon vouloir d'une université.

Je suis convaincu que de telles pratiques sont liées à la volonté
d'entremêler université et intérêts privés au détriment de l'intérêt
général.

Pour la petite histoire voici la thèse:
http://opus.kobv.de/tuberlin/volltexte/2006/1319/pdf/wepiwe_giscard.pdf

Le brevet:
https://publications.european-patent-office.org/PublicationServer/getpdf.jsp?cc=EP&pn=1748604&ki=A1

Les financements de cette université:
2007 2006 2005 2004 2003
Budget
State funding 267,2 274,9 279,4 281,7 285,7
January 2007
External funding 78,0 69,3 70,5 75,4
in millions of Euro
Réf:
http://www.tu-berlin.de/fileadmin/a70100710/Dokumentationen/Imagematerial/Broschueren/TU-Imagebroschure.pdf
page 66

Et en France, ça se passe comment ? Car j'ai d'autres algorithmes issus
de la recherche française sous le coude...

Cordialement,
Yannick




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