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educ - Re: [EDUC] Logiciels libres ou logiciels liberticides sous licences libres ?

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Logiciels libres ou logiciels liberticides sous licences libres ?


Chronologique Discussions 
  • From: Francois Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>
  • To: <educ AT april.org>
  • Subject: Re: [EDUC] Logiciels libres ou logiciels liberticides sous licences libres ?
  • Date: Mon, 19 Jul 2010 11:34:32 +0200

Salut,

Le ven 16/07/10 16:45, cnestel AT free.fr a écrit:
> A mon tour de ne pas très bien comprendre ta question.
>
> Si l'on prend, par exemple, les quatre degrés de liberté des logiciels
> libres et en premier lieu le degré zéro, cette liberté n'est pas
> déterminée par le statut social de l'usager ; que celui-ci soit
> professeur, élève ou autre ?

Ce que je veux dire est que les libertés offertes par les logiciels libres
n'ont pas pour ambition de faire voler en éclat les structures de domination
qui peuvent exister dans l'écosystème dans lequel évolue le dit logiciel. On
peut le souhaiter et le vouloir ---là n'est pas la question--- mais ce n'est
pas une licence de logiciel qui changera ça.

Dans le cas d'une entreprise, ça ne viendrais pas à l'esprit de grand monde
de reprocher l'utilisation de tel ou tel logiciel à telles ou telles fins,
souvent de contrôle. De toute façon la plupart des entreprises ne sont pas
des démocraties, et les systèmes de contrôles des gens existent bien avant
que l'architecture logiciel ne soit déployée. Donc si un patron déploie un
logiciel libre dans le but de fliquer les gens, l'utilisateur du logiciel est
dans ce contexte le patron, qui a la main mise sur le logiciel et sur la
hiérarchie de l'entreprise. Par exemple, je suis salarié dans un EPIC
(l'Onera), où ils utilisent du logiciel libre pour faire un proxy filtrant
(sur
requête DNS) qui m'empêche régulièrement d'accomplir des actes tout à fait
légitimes dans le cadre de mon travail. Heureusement, leur truc étant
ridicule, il est contournable par un enfant de 12 ans et je rigolerais bien
si quelqu'un venait me demander des comptes. Enfin bref ...

D'où la question : quels contours donne tu à la notion d'utilisateur dans
l'institution que représente l'éducation nationale ? En d'autres termes, qui
est légitime pour avoir la maitrise d'œuvre du SI dans tels ou tels cas
d'application ? De mon point de vue, je n'aurais pas franchement d'objection
à ce que ce truc là soit décidé comme une politique globale avec l'effet
conjoint que les « utilisateurs » qui profitent des libertés sont peut être
des gens qui vont se servir de ces libertés pour assoir leur structure de
dominance. Mais on retrouve ça partout : entreprises, administrations,
familles (car qu'est-ce qu'un logiciel de contrôle parental ---éventuellement
libre--- sinon ça ?)

> Dans le cas du proxy AMON NG configuré pour le seul Active
> Directory, c'est la liberté d'utiliser le système
> GNU/Linux pour tous les usages (par exemple accéder de manière
> simple et ergonomique à Internet) qui est bafouée que l'on soit
> élève, enseignant ou autre.

Certes, cette liberté est bafouée. Mais elle pourrait être bafouée par un
brassage de câble, par un règlement intérieur, etc. On retombe amha de cette
façon sur le problème qui dit que les quatre libertés associées au logiciel
libre sont largement nécessaires mais pas suffisantes pour exercer nos
libertés fondamentales.

> Ici la notion de logiciel libre entre en conflit avec l'open source ;
> pas celle de l'Open Source Initiative mais celle qu'en donne par
> exemple Eric Besson (« L'open source et le propriétaire doivent
> cohabiter plutôt que de s'affronter » :
> http://www.zdnet.fr/actualites/eric-besson-l-open-source-et-le-
> proprietaire-doivent-cohabiter-plutot-que-de-s-affronter-39382112.htm).

Je ne sais pas ce qu'est l'open source ; c'est de l'eau minérale ? ^^

Mais Besson à beau affirmer « L'État ne doit pas préconiser un choix de
technologies », il n'en reste pas moins que l'inaction de l'État à différents
niveaux (interopérabilité, vente liée), ou leurs offensives (protection
juridique des DRM) consiste dans le choix de conforter Microsoft et quelques
autres. Cette affirmation est bien sûr sans fondement, l'état devrait plutôt
se soucier d'être un incubateur de culture et de technologie ; entres autres.

> > Et le cas échéant, en quoi serions nous à la fois légitimes et
> > pertinents pour remettre en cause la hiérarchie interne des
> > institutions en général ; et de l'éducation nationale (ou instruction
> > publique) en particulier ?
>
> Tu poses la question à l'envers. Ce qui est illégitime, incestueux,
> c'est la confusion entre associations et institution.

Non, je pose ma question à l'endroit. Il m'est évidement que faire l'éloge ou
la condamnation de tel ou tel truc de l'institution consiste en un
positionnement. Ma question, eu égard à ce que j'écris plus haut, est de
savoir s'il est de notre ressort de nous inquiéter du fait que tel professeur
ou tel élève subit le règlement de son administration. Sur l'exemple que tu
cites, je ne me sens ni légitime ni pertinent pour aborder le problème ; et
je trouve même plutôt curieuse l'idée qu'un SI ne soit pas l'objet d'une
politique cohérente au sein d'un établissement donné (sans quoi les problèmes
d'interopérabilité ne se poseraient pas). Ensuite, notre rôle à nous est amha
d'interpeler ceux qui mettent en place une telle politique (cohérente au sein
d'un établissement donné).

> Il ne s'agit donc pas de critiquer la hiérarchie pour critiquer la
> hiérarchie ce qui serait absurde mais de se doter d'un outil capable
> d'influer sur le politique.

De quel outil parles tu ?

> C'est ce que j'ai fait lorsque je me suis rendu avec Alix Cazenave et
> Fred Couchet à la mission e-educ. J'ai critiqué les nouveaux
> programmes de technologie mais j'ai réussi à faire inscrire officiellement
> les
> notions de logiciels libres et de copyleft dans les programmes.
>
> Je dirais même plus, c'est le rôle des associations de tenir une
> posture radicale, ce qui n'interdit pas aux acteurs sur le terrain
> d'être pragmatiques.

J'appuie effectivement cette position. Je n'interroge pas la conviction de
notre éthique mais l'étendue du spectre sur lequel nous sommes efficaces,
pertinents, et légitimes.

> Actuellement un tas de choses ne sont pas claires au sein du groupe
> éducation de l'April.
>
> Les choses doivent avant tout s'éclaircir.

C'est chose parfaitement logique, puisque jusque très récemment toutes les
discussions stratégiques sur l'orientation des travaux du groupe avaient lieu
en privé. Si votre objectif au travers ça était le partage de la
connaissance, vous repasserez.

Librement.
François

--
François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>

La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d'homme ;
il faut imaginer Sisyphe heureux.
-+- Albert Camus, Le mythe de Sisyphe -+-





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