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educ - Re: [EDUC] Enseignement de l'informatique à l'école

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Enseignement de l'informatique à l'école


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Enseignement de l'informatique à l'école
  • Date: Fri, 1 Oct 2010 18:57:05 +0200 (CEST)


----- "François Poulain" <fpoulain AT metrodore.fr> a écrit :

> Salut,

Salut,

Je passe sur tes arguments précédents que je trouve pertinents sur
la corrélation matériel/logiciel et il y en a d'autres pour arriver
à ta conclusion :

> Je pense qu'on ne peut pas raisonnablement enseigner les bases de
> l'informatique si on la dissocie de son contexte technologique.

Même si ce propos mérite d'être nuancé, j'en retiens l'idée fondamentale
qu'on peut également enseigner l'informatique en tenant compte
de son contexte technologique.

Pour autant, contrairement à l'Académie des sciences et technologies,
contrairement aux programmes officiels des enseignements technologiques
en France, je considère que si un logiciel n'est pas un objet technique
(et l'argumentaire des Eurodéputés qui ont rejeté la Directive Européenne
est déterminant dans ce débat), il n'en est pas moins lui-même,
en tant que produit logiciel, un objet technologique.

De ce point de vue, en tant qu'ingénierie, puisqu'il existe bien des
ingénieurs en informatique qui n'interviennent pas directement sur
des objets techniques mais sur des produits logiciels, l'informatique
- si d'aucuns considèrent qu'elle relève des mathématiques (après
tout pourquoi pas, rendons grâce aux mathématiciens d'avoir pu ouvrir
une brèche pour que l'informatique ait enfin le droit de cité dans
l'enseignement secondaire - relève également des sciences de
l'ingénieur qui, dans une logique curriculaire sont enseignés
depuis la sixième, dans l'éducation technologique en collège.

La problématique que tu soulèves est d'autant plus intéressante
que, l'approche uniquement scientifique de l'informatique se
préoccupe peu des interactions matérielles - voilà pourquoi
il y a si peu d'informatique système dans le programme scolaire
du module informatique qui s'ouvre cette année en terminale -,
alors même que son approche technologique par les partisans de
la brevetabilité des logiciels, tend à nier sa spécificité en
tant qu'oeuvre de l'esprit fonctionnelle, ne s'intéressant
qu'à l'outil et aux fichiers exécutables.

La position officielle que devrait prendre l'April, au sein
de l'EPI et de l'ASTI (sans lesquels il n'y aurait aucun enseignement
de l'informatique dans le secondaire) est un soutien critique.
Soutien à une approche de l'informatique en tant que science
fille des mathématiques. Militer pour un enseignement de
l'informatique en tant que produit logiciel.

Je note au passage qu'un enseignement de l'informatique en tant
que science ne nécessite pas une adhésion aux logiciels libtres.
En revanche, l'approche technologique qui nécessite également
une analyse des modes de production et des modèles économiques,
peut être extrêmement bénéfique pour le logiciel libre.

> Amha un hypothétique point de vue « informationnel » considèrerait
> tout cela (logiciel, matériel, algorithmie) comme différents organes
> (indissociables) d'un même système d'information ; non ?

Non ! Je ne suis pas d'accord, c'est dangereux. Toute l'approche
industrielle propriétaire (et n'est pas sorti de l'auberge avec les
systèmes embarqués, les nanotechnologies, et tutti quanti) tend
à occulter la séparation matériel versus logiciel.

Le seul intérêt d'avoir le double boot dans les ordis de ma salle
de classe, compte tenu du fait que les élèves ne sont pas reconnus
par le serveurs Windows imposé par la Conseil Général Socialiste
des Bouches-du-Rhône sous GNU/Linux, c'est d'obliger les mômes
à chaque démarrage de choisir leur OS, ce qui permet de les
mettre en situation de percevoir phénoménologiquement que PC ne
veut pas dire Windows (cf. la pub à la télé), il y a donc bien
une distinction entre le matériel et le logiciel (ex-item viré du B2i
et de tout l'enseignement secondaire, excepté peut être dans le
module informatique des terminales scientifiques).

Le point de vue des programmes officiels propriétaires, en technologie,
c'est de considérer que matériels et logiciels constituent un même
bloc, un même sous-ensemble fonctionnel.

Voilà pourquoi l'Académie des technologies est favorable aux
brevets logiciels.

>
> > L'Académie des Technologies a, par deux fois, pris position, voire
> > même inspiré, la Directive Européenne sur les brevets logiciels.
> > De son point de vue, les logiciels en tant qu'outils, en ce qu'ils
> > répondraient à des besoins, à des usages, pouvaient être brevetés ;
> > pas les algorithmes qui relèveraient de l'informatique en tant que
> > science (issue des mathématiques).
>
> J'aimerais un exemple concret d'une « fonctionnalité » ou d'un « outil
> logiciel qui ne soit pas un algorithme.

Il faudrait reprendre l'argumentaire de l'Académie des Technologies pour
essayer de comprendre comment ils opéraient la dissociation entre
algorithmes, non brevetables en tant que tels à leurs yeux, pour ne pas
déplaire à leurs collègues mathématiciens de l'Académie des sciences,
et "inventions" qui à leurs yeux pouvaient être brevetés. Pour ma part,
j'ai cru comprendre que ce qui était à leurs yeux brevetable était un
usage.

Mais ce n'est pas ça qui m'intéresse le plus. C'est la cohérence entre
brevets logiciels et informatique comme outil qui dans l'Académie
des technologies, relève d'une profonde cohérence.

Ce qui l'est moins, c'est qu'une association du logiciel libre
milite contre les brevets logiciels d'un côté et de l'autre considère
qu'à l'école l'informatique est/doit être avant tout un outil.

>
> > L'académie des technologies dans son Avis à Fillon considéra donc
> que
> > l'informatique à l'école, ainsi que dans les enseignements
> > technologiques devait se limiter à l'usage d'outils.
>
> Je ne suis malheureusement pas sûr qu'on ait attendu Fillon pour ça.
> Des cours de presse-bouton, j'en ai déjà subi dans les années 90...
> heureusement je n'ai jamais été très réceptif à l'école.

Pas pareil. Lors des débats à l'Assemblée, Fillon quand il était ministre
de l'Education, s'est toujours refusé à énoncer un avis personnel sur
l'informatique à l'école ou le contenu des enseignements technologique,
en affirmant qu'il se rangerait à l'avis de l'académie des sciences
et technologies qui énonça que l'informatique à l'école et dans
l'enseignement technologique devait se cantonner au seul usage de
l'outil.

D'ailleurs J.P. Archambault, l'un des plus fins politiques de la communauté
du Libre, a utilisé les mêmes procédés. Il s'est appuyé sur les
mathématiciens-
informaticiens de l'Académie des sciences pour qu'ils recommandent dans
un Avis commandité par Xavier Darcos, un enseignement de l'informatique.
C'était une brèche béante et ouverte dans le dogme dominant des
partisans de l'informatique outil, notamment le Café Pédagogique soutenu
par Microsoft.

On ne peut donc pas comparer avec ce que tu as vécu, car rien n'indiquait
explicitement dans les programmes et des directives officielles de cette
époque que l'informatique devait être presse-bouton.
Je dirais même que le Plan IPT tant décrié et saboté pour des raisons
politiciennes par Chevènement contre Fabius, contenait un grand nombre
d'évènements positifs.


>
> > Pour autant, d'après ce que j'ai pu comprendre, il y a très peu
> > d'informatique système dans ce module. Alors même que c'est dans
> > l'approche système que s'inscrit l'histoire des logiciels libres.
>
> Qu'entends tu par informatique système ? Un truc bas niveau avec des
> manipulations/ordonnancement/expédition de processus et des
> communications inter-process ?

Système d'exploitation. Comment ça marche ?
Retour à ton objection des plus pertinentes du début de ton post.


> Tu peux préciser ce que tu entends par « produit logiciel », stp ?

Pratiquement la même chose que le Livre blanc sur les modèles économiques
du logiciel libre, en y rajoutant une analyse qui prendrait en compte
le passage du GATT à l'OMC.

Du point de vue de la langue de bois académique, l'Education nationale
considère officiellement aujourd'hui que la technologie c'est la
science des objets techniques. Point de vue qui date, selon moi,
du XIXème siècle.

Les biens matériels, les outils, les machines qui modifient directement
les forces de la nature n'ont certes pas disparu. Et leur étude demeure
encore l'un des piliers des sciences technologiques. Pour autant,
notre environnement n'est plus seulement constitué aujourd'hui d'objets
techniques, il est également numérique.

Si la vitesse, en terme de mécanique ordinaire (je ne prends pas en
compte la relativité dans ce contexte) est un rapport entre
un espace parcouru sur un temps de parcours, les réseaux téléinformatiques,
Internet, ont réduit d'une autre manière les distances, permis
la déréglementation, l'OMC, la globalisation.

Vaste débat.

Librement,
Charlie






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