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educ - Re : [EDUC] Correlyce et Open-ENT

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re : [EDUC] Correlyce et Open-ENT


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: William Gambazza <wgambazza AT yahoo.fr>
  • Cc: educ AT april.org
  • Subject: Re : [EDUC] Correlyce et Open-ENT
  • Date: Thu, 13 Dec 2012 08:01:51 +0100 (CET)


----- William Gambazza <wgambazza AT yahoo.fr> a écrit :
> Le 12/12/2012 19:14, cnestel AT free.fr a écrit :
> > is en plus un certain nombre de ces applications
> > qu'elles soient libres ou pas, sont jugés intrusifs et liberticides, par
> > exemple le LPC vivement critiqué par la Ligue des droits de l'Homme, ou
> > encore
> > le cahier de texte électronique que les professeurs jugent comme étant
> > une véritable calamité chronophage.
> > La plupart des profs de mon collège jugent par exemple le cahier de texte
> > numérique comme une véritable calamité anti-pédagogique dans la mesure où
> > les élèves en difficulté ne jugent plus utiles d'écrire le travail à faire
> > dans leur agenda.
>
> Bon, là, je me dois de réagir car à vous lire, je ne dois pas être "un
> prof" puisque je ne considère PAS que sur "l'ENT" que j'utilise, le
> cahier de texte soit chronophage.

Salut,

En premier lieu merci d'avoir mis "ENT" entre guillemets. Ce que j'ai pu
voir sur le net fait davantage à un CMS qu'à la définition d'ENT que donne
l'Education nationale d'"ENT" qui est un ensemble d'applications accessibles
par une technologie d'identifiant unique.

En second lieu, le modèle de l'entreprise KOSMOS que tu relates c'est ce
qu'il
a de pire et c'est ce que nous devons combattre.

Sur le site de l'école des Mines de Nantes on peut lire par exemple ceci :

"Editeur de logiciel intervenant sur le marché des ECM (Entreprise Content
Management),
nous éditons et déployons en mode SaaS* nos solutions (K-Portal, K-Sup et
K-d’école)
sur des projets innovants et d’envergure pour répondre aux enjeux de portails
Internet/ Intranet/Extranet des organisations publiques comme privées.

*Software as a Service, ou logiciel en tant que service : concept consistant
à proposer un abonnement à un logiciel plutôt que l’achat d’une licence.

Réf :
http://www.mines-nantes.fr/en/Study/Engineering-training-through-apprenticeship/Partenaires-de-la-formation

Autant le traditionnel modèle privateur qui s'appuyait sur une économie
virtuelle de rente par la vente de licences était à combattre, autant
le modèle SaaS est encore plus pervers en ce qu'il est d'une part
compatible avec le modèle Open Source (la plupart des outils permettant
de construire ces CMS sont des technologies libres) tout en étant ultra
privateur et rend le client totalement pieds et poings liés au fournisseur.

Non seulement il a renoncé à toutes ses libertés de modifier et d'améliorer
les applications pour répondre à ses besoins, par un exemple sur un mode
collaboratif, à l'instar des différentes briques logicielles d'Open Mairie
développées par différentes entreprises et/ou collectivités territoriales
et qui retombent dans le pot commun ; mais le modèle économique mis
en place est purement féodal. Il est de même acabit que celui qui lie
le paysan à Monsanto, ou de même acabit encore qui a débouché sur le scandale
de l'hôpital flambant neuf d'Evry ou encore sur le stade de Lille que
l'on appelle improprement "partenariat public privé".

Le PPP kesako ?

"Le partenariat public-privé (PPP) est un mode de financement par lequel
une autorité publique fait appel à des prestataires privés pour financer
et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public. Le
partenaire
privé reçoit en contrepartie un paiement du partenaire public et/ou des
usagers
du service qu'il gère. Ce mode de financement est présent dans de nombreux
pays
sous des formes variées.
Réf : http://fr.wikipedia.org/wiki/Partenariat_public-priv%C3%A9

Mais surtout, comme le relate fort bien l'article de Wikipédia :

"L'importance actuelle de la dette publique dans certains États occidentaux
les pousse à se tourner de plus en plus vers la formule des partenariats
public-privé. Le message est soutenu depuis plusieurs années par la Banque
mondiale comme l'OCDE sans oublier la Banque européenne d'investissement.

Ce mode de financement est très critiqué par la société civile1. Ces
mécanismes
seraient nuisibles à la démocratie et n'apporteraient pas de réel bénéfice
en matière de coût ou d'efficacité de gestion. Il ne serait selon eux qu'un
moyen d'imposer une idéologie et de camoufler la dette publique."

Point de vue que je partage entièrement. Ainsi sous l'ère Sarkozy la France
est devenue championne toutes catégories des PPP et a dépassé de loin la
Grande
Bretagne où s'est développé avant nous le Private Finance Initiative.

Et en dernière analyse avec le SaaS c'est encore pire, surtout avec du modèle
proprio (déjà le SaaS open source n'est pas jojo) ; au moins
avec les équipements matériels la puisse publique peut espérer en être
propriétaire
après les avoir payés x fois...

Autre danger qui nous guette avec le passage du brevet unitaire européen,
on peut s'attendre à pluie de brevets (le modèle basé sur les licences
relevait
au moins, comme les logiciels libres du droit d'auteur).

Enfin dernier point le cahier texte numérique.


> Bien au contraire ! Enfin, j'ai le temps (hors classe) de le remplir
> proprement et lisiblement. Je peux même y ajouter tout un tas de "trucs"
> (liens, fichiers etc ...) que je n'intégrais pas avant sur le support
> papier.
> Il ne faudrait pas se tromper et amalgamer trop vite les choses.
> Il me semble que ce cahier numérique est intéressant. Ca me prend en
> général 5 mn de remplir ce cahier de texte pour une journée.

Je ne suis pas d'accord avec toi. Un prof qui enseigne une matière à
faible horaire a bien plus de classes qu'un prof de Lettres ou de Maths
qui a moins de classes.
Ca ne prend pas que 5 minutes.
A cette tâche s'en rajoutent d'autres, par exemple fiches de suivi pour
les élèves en situation limite, augmentation substentielle du nombre
de rapports à écrire, etc et etc.

Pour autant, je ne conteste pas l'intérêt que peut revètir un cahier
de texte numérique mais si tous les syndicats l'ont condamné, ce n'est
pas pour rien.

Une requête au hasard m'amène par exemple sur le site du SNES (mais j'aurais
pu en trouver 100 autres et je précise par ailleurs qu'étant à la CGT
ma référence est purement factuelle) qui expose clairement un certain
nombe de griefs que tu peux lire ici :
http://www.snes.fr/Cahier-de-texte-numerique.html

Parmi les griefs :

"Cette circulaire a visiblement été rédigée par quelqu’un qui ne
connaît pas les réalités des établissements, ni le fonctionnement des
classes. C’est davantage un texte destiné à imposer quelque chose « à la mode
»
plutôt que le résultat d’une réflexion approfondie sur ce que le
cahier de texte numérique pourrait être. D’ailleurs, le ministère a joué
« cavalier seul » unenouvelle fois, sans consulter les organisations
syndicales.
On retrouve donc tout ce à quoi on pouvait s’attendre de pire... "

LU et approuvé. Onn'a nullement - une fois de plus - demandé l'avis
des enseignants, sans parler des nécessaires gardes fous pour se préserver
des effets pervers que pressent le document que je viens de référer.

Je lis par exemple :

"Tout d’abord, parents et responsables légaux y ont accès : cela se faisait
déjà, mais c’est un droit reconnu avec ce texte. Par ailleurs, les corps
d’inspection
pourront ne plus avoir à se déplacer pour viser, dans le cadre de leurs
missions,
le cahier de textes.".

On ne compte plus dans les Rectorats et Inspections d'académie les lettres
de délation et/ou diffamatoires mettant en cause des enseignants. Alors que
certains programmes scolaires ont été mis en place en force, sans concertation
et contre l'avis même du Haut Conseil de l'Education certains profs ont tenté
de résister - par exemple en primaire avec le mouvement des désobéissants
par rapport au LPC (condamné faut-il le rappeler par la Ligue des droits de
l'Homme) ou des gens tels que moi, censés enseigner la Technologie qui n'ont
pas renoncé à enseigner des notions d'informatique (ce que réclame par exemple
l'April, l'EPI, et même un Avis récent de l'Académie des sciences dont je
partage les grandes lignes excepté quelques points) -, l'usage du cahier
de texte électronique incite certains enseignants à développer une approche
soviétique qui consiste à respecter sur papier les objectifs du Grosplan
tout en ne faisant pas tout à fait la même chose en classe.

A ce propos deux témoignages :

L'inspecteur d'Académie s'est déplacé en personne dans mon collège
pour présenter des excuses (un mèl de délation d'une mère d'élève à
l'encontre d'une enseignante a malheurereusement été publiée sur
la liste des profs) témoigner de son soutien à l'enseignante et qualifier
dans une lettre distribuée dans chaque casier la lettre des parents
de diffamation.

Tu dis dans ton post que tout le monde n'a pas Internet. Mais je suppose
qu'en tant qu'enseignant tu n'ignores pas que la représentation parentale
n'est pas la même suivant les classes.
Par exemple dans les classes européennes, Latin, Allemand on trouvera
plus de parents attentifs à la scolarité de leurs enfants que dans
d'autres. Et ce sera la même chose pour le cahier de texte dit numérique.

D'autres effets pervers dénoncés par le SNES sont très vrais.
Je connais un professeur de Physique à cheval sur deux établissements.
Son inspecteur a donc pu comparé l'avancement des programmes d'un
établissement à l'autre. Si dans le deuxième établissement les programmes
étaient moins avancés c'était parce que, compte tenu des classes surchargées,
il avait été décidé de mettre en place des groupes.

Librement,
Charlie



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