[EDUC] Re : Re: Re : Re: Re : Fuck off !!! (was : Fomats ouverts : proposition pour la consultation)

[cnestel AT free.fr]

----- Éric Seigne <eric.seigne AT ryxeo.com> a écrit :

> Moi je me dis qu'il y a des gens un peu partout qui commencent à être un
> peu sensibles à certains arguments que nous portons tous depuis plus de
> 15 ans du genre formats de fichiers ouverts, licences libres, production
> de ressources collaboratives et réutilisables etc. et que s'il n'y a
> aucune proposition faite en ce sens sur le site ils n'y aura aucune
> chance pour que ça "remonte".
> Et puis j'ai aussi envie de dire "même pas peur", je suis un éternel
> utopiste et si en 1998 j'avais écouté tous ceux qui disaient "ça ne sert
> à rien, l'institution ne bougera jamais" ... on n'aurait pas avancé de 2
> centimètres alors que là je suis persuadé qu'on a pas mal fait bouger
> des gens, même si ce n'est qu'une goutte d'eau dans un océan, c'est
> mieux que rien.

Eric,

L'enjeu ce n'est pas seulement ici celui du logiciel libre, mais c'est celui
de l'école. Et quand bien même j'éprouverais le plus profond respect
pour l'apport incommensurable apporté par toi au logiciel libre, notamment 
éducatif, ce mode de consultation est une insulte à la démocratie,
à ce que l'on a tant dit sur le rôle de l'école de la République après
les attentats contre Charlie Hebdo, et dans ces conditions le rôle
d'une association censée défendre le mouvement pour le logiciel libre
est de la dénoncer publiquement.

Tu parles de 1998. Je viens de retrouver sur le net un texte de 1998
voté par quelques 118 établissements en grève de plus de deux mois,
dans le 93.
http://users.skynet.be/aped/Forum/EtatsGen/EG1com5.html

Moi aussi depuis 1998 et même avant, je suis de ce combat, pas en tant
qu'entreprise, pas en tant que développeur (je ne suis pas informaticien
de formation mais architecte), mais en tant qu'enseignant.

L'école en ce moment est un chaudron qui risque d'exploser.

Dans le primaire, on a imposé aux forceps une réforme des rythmes scolaires 
qui est une véritable usine à gaz, contre l'avis de la majorité des
parents, des enseignants.

En collège, on impose par la force un socle commun alors même que 
la plupart des enseignants vivent dans leur chaire l'échec cuisant du
collège unique, la dégradation constante de leurs conditions de travail,
l'augmentation incessante de la DGH, la suppression des groupes dans
les sciences expérimentales et en techno...
Un peu partout, les profs souffrent du manque de communication, du
manque de concertation, de perte de sens de l'école, de programmes
et de structures inadaptées.

On assiste sur les listes professionnelles et dans les salles des profs
(dont la mienne) à une fronde anti-syndicale (les syndicats étant jugés
co-gestionnaires et déconnectés du terrain) qui laisse présager du mieux
comme du pire en ces temps où le FN se positionne comme la seule alternative.

Alors comment peux-tu croire un seul instant que la participation officielle
d'associations du mouvement pour le logiciel libre, à une concertation qui
vend *le* "numérique" comme la manière de contribuer à l’amélioration des 
apprentissages et à la réussite des élèves, permettra de crédibiliser
le libre auprès des enseignants ?

Dans les Bouches-du-Rhône par exemple après la dotation de plus de 
500 000 ordinateurs portables aux collégiens, le CG13 compte offrir
à la rentrée prochaine à chaque élève des tablettes équipées d'un clavier
ainsi que des crédits pour des "ressources numériques"...

Penses-tu que  l'on ait demandé une seule fois l'avis des enseignants ?

Penses-tu que des contributions sur l'interopérabilité empêcheront le CG13
d'arrêter son projet ? Dans le meilleur des cas, on te dira que Google Apps 
for Work 
ou autre génèrera des fichies interopérables en ODS et ODT, même si d'autres
ressources en lignes seront DRMisées...  

La seule chose qui puisse faire bouger les choses c'est un mouvement social
dans l'éducation. 
Si tous les CA des Bouches-du-Rhône par exemple votent des motions contre
la dotation des tablettes, alors là le CG13 en tiendra compte.

J'arrête là pour le moment.

Librement,
Charlie