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educ - Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public


Chronologique Discussions 
  • From: Étienne ANDRÉ <etienne AT intendancezone.net>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public
  • Date: Thu, 1 Mar 2018 10:11:47 +0100 (CET)

Re,

----- Mail original -----
> De: "Olivier Guillard" <mairie AT guillard.nom.fr>

> en complément de ton descriptif je crois indispensable de noter
> plusieurs choses :

De mon côté, je pense nécessaire d'apporter quelques précisions
juridico-lexicales, sans lesquelles on a fait très vite fausse route en
matière de dépense publique


> L'esprit :
>
> - qu'on le veuille ou non l'argent est en effet "sacré" aujourd'hui,
> ce qui se traduit partout par des pilotages essentiellement
> financiers: le public dans une démocratie ne déroge certainement pas
> à une telle règle (on a la société qu'on mérite).

Certes. Je voulais dire que "l'argent public" est une notion toute
spécifique, et cela remonte à... holala le décret impérial de 1862 ne fait
que reprendre l'esprit de la loi de 1822, elle-même basée sur les
dispositions de l'époque révolutionnaire, qui mettaient en textes les
pratiques de l'Ancien régime remontant probablement aux chefs de tribus
Franques. Cet argent a été piqué dans la poche du contribuable, on le traite
avec égard, je n'avais pas voulu dire autre chose de mon côté.

> En matière de marché et de décision publique, on ne s'arrête pas à un
> devis (qu'il faut d'ailleurs déjà trouver surtout dans l'écosystème
> du libre), on commence déjà par regarder ce qui répond au besoin,
> on regarde aussi le service, le support, la maintenance et la
> gestion des risques -assurance-, le calendrier d'engagement et
> d'amortissement, les échéances (notamment politiques), ....

Je n'avais pas fait référence à la notion de "marché". Toute commande
publique, dès le premier euro, est un marché. Simplement les procédures sont
plus ou moins allégées selon l'importance de l'opération. Pour verser 150 €
parce que le collège a fait prendre l'habitude à toute la salle des profs
d'utiliser intensivement les Framachins, la procédure adaptée sera : on le
fait épicétou.

> Sur le plan technique ensuite:
>
> - l'ordonnateur paie toujours une facture,

Argh, cette phrase contient une grave erreur ! L'ordonnateur ne paie rien, il
décide de la dépense. Le paiement est l'apanage de l'agent comptable public,
qui vérifiera la régularité formelle de la dépense. C'est l'un des points que
je dessinais dans mon précédent message : l'agent comptable n'est pas juge de
l'opportunité de la dépense, mais hélas trop de mes collègues s'en mêlent. Je
le fais d'ailleurs moi-même mais toujours sur le mode du conseil, de la
remarque. Ce qui nous fait un double filtre : même si le décideur effectif
est disposé à consacrer un peu du budget qui lui est confié pour soutenir le
LL, un comptable mal luné peut encore parfois saboter l'affaire.

> mais aussi seulement si, il a mandat

Heu, le mandat est établi par l'ordonnateur. Il est l'autorité d'exécution du
budget, libre dans le cadre de ce qui a été voté par l'assemblée délibérante.
Il a besoin toutefois d'être habilité par le CA à passer les marchés et
contrats afférents, tout particulièrement lorsqu'ils sont d'incidence
pluri-annuelle, puisque dans ce cas l'engagement pris par l'établissement
dépasse le cadre du budget normal, justement.

> et bon de commande établis dans les règles pour ce
> faire.

C'est l'ordonnateur qui établit le bon de commande, même si dans la plupart
des situations il donne délégation à des personnels de terrain pour les
opérations tout-venant.

> Par exemple, il ne s'agit pas juste de "faire copain avec des chefs
> d'établissement" mais aussi de les écouter pour que se structurent
> des offres basées sur du libre qui répondent à leurs contraintes et
> besoins.

Mhhh, ça a existé : Gestion des Elèves Par Internet, GEPI, logiciel libre (ou
alors très proche de l'être), proposait gratuitement et avec dix ans d'avance
des fonctionnalités qu'on paie aujourd'hui à prix d'or à un duopole
d'éditeurs. Zéro soutien de l'intitution, ça suffit pour faire mourir un tel
projet en quelques années.

Moi-même, avec OpenAcadémie, nous sommes des révoltés absolument tarés, et
continuons malgré tout, alors qu'on en est arrivés au stade de penser
sérieusement que nos carrières sont pourries par la hiérarchie qui n'apprécie
pas qu'on ait le culot de parler aux ordinateurs, ce qui devrait rester un
privilège des guignols de la DSI.

> Concernant les collèges et lycées, sauf erreur les
> décisions ne se prennent d'ailleurs pas seulement à ce niveau là :
> il faut aussi voir du côté du département et des communautés
> d'agglo.

Et de la région. Il arrive que les collectivités de rattachement se mêlent de
cela, soit en fournissant aux établissements des machines préinstallées en
Logiciels Libres (gauche), soit en passant des open-bar avec Krosoft
(droite). Dans la plupart des cas, elles ne font rien, et laissent les
établissements se dém.brouiller avec leur budget.

> Au risque d'être carrément iconoclaste : peut-être faudrait-il que
> les enseignants soient un peu plus paresseux pour ce qui n'entre pas
> dans le champs de leur compétence afin de laisser place à l'éclosion
> des services de qualité et de proximité que "le marché" serait
> peut-être prêt à leur fournir ?

Ce n'est pas raisonnable. Parce que le prof de base n'est pas compétent en
informatique (s'il l'était il exigerait que tout le parc migre sous Linux et
il le ferait d'ailleurs), MAIS il veut garder (l'impression grotesque de) la
maîtrise totale de son outil. Pour cela, aucune autre possibilité que
d'utiliser religieusement exactement la même chose que ce qu'il connaît et a
toujours connu. Beaucoup de profs ne comprennent pas pourquoi on ne garde pas
Windowe Expie, "ça marchait bien". Se former ? Considérer que l'informatique
est un domaine connaissant des évolutions méritant qu'on s'y penche ?
Naaannnn.

Donc la solution consistant à dire "une SSLL met toutes les machines sous
Linux, ça ne tombera plus jamais en panne et les gamins ne colleront plus de
saletés dans les machines" se heurtera frontalement à deux problèmes : 1) le
refus total de (auto-)formation pour comprendre trois concepts basiques ; 2)
au premier câble de souris coupé au cutter, Linux sera en panne et donc
merdique, ça marchait mieux avant, etc.

Personnellement, j'attends la prochaine attaque virale qui détruira vraiment
les systèmes ouinedose, rendant l'ensemble du parc inutilisable pendant
plusieurs semaines (en la redoutant parce que mon poste de travail...) Dans
les hôpitaux anglais, je me suis laissé dire que l'intérêt pour Linux avait
du faire un bond important au cours de l'année 2017.

librement,

--
Étienne ANDRÉ
http://www.intendancezone.net
Tél direct 01 48 99 99 22



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