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educ - Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public


Chronologique Discussions 
  • From: Olivier Guillard <mairie AT guillard.nom.fr>
  • To: educ <educ AT april.org>
  • Subject: Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public
  • Date: Thu, 1 Mar 2018 09:10:57 +0100
  • Authentication-results: vip.april.org; dkim=pass (2048-bit key; unprotected) header.d=guillard-nom-fr.20150623.gappssmtp.com header.i= AT guillard-nom-fr.20150623.gappssmtp.com header.b="TTHbEU1y"; dkim-atps=neutral

Bonjour Etienne,

en complément de ton descriptif je crois indispensable de noter plusieurs choses :

L'esprit :

- qu'on le veuille ou non l'argent est en effet "sacré" aujourd'hui, ce qui se traduit partout par des pilotages essentiellement financiers: le public dans une démocratie ne déroge certainement pas à une telle règle (on a la société qu'on mérite).

- ce que regardera le décideur c'est l'impact en matière de gestion (financière). Aussi surréaliste que cela puisse paraitre en première lecture, il peut parfois estimer qu'il est plus rentable de payer plus cher.

Pour être en situation et avoir les mains dans le cambouis de processus de décisions depuis maintenant quelques temps, je dois reconnaitre que je n'ai pas toujours pu trouver l'argumentaire pour montrer qu'une solution basée sur du libre était plus rentable qu'une solution basée sur des solutions privatrices.

En matière de marché et de décision publique, on ne s'arrête pas à un devis ( qu'il faut d'ailleurs déjà trouver surtout dans l'écosystème du libre ), on commence déjà par regarder ce qui répond au besoin, on regarde aussi le service, le support, la maintenance et la gestion des risques -assurance-, le calendrier d'engagement et d'amortissement, les échéances (notamment politiques), ....


Sur le plan technique ensuite:

- l'ordonnateur paie toujours une facture, mais aussi seulement si, il a mandat et bon de commande établis dans les règles pour ce faire.

C'est donc déjà là à mon sens qu'il faut travailler.

Bref :

Je comprends l'exaspération de Olivier Ertzscheid dont il témoigne avec talent, toutefois aider les politiques sensibles à la question à promouvoir le libre c'est aussi leur donner des outils qu'ils n'ont pas forcément aujourd'hui.

Par exemple, il ne s'agit pas juste de "faire copain avec des chefs d'établissement" mais aussi de les écouter pour que se structurent des offres basées sur du libre qui répondent à leurs contraintes et besoins. Concernant les collèges et lycées, sauf erreur les décisions ne se prennent d'ailleurs pas seulement à ce niveau là : il faut aussi voir du côté du département et des communautés d'agglo.

Côté approche, une autre piste de réflexion plus fondamentale qu'il me semble utile de mentionner ici : ou commence et ou s'arrête la compétence de l'enseignant en matière de logiciel ?

C'est important a mes yeux, pourquoi :

si nous souhaitons que des écosystèmes viables (économiquement) puissent se mettre en place alors il faut qu'ils puissent identifier leur marché. Le génie des gros fournisseurs est non seulement qu'ils vendent non pas des services mais des licences qu'il peuvent répliquer à l'infini, et qu'en plus ils font travailler les profs à les installer, les configurer et passer eux même les antivirus quand il y a un problème.

Au risque d'être carrément iconoclaste : peut-être faudrait-il que les enseignants soient un peu plus paresseux pour ce qui n'entre pas dans le champs de leur compétence afin de laisser place à l'éclosion des services de qualité et de proximité que "le marché" serait peut-être prêt à leur fournir ?

Voilà : mes "deux cents" à chaud,


--
      Olivier Guillard
      Adjoint au Maire
Saint Léger en Yvelines


Le 1 mars 2018 à 00:26, Étienne ANDRÉ <etienne AT intendancezone.net> a écrit :
Salut,

----- Mail original -----
> De: "Rémi Boulle" <mail AT remiboulle.fr>

> Le 28/02/2018 à 12:06, Eda Nano a écrit :

> > C'est
> > entièrement injuste que quand les autres postes Mac de mon labo
> > payent 15 euros par mois pour avoir Illustrator, les logiciels
> > libres de mes ordi de travail, ceux du serveur de développement,
> > ceux du serveur de déploiement, ceux du cluster de calcul, toutes
> > des machines cruciales pour nous labo de bioinformatique, c'est
> > totalement absurde que ces logiciels libres là n'aient rien de la
> > part des labos.

> 100% d'accord. Cela m'a toujours frappé/choqué que des établissement
> payent des licences Microsoft ou autre alors que LibreOffice (par
> exemple) est déployé gratuitement sur tous les postes. Lorsqu'on
> propose
> à ces mêmes établissement de donner même 10% du prix total des
> licences
> Microsoft à une fondation, on a l'impression de demander à jeter de
> l'argent par les fenêtres. Ce ne serait que justice de la part d'un
> organisme public.
>
> Cela ne semble pas rentrer dans les cases des dépenses possibles pour
> un établissement. Un intendant/gestionnaire de la liste peut-il
> confirmer ?

Allô, j'écoute ?
Attention, dans la réponse qui suit, il y aura peut-être de vrais morceaux de troll méchant intendant anti-profs ;-p

Je vais m'attacher à la pure forme de la dépense publique : pour faire sortir l'argent public (comprendre : sacré) de la caisse, il faut une pièce justificative. A priori et en temps normal, c'est une facture réglant une prestation dont le service est attesté bien réalisé par l'ordonnateur (le chef d'établissement/président d'université dans ce qui nous intéresse).

Si l'on reste dans cette banalité de la prestation réalisée, pour le Logiciel Libre il y aurait alors deux voies de facturation envisageables :

1- l'abonnement à un service d'assistance-maintenance du logiciel par une SSLL, mine de rien la plus grosse boîte du monde libre, RedHat, semble assez bien s'en porter

2- la commande de fonctionnalités nouvelles dans un logiciel : mon lycée a Habsolument besoin de ce petit module dans LibreOffice, et passe commande de sa confection à qui (à peu près n'importe qui) peut le lui développer, en demandant au passage que le code soit versé au projet. Mais attention, on ne paie qu'après livraison.

Autre possibilité, le soutien franc et massif, mais ce ne peut pas être une décision du seul ordonnateur :

3- pour faire un don à une cause, la pièce justificative de la dépense est alors un acte de l'assemblée délibérante de l'établissement public (conseil d'administration), acte soumis à contrôle de légalité. Mais sur des engagements financiers modérés cela ne pose pas de problème fondamental, hormis de réunir un consensus suffisant au CA (une instance où il est de bon ton de faire joujou à la ghrande polithik, alors c'est pas trop dur de se mettre d'accord contre les vilains GAFAM, faut bien que cette ambiance aberrante ait des bons côtés)


Le problème, c'est qu'il faut un décideur (l'ordonnateur) absolument convaincu de la nécessité d'agir ainsi. Or même un proviseur super bien-pensant, sympa et tout, si on lui propose de verser 1000 € à la FSF (ou Framasoft ou l'April ou que sais-je) ou bien de rendre possible le voyage des 1e STMG au Futuroscope, il choisira toujours la seconde option, c'est fatal.

Si en plus il a dans son intendance un mien collègue qui se mêle de ce qui ne le regarde pas et se permet de sauter sur les freins au titre de je ne sais quelle règle qui interdirait de payer pour ce qui peut apparaître pour formellement gratuit au premier abord, ou qui trouverait que c'est pas assez cher comparativement à Krosoft et savonnerait la planche, et c'est plutôt courant, ça devient quasiment impossible.

J'essaie de faire entrer le virus libriste dans mon métier, et j'ai une petite victoire à mon actif : le site web de l'association des agents comptables http://espaceple.org que je gère tournant avec SPIP, j'ai obtenu à deux reprises que l'association fasse un geste vers la communauté. Il était parfaitement assumé que c'était une dépense somptuaire, pour la beauté du geste, mais je n'ai pas rencontré de résistance parmi les autres cadres de l'association. D'ailleurs ça me fait penser que je vais renouveler l'opération, ça fait trop longtemps la dernière fois. Mais mon association regroupe les plus réveillés des collègues, nous ne sommes pas aussi représentatifs que nous le souhaiterions.


Concrètement, si l'on veut faire bouger les lignes vraiment, il faut agir sur plusieurs fronts à la fois :

a) faire copain avec des chefs d'établissement geeks qui serviront de référence auprès de leurs collègues

b) avoir en tête mon argumentaire ci-dessus et le diffuser auprès des responsables financiers qui devront admettre qu'il est conforme à la réglementation, et ne pas ajouter de frictions là où il n'y en a pas

c) plutôt qu'espérer faire marcher les profs, àmha il faut attaquer les inspecteurs : eux voient le problème du coût global des logiciels privateurs, et seraient des disséminateurs idéaux du virus libriste

d) toujours tenter d'attendrir les collectivités assurant le financement avec les économies en perspective, la localisation de l'emploi etc.

e) jouer sur les élèves politisés/organisés qui devraient pouvoir ramer dans le même sens que nous. A titre d'exemple je compte lancer un jour dans les pattes de mes élèves de l'éco-club le concept de "donnons les vieux PC du lycée mais avec Linux dessus". Suivant les profils, en leur faisant carrément faire des méga-install-parties, soit par un partenariat avec Emmabuntus/Emmaüs ou l'équivalent (ou les deux)


Voilà quelques éléments. Je reste à la disposition de tout membre de la liste qui voudrait s'armer d'arguments pour attaquer le problème dans son bahut. Si ça pouvait démultiplier mes toujours trop modestes contributions financières à la communauté, j'en serais ravi.

Librement,


--
Étienne ANDRÉ
http://www.intendancezone.net
Tél direct 01 48 99 99 22

--
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