Re: [EDUC] Coup de gueule ou cri du cœur/ contribuer à un LL par un établ. public

[Étienne ANDRÉ <etienne AT intendancezone.net>]

Salut

(forte concentration de Etienne dans cette liste, semble-t-il ;)

----- Mail original -----
> De: "Étienne Rozé - ESP" <etienne.roze AT univ-lorraine.fr>
> À: educ AT april.org, etienne AT intendancezone.net

> Siégeant depuis peu au CA de mon Université, je m'initie petit à
> petit (et avec un peu de mal) à la comptabilité et autre comptes
> budgétaires et financiers…
> Pour l'objet que nous concerne, je me posais la question, peut-être
> naïve, de savoir si il y aurait un moyen de "valoriser"
> comptablement, rien que par les économies qu'ils engendrent, les
> logiciels libres utilisés par l'établissement (au moins ceux choisis
> globalement à des endroits "stratégiques " par exemple chez nous
> Moodle, Drupal sans parler des différentes distributions linux et il
> y en a bien d'autres ). Je me dis que ces "richesses" utilisées
> souffrent d'être invisibles dans les comptes pour qu'elles soient
> pris au sérieux au delà d'un certain cercle.
> Je sais bien que le débat n'est pas simple (économie ou non) et suis
> bien sûr convaincu que la valeur du logiciel libre dépasse les
> aspects uniquement comptables mais le rôle de la comptabilité étant
> de présenter au plus juste — de son point de vue — la réalité, il me
> semble qu'il y a là angle mort. Me trompe-je ?
> Je compte aborder le sujet avec notre agent comptable mais j'aimerais
> avoir des éléments pour étayer ma discussion… merci par avance !

Le problème, c'est que la valeur économique se mesure, comptablement à la 
valorisation, donc au prix d'achat et/ou à la capacité de (re)vente. Si une 
université achète 1000 licences M$ Office, elle aura une dépense au compte 
6511 "redevances brevets licences", et ça sera très clair. Si la même 
université installe LibreOffice sur mille postes, que faire comptablement ? 
On ne sait même pas si le logiciel sera utilisé !

Après avoir signalé que mon expérience en comptabilité de l'enseignement 
supérieur est limitée à mes mandats de syndicaliste étudiant élu en conseil 
(et ça remonte au XXe siècle), la réponse pourrait être trouvée dans le cadre 
des *provisions* : l'autorité budgétaire (le CA sur proposition de 
l'exécutif) pourrait inscrire en provisions la valeur des licences 
privatrices dont l'achat aurait été économisé par l'adoption de LL. A terme, 
ces provisions pourraient être utilisées comme une cagnotte pour passer 
commande (ou assurer le financement du développement à l'interne) d'une 
fonctionnalité importante pour l'université dans un logiciel, a priori sur le 
principe le code produit soit sous licence libre.

C'est un peu de boulot, les provisions, mais rien je pense qui ferait peur à 
un comptable d'université. On pourrait imaginer un régime un peu comme les 
économies d'énergie dans un logement après rénovation : moitié économies pour 
le locataire, moitié augmentation du loyer pour financer les travaux par le 
propriétaire, tout le monde est gagnant. Donc toute économie avérée de 1000 € 
au prix réel d'achat des licences par la fac pourrait donner lieu à une 
provision de 500 €, et une économie nette pour le budget de l'année concernée.

On pourrait aller plus loin par association entre universités sur un projet 
donné : si plusieurs facs constituent des provisions, elles pourraient 
s'associer pour financer des développements. Par exemple l'université A 
verserait une partie de sa cagnotte de provisions LL à l'université B, qui 
paierait deux développeurs pour produire un logiciel intéressant au moins ces 
deux facs.

Librement,

-- 
Étienne ANDRÉ
http://www.intendancezone.net
Tél direct 01 48 99 99 22