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educ - [EDUC] Orientation - Affelnet

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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[EDUC] Orientation - Affelnet


Chronologique Discussions 
  • From: Marie-odile Morandi <mbottoli AT mailarchi.it>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: [EDUC] Orientation - Affelnet
  • Date: Mon, 20 Sep 2021 16:57:16 +0200

Bonjour

Je me permets de diffuser ce qui vient d'une autre liste d'enseignants.

Aurélie Jean - Carte scolaire : ne jetons pas l’algorithme avec l’eau du bain

CHRONIQUE. Le logiciel national d’affectation Affelnet voulait réactiver la mixité sociale dans les lycées parisiens. Mais tout ne s’est pas passé comme prévu.

 
Un élève inscrit ses vœux pour le choix d'un futur lycée. © RICCARDO MILANI / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Par Aurélie Jean
Publié le 19/09/2021 à 10h00
 

La colère de nombreux parents se fait entendre après que l’algorithme Affelnet, imaginé pour réactiver la mixité sociale dans les lycées, a proposé à leurs enfants une école bien en dessous de leur niveau. En vue de cette nouvelle année scolaire à Paris, les élèves et leur famille ont dû établir sur le site dédié une liste préférentielle de lycées. Un algorithme, par un calcul de points, s’est ensuite chargé de déterminer l’établissement de l’élève. Mais, contre toute attente, l’algorithme a donné à d’excellents élèves un de leurs derniers choix – a fortiori les moins prisés. Un vrai problème.

Car l’algorithme Affelnet aurait dû fonctionner pour tous les élèves, et pas uniquement pour une majorité d’entre eux – même écrasante. On s’accordera, bien sûr, sur le fait que ​​la méritocratie républicaine seule, dans un système où les silos sociaux se renforcent, ne suffit pas. Mais la réponse à y apporter doit être fiable à 100 %, au risque de recréer des injustices. Une analyse s’impose pour comprendre et réparer cet incident… rapidement.

Bonne idée sur le papier

Revoir l’attribution des lycées en fonction de critères socio-économiques, géographiques et scolaires des élèves pour leur offrir les mêmes chances de réussir est une bonne idée. On peut tout à fait comprendre qu’un élève avec 11/20 de moyenne au lycée Louis-Legrand – l’un des meilleurs établissements de la capitale – puisse être en compétition avec un élève ayant 19 de moyenne au lycée Bergson dans le 19e arrondissement, beaucoup moins réputé. Mais, jusqu’à présent, cela était impossible. Un calcul prenant en compte des critères pour rééquilibrer les opportunités offertes aux élèves est une voie habile à explorer. C’est ce qu’ambitionne la réforme Affelnet. Mais, pour atteindre un tel objectif, il faut plusieurs prérequis, dont l’absence de biais dans le calcul, des critères judicieux, et la garantie que les utilisateurs comprennent son fonctionnement. Intéressons-nous ici au dernier point, mais en aveugle car l’algorithme n’est pas encore public.

Pour qu’un algorithme fonctionne correctement, il faut que les utilisateurs en connaissent un peu la logique pour pouvoir lui fournir des données pertinentes. Sans cela, il orientera l’utilisateur – ici l’élève – vers une réponse maladroite, voire injuste, même si elle est mathématiquement correcte. Dans ce cas présent, les élèves et leur famille pouvant entrer cinq à dix choix de lycées ne connaissaient pas l’impact du nombre de choix ou encore ce que ces choix impliquaient dans le résultat final. On peut ici imaginer qu’un élève proposant cinq choix – en théorie les plus demandés – aura plus de chances de se voir attribuer l’un de ces établissements qu’un élève qui aurait les mêmes premiers choix mais dans une liste de dix lycées. Cela permet de minimiser les risques d’avoir des élèves sans établissement.

Comprendre le sens

Les solutions à poursuivre sont les suivantes. Tout d’abord, il faut exiger une efficacité totale de l’algorithme. Le cas contraire, il faut résoudre – pour cette année au moins – à la main les cas qui n’ont pas fonctionné pour le bien des élèves avant tout. Il faut aussi tester l’algorithme avant son utilisation massive et en cours de fonctionnement pour se prémunir d’erreurs, voire de biais, dans le nombre de choix entrés par l’élève et sa famille, par exemple. On peut en effet se demander si ce nombre fourni par l’élève ne dépend pas de son genre ou de ses origines sociales, qui traduiraient son assurance ou sa capacité à faire confiance à l’État. Enfin, il est fondamental d’expliquer la logique calculatoire avec pédagogie pour se prémunir d’erreurs de jugement de la part des familles, comme mettre un lycée non souhaité en dernière position d’une longue liste en supposant que l’algorithme ne le proposera jamais, alors que la logique algorithmique suppose que chaque établissement proposé est désiré.

Qu’il soit algorithmique ou étatique, pour qu’un système fonctionne correctement, les individus qui en sont les sujets doivent pouvoir en comprendre le sens. C’est la raison pour laquelle, dans un monde toujours plus numérisé, l’explicabilité algorithmique qui consiste à décrire la logique des algorithmes est un enjeu fondamental dans les décennies à venir.

https://www.lepoint.fr/debats/aurelie-jean-carte-scolaire-ne-jetons-pas-l-algorithme-avec-l-eau-du-bain-19-09-2021-2443753_2.php?M_BT=2957571013933#xtor=EPR-6-[Newsletter-Mi-journee]-20210919

https://www.lepoint.fr/education/carte-scolaire-que-risque-t-on-a-tricher-12-03-2021-2417448_3584.php

https://www.lepoint.fr/invites-du-point/aurelie-jean-transparence-et-explicabilite-des-algorithmes-la-grande-confusion-13-06-2021-2430716_420.php

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Amicalement
Marie-Odile Morandi
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