Re: [LibreAsso] Un graphiste libre ?

[Vincent Calame <vincent.calame AT exemole.fr>]

Bonjour,
> - la demande de la france pour des graphistes tunisiens... on est là 
> sur un terrain très sensible. Pas mal de messages circulent en ce 
> moment dans les listes liées au libre, sur les rapprochement libre / 
> économie sociale et solidaire. Je suis de ceux qui pensent que le 
> rapprochement est évident, et qu'un engagement vers le libre fait 
> partie d'un ensemble de valeurs cohérentes. Valeurs qui mènent 
> notamment à privilégier l'économie locale, dans tous les domaines.
> Mais ce n'est là que mon point de vue, et je suis très intéressé de 
> connaître celui d'autres acteurs de cette liste.
> (d'autant que le contexte politique peut également amener la réflexion 
> sur un autre terrain, de la délocalisation au soutien à une nouvelle 
> démocratie)

Oui, le logiciel libre et l'ESS ont des valeurs communes, en tout c'est 
un point de vue que je partage. Et c'est certain que la dimension 
production locale est un point important dans l'ESS.

Cependant, ce qui me plait profondément avec le logiciel libre et ce qui 
motive dans ma petite action de mise en lien logiciel libre - monde 
associatif, c'est que la philosophie du logiciel libre rentre en 
résonance avec beaucoup de thèmes et de valeurs du monde associatif et 
pas seulement l'ESS.

Je pense en particulier à la solidarité internationale et à une 
thématique qui était très présente dans les années 80 : celui du 
transfert de technologie.
Avec les pays émergents (maintenant émergés comme la Chine et le 
Brésil), la question du transfert de technologie est devenu un enjeu 
industriel majeur et elle a quitté la sphère des ONG (passées ensuite du 
développement au plaidoyer mais c'est une autre histoire).

Néanmoins, le transfert de technologie reste une question d'actualité. 
Que l'on soit pour ou contre le nucléaire, vendre une centrale nucléaire 
dans un pays qui n'a pas la capacité de développer une expertise locale, 
c'est le rendre dépendant d'une technologie étrangère pour de nombreuses 
années.

Pour revenir au logiciel libre qui est ce qui nous rassemble sur cette 
liste, ce qui est de bien avec les quatre libertés, c'est que le 
transfert de technologie est immédiat et permanent ! Monter une 
industrie locale basée sur du logiciel libre est possible n'importe où 
dans le monde (pour peu que l'on ait l'électricité et une connexion 
internet, ce qui n'est pas toujours gagné bien sûr).

Donc, faire en sorte que l'informatique en Tunisie et ailleurs, ce ne 
soit pas uniquement de la délocalisation de centres d'appel ou de la 
sous-traitance pas chère comme en Inde me semble être un point important 
sur lequel le logiciel libre a beaucoup à apporter. Et si notre modeste 
groupe de travail pouvait apporter sa petite pierre à l'édifice, j'en 
serai très heureux.

Vincent

P.S. pour compléter, j'avais écrit un petit texte à l'intention de mes 
partenaires africains sur cette question du transfert de technologie :
http://wiki.exemole.fr/wiki/Afrique_et_logiciels_libres