Re: [LibreAsso] Compte-rendu débat " Hackers et ONG : quelles alliances pour reconstruire l’expressio n démocratique?"

[Frédéric Sultan <fredericsultan AT gmail.com>]

Bonjour,

J'adhère complètement aux remarques de Justine.

Pour prendre au sérieux cette idée de dialogue entre développeurs et 
animateurs/acteurs associatifs, j'avais d'ailleurs proposé une démarche 
dans ce sens en Ile de France. Vous pouvez trouver le projet original au 
lien suivant :
http://www.projets-citoyens.fr/node/1532

Mais cette proposition s'est avérée difficile à mettre en place.
L'une des difficultés étant de vouloir embrasser de manière très large 
la panoplie des besoins et donc des outils possibles, utiles ou 
nécessaires aux acteurs citoyens.
Une autre difficulté est liée à la délimitation au secteur  associatif 
dans des champs spécifiques (santé et urbain) présuposant des pratiques 
de réseau médiatisés du fait d'une structuration institutionnelle en 
réseau (réseau de santé par exemple). La définition des acteurs par 
leurs statuts est aussi assez peu pertinente sur le terrain.

L'année dernière, nous avons choisi de modifier le projet afin de 
resserrer autour d'un besoin que nous pensons généralement mal traité, à 
savoir, la diffusion de l'information sur les événements du milieu, et 
organiser un travail en 3 volets
(http://vecam.org/rubrique128.html):
- documenter des outils existants (une étude comparative légère a été 
réalisée)
- proposer avec d'autres (Ritimo en était) un espace de réflexion sur 
ces outils, leurs enjeux et les perspectives. 4 rencontres en octobre 
dernier se sont terminées par le barcamp "techtool_for_event".
- expérimenter l'usage d'outils qui permettent non seulement la 
diffusion d'information, mais aussi des formes de mutualisation et de 
coopération.

Nous nous sommes adossé à l'expérience d'une organisation québécoise : 
mur mitoyen (voir http://murmitoyen.com). Nous avions aussi dans l'idée 
que le service Mur mitoyen pourrait être approprié par les utilisateurs/ 
contributeurs et être adapté en Ile de France sous forme de service en 
ligne par exemple.

Le bilan de cette première partie de la démarche (le projet est prévu 
d'être conduit sur deux ans) nous amène à l'infléchir et à cibler les 
pratiques (plutôt que les outils) et donc à :
- passer d'une logique de "techtool_for_event", à quelque chose comme 
"Events love techtools" par exemple.
- mettre en chantier une documentation des pratiques de partage 
d'information événementielle, avc des groupes qui gèrent des agendas 
collectifs (FING, APRIL, réseau nat des bibliothécaires, ...).
- poursuivre les expérimentations, (sans les relier à une offre de 
service) pour toucher du doigt les enjeux de l'évolution des techniques.

Nous en sommes au stade de la réflexion et je serai particulièrement 
intéressé par vos avis sur ce chantier et par toute forme de travail qui 
continuerait les échanges initiés par Justine, Laurent, Vincent, ...

La "déconnexion du développement web du projet politique des 
associations", relevé par Justine, se traduit par exemple par une 
(re)prise en main du web par les communicants (pro ou militants selon la 
taille des structures) dans une perspective essentiellement top down. 
Diffuser de l'info pour faire du buzz et collecter des fonds est 
l'archétype de l'usage des TIC dans cette perspective. On peut le 
comprendre au vu de la situation économique.

Alors l'enjeu du changement est autant culturel que technique. Ce serait 
de reconsidérer les TIC comme un espace de médiatisation de la 
participation et de l'émancipation des personnes au sein de la structure 
: considérer que les gens ne sont pas des publics (ou des clients), mais 
des contributeurs (des sujets) et que les échangent médiatisés par les 
TIC donnent sens au Projet de l'association. Ce changement permet 
d'imaginer des usages des TIC qui ne sont plus limités à la com + ou - 
institutionnelle et la compta (indispensables par ailleurs) mais ouverts 
au partage de l'information, la co-construction des savoirs, la 
mobilisation, ... etc.

Bonne journée
Fred


Le 05/02/2013 09:47, Justine Peullemeulle a écrit :
> Bonjour à tous,
>
> Je me permets de vous écrire ces quelques réactions car à Ritimo nous
> travaillons sur l'appropriation des TIC par le milieu associatif.
> Effectivement, il y a eu des déceptions mais nous pensons qu'il y a un
> enjeu fort actuellement de démontrer que la technique avec une vision
> politique,et une réflexion sur nos modes d'actions est possible; En
> réalisant une étude sur Internet et le milieu associatif, nous avons
> constaté que plusieurs associations ont "commis"l'erreur de déconnecter
> le développement web de leur projet politique en sacralisant d'une
> certaine manière la technique au même titre que la science. De plus en
> plus d'associations souhaitent être accompagner dans ce changement de
> logique tout en prenant en compte la  réalité que des (petites et
> moyennes) associations ont souvent peu de ressources financières et
> humaines mises à disposition de la communication et la valorisation de
> leur information.
>
> Ainsi, l'enjeu est double :
> -  Construire des ponts entre développeurs et animateurs/acteurs
> associatifs
> -  Mutualiser les besoins des associations pour mutualiser les coûts.
>
> Voilà quelques réflexions que nous avons à Ritimo. En espérant partager
> plus bientôt avec vous,
> Bonne journée,
>
> Justine
> ène
> Justine Peullemeulle
> Ritimo-Coredem
> 21 ter rue voltaire
> 75011 Paris
> +33 144 64 74 16
> www.ritimo.org <http://www.ritimo.org>
> www.coredem.info
>
> Nouvelle parution de la collection Passerelle : L'efficacité
> énergétique, à travers le monde, sur le chemin de la transition plus
> d'infos : http://www.coredem.info/rubrique37.html
> --
> Le stockage sur le serveur de votre messagerie de chaque email reçu
> consomme de l'énergie, supprimez ce message de votre serveur lorsque
> vous n'en avez plus besoin!
>
>
>
>
> Le 4 févr. 2013 à 21:25, Laurent Costy a écrit :
>
> > Bonsoir Vincent,
> >
> > Oui, une utopie a existé et s'est consolidée au fil du temps. L'après
> > guerre avec Norbert Wiener (initiateur du concept de cybernétique) et
> > l'ordinateur de Von Neuman ont généré des rêves fous comme celui par
> > exemple "d'apaiser" nos sociétés modernes à travers la gestion
> > "objective et dépassionnée" que promettaient les ordinateurs. Cette
> > promesse rejoignait aussi l'utopie plus ancienne de la communication
> > en générale où, les circuits d'information étant optimisés, ils
> > devaient permettre aux hommes de mieux se comprendre et devaient
> > résoudre ainsi les incompréhensions.
> >
> > La bulle Internet illustre le fait que de nombreuses personnes
> > croyaient en cette utopie (et espéraient en retour les bénéfices de sa
> > mise en oeuvre)...
> >
> > Des auteurs technophiles tels Pierre Lévy (/World Philosophie/) pour
> > qui /Internet est en effet une « citadelle de lumière » /ou Nicolas
> > Negroponte (/l'homme numérique/) ont mis en avant surtout les
> > avantages que pouvaient apporter les technologies et Internet en
> > particulier à la fin des années 90 et au début des années 2000.
> > Ils ont trouvé leurs détracteurs avec Dominique Wolton qui, /dans
> > Internet et après ?/ a tenté de relativiser la portée des nouvelles
> > technologies ou Philippe Breton avec /Le culte de l'Internet : une
> > menace pour le lien social ?/ (écrit en 2000)
> > Pour appréhender aussi en profondeur tout le contexte d'après-guerre
> > (aux états-unis) ayant abouti à la cybernétique, le livre "Aux sources
> > de l'utopie numérique" de Fred Turner est plutôt bien étayé...
> >
> > Bref, comme tout changement de société un peu rapide, les espoirs de
> > changements sont transcendés et amplifiés (en particulier par les
> > médias) avant que la voix de la raison puisse se faire entendre...
> >
> > On est sans doute effectivement à un tournant car chacun prend
> > conscience que les fabuleuses promesses du début du millénaire sur ce
> > sujet sont à relativiser sérieusement.
> >
> > Voilà pour ce soir,
> > Pour ma part, Internet m'aura permis soir de répondre à la liste ; ce
> > qui est déjà bien sans être utopique :-)
> >
> >
> >
> > Le 04/02/2013 18:57, Vincent Calame a écrit :
> > > Le 04/02/2013 17:36, Lionel Allorge a écrit :
> > > > Qu'entends-tu par désenchantement ? Parce qu'au sens strict la
> > > > diffusion dans le grand public de la micro informatique et
> > > > maintenant les mobiles ont rendu accessibles à commun des mortels
> > > > des puissances de calcul que la NASA n'avait pas pour envoyer des
> > > > hommes sur la Lune. Donc le côté mystérieux de l'informatique a en
> > > > grande partie disparu au profit d'une utilisation banale. Il s'agit
> > > > bien d'un désenchantement des TIC et c'est très positif selon moi.
> > > > Librement,
> > >
> > >
> > > Je pense que dans le cas présent, le terme « désenchantement »
> > > désigne le fait que l'outil informatique a été trop souvent vu (et
> > > aussi il faut le dire présenté par ses promoteurs) comme une baguette
> > > magique qui apporterait la solution miracle aux problèmes
> > > organisationnels et d'animation inhérents à tout collectif humain en
> > > général et aux associations en particulier.
> > >
> > > Je suis d'accord avec toi, l'informatique n'a rien de mystérieux, ce
> > > n'est qu'un outil. Mais de la même façon, que posséder une boite de
> > > peinture ne fait pas de vous un grand peintre, mettre en place des
> > > outils informatiques ne transforme pas une structure en mal
> > > d'animation en modèle de démocratie directe.  Des outils ne sont rien
> > > sans méthode pour les mettre en œuvre.
> > >
> > > J'ai l'impression que pour beaucoup d'associations, l'informatique
> > > n'a pas rempli ses promesses, sans doute parce qu'on a trop promis et
> > > que l'on a été aveuglé par quelques beaux succès permis par
> > > l'informatique en oubliant les conditions de leurs réalisations (par
> > > exemple, la naissance de l'altermondialisme à Seattle en 1999 dans
> > > les manifestations contre l'OMC dont la mobilisation a été permise
> > > par l'appropriation des TIC).
> > >
> > >
> > > Voilà, en ce qui me concerne, ce sont des impressions qui
> > > demanderaient à être confirmées ou infirmées.
> > >
> > > Vincent
> >
> >
> > --
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