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educ - Re: [EDUC] Doc de travail 1. Quels fondamentaux devrait-on enseigner ?

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Doc de travail 1. Quels fondamentaux devrait-on enseigner ?


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: educ AT april.org, Patrice Pillot <patrice.pillot AT teletopie.net>
  • Cc: educ AT april.org, itic AT melusine.eu.org
  • Subject: Re: [EDUC] Doc de travail 1. Quels fondamentaux devrait-on enseigner ?
  • Date: Wed, 19 Mar 2008 23:18:21 +0100

Selon Patrice Pillot <patrice.pillot AT teletopie.net>:

> Oups.... J'ai effectivement jeté ce brouillon de "plan de cours" en
> pature aux lecteurs de EDUC il y a quelques mois mais c'était avant tout
> pour qu'ils s'en saisissent et l'amendent, bref, pour les faire réagir....

Certes, mais je l'ai gardé en mémoire, tant il me semblait abouti. Mais je
n'ai
jamais trouvé le temps de l'approfondir. C'est la raison pour laquelle je l'ai
rebalancé pour faire réagir.

Ce n'est que partie remise.

Parfois, surtout lorsqu'il s'agit de trolls et/ou de messages polémiques la
réaction est aussi immédiate qu'éphémère. Là, on est dans l'élaboration qui
prend du temps.

> De ce fait, dans le cadre que Charlie rappelle justement, à savoir
> l'enseignement de l'info dans le secondaire (pourquoi s'en tenir au seul
> niveau collège d'ailleurs ?)

Le groupe ASTI auquel Fred Couchet avait demandé aux membres de l'APRIL de
participer, il y a quelque temps, a déjà élaboré un projet d'enseignement de
l'informatique pour le lycée. En ce qui concerne le premier degré, je ne vois
que Michele Drechsler (bien connue des milieux éducatifs du Libre) qui essaye
de
faire entendre sa voix, et pour le niveau collège : nous ne sommes que deux à
nous prononcer. En revanche on peut lire un grand nombre contributions pour le
lycée (dont un certain nombre émanant d'universitaires, de professeurs
d'informatique à Polytechnique, il y a même un membre de l'académie des
sciences)...


> ce plan n'est certainement pas adapté puisque je l'avais "brouilloné" l'été
> ou le printemps dernier dans une visée d'avantage orienté "formation pour
> adultes" et essentiellement dans la visée d'une maîtrise des outils de
> l'internet.

Il y a de nombreuses réflexions à tirer de ton plan, notamment l'aspect
interface que tu soulèves, y compris pour des adolescents de collège.


> Il faudrait notamment poser plus clairement toute la partie sur les
> interfaces
> graphiques. J'ai découvert sur le terrain (je travaille maintenant
> essentiellement entouré de non-informaticiens) que les métaphores
> visuelles d'icelles sont quelquefois loin d'être évidentes à saisir (ce
> qui n'a rien d'étonnant dans le cas de sujets qui ne maitrisent pas le
> modèle référencé...).

Voilà pourquoi ton plan mérite une attention soutenue. J'y lis la
confrontation
d'un informaticien qui maîtrise son sujet avec un public de néophytes. Avec
bien
sûr des nuances et des précautions d'usage, la situation peut être en
situation
scolaire (certes en moins "élaboré") comparable.

Et je préfère ton mode de pensée à celui d'un spécialiste des sciences de
l'éducation nationale auquel on demanderait de lister les fondamentaux
informatiques qu'il jugerait indispensable d'enseigner à chaque
collégien/lycéen.


> Idem pour les systèmes de fichiers... Par ailleurs, quelle démarche adopter
> :
> doit-on fixer des objectifs de fin de cycles ou d'ores et déjà commencer à
> prévoir la ventilation des différents apprentissages par niveaux de classe.
> et/mais dans ce cas sur quels créneaux horaires tabler ?

S'il s'agit de l'enseignement secondaire, pour les horaires :

- Le groupe de réflexion de l'ASTI propose l'instauration d'un horaire dédié à
l'enseignement ITIC (Informatique et technologies de l'information et de la
communication) pour le niveau lycée. Un rapport récent de l'académie des
sciences laisse la porte entrouverte à la création d'une telle discipline pour
le lycée.

- Pour le niveau collège, il s'agirait pour une grande part, d'un enseignement
intégré au sein de la discipline technologique qui existe déjà (pas de
création
de postes à créer), la part horaire dévolue à l'enseignement ITIC étant encore
dans une phase de réflexion, pas de proposition.

- Pour l'école primaire. C'est à Michèle Drechsler qui a consacré une grande
partie de son temps aux logiciels libres dans le premier degré de faire des
propositions.

Nous sommes loin d'avoir réfléchi à l'aspect "ventilation des objectifs" en
fin
de cycles ou ventilation des apprentissages par niveaux de classe.
En ce qui concerne le niveau collège, je suis pour un minimum d'objectifs à
atteindre qui pourraient se décliner, selon les contextes et la liberté
appréciation des enseignants, dans des multiples situations.

Un exemple. Par exemple ce que j'appelle le paradigme de l'arborescence se
retrouve tout aussi bien dans l'approche cartésienne qui consiste à décomposer
chaque difficulté jusqu'au plus simple élément, que dans le fameux graphe
heuristique (une arborescence en étoile) que l'on nous présente
pédagogiquement
comme la dernière trouvaille, que dans la table des matières d'un travail
réalisé avec le styliste d'OpenOffice, dans la représentation d'un système de
fichiers, dans la catégorisation sémantique d'une une base de données. En
revanche, un lexique décrivant le vocabulaire d'une discipline, d'un
village, etc, peut prendre la forme d'un graphe non hiérarchique de type
hypertexte.
Ce qui m'importe, c'est que les élèves comprennent qu'à l'ère des ordinateurs
en
réseaux, la représentation des données par segmentation arborescente n'est
plus
efficiente si le corpus d'informations est trop grand, d'où l'intérêt de
l'approche lexicale que l'on retrouve aussi bien dans un moteur de recherche
basé sur de l'indexation plein texte que dans une approche hypertexte de
contenus lexicaux.
Quels que soient les applications et les cas de figure, l'exemple que je viens
de citer se résume à deux notions : le graphe hiérarchique et le graphe non
hiérarchique.

Ce qui m'intéresse, ce serait de lister le minimum de notions couvrant le
maximum de situations.


> Bref, une fois encore, ce plan n'avait d'autres prétention que de
> "provoquer" des réactions, dans toutes les acceptions du termes...

Certes, mais sans vouloir te flatter, je ne pense pas aussi vite et aussi
précisément que toi.


> Par parenthèse, puisque Charlie évoque cet aspect des choses, la
> question de l'enseignement de ces fondamentaux au sein d'une seule
> discipline (la techno au collège, ??? au lycée) est-elle tranchée au
> sein de notre communauté ? Et d'ailleurs, doit-on la trancher...

Voilà. Encore une question de fond !

Pour te répondre, je dirais que la question du lieu d'enseignement de ces
fondamentaux ne concerne pas directement APRIL. En revanche, pour avoir été
confronté plus d'une fois à des enseignants partisans des logiciels
propriétaires, notamment chez les professeurs de technologie, j'ai fini par
comprendre que les programmes de l'éducation nationale, les formations dans
les
IUFM, les outils intellectuels utilisés par les technologues, pouvaient
influer
une approche ouverte au libre ou fermée sur les logiciels propriétaires.
La définition même de la technique et de la technologie, ne sont pas neutres.
Et
après mûres réflexions je dis OUI l'APRIL peut avoir son mot à dire dessus, au
même titre que sur la brevetabilité des logiciels.


> Cette question me permet d'en venir à ce qui semble aujourd'hui à mes
> yeux la difficulté majeure de l'exercice proposé aujourd'hui par
> Charlie, à savoir la position que les défenseurs du LL doivent avoir,
> plus précisément jusqu'où doivent aller leurs propositions ?

Et encore une question de fond !

Imagine-toi que j'ai imprimé ta contribution que j'ai trimbalée tout le
week-end
en réfléchissant comment j'allais te répondre tant j'ai trouvé ton texte des
plus pertinents. Et puis ce soir j'ai décidé de répondre maladroitement à la
volée.

Il me semble que la philosophie GNU nous donne un cadre.

Il y a d'une part, bien sûr, les quatre degrés de liberté du logiciel libre :

- liberté d'utiliser sans restrictions,
- liberté d'étudier
- la liberté d'améliorer
- la liberté de redistribuer

Mais il y a aussi d'autres aspects sous-jacents comme le fait de considérer
que
les règles qui régissent les objets physiques ne sont pas identiques à celles
qui régissent les logiciels et les objets numériques.

Ces seuls principes suffisent à imposer des limites.


> S'il est clair que nous devons souligner les avantages de l'emploi des
> logiciels libres (et les inconvénients des solutions privatrices) dans une
> hypothétique formation à l'informatique, a-t-on, en tant qu'apriliens
> (ou libriens, ...) , légitimité à s'inscrire dans le débat pédagogique
> lui-même ?

L'emploi des logiciels libres ou pas ne relève que du premier degré de
liberté.
Un enseignement de la technologie qui mélangerait dans un dispositif
technologique le matériel et les logiciels, sans les distinguer, ne
permettrait
pas de mettre en lumière pourquoi on ne peut pas breveter un logiciel, il ne
permettrait pas aux futurs citoyens de décrypter leur environnement
technologique, parce que tout serait confondu dans une opacité obscurantiste.

Si l'on considère que le mouvement pour le logiciel libre n'est pas réduit aux
seuls aspects techniques de l'open source, alors je considère qu'effectivement
il serait souhaitable dans un enseignement de l'informatique, quelles que
soient
les situations, que les élèves puissent aborder avec plus ou moins de
difficultés : les quatre degrés de liberté.

Mais bien sûr, l'APRIL n'a surtout pas à prendre partie dans un débat
pédagogique, ce qui ne lui interdirait pas d'en recenser les usages dans un
livre blanc. La problématique est comparable aux modèles économiques.


> Plusieurs d'entre nous ont, certes, à titre individuel, une
> légitimité plus ou moins forte (de par la réalité de nos expériences)
> et/ou plus ou moins institutionnelle (de par nos statuts professionnels
> ou nos formations), mais en tant que défenseurs de la "cause du libre"
> ... ? Ou bien doit-on considérer que la somme de nos légitimités
> individuelles nous confère une légitimité collective ?

Et encore une question de fond !

Je considère ton point de vue comme légitime en ce tu que tu uses de
précautions
contre toute généralisation hâtive que d'aucuns nomment raisonnement par
induction. En ce sens la somme de nos expériences ne peut pas constituer de
légitimité universelle mais un point de vue local. C'est exactement la même
chose pour les modèles économiques du logiciel libre. Il n'y a pas un seul et
unique modèle mais ils sont tous mis en compétition ; ce qui n'est pas sans
m'évoquer la vision épsistémologique de Karl Popper.


> Entendons-nous bien : je ne prétend nullement qu'il faille jeter
> l'éponge ou faire montre d'une humilité excessive, mais simplement je
> ne sais pas encore comment trancher cette question de légitimité de
> manière non ambigüe alors même que je sais qu'elle se posera (qu'on nous
> la posera, pour être plus précis).

Toutes ces précautions t'honorent. En attendant, il me semble observer que les
partisans du logiciel propriétaire dans le monde éducatif militent pour le
seul
usage de l'outil. Certes, parmi les partisans d'un enseignement de
l'informatique dans l'enseignement secondaire on trouve également certains
membres du Syntec Informatique qui considèrent que l'informatique est un
secteur
stratégique où les services ont réalisé un fort taux de croissance et où il
manque des ingénieurs chefs de projets et des analystes programmeurs. On a
aussi
une évolution dans les rapports de forces au sein des sciences, avec pour la
première fois l'entrée d'un informaticien au collège de France.


> Ceci étant, les années m'ont appris que la fortune sourit avant tout aux
> audacieux... ;-)

> Cordialement,

> phep

A vrai dire, je t'ai répondu à la volée sans avoir bien préparé mon message
pour
ne pas laisser ma réponse en jachères. Mais les questions que tu soulèvent
continuent de trottiner dans ma tête.

Codialement

Charlie




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