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educ - Re: [EDUC] Commentaires sur un Retou r d'expérience sur la validation B2I

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Commentaires sur un Retou r d'expérience sur la validation B2I


Chronologique Discussions 
  • From: cnestel AT free.fr
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Commentaires sur un Retou r d'expérience sur la validation B2I
  • Date: Tue, 22 Jun 2010 16:11:12 +0200 (CEST)


> Bonjour,

Bonjour,

Quelques commentaires sur le récit d'un retour d'expérience d'une validation
d'items du B2i porté un regard extérieur...

Ce compte rendu soulève un certain nombre de points qui méritent d'être
éclairés, commentés.

Olivier Fraisse écrit :


> je viens de m'inscrire sur cette liste, il s'agit donc de mon premier
> message.
> L'éducation n'est pas du tout mon domaine; je suis développeur web,
> animateur de la communauté Ubuntu-fr et membre du CA de l'April.

> L'occasion m'a été donnée, jeudi dernier, de participer à 4 séances
> d'une heure en salle informatique d'un collège, d'exercices pratiques en
> vue d'une validation d'items de B2I.
> L'exercice consistait à trouver des informations précises sur le web, et
> de les soumettre au professeur via un outil, horriblement mal foutu d'un
> point de vue extérieur, nommé Gibii.


Malheureusement, aucun item du B2i n'évoque la capacité à "trouver des
informations précises sur le web" ; ce qui permettrait d'expliquer le mode de
fonctionnement des moteurs de recherches basés sur de l'indexation plein
texte.

L'item qui se rapprocherait le plus de la situation que tu décris pourrait
être :
"Je sais sélectionner des résultats lors d'une recherche (et donner des
arguments
permettant de justifier mon choix)" ; d'où, sans doute le recours à Gibii.

Pour les rédacteurs des référentiels du B2i, sélectionner des résultats
renvoie
davantage à "l'établissement d'une pertinence dans une sélection"
d'informations
qu'à la capacité à retrouver de trouver des données précises sur le net.
Réf : http://www.b2i.education.fr/C_4_5.php


Gibii :

Je ne partage pas ton point de vue trop lapidaire sur Gibii qui n'est pas
aussi "mal foutu" qu'il en a l'air, tant comme outil de gestion, que comme
outil pédagogique.

Qu'est-ce que Gibii ?

Gibii, Gestion Informatisée du Brevet Informatique et Internet, est une
application Web sous licence GNU GPL installée, dans de nombreuses académies,
sur les serveurs des rectorats, accessible depuis n’importe quel poste
connecté
à Internet.
Gibii est à la fois un "outil" pédagogique qui permet aux élèves de demander
une validation (j'y reviendrai plus bas) des items et un "outil" de gestion
du B2i.

En tant qu'"outil" de gestion, l'application permet aux chefs
d'établissement,
aux gestionnaires académiques ainsi qu'au ministère de suivre en temps réel
l'état d'avancement du B2i : établissement par établissement, à l'échelle
d'un département ou sur toute une académie.

Parallèlement à cette approche statistique, Gibii offre également la
possibilité
de visualiser avec finesse : l'organisation du B2i dans tel ou tel
établissement,
le nombre d'enseignants impliqués par discipline, les modes et critères
de validation, etc.
Les hiérarchies et l'inspection ont donc un "outil" de contrôle sur le B2i
des plus sophistiqués à leur disposition.

Ce qui pose la question de l'implication de logiciels libres en milieu
éducatif
dans des dispositifs d'informatique déloyale et intrusive.
Pouvons-nous nous contenter de soutenir tel ou tel logiciel sous prétexte
qu'il est "libre" sans prendre en considération l'enjeu réel du logiciel libre
qui n'est ni technique, ni réductible à une logique de produit, mais qui
est avant tout social et politique ?

Dans un texte intitulé "Sémantique politique de l'informatique libre" Fred
Couchet
écrivait noir sur blanc :

"ne vanter que les mérites techniques des logiciels libres en négligeant leur
philosophie
conduit à une impasse. L'enjeu réel du logiciel libre est avant tout social
et politique.
[...]
De plus en plus de personnes peuvent utiliser les logiciels libres pour leur
côté pratique,
mais cela n'accroit pas pour autant la communauté du logiciel libre, et ne la
pérennise pas.
Nous ne bradons pas notre liberté pour de simples questions de commodité.
Nous devons
soutenir le logiciel libre pour ce qu'il est, même si le logiciel
propriétaire devait
s'avérer plus puissant ou plus efficace. Les questions de liberté et
d'intérêt social sont
au centre des préoccupations du monde du libre.".

Réf : http://www.april.org/fr/semantique-politique-de-linformatique-libre

Ta référence à Gibii permet d'ouvrir ce questionnement. De nombreux logiciels
"libres"
dans l'éducation sont concernés. Par exemple les proxies sous Ubuntu mis en
place par
les académies qui, dans les collèges et lycées, facilitent l'accès Internet
des stations
sous MS Windows au détriment des stations sous Linux. Comme devrait également
nous inciter à la réflexion l'étude réalisée par un cadre de la société
Microsoft pour
le compte du site Café pédagogique, à propos des cahiers de textes numériques
qui pourraient se révéler des instruments de contrôle pour l'inspection
générale et
jouer sur la carrière des enseignants.
Un tel dispositif, même sous licence GNU GPL, n'en serait pas moins contraire
à
la philosophie du Libre, comme pouvaient l'être les projets de certains
tendances
open source qui projetaient des DRMs (menottes numériques) sous une licence
libre.

Au moment où l'April doit prendre des positions en métière d'instruction
publique et
d'éducation, ces questions ne doivent pas être écartées.


Pour revenir à Gibii, je considère néanmoins ce logiciel comme un excellent
outil pédagogique.

Un peu d'histoire s'impose.

A l'origine, le B2i devait être coordonné par une discipline : la Technologie
dont 33%
des programmes étaient consacrés à l'apprentissage de notions informatiques.

En Technologie l'élève n'était donc pas évalué sur la base d'un livret de
compétences
mais sur des notions disciplinaires. Le B2i se voulait la traduction de ces
notions,
en termes de connaissances et de compétences, dont les items pouvaient être
validés par toutes les disciplines.

C'est dans ce contexte qu'a été conçu Gibii, avant que les items du B2i et
son mode de
gestion ne soient modifiés, avant que l'on décide de supprimer l'enseignement
des notions informatiques en collège.

Gibii a été conçu de telle sorte que l'élève, dès qu'il sent qu'il a acquis
une compétence
peut la demander. N'importe quel enseignant peut lui valider. De ce fait,
l'élève
participe réellement à la constitution de son savoir. Puis, avec l'obligation
du B2i
au brevet des collèges, on est passé à une validation à la volée, pour entrer
dans les statistiques...



> Dans la salle où ils étaient, les postes sont sous XP avec Firefox et
> Google par défaut, avec un Tux en fond d'écran windows.

Ce que tu décris est une triste réalité. Trop souvent, la promotion des
logiciels
libres dans l'éducation sur les postes élèves se traduit par des logiciels
libres
de type OOo, Firefox, The Gimp, Audacity, etc, sous MS Windows.


> En introduction de chaque séance, j'ai posé oralement des questions aux
> élèves, concernant leur perception d'Internet, la distinction qu'ils
> font entre OS, FAI, navigateur, moteur de recherche, etc.
> Sans surprise, beaucoup confondaient Firefox et Google.

Fantastique !

Sans le savoir tu es parti du B2i ancienne version, supprimé en cours
de route. L'embrouille c'est que les distinctions entre matériel et logiciel,
système d'exploitation et applications ne sont plus enseignées nulle part.
On nage donc en plein règne de la pub "je suis résolument PC" ou PC veut
dire Windows.

Dans ces conditions, l'intention des contributeurs de tendre vers un B2i
réalisé
avec des logiciels libres ne veut rien dire, puisque le minimum syndical, le
b a ba,
distinguer le matériel du logiciel, système d'exploitation n'entrent pas
(plus)
dans le B2i.

Le B2i libre, qui ne peut être en dernière analyse, qu'un B2i de notions de
base
en informatique n'entre pas dans les actuelles dispositions du B2i.

Il faut donc proposer autre chose, une alternative qui n'est pas le B2i.



> Mon ordinateur, qui projetait au tableau les questions de l'exercice
> B2I, tournait sous Ubuntu. Cela a fait réagir les plus curieux.
> Sur les 4 classes, de mémoire 2 élèves connaissaient "linux", dont un
> qui "utilise parfois ubuntu sur l'ordinateur de papa". Les autres
> pensaient que c'était un Mac ;)

Désolé, mais même là, ce que vous avez fai, ce n'est plus le B2i.
Dans la perversité de la logique d'une évaluation par compétences telle
qu'elle est définie dans les programmes de l'Education nationale : le
B2i ne doit pas donner lieu à des cours de B2i.

Il s'agit d'utiliser un "ordinateur" comme "outil" où "l'outil" n'est
pas le support du cours, mais un moyen pour réaliser une autre compétence
(en géométrie, en biologie, en n'importe quoi, etc).



> Dans les classes les plus rapides à faire l'exercice demandé, j'ai pu
> parler, pendant 10 minutes, des logiciels libres. Je n'avais pas
> particulièrement préparé mon discours. J'ai parlé de boites contenant
> des formules "un peu comme des mathématiques", boite ouverte chez
> Firefox, fermé chez IE, etc.
> Apparemment, ils étaient particulièrement attentif et semblaient
> comprendre, au moins en partie.

Ce qui est dans le contexte que tu décris est directement accessible aux
élèves, n'est pas la compréhension des logicels libres mais des licences
de libre documentation...



> Une classe a eu un "devoir à la maison" : Trouver 4 verbes qui
> définissent les libertés du logiciel libre.

Faire gaffe de ne pas tomber dans la propagande...



> Je précise que je n'avais aucune connaissance particulière de ce
> qu'était le B2I avant d'accepter de donner ce coup de main à cette amie
> prof de français.

L'enjeu est politique. C'est une question de programmes scolaires.







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