Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
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Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was R e: Affiche logiciels libres à l'école)
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- From: cnestel AT free.fr
- To: educ AT april.org
- Subject: Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was R e: Affiche logiciels libres à l'école)
- Date: Sun, 26 Sep 2010 11:36:23 +0200 (CEST)
----- "Rémi Boulle" <remi.boulle AT gmail.com> a écrit :
> Toujours et encore du ressenti... La théorie du complot des
> néolobéraux pédagogistes faisant de l'entrisme pour détruire
> l'instruction publique ?
> Soyons sérieux. Ce qui nous importe ici c'est de faire avancer le
> libre dans notre système éducatif.
Je ne te connais pas, je ne t'ai jamais rencontré de visu,
je t'ai juste sollicité pour faire partie du groupe de travail (en
constitution) Education de l'April, afin de dresser une cartographie
des politiques académiques en matière d'informatique, mais force
est de constater que depuis que tu es devenu membre de l'April
puis à une vitesse TGV membre du bureau, nous ne sommes d'accord sur
rien.
Des conséquences s'imposent :
- soit tes positions sont celles du bureau de l'association,
auquel cas je demande à être rayé des listes et des membres ;
- soit ces positions te sont personnelles, auquel cas tu dois les
signifier comme telles ; ce qui pose une nécessaire clarification
du groupe de travail Education de l'April, ainsi qu'une prise
de position officielle sur chacun de ces points de désaccord,
avant même d'entreprendre toute action.
Notre premier point de désaccord a surgi lors du projet de charte
du groupe de travail Education que j'avais rédigé, sur demande.
Lors des discussions, tu as fait retirer le mot "instruction publique"
qui rappelait selon toi "coups de règles sur les doigts" au seul
profit du mot Education.
J'avais alors mis cette interprétation erronée sur le compte d'une
méconnaissance historique
- pour info, de nombreux historiens attribuent à Philippe Pétain et
Herriot le passage d'un ministère de l'Instruction publique et des arts à
celui d'éducation nationale ;
(Cf. aussi l'ancienne version du site de Michel Delord où l'on peut lire,
sur la page d'accueil, une citation de Philippe Pétain qui n'est pas
sans évoquer le discours d'un Claude Allègre) :
http://michel.delord.free.fr/old.htm
Je mettais également le rejet de ce terme sur le compte d'une méconnaissance
de l'histoire de l'école de la République, notamment des admirables textes
de Condorcet qui, jusqu'aux derniers souffles de sa vie, avant son assassinat
par les partisans de Lepelletier et Robespierre favorables à une Education
nationale, milita pour une instruction publique et une république universelle
des sciences où chaque savant du globe échangerait avec ses pairs ses
travaux,
où chaque génération perfectionnerait ce qu'aurait fait la précédente, etc.
Cf. Cinq Mémoires sur l'instruction publique, Esquisse d'un tableau
historique des progrès de l'esprit humain, Fragment sur l'Atlantide.
Pour les "coups de règles sur les doigts", du seul point de vue
historique, avec Lepelletier, Robespierre et Pétain comme fondateurs
d'une école fondée sur l'éducation, on ne fait pas mieux. On peut
même dire qu'assimiler l'instruction publique à des coups de règles
sur les doigts relève du négationnisme historique.
Le deuxième argument que tu avançais, alors même qu'une charte n'est
qu'un prolégomènes que personne ne lit, était d'ordre communicationnel,
sans autre forme d'analyse critique sur la société du spectacle
où la communication l'emporte sur les contenus, ce que Raoul Vaneighem
qualifiait en mai 68 d'insignifiant signifié.
Or le pédagogisme (à distinguer de pédagogie) consiste précisément
à privilégier les modes de transmissions au détriment des contenus ;
ce qui pose la question des TICE dans l'Education, question qui
mérite une analyse critique en ce que les TICE intègrent également
la problématique des logiciels.
J'ai cédé, à l'époque, sur Instruction publique, pensant que l'essentiel
était ailleurs. J'ai eu tort. En réalité, toutes tes positions ultérieures
découlent de ton postulat de départ, à l'image d'une axiomatique qui se
déploie en faisceau de cohérences et constituent un corpus idéologique.
Or il se trouve que les premiers membres de l'April qui s'intéressaient
à l'éducation, dès le début des années 2000, étaient à l'image de Michel
Delord, des partisans de l'instruction publique.
Aussi lorsque Luc Cédelle, journaliste éducation au Monde, publie sur son
blog un article de Michel Delord, intitulé "L’école et les nouvelles
technologies
: apprend-on à marcher avec une voiture ?", s'il présente Michel Delord
comme un
"anti-pédagogiste notoire", Michel Delors signe son article par
"membre de l'April".
http://education.blog.lemonde.fr/2010/02/16/lecole-et-les-nouvelles-technologies-apprend-on-a-marcher-avec-une-voiture/
Notre profond désaccord tient au fait que sous prétexte de promouvoir
le logiciel libre tu exprimes un point de vue idéologique
échappant à toute critique, puisqu'"hors sujet", le sujet étant de
"faire avancer le logiciel libre".
De plus, je n'apprécie pas le ton sarcastique avec lequel tu caricatures
mes propos pour évoquer la dégradation totale de l'école, en l'espace
de quelques décennies.
Je n'ai jamais parlé de complot ni d'entrisme. Au même titre que
la Conférence diplomatique de 1996 au sein de l'OMPI débouche aux
Etats-Unis sur le DMCA, en Europe sur la Directive EUCD, puis en France
sur les lois DADVSI et Hadopi ; de la même manière les politiques
éducatives, les thématiques de type "formation tout au long de la vie",
feuilles de compétences, etc, sont définies au sein d'organismes
comme l'OCDE avant d'être déclinées sous la forme de réformes dans
tous les pays industrialisés de la planète.
Par exemple, c'est lors d'une visite au Japon que Chevènement a décidé,
influencé par les membres du CNPF (ancêtre du Médef), d'arrêter toute
orientation en fin de cinquième (l'industrie n'ayant plus besoin d'ouvriers
spécialisés,mais de techniciens).
J'ai enseigné plus de vingt-cinq ans en Seine Saint-Denis, dont vingt ans au
collège Jean Lurçat de Saint-Denis.
Lorsque je suis entré dans cet établissement les profs y scolarisaient
leurs propres enfants tant l'enseignement qui s'y dispensait était
de qualité. On compte même parmi les membres de l'April, un certain
nombre de mes anciens élèves que je salue en passant.
Quelques années plus tard, le collège était devenu une ZEP, un ghetto social.
Que s'était-il passé ?
L'une des raisons trouve son origine dans la décision de Jean-Pierre
Chevènement. Or dans l'éducation, lorsqu'un ministre pond une réforme,
prend des décisions, les décrets d'application peuvent être publiés après
son départ et les effets se faire ressentir des années après, sans qu'il en
porte la responsabilité, les réformes n'étant jamais évaluées.
l'ancien système qui consistait à orienter des cohortes entières d'élèves,
en fin de cinquième, vers des filières professionnelles était sans aucun
doute critiquable, sous couvert d'intelligence concrète (c'était alors
le discours de Piaget qui était dominant) des enfants étaient orientés
par l'échec.
Par exemple, le collège Jean Lurçat comptait 6 sixièmes et 4 quatrièmes.
Pour autant, les élèves qui parvenaient en quatrième et provenaient tous des
cités HLM qui entouraient l'établissement pouvaient se prévaloir d'un
niveau scolaire comparable à ceux de leurs homologues des grands lycées
parisiens.
Au lieu de créer des structures de remédiation pour les élèves qui
étaient préalablement orientés par l'échec, il fut décidé qu'ils
passeraient tous au bénéfice de l'âge en quatrième, puis en troisième
(le redoublement étant, de toutes les manières, pour un élève en
échec scolaire, le plus souvent négatif).
C'est à époque qu'apparurent progressivement un peu partout en France
dans la plupart des collèges de banlieues ce que l'on appela pudiquement
"incivilités".
Et c'est là que se propagea massivement un discours que je qualifie
de pédagogiste qui, sous couvert de rompre avec l'enseignement frontal
jugé responsable du dégoût scolaire, proposa de développer les TICE à
l'école, une pédagogie dite différenciée (uniquement idéologique car
sa pratique nécessite des groupes restreints), le fameux 'enseigner
autrement'
de Claude Allègre, l'éducation tout au long de la vie, l'école des parents,
et bien sûr une refonte totale des programmes scolaires.
Faudrait être vraiment de mauvaise foi pour ne pas voir la dégradation,
la destruction, de l'école de la République qui permettait encore et il
n'y a pas si longtemps, à des gamins de banlieues d'avoir plus de chances
qu'aujourd'hui d'accéder aux grandes école et/ou aux longues études.
Désolé. Je préfère lire le blog de Michel Delord à tes sarcasmes :
"Que l’école traverse une crise durable et profonde est aujourd’hui
un constat unanimement partagé.
Comment ne le serait-elle pas ? Nous vivons l’époque des crises,
d’une crise générale -globale, mondiale-, crise financière, crise économique,
crises de la politique et du politique, crise sociale... A cela s’ajoutent
des crises particulières, crise de l’hôpital, crise de l’université, crise
de la justice et du droit, crise del’industrie automobile, crise de la
production
laitière, crise de la production porcine... Jusqu’ici, tous les constats
convergent.
Ce constat commun peut être fait par tous et par chacun, acteur direct ou
indirect de l’école."
Et ce qui m'importe, ce n'est pas de faire de la com' pour l'April ou pour
le Libre, mais de réfléchir aux réponses spécifiques que le Libre peut
apporter à cette crise.
> Je ne vois aucune contribution concrète de ta part au groupe éduc
> depuis ces derniers temps. Merci de garder tes leçons. Je ne parlerais pas
> de
> ton paternalisme à l'égard de l'April. C'en est cocasse.
Je n'arrive pas à trouver avec toi des points de convergence.
Derniers en date : l'affiche.
Dans sa première version le texte évoquait les "enfants" les "éducateurs",
termes connotés que j'ai critiqué dans mes posts. Et de ce point de vue,
le mot "élève" employé par Peyratout m'est apparu comme un souffle d'air
frais.
Ton adhésion au premier texte est en totale adéquation avec ton point
de vue d'une école fondée sur l'éducation.
Autre exemple : ton point de vue sur les degrés de liberté où tu vois
mal l'intérêt d'en faire la promotion car cela pourrait être mal
interprété par les professeurs. Tu ne vois pas d'ailleurs l'intérêt
pour les professeurs de modifier un logiciel :
"Je ne vois pas quelle discipline du secondaire aurait besoin de modifier
le code source d'un logiciel. Je ne parle pas là de modifier de simples
scripts mais bien de logiciels.".
Alors la question que je te pose c'est que reste-t-il des logiciels
libres ?
Des outils ?
Le point de vue que tu défends, c'est le point de vue officiel
de l'Education nationale, celui du socle commun des connaissances,
le quatrième pilier : "la maîtrise des techniques usuelles de l'information
et de la communication" ; c'est-à-dire de la seule approche "outil".
Le B2i ?
Quand je lis sous ta plume sur le wiki que l'April récuse le B2i
en ce qu'il ne répond pas à la formation tout au long de la vie.
Ce texte n'est pas pour moi améliorable, mais à 100% réfutable.
Le B2i s'inscrit dans une logique de compétences et de formation
tout au long de la vie que d'aucuns qualifient de déqualification
permamente.
Alors soit ton adhésion à des thèses que je qualifie pour ma part
de néo-libérales sont celles de l'April, soit elles n'expriment
que ton seul point de vue.
Auquel cas, il me semble prioritaire, avant même d'entreprendre
la moindre action d'entreprendre une réflexion historique sur
l'informatique à l'école, ses objectifs dans les directives et
les programmes, et de les comparer avec la philosophie du Libre.
Charlie
>
> Dans l'attente d'actions concrètes de ta part. Je te l'ai déjà dit en
>
> mails privés auxquels tu n'as d'ailleurs jamais répondu !
> Rémi.
>
> === coupé du : bla bla moi je, bla bla moi je ===
> --
> http://www.april.org
> http://wiki.april.org/w/Education
>
>
>
> --
> Archives, se desinscrire : http://www.april.org/wws/info/educ
- Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was R e: Affiche logiciels libres à l'école), cnestel, 26/09/2010
- Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was Re: Affiche logiciels libres à l'école), Yves Combe, 26/09/2010
- Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was Re: Affiche logiciels libres à l'école), Sylvie Yahoo, 26/09/2010
- Re: [EDUC] Réponse à XXXXXXXX ( was Re: A ffiche logiciels libres à l'école), Rémi Boulle, 26/09/2010
- <Suite(s) possible(s)>
- Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was R e: Affiche logiciels libres à l'école), cnestel, 26/09/2010
- Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was Re: Affiche logiciels libres à l'école), Bastien, 26/09/2010
- Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was Re: Affiche logiciels libres à l'école), Sylvie Yahoo, 26/09/2010
- [un peu HS] Le poids des mots Was Re: [EDUC] Répons e à Rémy Boule( was Re: Affiche logiciels li bres à l'école), Jean-Christophe Becquet, 28/09/2010
- Re : [un peu HS] Le poids des mots, Patrice Weisheimer, 28/09/2010
- Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was R e: Affiche logiciels libres à l'école), cnestel, 26/09/2010
- Re: [EDUC] Réponse à Rémy Boule( was Re: Affiche logiciels libres à l'école), Yves Combe, 26/09/2010
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