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educ - Re: [EDUC] Faites entrer les iPad à l’école.. .

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Faites entrer les iPad à l’école.. .


Chronologique Discussions 
  • From: François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Faites entrer les iPad à l’école.. .
  • Date: Sat, 27 Nov 2010 14:41:29 +0100

Salut,

Le Sat, 27 Nov 2010 13:23:40 +0100,
Odile Bénassy <obenassy AT april.org> a écrit :

> cependant, il est avéré que pour les allergiques, même "des traces"
> de leurs allergènes vont les rendre malades (regarde la composition
> de certains produits alimentaires, mentionner les "traces de ..." est
> une obligation légale, et c'est pour ça)

Oui mais non. Peut être simplement qu'on marque « trace » parce que
c'est moins coûteux que de donner la proportion exacte. Mais ça ne
prouve rien sur la sensibilité des allergiques (dont je ne sais rien).

Un exemple typique est l'arachide : on peut trouver trace d'arachide
dans nombres de produits de l'industrie agro-alimentaire. Pas parce que
ça rendre dans la composition de la recette, mais parce que c'est une
des principales graisses utilisées dans les machineries alimentaires.
Il peut donc y avoir présence d'arachide du fait des manipulations
diverses, mais il est très difficile de spécifier un taux, et ce taux
n'a aucune vocation à être stable d'un produit à l'autre ; puisque ce
n'est pas un élément dont la proportion est contrôlée.

C'est donc en l'occurrence plus facile (moins coûteux) pour un
industriel d'afficher la possibilité de « traces » plutôt que de
mesurer la présence dans chaque produit. Et donc ça ne dit rien au
sujet d'une sensibilité continue ou pas des allergiques, encore moins
du sens supposé de la loi. Ça veut seulement dire que c'était
« facile » de résoudre le problème de cette façon, car l'isolement du
pathogène est facile.

La facileté d'isolement n'est pas la même du coté de la personne
allergique, puisque c'est du ressort de sa vie privée. Lorsqu'on aborde
les émissions radio, la radio-activité, la pollution atmosphérique,
etc. la situation est très différente puisque le problème n'est pas
facilement isolable au niveau de la sphère privée (même si, en
l'occurrence, il commence à se vendre des vêtements anti-ondes radio,
donc le problème évolue suivant son architecture, c'est classique).

Une autre grosse différence est que dans le cas d'une allergie, tu es
en présence d'un élément pathogène identifié et quantifiable de façon
discrète (présence/absence de la molécule). Ce n'est évidemment pas
possible à faire de cette façon pour les ondes, pour plusieurs raisons.

D'une part, elles sont présentes en permanence, même naturellement.
C'est même probablement un élément nécessaire à la possibilité de vie.
Donc leur « absence » n'étant pas possible, il y a forcément une
continuité entre la dose « normale » et la dose supposée
« pathologique ».

Ensuite, on ne sais même pas, en l'état actuel de la connaissance, qui
quantifier. Historiquement, c'est l'énergie qui est quantifiée,
notamment au niveau des recommandations. C'est ce qu'on appelle l'effet
« thermique ». On peut faire deux remarque là-dessus :

i) les niveaux d'énergie du Wifi (comme je l'ai montré dans un autre
mail), sont bien inférieurs à ceux des téléphones portable.

ii) les gens qui s'opposent à la prolifération des antennes relais,
bien que je trouve parfaitement recevable leur revendication, on pour
effet pratique de pousser à l'augmentation des puissances des
équipements existants. De mon point de vue, plus un réseau sera
décentralisé, et plus il sera socialement acceptable (et peu
nécessiteux en énergie de transmission).

Voilà pour les aspects de puissance. Néanmoins, la connaissance en
biologie est rudimentaire sur les effets réels des ondes, et il a été
déjà mis en évidence que, à puissance identique, les spectres
d'émission sont particulièrement significatifs dans les effets de
stimulation nerveuse. Or, encore une fois, le Wifi est sensiblement
différent du GSM à ce niveau. Une des caractéristiques du GSM est de
fortement « pulser » les émissions (c'est une spécificité, je pense,
inhérente à la nature centralisée du réseau, du fait que un unique
maître autorise l'accès au médium --- encore une ode à la
décentralisation...). Ce n'est pas, me semble t'il (mais j'ai du mal à
trouver de l'info là dessus), le cas du Wifi. Tous ça fait beaucoup de
différences qui sont avérées et connues des gens qui travaillent sur le
sujet (visiblement mieux connus que par ceux qui colportent des
croyances religieuses comme le fait Denis).

La façon d'aborder le problème est donc sensiblement différente, en
conséquence du fait que la *nature* des problèmes est différente.

> donc pour le wifi, déjà le problème est que les personnes qui ont
> développé une allergie aux OEM [peut-être dois-je dire plutôt, pour
> un discours encore plus prudent, les personnes qui pourraient,
> éventuellement, si c'est avéré, développer une allergie au wifi]
> peuvent de moins en moins les éviter
>
> Autre chose : j'ai tendance à me méfier des discours qui traitent
> l'adversaire de "totalitaire et autoritaire"

C'est pourtant le cas. Il ne propose rien d'autre que le bannissement
des ondes (limitation *qualitative*). Pourquoi pas lorsque c'est dans
sa sphère privée à lui. Mais les ondes ne sont pas du ressort de la
sphère privée : elles sont du ressort de l'environnement commun à tous.
En prônant une limitation qualitative, il fait l'inverse d'un politique
de tolérance : c'est l'autoritarisme dans toute sa splendeur. Et
soit dit en passant, ornière politique dont la gauche a beaucoup de mal
à sortir (à mon grand dam de libertaire).

> "en plus d'être faux" : je n'ai même pas lu (pas encore) les
> pointeurs de Denis, mais je voudrais quand même bien que tu nous
> dises sur quelle compétence tu t'appuies pour être aussi
> catégorique ? as-tu fait une thèse sur la question ?

Serait-je plus crédible avec une thèse ? Non. J'ai simplement une thèse
en auto-défense intellectuelle, et des connaissances scientifiques de
base en biologie et (un chouilla) plus avancées en électro-magnétisme
(niveau ingénieur). Il faut ajouter que je sais lire, et que je n'aime
pas les ayatollah qui « sourcent » leur propos avec des auto-références.

Pour le reste, il suffit de reprendre ce que je disais dans mon
*premier* mail pour avoir le fond de ma position : «
Les spectres d'émission entre wifi et GSM sont différents, les
puissances sont différentes, et également, toutes les études
sérieuses portant sur le sujet mettent en évidence les problèmes
liés aux concentrateurs GSM (c'est à dire les puissantes antennes
relais, et pas les émetteurs de faible puissance) alors que le Wifi
est plutôt un réseau décentralisé (pas besoin de concentrateur).
»

Et les rares éléments que Denis a sourcé qui font preuve de quoi que ce
soit sont relatifs aux GSM. Pas au Wifi. Étendre le champ de ces études
au Wifi est ce que je qualifierait entre naïf (lorsqu'on le fait
sans savoir) et malhonnête (lorsqu'on se justifie par
auto-référencement, par exemple).

Je n'ai aucun doute qu'il existe des taux d'expositions au delà
desquels le Wifi est dangereux, mais l'appel au bannissement sans
preuve et sans tolérance ne me fait penser qu'à des heures sombres dans
l'histoire des sciences et techniques. Nous n'en manquons
malheureusement pas, et preuve est que ça se poursuit. Pendant ce
temps, les vrais problèmes de santé publiques on lieu sous nos yeux
sans réaction :
* les produits d'entretiens ménager sont d'une toxicité rare ;
* l'océan à perdu 90% de ses ressources de poisson en 50 ans ;
* je suis très sceptique sur la capacité de l'humanité à stabiliser les
émissions carbones avant la fin de l'ère du charbon ;
* la fin de l'abondance énergétique fera bien plus de morts pour raisons
« diplomatiques » que le Wifi. Peut être au contraire qu'un
développement massif des réseaux (donc sans fil car c'est
l'alternative la moins coûteuse) pourrait limiter l'hécatombe.
Bref. Je vous laisse sur cet air de scepticisme en disant « qui vivra
verra », :-/ mais le Wifi, croyez moi que je m'en cogne *sévère*.

Enfin, je citerai simplement ceci, attribué à Anatole France : « Si 50
millions de personnes disent une bêtise, c'est quand même une bêtise. »

François

--
François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>

La proposition est claire comme comme le jour et son soleil, et c'est
pourtant le cas où tout le monde revient de préférence à l'ombre et au
mensonge – par peur des conséquences.
-+- Friedrich Nietszche, Humain, trop humain -+-




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