Re: [EDUC] Tablette vs calculette

[Nicolas George <ngeorge AT april.org>]

Le sextidi 26 nivôse, an CCXXV, Vincent Le Mieux a écrit :
> La calculette est un instrument autorisé aux examens. A partir de la session
> 2018
> (http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=87354 )
> les élèves devront avoir des calculettes avec le mode examen qui bride
> certaines fonctionnalités pour que les candidats ne soient pas favorisés par
> la détention d'une calculette plus onéreuse.

Euh, non, ce n'est pas du tout à ça que sert le mode examen. Je dirais à
la limite au contraire. Je cite, dans le désordre :

- la non réversibilité du « mode examen » durant toute la durée de
  l'épreuve. La sortie du «mode examen» nécessite une connexion
  physique, par câble, avec un ordinateur ou une calculatrice (1).

C'est évident : si le mode examen était facilement réversible, ça ne
servirait à rien.

- le blocage de toute transmission de données, que ce soit par wifi,
  Bluetooth ou par tout autre dispositif de communication à distance ;

Aucun modèle répandu actuellement n'a de communication sans fil, à part
le lien infrarouge de l'antique HP48G, donc ce point est juste une
ouverture pour le futur.

- la neutralisation temporaire de l'accès à la mémoire de la
  calculatrice ou l'effacement définitif de cette mémoire ;

Je pense que c'est le point auquel beaucoup de gens moyennement informés
pensent. Les élèves s'en servaient évidemment comme antisèche légale.
Mais ça ne changera rien en pratique car c'est un problème absolument
mineur. Un élève qui passe son temps à chercher les réponses au fond de
la calculatrice perd autant de temps qu'un élève qui ne connaît pas son
cours. En pratique, autoriser une calculatrice à mémoire revient à
autoriser une quantité plus ou moins limitée de documents préparés, et
il y a déjà de nombreux examens qui fonctionnent comme ça.

On remarquera que rien ne parle des fonctionnalités qui font vraiment la
différence entre les modèles à <60 EUR et ceux à plus de 130, à
commencer par le calcul formel. Un élève avec une NSpire CAS ou une 89
était très largement avantagé par rapport à un élève avec une 82, et le
mode examen n'y change rien.

Dernier point :

- la présence d'un signal lumineux clignotant sur la tranche haute de la
  calculatrice, attestant du passage au « mode examen » ;

Ce point peut paraître mineur et évident : il faut bien que les
surveillants de salle puissent vérifier. Mais si on y réfléchit bien,
c'est le coeur de la réforme. Car les anciens modèles n'ont pas de tel
voyant. Une mise à jour logicielle peut ajouter un mode examen, mais ne
peut pas ajouter un voyant.

Pour citer un des pires ennemis du libre, ou plutôt sa caricature :
« ceci est une révolution, il faut tout racheter ».

Eh oui, le mode examen, c'est une astuce trouvé par TI et Casio pour
forcer la mise au rebut des vieux modèles qui se passaient de main en
main au sein des familles et qui ne leur rapportaient rien.

> L'idée de la tablette n'irait pas du tout dans ce sens et poserait de gros
> problèmes de bridage ; de plus se poserait le problème de l'autonomie
> électrique sur une journée d'examen.
> 
> Evitons de croire à l'outil universel : les calculettes sont des outils
> matures : compacts, _peu énergivores_ et _solides_ : j'en vois tomber toutes
> les semaines en classe et elles restent fonctionnelles (sauf si l'écran
> heurte un objet dur).

Ce sont des éléments importants, en effet. Mais si ça avait la moindre
importance aux yeux de nos décideurs, ça ferait longtemps que de vraies
solutions auraient été mises en place.

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