Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
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Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique
Chronologique Discussions
- From: Reboul Anne <reboul AT rocketmail.com>
- To: "educ@april" <educ AT april.org>
- Subject: Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique
- Date: Mon, 6 Jul 2020 00:14:01 +0000 (UTC)
- Authentication-results: vip.april.org; dkim=pass (2048-bit key; unprotected) header.d=rocketmail.com header.i= AT rocketmail.com header.b="hxsO8OpI"; dkim-atps=neutral
Le débat peut partir loin, en fait....
Pour rester centrée sur le 1 de Nicolas Pettiaux, je pense simplement à ce qu'il se passe dans la recherche et plus précisément la publication où la seule alternative à Elsevier reste "l'underground" sci-hub (pour moi c'est du domaine de l'éducation, c'est de l'accessibilité au savoir scientifique). Ce qui tend à invalider un "allant de soi", un "penchant naturel" des pouvoirs publics à protéger les investissements publics...
Pour ma part, il me semble que le 3 d'Anthony, valide un "capitalisme des données" (je vous renvoie à ma 1ère référence sur le capitalisme digital d'Evgeny Morozov) qui ne permet que de tempérer un système sans le contrecarrer.
Perso, je suis pour le fait d'anticiper les éventuelles problématiques à venir et l'analyse "en surrounding", type sentinelle. Avoir une réflexion sur le statut des données ainsi qu'une vigilance sur les projets des grands groupes numériques. Se poser la question de pourquoi Apple et Google ont choisi de favoriser la solution décentralisée concernant les applications de traçage ? Cela a t-il à voir avec les visions "d'économies décentralisées", fer de lance des start up de cryptomonnaie, le Libra de facebook en tête ?
Le Monde -« Avec la cryptomonnaie libra, Facebook aspire à un rôle central dans le nouveau théâtre de la transition numérique » "Comment présenter « l’économie
décentralisée » ? Grâce à la blockchain et à l’intelligence
artificielle, il s’agit de reconnaître et récompenser équitablement
chaque microcontribution à la mission d’une communauté. C’est l’économie
du flocon de neige, dont le nombre finira par blanchir le paysage.
La
stratégie de Facebook est déjà calée sur ce nouvel objectif. On sait
que son modèle, fondé exclusivement sur la publicité, est à bout de
souffle. Les vidéos gags, les rumeurs et les célébrités font de
l’audience et des « like », mais les utilisateurs apprécient davantage
les nouvelles de leurs amis. C’est pourquoi le réseau social privilégie
maintenant les indicateurs de bien-être à ceux du trafic. Il préfère
reconnaître davantage les contributions qui participent à cette mission
plutôt que de maximiser son chiffre d’affaires instantané."
Que le challenge pour les Etats soit de "changer les règles du jeu" je n'en doute pas, mais les Etats voient ils l'intérêt de réguler, en dehors des notions de bénéfices ? Ceci sont de vraies questions dont je n'ai vraiment aucune réponse...
Au plaisir,
Sun
en PJ, Socialisme digital (en français)
|
Le vendredi 3 juillet 2020 à 15:04:13 UTC+2, <admin AT lesderniersdelaclasse.pw> a écrit :
Le 2020-07-01 11:25, Nicolas Pettiaux a écrit :
> Bonjour,
>
Bonjour
> je suis persuadé que nos états y compris l'Europe ne pourront pas
> contrôler ni taxer (car cela revient au même) les GAFAM sans changer
> les règles du jeu...
Je ne suis pas persuadé que nos états ni même l'Europe n'ait les moyens
ou l'ambition de faire cela. Mais peut-être que les citoyen·nes le
peuvent en changeant leurs habitudes.
> Le numérique a changé les règles économiques en introduisant des
> biens immatériels à coût résiduel de production strictement nul
> (tout ce qui est électronique une fois que les réseaux sont payés).
> Tous les GAFAM ont profité et profitent quotidiennement de cela.
Les biens immatériels dont vous parlez se fabriquent avec des machines,
des réseaux, de l'énergie. Amazon, le plus gros propriétaire de machines
au monde, ne valorise pas à zéro cette ligne comptable dans son bilan
annuel. C'est certainement une des lignes la plus importante. C'est
principalement pour cette raison qu'Amazon n'éteint pas ses machines la
nuit. Cela serait quand même ballot d'investir des $billions pour ne pas
s'en servir la moitié du temps.
La même chose est vrai pour Google qui déploie et opère son propre
réseau : la ligne comptable est du même ordre de grandeur que celle de
ses machines. Il fait toujours soleil sur les datacenters de Google.
Idem pour ceux d'Amazon. Grâce à leur réseau.
> je suis persuadé que la seule manière pour les états de récupérer
> la souveraineté est donc de changer les règles du jeu. Je voudrais
> vos amis sur l'idée suivante, ses succès éventuels d'adhésion et
> de mise en œuvre.
>
J'ai parfois le sentiment que commencer à parler souveraineté numérique
nous fera immanquablement glisser vers un nationalisme numérique.
Exemple récent : M Bruno Lemaire, ministre de l'économie et des finances
du gouvernement Français, associant son pays avec la Hongrie dans un
même élan de souverainisme numérique pour l'un, de nationalisme
numérique pour l'autre.
> Notamment que
>
> * toutes les ressources et œuvres crées ou soutenues car utilisées
> avec de l'argent public, ou il y en a en jeu, doit être disponible
> pour tout le monde sous une licence qui permet la redistribution sans
> limite de dérivés et si possible, qui empêche la réappropriation
> exclusive (= qui contient une clause SA ou copyleft). Les logiciels ne
> sont jamais que des œuvres.
Un·e enseignant·e crée une ressource pédagogique à partir d'un google
doc ou d'un truc issu de GAFE. Il partage cela avec un lien public et
une licence CC BY-SA. Cela est compatible avec votre proposition?
> * que dans les administrations et écoles, compte tenu du fait que
> l'effort le plus important pour un outil est presque toujours
> d'apprendre à bien l'utiliser (y compris un logiciel), ces clause de
> redistribution sans limite de dérivés et si possible, qui empêche
> la réappropriation exclusive ceci doit particulièrement, doivent
> particulièrement être rendues obligatoires.
>
Je n'ai peut-être pas tout compris... Mais en considérant ma remarque
précédente, apprendre un outil libre ou un outil de google est
compatible avec votre proposition. Encore que je ne sois pas certain que
ce soit le rôle de l'école d'apprendre à utiliser un outil. Ça n'a pas
de sens en termes de compétences.
J'ai participé à Educode 2018. Le stand de Google était à la droite du
mien, à ma gauche une conférencière présentait K12 Google Apps For
Education. J'ai acheté un gnu pour 2€ à RMS tandis qu'une personne qui
l'accompagnait, convaincu que le libre avait gagné, m'expliquez très
doctement : «linux a gagné». J'ai le sentiment d'une grande confusion.
> Au plaisir de lire vos commentaires,
>
> Nicolas
>
Également, Bien à vous.
Stéphane.
> Bonjour,
>
Bonjour
> je suis persuadé que nos états y compris l'Europe ne pourront pas
> contrôler ni taxer (car cela revient au même) les GAFAM sans changer
> les règles du jeu...
Je ne suis pas persuadé que nos états ni même l'Europe n'ait les moyens
ou l'ambition de faire cela. Mais peut-être que les citoyen·nes le
peuvent en changeant leurs habitudes.
> Le numérique a changé les règles économiques en introduisant des
> biens immatériels à coût résiduel de production strictement nul
> (tout ce qui est électronique une fois que les réseaux sont payés).
> Tous les GAFAM ont profité et profitent quotidiennement de cela.
Les biens immatériels dont vous parlez se fabriquent avec des machines,
des réseaux, de l'énergie. Amazon, le plus gros propriétaire de machines
au monde, ne valorise pas à zéro cette ligne comptable dans son bilan
annuel. C'est certainement une des lignes la plus importante. C'est
principalement pour cette raison qu'Amazon n'éteint pas ses machines la
nuit. Cela serait quand même ballot d'investir des $billions pour ne pas
s'en servir la moitié du temps.
La même chose est vrai pour Google qui déploie et opère son propre
réseau : la ligne comptable est du même ordre de grandeur que celle de
ses machines. Il fait toujours soleil sur les datacenters de Google.
Idem pour ceux d'Amazon. Grâce à leur réseau.
> je suis persuadé que la seule manière pour les états de récupérer
> la souveraineté est donc de changer les règles du jeu. Je voudrais
> vos amis sur l'idée suivante, ses succès éventuels d'adhésion et
> de mise en œuvre.
>
J'ai parfois le sentiment que commencer à parler souveraineté numérique
nous fera immanquablement glisser vers un nationalisme numérique.
Exemple récent : M Bruno Lemaire, ministre de l'économie et des finances
du gouvernement Français, associant son pays avec la Hongrie dans un
même élan de souverainisme numérique pour l'un, de nationalisme
numérique pour l'autre.
> Notamment que
>
> * toutes les ressources et œuvres crées ou soutenues car utilisées
> avec de l'argent public, ou il y en a en jeu, doit être disponible
> pour tout le monde sous une licence qui permet la redistribution sans
> limite de dérivés et si possible, qui empêche la réappropriation
> exclusive (= qui contient une clause SA ou copyleft). Les logiciels ne
> sont jamais que des œuvres.
Un·e enseignant·e crée une ressource pédagogique à partir d'un google
doc ou d'un truc issu de GAFE. Il partage cela avec un lien public et
une licence CC BY-SA. Cela est compatible avec votre proposition?
> * que dans les administrations et écoles, compte tenu du fait que
> l'effort le plus important pour un outil est presque toujours
> d'apprendre à bien l'utiliser (y compris un logiciel), ces clause de
> redistribution sans limite de dérivés et si possible, qui empêche
> la réappropriation exclusive ceci doit particulièrement, doivent
> particulièrement être rendues obligatoires.
>
Je n'ai peut-être pas tout compris... Mais en considérant ma remarque
précédente, apprendre un outil libre ou un outil de google est
compatible avec votre proposition. Encore que je ne sois pas certain que
ce soit le rôle de l'école d'apprendre à utiliser un outil. Ça n'a pas
de sens en termes de compétences.
J'ai participé à Educode 2018. Le stand de Google était à la droite du
mien, à ma gauche une conférencière présentait K12 Google Apps For
Education. J'ai acheté un gnu pour 2€ à RMS tandis qu'une personne qui
l'accompagnait, convaincu que le libre avait gagné, m'expliquez très
doctement : «linux a gagné». J'ai le sentiment d'une grande confusion.
> Au plaisir de lire vos commentaires,
>
> Nicolas
>
Également, Bien à vous.
Stéphane.
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- [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique, Nicolas Pettiaux, 01/07/2020
- Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique, ericb, 01/07/2020
- Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique, Reboul Anne, 01/07/2020
- Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique, Nicolas Pettiaux, 01/07/2020
- Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique, Reboul Anne, 01/07/2020
- Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique, Antony Auffret, 01/07/2020
- Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique, admin, 03/07/2020
- Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique, Reboul Anne, 06/07/2020
- Re: [EDUC] Proposition et discussion sur souveraineté dans un monde numérique, ericb, 01/07/2020
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