Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
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- From: hubraym AT laposte.net
- To: educ AT april.org
- Subject: Re: [EDUC] Raspberry Pi 400
- Date: Tue, 12 Apr 2022 08:57:50 +0200 (CEST)
Bonjour
J'ai bien aimé "monoculture informatique".
Le parallèle est intéressant à creuser ...
Œuvrant dans un lycée agricole j'en ai constaté les dégâts depuis longtemps ...
On commence cependant à redécouvrir l'utilité de maintenir et développer la richesse de la flore locale .... de la biodiversité ...
Librement
H.R.
J'ai bien aimé "monoculture informatique".
Le parallèle est intéressant à creuser ...
Œuvrant dans un lycée agricole j'en ai constaté les dégâts depuis longtemps ...
On commence cependant à redécouvrir l'utilité de maintenir et développer la richesse de la flore locale .... de la biodiversité ...
Librement
De : "Guyot Vincent"
A : educ AT april.org
Envoyé: mardi 12 Avril 2022 01:37
Objet : Re: [EDUC] Raspberry Pi 400
A : educ AT april.org
Envoyé: mardi 12 Avril 2022 01:37
Objet : Re: [EDUC] Raspberry Pi 400
Le samedi 09 avril 2022 à 06:24:06, JMonnard a écrit :
> > > Je recherche un retour d'expérience. Parmi vous, certains ont-ils
> > > enseignés avec des Raspberry Pi 400? Ce serait pour enseigner en 2de
> > > SNT. Les ordinateurs mis à notre disposition étant catastrophiques,
> > > je pense à cette solution.
> >
> > Le problème des configurations maison dans l'éducation, c'est qu'elles
> > n'auront pas accès à Internet... à moins d'être le gestionnaire du
> > réseau ou d'avoir une complicité avec ce gestionnaire!
> >
> Ou de se contenter d'un réseau autonome dans une salle de classe.
Bonsoir,
Cette discussion à propos des RPI est très intéressante à plusieurs titres :
- En Suisse on parle de plus en plus de permettre, voir d'obliger, les élèves du lycée à avoir un ordinateur personnel.
Or comme le traçage/identification de ceux-ci pose problème en raison de leur diversité, l'une des tendance est de
forcer les élèves à n'utiliser que des systèmes officiellement autorisés. Étant en sous effectifs, ne pouvant gérer
cette diversité, les techniciens vont tout faire pour la limiter. Amener son ordinateur personnel revient
alors à acheter un ordinateur formaté par l'État, à sa place. On produit alors de la mono-culture informatique et
pédagogique, non seulement à l'école, mais à la maison où l'ordinateur personnel ne l'est plus vraiment et où le choix
du système d'exploitation ne l'est plus du tout.
Mais, il faut relever que le fond du problème vient du traçage. Nous avons à nous poser la question de jusqu'où on va
aller. Les préposés à la sécurité des données en Suisse ne sont, par exemple, pas tous d'accord sur le fait qu'il faut
enregistrer les gens qui se connectent par l'intermédiaire d'identifiants. Une connexion anonyme doit-elle être
possible ? Dans la pratique, Active Directory n'étant pas toujours fonctionnel, une telle connexion s'avère
nécessaire. Mais quid alors du traçage ?
- Si la gestion des connexions peut s'avérer complexe à mettre en oeuvre, aujourd'hui les élèves savent très bien la
contourner. On commence à voir apparaître sur les ordinateurs connectés en wifi des hotspot comme « J'ai de la connexion, pas
vous. ». En l'absence de connexion, il faut très peu de temps pour que les smartphones des élèves entrent en fonction.
Et il faut reconnaître que cela fonctionne très bien. Quid alors du suivi dans un contexte où les empêcher d'utiliser
leur téléphone ne va pas être facile ?
- Finalement, les RPI sont comme les vélos. Quand un vélo se parque sur la route plutôt que sur le trottoir, on focalise
sur l'attitude des cyclistes alors que le problème est la place prise par les voitures. Les difficultés techniques
qu'il y a intégrer les raspberrypi, font trop souvent détourner l'attention du fait que ces machines sont bien
plus adaptées à l'enseignement, tout en étant moins coûteuses dans tous les sens du terme, que celles qui nous sont
proposées hautement verrouillées.
- Enfin, de manière plus générale, les RPI sont au coeur de la question de la liberté pédagogique. S'agit-il d'un moyen
d'enseignement au même titre que les autres ? En Suisse, les enseignants du lycée ont le choix des manuels scolaires.
Des programmes cadres existent, mais le choix des moyens d'enseignement aussi. Un RPI est-il un moyen
d'enseignement, comme un livre ou n'est-il qu'un moyen d'enseigner, comme une craie pour un tableau noir. Ne croyant
pas à la neutralité de la technique (c'est pourquoi à l'heure d'une technique certainement pas neutre : le tableau blanc,
j'ai pris l'exemple de la craie), je pense que l'utilisation d'un RPI est un acte pédagogique. La prise en charge par
l'élève de l'installation de logiciels coûteux en place comme LibreOffice sur de petites configurations ou celle des
mises-à-jour régulières sur des dépôts authentifiés ou encore la différentiation des entrées-sorties du GPIO, nous
place au coeur même de la numérisation et font, à mon avis, des RPI de véritables moyens d'enseignement. Avec un
réseau autonome, le caractère moyen d'enseignement des machines est affirmé, car bien des problèmes trouvent des
solutions originales ou disparaissent simplement au profit de l'_expression_ du moyen d'enseignement. Par exemple, il
m'est plusieurs fois arrivé d'utiliser les RPI à l'école primaire ou dans un fablab sans connexion et j'ai été surpris
que le fait de forcer les élèves à trouver des solutions sans recours au net ne pose aucun problème, voir leur est
profitable. Au lieu d'aller voir des vidéos, ils remettaient le nez dans la documentation écrite utilisée au cours.
Ils étaient aussi bien plus persévérants dans leur raisonnements à tel point qu'on peut se demander si le réseau ne
serait pas parfois un handicap, une manière de ne s'intéresser aux machines à disposition que par l'intermédiaire des
autres. Sans négliger l'apport du réseau, il y a beaucoup de cas où s'en passer est parfaitement possible.
Bonne nuit :-) A+
--
Vincent Guyot
@debian GNU linux
https://www.cvgg.org
--
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> > > Je recherche un retour d'expérience. Parmi vous, certains ont-ils
> > > enseignés avec des Raspberry Pi 400? Ce serait pour enseigner en 2de
> > > SNT. Les ordinateurs mis à notre disposition étant catastrophiques,
> > > je pense à cette solution.
> >
> > Le problème des configurations maison dans l'éducation, c'est qu'elles
> > n'auront pas accès à Internet... à moins d'être le gestionnaire du
> > réseau ou d'avoir une complicité avec ce gestionnaire!
> >
> Ou de se contenter d'un réseau autonome dans une salle de classe.
Bonsoir,
Cette discussion à propos des RPI est très intéressante à plusieurs titres :
- En Suisse on parle de plus en plus de permettre, voir d'obliger, les élèves du lycée à avoir un ordinateur personnel.
Or comme le traçage/identification de ceux-ci pose problème en raison de leur diversité, l'une des tendance est de
forcer les élèves à n'utiliser que des systèmes officiellement autorisés. Étant en sous effectifs, ne pouvant gérer
cette diversité, les techniciens vont tout faire pour la limiter. Amener son ordinateur personnel revient
alors à acheter un ordinateur formaté par l'État, à sa place. On produit alors de la mono-culture informatique et
pédagogique, non seulement à l'école, mais à la maison où l'ordinateur personnel ne l'est plus vraiment et où le choix
du système d'exploitation ne l'est plus du tout.
Mais, il faut relever que le fond du problème vient du traçage. Nous avons à nous poser la question de jusqu'où on va
aller. Les préposés à la sécurité des données en Suisse ne sont, par exemple, pas tous d'accord sur le fait qu'il faut
enregistrer les gens qui se connectent par l'intermédiaire d'identifiants. Une connexion anonyme doit-elle être
possible ? Dans la pratique, Active Directory n'étant pas toujours fonctionnel, une telle connexion s'avère
nécessaire. Mais quid alors du traçage ?
- Si la gestion des connexions peut s'avérer complexe à mettre en oeuvre, aujourd'hui les élèves savent très bien la
contourner. On commence à voir apparaître sur les ordinateurs connectés en wifi des hotspot comme « J'ai de la connexion, pas
vous. ». En l'absence de connexion, il faut très peu de temps pour que les smartphones des élèves entrent en fonction.
Et il faut reconnaître que cela fonctionne très bien. Quid alors du suivi dans un contexte où les empêcher d'utiliser
leur téléphone ne va pas être facile ?
- Finalement, les RPI sont comme les vélos. Quand un vélo se parque sur la route plutôt que sur le trottoir, on focalise
sur l'attitude des cyclistes alors que le problème est la place prise par les voitures. Les difficultés techniques
qu'il y a intégrer les raspberrypi, font trop souvent détourner l'attention du fait que ces machines sont bien
plus adaptées à l'enseignement, tout en étant moins coûteuses dans tous les sens du terme, que celles qui nous sont
proposées hautement verrouillées.
- Enfin, de manière plus générale, les RPI sont au coeur de la question de la liberté pédagogique. S'agit-il d'un moyen
d'enseignement au même titre que les autres ? En Suisse, les enseignants du lycée ont le choix des manuels scolaires.
Des programmes cadres existent, mais le choix des moyens d'enseignement aussi. Un RPI est-il un moyen
d'enseignement, comme un livre ou n'est-il qu'un moyen d'enseigner, comme une craie pour un tableau noir. Ne croyant
pas à la neutralité de la technique (c'est pourquoi à l'heure d'une technique certainement pas neutre : le tableau blanc,
j'ai pris l'exemple de la craie), je pense que l'utilisation d'un RPI est un acte pédagogique. La prise en charge par
l'élève de l'installation de logiciels coûteux en place comme LibreOffice sur de petites configurations ou celle des
mises-à-jour régulières sur des dépôts authentifiés ou encore la différentiation des entrées-sorties du GPIO, nous
place au coeur même de la numérisation et font, à mon avis, des RPI de véritables moyens d'enseignement. Avec un
réseau autonome, le caractère moyen d'enseignement des machines est affirmé, car bien des problèmes trouvent des
solutions originales ou disparaissent simplement au profit de l'_expression_ du moyen d'enseignement. Par exemple, il
m'est plusieurs fois arrivé d'utiliser les RPI à l'école primaire ou dans un fablab sans connexion et j'ai été surpris
que le fait de forcer les élèves à trouver des solutions sans recours au net ne pose aucun problème, voir leur est
profitable. Au lieu d'aller voir des vidéos, ils remettaient le nez dans la documentation écrite utilisée au cours.
Ils étaient aussi bien plus persévérants dans leur raisonnements à tel point qu'on peut se demander si le réseau ne
serait pas parfois un handicap, une manière de ne s'intéresser aux machines à disposition que par l'intermédiaire des
autres. Sans négliger l'apport du réseau, il y a beaucoup de cas où s'en passer est parfaitement possible.
Bonne nuit :-) A+
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Vincent Guyot
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Re: [EDUC] Raspberry Pi 400,
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