Objet : Liste de travail pour la traduction de la philosophie GNU (liste à inscription publique)
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- From: Claude Le Paih <claude AT lepaih.org>
- To: trad-gnu AT april.org
- Subject: Traduction rms-hack.html
- Date: Fri, 13 Jun 2008 14:36:19 +0200
Bonjour tout le monde,
je vous joins la traduction de
rms-hack.html
En fin de fichier, j'ai mis la VO ( est ce nécessaire de le faire ?).
Entre les deux versions , il y a quelques NDT mais surtout des
observations personnelles au sujet de quelques difficultés rencontrées.
by instance:
hackerism = hackerisme ?
j'ai aussi relever quelques fautes de typo dans le document original
qu'il faudrait signaler.
Enfin , en cours de traduction , je suis passé au "vous" qui me semblait
approprié vue la teneur de l' entrevue.
Je ne sais pas si cela est le bon choix : votre avis ?
Bonne lecture et bon week end
Claude
La communauté hacker et l'éthique : une interview de Richard Stallman, 2002
par Richard Stallman
Publié en finnois dans Tere Vadén & Richard M. Stallman: Koodi vapaaksi -
Hakkerietiikan vaativuus, Tampere University Press. 2002, sivut 62-80.
Hackerisme ( hackerism)
Tere Vadén (TV) : Un des traits le plus frappant de votre approche des
problèmes de la technologie, des logiciels et du reste, est que vous
considérez
l' aspect éthique et social plus important que de possibles avantages
techniques. Alors que, peut être, cela devrait être la norme , il n'en est
malheureusement pas ainsi. Le principal problème semble être celui de
communauté : quels genres de communautés développent les différentes
pratiques de la technologie. Ai-je raison de croire que vous pensez les
problèmes éthiques en terme de communautés ?
Richard M. Stallman (RMS): Oui. La voie qui m'amèna à conclure quelles sont
les libertés essentielles à l'utilisation d'un logiciel, et quels types de
licences sont acceptables, est en me demandant si elles devaient interférer
avec les modalités d'usage d'un logiciel nécessaires pour avoir une
commnunauté viable.
TV: L'idée de logiciel libre est née de vos expériences au MIT (1) et de
comment cette communauté fut infiltrée, et dans un certain sens détruite,
par des intérêts commerciaux.
RMS: Oui, c'est correct. Les hackers aimaient réellement la liberté de
partager et modifier les logiciels : c'était la base de notre communauté
insouciante.
TV: Que veux dire le mot "hacker" pour vous, personnellement ?
RMS: C'est quelqu'un qui aime l'intelligence espiègle, particulièrement en
programmation mais d'autre médiums sont aussi possibles. Au XIV ième
siècle, Guillaume de Machaut écrivit un palindrome (2) musical en trois
parties. Cela sonnait bien, également : j'ai du m'y faire la main une fois
car je me rappelle encore une des parties. Je pense que c'était un bon hack
(3). J'ai entendu quelque part que JS Bach fit quelque chose de similaire.
Une arène possible pour l'intelligence espiègle est de déjouer la
sécurité. Les hackers n'ont jamais eu beaucoup de respect pour les freins
bureaucratiques.
Si l'ordinateur restait inoccupé parce que l'administrateur ne les laissait
pas l'utiliser, ils s'arrangeaient parfois pour contourner l'obsacle et s'en
servir quand même. Si cela demandait de l'astuce, c'était amusant en soi,
tout autant que de rendre possible une autre bricole ( par exemple , un
travail utile) sur l'ordinateur plutôt que de se tourner les pouces. Mais
tous les hackers ne déjouaient pas la sécurité, beaucoup ne furent jamais
intéressés par cela. Sur l' Incompatible Timesharing System (4), le
système opératoire développé par les hackers du AI Lab (5), nous avons
rendu inutile le contournement de sécurité : nous n'avions simplement pas
implémenté de sécurité dans le système. Les hackers avaient réalisé
que la sécurité serait un mécanisme de domination de la part des
administrateurs. Aussi, nous ne leur avons pas donner les moyens.
TV: Et au sujet des concepts de liberté et de communauté ? Il y a cette
idée que la liberté de distribuer idées, pensées, recettes et logiciels
crée le
meilleur type de communauté, du moins meilleur que celui basé sur des
limitations commerciales de distribution et de partage.
RMS: Je pense que c'est une erreur de dénommer ces restrictions comme
"commerciales", car cela se rapporte aux motifs des restrictions. Les mêmes
restrictions imposées pour des intentions différentes feraient les mêmes
dégats. Ce qui importe, ce sont les restrictions, pas les raisons. Un
logiciel commercial peut être libre ou pas, tout comme un logiciel
non-commercial peut être libre ou pas. Cela ne dépend que de la licence.
TV: Comment définiriez vous la distinction entre les sphères publiques (
communautaires , basées sur la liberté ) et commerciales ?
RMS : Comparer libre avec commercial revient à comparer le bonheur et le
pourpre. Cela n'a pas de sens, car il ne répondent pas à la même question.
Ce ne sont pas des alternatives. La comparaison significative est entre le
logiciel libre et non-libre.
TV : il semble que la distinction entre "open source" et "logiciel libre" est
que le mouvement "open source" justifie en fin de compte l'idée d'une base
utilitariste: l'open source est la meilleure façon de produire des logiciels
fonctionnels, tandis que la justification définitive du logiciel libre est
le non-intéressement, le non-utilitarisme, la liberté est inviolable. Est
ce une interprétation correcte ?
RMS: Plus ou moins. Je dirais que la liberté a sa propre valeur, tout comme
un logiciel puissant et fiable.
TV: Mais n'y a-t-il là pas un problème ? Un des calculs utilitariste de
"l'open source" est qu'il est plus rentable ( dans le sens de faire plus
d'argent ou de faire de meilleurs logiciels) d'utiliser une licence "open
source" qu' une licence libre. Une compagnie comme Apple ou Nokia adaptera
l'open source juqu'à un certain point, précisemment le point où le rendre
plus libre conduirait à une perte de rentabilité.
RMS : je suis d'accord qu'il est mauvais que ces décisions (à propos de
votre liberté et de la mienne) soient prises par le développeur de logiciel
pour son profit, tout commme la décision que nous avons, vous et moi, la
liberté de parole, ne devrait pas être prise par un tiers quelconque dans
son seul intérêt.
Je ne vais pas condamner quelqu'un qui fait la bonne chose pour une mauvaise
raison, mais il est vrai que compter sur des gens pour respecter notre
liberté, parce que c'est rentable pour eux, n'est pas un système fiable
pour protéger notre liberté. C'est la raison pour laquelle nous devons
réduire le pouvoir politique du commerce.
TV: Un argument qu'une entreprise utilisera , bien entendu, est que le profit
créé bénéficiera finalement à toute la société. Que répondrez vous Ã
cela ?
RMS: Que c'est une affirmation sans fondement. Un programme non-libre ne peut
profiter qu'à ceux qui ne valorise pas leur liberté, et sert ainsi de
tentation pour que les personnes abandonnent leur liberté. C'est nocif pour
la société.
TV: Il y a ici aussi cette question d' individu/privé opposé Ã
public/communautaire. Il est souvent dans l'intérêt de l'individu de faire
quelque chose
menaçant la communauté, menaçant la liberté.
RMS: Je sais. C'est pourquoi nous devons penser le bon et le mauvais pour
prendre nos décisions, c'est aussi pourquoi les sociétés ont l' idée de
punir
les actes nuisant à la collectivité.
TV: Maintenant, quelqu'un comme Torvalds ( et nous n'avons pas
nécessairement à utiliser de nom, ici ), partagerait probablement votre
enthousiasme à propos de "hackerism" (6) dans le sens d'habileté espiègle,
et transposerait cette habileté espiègle à l'art de faire de l'argent et
apprécier la belle vie. C'est actuellement ce qu'il laisse entendre dans un
livre récent appelé "L'éthique hacker" ( "The Hacker ethics" ).
RMS: C'est vrai. Le simple fait que quelqu'un aime hacker ne veut pas dire
qu'il ait un engagement moral à traiter les autres correctement. Quelques
hackers sont concernés par l'éthique , je le suis par exemple, mais cela ne
fait pas partie du fait d'être hacker, c'est un trait séparé. Certains
collectionneurs de timbres sont très concernés par l'éthique alors que
d'autres non. C'est la même chose pour les hackers.
Je suis d'accord avec la personne qui a dit qu'il n'y avait pas d'éthique
hacker, mais plutôt une esthétique hacker.
TV: Maintenant, si l'on veut éviter les conséquences négatives du commerce
orienté profit, il semble que l'on doive donner à l'individu une bonne
raison
de ne pas chercher uniquement son propre intérêt. Et que cette chose, cette
raison, devrait être dans la sphère publique.
RMS: Bien sûr. Mais pourquoi traiter vous cela comme s'il s'agissait d' une
nouvelle idée que l'on pourrait suggérer. Cette idée a des milliers
d'années. C'est la pensée même de l'éthique.
TV: La question à propos de l'esthétique hacker: comme vous l'expliquiez,
il n'y a pas d'éthique hacker particulière, car un hacker peut agir
éthiquement ou non, rien dans le "hackerism" n'oblige à un comportement
éthique.
RMS : Le hacking n'est pas au départ une question d'éthique. C'est une
idée sur ce qui donne un sens à la vie. Mais il peut être vrai que le
hacking peut amener un nombre significatif de hacker à penser la question
éthique d'une certaine manière. je ne voudrais pas complètement rejeter
les relations entre hacking et visions sur l' éthique.
Bien que quelqu'un ait dit qu'il était plus question d'esthétique que
d'éthique, je pense qu'esthétique n'est pas, non plus, le bon mot. Une
esthétique est une idée de la beauté. C'est une pensée de ce qui est
émouvant et expressif. Y a-t-il un mot pour cela ? Je peux penser à "la
voie du hacker" (the hacker way), mais cela sonne plutôt pompeux et new-age.
Communauté
TV: Maintenant, cela amène plusieurs questions à l'esprit. Pour la
première, on pourrait peut être s'intéresser à une société idéale ou
pousser plus loin, mais laissons cela pour le moment.
RMS: J'aborde ces questions d'une manière incrémentielle. Je ne pense pas
pouvoir essayer de concevoir une société idéale et être sûr de la
conclusion. Les essais pour proposer une société relativement différente
de celles que nous connaissons tendent souvent à être désastreusement
imparfaits. Donc, Ã la place, je propose des changements locaux que j'ai de
bonnes raisons de croire bons. Remarquez, que je n'ai pas imaginé seul la
communauté du logiciel libre: si je l'avais fait, je ne serais pas aussi
sûr que c'est une bonne idée. Je l'ai su pour l'avoir essayé.
TV: Y a-t-il quelque chose que la digitalisation offre pour l'élaboration de
communauté , quelque chose que les autres médiums ( comme les livres
imprimés) ne pourraient pas offrir, ou, digitalisation ne voudrait elle
signifier qu'efficience des moyens d'existence ?
RMS: Les ordinateurs et le Web rendent plus aisé le travail collaboratif et
l'amélioration continue des publications. Je pense que cela deviendra encore
plus vrai dans le futur car les gens developpent de meilleures façons d'y
arriver. La mentalité de marque (NDT : commerciale) pourrait être
précisément calculée pour nous priver de ce bénéfice de l'internet.
TV : Maintenant, d'un point de vue historique et philosophique , il semble
que plus d'une bonne invention ou d'avancée technologique soient le
résultat d'une intensification de la colonisation.
RMS: En général, la technologie est une bonne chose ,et nous ne devrions
pas l'empêcher. La technologie tend à créer des changements culturels. Ce
n'est pas nécessairement une mauvaise chose, et nous ne devrions pas la
condamner définitivement. Il n'y a que quelques points specifiques du
changement culturel auxquel nous devons nous opposer.
TV : Je ne veux pas réellement focaliser sur l'opposition public/commercial,
mais si nous disons que nous avons besoin d'harmonies, valeurs et systèmes
communautaires qui atténuent l'égoisme individuel, et si nous disons que le
monde commercial a systématiquement tendance à promouvoir l'égoisme, je
pense donc que nous devons conclure qu'il y a une distinction cruciale entre
le communautaire et le commercial.
RMS : j'approuverais. Une personne peut appartenir à une communauté et
travailler en entreprise en même temps. Néanmoins, il y a un conflit
fondamental entre l'attitude communautaire et la commerciale. Je ne dirais
pas que le communautaire est bon et le commercial mauvais. Cela n'a pas de
sens de vouloir éliminer l'attitude commerciale, car il ne s'agit que
d'égoisme et ce dernier est vital. Les gens doivent être égoistes jusqu'Ã
un certain point, de même qu'ils doivent être altruistes jusqu'à un
certain point. Abolir l'égoisme n'aurait pas de sens, même si cela était
possible.
TV: Je veux dire, de bien des manières on peut dire que les communautés
sont basées sur le commercial, de nos jours, dans les pays post-industriels,
par exemple, les gens sont ensemble , travaillent , communiquent...etc,
essentiellment pour des raisons commerciales.
RMS: C'est un type de communauté plutôt faible et inefficace , qui n'en
mérite guère le nom.
TV : et en plus, comme vous le savez, la commnauté et la recherche
universitaires sont aussi très liées aux intérets économiques des états
nations et des entreprises.
RMS: Les universitées doivent résister à leur détournement vers des fins
commerciales, dans l'intérêt de leur intégrité. Elle ont échoué Ã
résister. Les gens seront toujours en partie égoistes: pour se préserver
de l'égoisme d'une société gloutonne, nous avons besoin d'institutions
altruistes et de gouvernements démocratiques pour contrebalancer l'égoisme
et le surveiller. Le problème aujourd'hui est que l'égoïsme organisé
prend le pas sur la société, écartant les autres institutions pensées
pour l'observer.
TV : Mais arrive le contre argument: une économie de marché libre cherchant
le profit maximum est la seule manière de produire des communautés
démocratiques riches et fonctionnelles .
RMS: La communauté du logiciel libre montre, comme les coopératives en
Suède le montrèrent, que ce n'est pas vrai. Il y a d'autre moyens de
produire de la richesse. Mais au delà de cela, produire de la richesse n'est
pas la raison d'être, ni une fin en soi d'une bonne société. Il n'y a
aucun besoin de diriger tous les aspects de la vie vers une maximisation de
la richesse totale. L'idée de sacrifier toute chose pour produire ( sans
parler du partage !) est exactement ce qui ne va pas dans l' OMC (7). Pour ce
qui est de produire des communautés fonctionnelles et démocratiques,
autoriser le commerce à dominer, non seulement ne le permet pas, mais est
carrément antagoniste à cela.
TV : Si l'éthique s'applique à chacun, et si l'éthique est basée sur la
communauté, cela veut il dire qu'il y a une communauté idéale à laquelle
chacun devrait appartenir ?
RMS : je ne pense pas qu'il y ait un rapport.
Copyleft (8)
TV : Le concept de copyleft est un outil intelligent dans un but
communautaire. Pouvez vous nous en dire un peu plus sur la manière qui vous
mena à cette idée ?
RMS: J'avais vu de simple notices de la forme " copie identique autorisée
sous réserve que cette notice soit préservée", et étudier une extension
pour gérer aussi les modifications.
TV: Prenons un exemple ici. Je peux voir qu'un développeur de logiciel libre
peut être capable de vivre en réalisant des logiciels libres car les gens
paieront pour le logiciel, les manuels, le bonheur de faire partie de la
communauté et ainsi de suite. Je ne pense pas que cela soit impossible. La
même chose vaut pour certains musiciens, scientifiques et ainsi de suite.
Mais qu'en est il d'un écrivain, un poète ou un musicien qui travaille dans
le champ d'un langage limité : disons, le finnois. Faire du logiciel, du
poème ou de la musique libre ne sera pas une option viable, car la
communauté est trop petite pour défendre ce genre d'activité.
RMS: Le système actuel joue un aussi mauvais rôle dans le support de ces
activités. Le remplacer par rien ne rendrait pas les choses pires pour ces
gens. Quoiqu'il soit, je pense que des méthodes volontaristes de soutien
pourrait faire un aussi bon travail que le système présent approximatif.
TV: Cela semble conduire à une sorte d'américanisation ou anglicisation
RMS: Vous ne pouvez pas être sérieux, n'est ce pas ? N'avez vous pas
réalisé que l'ensemble media-copyright alimente l'américanisation de la
culture dans le monde ? Déconnecter cet ensemble ferait beaucoup pour
améliorer la situation.
TV: Je ne faisais que penser le fait que dans un champ linguistique réduit
quelque chose comme le copyright (droit d'auteur) fait un bon travail pour la
création.
RMS: Pas si bon malgré tout. Combien d'écrivains finnois vivent des droits
d'auteurs aujourd'hui ? Notez que je ne défends pas la simple et totale
abolition du droit d'auteur pour toutes sortes de travaux. Ecoutez mon
discours : droit d'auteurs et globalization.
Globalisation
TV: Vous avez effleurer certains problèmes de la globalization dans
plusieurs entretiens récents. L'un d'entre eux est que les lois concernant
les droits d'auteurs ont mis les pays du tiers monde dans une situation
défavorable. Pensez vous que ces pays ne devaient pas suivre les lois sur le
droit d'auteur ?
RMS: Les Etats Unis ne reconnaissaient pas les lois étrangèrent quand ils
étaient un pays en dévelopement. Aussi pourquoi pas les autres ? Bien sûr,
nous connaissons les raisons: cela fait partie du système de domination
économique que les propriétaires des entreprises les plus riches ont
imposé au reste du monde.
TV: et plus encore, peut on voir ces problèmes en terme de communauté ? Si
je me rappelle bien, vous avez dit que la globalisation au sens économique
ne semblait pas être un bon moyen pour promouvoir ou répartir le bien-être.
RMS: Il n'y a rien de mauvais dans la globalisation dans l'abstrait. Ce qui
rend la forme actuelle de la globalisation si mauvaise n'est pas son aspect
global. C'est que le systéme OMC/FMI subordonne tous les autres intérêts Ã
celui des affaires. Les lois de protection environnementale, la santé
publique, les droits des travailleurs et le standard général du niveau de
vie sont régulièrement écartés. Le résultat est un transfert important
de la richesse du peuple vers les propriétaires des entreprises.
Paradoxalement, cela parait aussi être accompagné d'une réduction de la
croissance. La meilleure manière de comprendre la globalisation
d'aujourd'hui, c'est comme un système de transfert de pouvoir des
gouvernements démocratiques vers les affaires, lequel n'est global
qu'accidentellement. L'élimination des barrières commerciales pourrait
être une bonne chose si elle était accompagnée de standards globaux du
travail, de l'environnement, de la santé, de salaire minimal ( même si
non-uniforme) et des impôts.Ci cela était appliqué mondialement avec la
même énergie que mettent les Etats Unis à presser les pays d' utiliser le
copyright, nous pourrions avoir des échanges globales, des usines propres et
de hauts salaires. La communauté mondiale du logiciel libre est un exemple
de globalisation bénéfique : les gens partage la connaissance avec le monde
entier.
Ethique
TV: Comment un "travail" éthique est-il le mieux réalisé ? On dirait que
vous invoquer des professeurs tels Bouddha ou Jesus comme exemples de vie
éthique.
RMS: Je n'évoque jamais Jesus. Je ne suis pas chrétien et n'admire pas
spécialement jésus. J'admire Boudha un peu plus, mais je n'évoque aucun
professeur ou héros en tant qu'autorité , seulement peut être à titre
d'exemple.
TV: Il est aussi clair que l'un des aspects le plus fascinant et influant de
votre travail est que vous vivez comme vous le professez. Est ce une
décision consciente dans le sens ou vous pensez que l'éthique est une chose
qui peut être apprise par l'exemple ?
RMS: Pas du tout. J'écris sur mes idées éthiques, je voudrais faire plus
et mieux si je le pouvais. Bien sûr, il est nécessaire de vivre en
conformité avec ses principes, ou alors on est hypocrite et les gens le
voient.
TV: Si nous disons que les motifs d'un comportement éthique doivent être
montrés dans la sphère publique, disons par le biais d'un contrat social ou
quelque chose de similaire, et si dans le même temps nous remarquons que la
sphère économique et commerciale est conduite par des principes de type
profit maximum, nous devons donc avoir une sorte de séparation entre le
monde public et le monde commercial.
RMS: Je ne suis pas ce raisonnement, je ne vois pas de séparation.
L'éthique s'applique à chacun, et tout l'intérêt de l'éthique est que,
si des choses que vous auriez souhaitez faire égoistement sont mauvaises,
vous ne devriez pas les faire.
TV: ... et donc, le monde commercial serait quelque chose qui, par
necessité, corrompt presque l'idée de liberté.
RMS: Les affaires ont cette tendance. Les entreprises dispensent un
mécanisme qui distille l'égoisme hors des gens lesquels, en tant
qu'individus, sont en partie égoistes mais ont aussi une éthique limitant
cet égoisme. le résultat est un égoisme qui souvent ne peut être
maîtrisé par une éthique. Changer cela demanderait de faire passer le
pouvoir du commerce global aux gouvernements.
TV: Lisant "les hackers" de Steven Levy, une nouvelle fois, j'ai été
frappé par un problème : les hackers tels que dépeints dans le livre sont
pour la plupart concernés par l'éthique hacker tant que cela concerne "des
outils pour faire des outils".
RMS: I don't think so. A number of our programs were tools for making
programs, but very few were specifically âtools to make toolsâ. Why were
many of them tools? Because hackers writing programs get ideas for better
ways to do that. What computer hackers do is program. So they get excited
about anything that makes programming easier.
If a hacker does square dancing, he would get excited about anything on the
computer that is helpful for square dancing. He might write a program to help
people learn square dancing. This indeed has happened. A few computer hackers
do square dancing, but all computer hackers program. So a few are interested
in writing programs for square dancing, but many are interested in programs
they can use while programming.
RMS: Je ne le pense pas. Un bon nombre de nos programmes étaient des outils
pour faire des programmes, mais peu étaient des "outils pour faire des
outils". Pourquoi beaucoup d'entre eux étaient des outils ? Car les hackers
écrivant des logiciels ont des idées pour améliorer les façons de le
faire.
Ce que font les hackers sur ordinateur est programmer, aussi sont-ils
passionnés par tout ce qui rend la programmation plus facile.
Si un hacker fait de la quadrille (9), il sera passionné par tout ce qui
sera utile dans un ordinateur pour la quadrille. Il pourrait écrire un
programme aidant les gens à apprendre la quadrille. Cela est réellement
arrivé. Peu de hackers pratiquent la quadrille, mais tous programment. Donc
certains sont intéressés pour écrire des programmes de quadrille mais
beaucoup sont intéressés par des programmes pouvant être utilisés pendant
la programmation.
TV: Levy n'est pas très dur à ce sujet, mais le manque de scrupules avec
lequel les premiers hackers du MIT ont accepté les fonds du ministère de la
défense ( Department of Defense) est un point à souligner.
RMS: Quelques hackers, à l'époque, n'étaient pas à l'aise au sujet des
fonds du Dod ( Department of Defense), mais ils ne sont pas allés plus loin
dans la rebellion ( en quittant, disons !). J'étais en désaccord avec eux,
je ne pense pas qu'il était mauvais d'accepter ces fonds, je ne le pensais
pas à l'époque. Les fonds d'entreprises sont bien plus dangereux. Aussi, je
n'emploierais pas "manque de scrupules" pour avoir accepté ces fonds.
TV: cela rappelle la "rationalité instrumentale" dont parlait l'école de
critique théorique de Francfort : la rationalité appartenant aux outils
mais pas aux buts.
RMS: Toutes sortes d'ingenieurs sont connus pour cela. Je ne suis pas sûr
que ce soit plus vrai pour les hackers que les autres.
TV: Aussi , cela m'amène à la question : Si l'éthique concerne les buts et
le contenu , quel est exactement la société ou la communauté défendue par
le logicel libre ?
RMS: Mon but est que nous nous aidions mutuellement à mieux vivre ensemble.
L'amélioration de la connaissance humaine fait partie de cela, faire en
sorte que cela soit accessible à chacun fait partie de cela, encourager
l'esprit de coopération fait partie de cela. Ces buts s'appliquent Ã
différentes parties de la vie, mais dans le champ du logiciel ils dirigent
chacun vers le logiciel libre.
TV: Quand et comment vous êtes vous rendu compte que l'attitude "outils pour
faire des outils" n'est pas suffisante ?
RMS: Que simplement des outils, sans penser à leur utilisation, en est une
(attitude) où j'ai pioché cette idée dans mon adolescence, je pense.
C'était bien connu dans les années 60, il n'y avait pas spécialement Ã
chercher pour que cela vienne à l'esprit. Je pense à la chanson de Tom
Lehrer "Werner von Braun":
I send rockets up, but where they come down
is not my department, says Werner von Braun
j'envoie des fusées , mais où elles tombent
n'est pas mon rayon , dit Werner von Braun.
Beaucoup de gens ont entendu cette chanson.
TV: Et, peut être plus intéressant, comment combiner vous les deux, le
hacking qui est intense et intéressant, et le travail éthique du monde
réel, qui est souvent ténu et ennuyeux ?
RMS: Ici, vous semblez assumer que le haking n'est ni éthique ni le monde
réel. Je suis en désaccord avec ces deux assomptions. Ainsi, quelques
parties du dévelopement et de l'éditions d'un programme fonctionnel sont
ténues : elles ne sont pas vraiment ennuyeuses, elles sont frustrantes. Mais
des milliers de hackers dans la communauté du logiciel libre réalisent ces
tâches afin de sortir des logiciels libres fonctionnels et fiables.
TV : Je pense que c'est assez commun dans les champs tels que l'ordinateur,
la physique, les mathématiques, la philosophie , où l'austérité et la
pureté du formalisme donne un plaisir intense de forme "non-terrestre". Y
a-t-il un lien ? doit-il y en voir un ? Et comment relier vous les deux ?
RMS: Y a-t-il un lien entre le plaisir des pures mathématiques et le reste
de la vie ? Non, je vois peu de connection et pourquoi en faudrait il une ?
J'adore les dances populaires , autant que les mathématiques pures. Il n'y a
que peu de lien entre ces plaisirs et le reste de ce que je fais. Pourquoi
devrait il en être ainsi ? Ils sont tous deux innocents. Y a-t-il un "trou"
que je doive "combler" ?
NDT:
(1) MIT = Masachussetts Institut of Technologie = Institut Technologique du
Masachussetts
(2) Palindrome = Mot ou groupe de mots pouvant être lu de gauche à droite
et vice versa.
(3) hack = bidouille, bricole ingénieuse.
(4) Incompatible Timesharing System (ITS): Système incompatible à temps
partagé nommé ainsi par les hackers en opposition avec le CTSS (compatible
Time Sharing System), autre système d'exploitation utilisé au MIT.
(5) A.I. lab. = Artificial Intelligency Lab. = Laboratoire d'intelligence
artificielle
(6) hackerism = acte d'hacker, faire un hack.
(7) OMC = Organisation Mondiale du Commerce. En anglais , World Trade
Organization (WTO)
FMI = Fond Monétaire International. En anglais, International Monetary
Fund.
(8) Copyleft = terme inventé en opposition à Copyright ( droit d'auteur ),
parfois traduit par "gauche d'auteur".
(9) Quadrille = danse de bal en vogue du début du XIXème à la première
guerre mondiale
Observations :
1)fautes de typo dans l'original : corrections en majuscule
-Now, if one wants to avoid the negative consequences of the profit-orieNted
business
-TV: Now, from a historical and philosophical perspective it seems that many
a good invention or technological advance has resulted in the inteNsification
of colonialization
-TV: I was just thinking of the fact that in a small langUAge area something
like copyrights actually do some good for creative work.
-TV: How is ethICAl âworkâ best done? It seems that you often invoke
teachers like Buddha or Jesus as examples of a ethical way of life,
-TV: And, maybe most interestiNgly, how do you combine the two, the hacking
that is intense and interesting and the ethical real-world work, that is
often tenuous and boring?
2) "hackerism" = je vois pas comment traduire cela , j'aurais tendance Ã
conserver l'original ou éventuellement le transformer en "hackerisme".
3) "and do forth" = je ne suis pas certain à 100 % d'avoir compris le sens
de l'expression.
L'interviewer a parfois un style ambigü !
4)"Proprietary" le retour ! cette fois accompagnant mindset = mentalité , je
l'ai traduit pas mentalité de marque, y ajoutant la précision "commerciale".
5)"colonialization" : ce terme me laisse perplexe , il n'existe pas en
anglais/ américain , tout comme effectivization d'ailleurs.
TEXTE ORIGINAL
The Hacker Community and Ethics: An Interview with Richard M. Stallman, 2002
by Richard Stallman
Published in Finnish in Tere Vadén & Richard M. Stallman: Koodi vapaaksi -
Hakkerietiikan vaativuus, Tampere University Press. 2002, sivut 62-80.
Hackerism
Tere Vadén (TV): One of the most striking features of your approach to the
issues of technology and software and so on is that you consider ethical and
social matters more important than possible technological advantages. While
that maybe should be the norm, it unfortunately is not so. The main issues
seems to be one of community; what kinds of communities different ways of
using technology promote. Am I guessing right if I believe that you are
thinking off ethical issues in terms of communities?
Richard M. Stallman (RMS): Yes. The way I reached my conclusions about which
freedoms are essential for using software, and which kinds of license
requirements are acceptable, is by thinking about whether they would
interfere with the kinds of use of the software that are necessary to have a
functioning community.
TV: The idea of free software was born out of your experiences at MIT, and
how that community was infiltrated and in some sense destroyed by commercial
interests.
RMS: Yes, that is correct. The hackers really enjoyed the freedom to share
and change software; that was the basis for our free-wheeling community.
TV: What does the word âhackerâ mean to you, personally?
RMS: It means someone who enjoys playful cleverness, especially in
programming but other media are also possible. In the 14th century, Guillaume
de Machaut wrote a palindromic three-part musical composition. It sounded
good, tooâI think I played in it once, because I still remember one of the
parts. I think that was a good hack. I heard somewhere that J. S. Bach did
something similar.
One possible arena for playful cleverness is breaking security. Hackers never
had much respect for bureaucratic restrictions. If the computer was sitting
idle because the administrators wouldn't let them use it, they would
sometimes figure out how to bypass the obstacles and use it anyway. If this
required cleverness, it would be fun in itself, as well as making it possible
to do other hacking (for instance, useful work) on the computer instead of
twiddling one's thumbs. But not all hackers did security breaking. Many never
were interested in that.
On the Incompatible Timesharing System , the operating system developed by
the AI lab's hackers, we made it unnecessary to break security: we simply did
not implement security in the system. The hackers realized that security
would be a mechanism for the administrators to dominate us. So we never game
them the means.
TV: How about the concepts of freedom and community? There's this idea that
freedom to distribute ideas, thoughts, recipes and software creates the best
kinds of communities or at least better than those based on commercial
limitations on distribution and sharing.
RMS: I think it is a mistake to label these restrictions as âcommercialâ,
because that pertains to the motive for the restrictions. The same
restrictions, if imposed for a different motive, would do the same harm. What
matters is the restrictions, not the motive. Commercial software can be free
or non-free, just as noncommercial software can be free or non-free. It only
depends on the license.
TV: How would you delineate the distinction between the public (communal,
freedom-based) and the commercial spheres?
RMS: Comparing free with commercial is like comparing happiness with purple.
It doesn't make sense, because they are not answers to the same question.
They are not alternatives. The meaningful comparison is between free and
non-free software.
TV: It seems that the distinction between âopen sourceâ and âfree
softwareâ is that the open source movement ultimately justifies the idea on
utilitarian grounds; open source is the best way of producing functional
software; while the ultimate justification for free software is
non-calculative, non-utilitarian; freedom is unviolable. Is that a correct
interpretation?
RMS: More or less. I would say that freedom has value in itself, just as
powerful reliable software does.
TV: But isn't there a problem here; one of the utilitarian calculations of
âopen sourceâ is that it is more profitable â in the sense of making
more money or making better softaware â to use an open source license than
a copyleft license. A company like Apple or Nokia will adapt open source up
to point, precisely the point where making it more free would turn the
profitability down.
RMS: I agree that it is wrong for these decisions (about your freedom and
mine) to be made by the software developer for the sake of his profit, just
as the decision about whether you and I have freedom of speech should not be
made by some third party for his own interests.
I am not going to condemn someone who does the right thing for the wrong
reason, but it is true that relying on people to respect our freedom because
it is profitable for them to do so is not a reliable system for protecting
our freedom. This is the reason why we must reduce the political power of
business.
TV: The argument that a company would use, of course, is that the profit it
creates ultimately benefits the whole society. How would you respond to that?
RMS: That is a claim with no basis. A non-free program can only benefit those
who don't value their freedom, and thus serves as a temptation for people to
give up their freedom. That is harmful to society.
TV: There is also this question of individual/private vs public/communal
here. It is often in the interests of the individual to do something that
threatens the community, threatens freedom.
RMS: I know. This is why we need to think about right and wrong in making our
decisions, and also the reason why societies have a notion of punishing
actions that hurt the community.
TV: Now, somebody like Torvalds â and we don't necessarily have to use any
names here â would probably share your enthusiasm about hackerism in the
sense of playful cleverness, and would take that playful cleverness also to
the area of being clever in making money and enjoying the good life. Actually
that is what he hints at in a recent book called âThe Hacker Ethicsâ.
RMS: That is true. Just because someone enjoys hacking does not mean he has
an ethical commitment to treating other people properly. Some hackers care
about ethicsâI do, for instanceâbut that is not part of being a hacker,
it is a separate trait. Some stamp collectors care a lot about ethics, while
other stamp collectors don't. It is the same for hackers.
I agree with the person who said that there is no hacker ethic, but rather a
hacker aesthetic.
TV: Now, if one wants to avoid the negative consequences of the
profit-orieted business, it feels that one has to give the individual a good
reason for not looking after only his or her own best. And that something,
that reason, might be something in the public sphere.
RMS: Of courseâbut why are you treating this as if it were a new idea that
can only be hinted at. This idea is thousands of years old. This is the basic
idea of ethics.
TV: The question about hacker aesthetics â as you explained, there is no
special hacker ethics, because a hacker can act ethically or unethically and
nothing in hackerism itself necessitates ethical behaviour.
RMS: Hacking is not primarily about an ethical issue. It is an idea of what
makes life meaningful. But he may be right that hacking tends to lead a
significant number of hackers to think about ethical questions in a certain
way. I would not want to completely deny all connection between hacking and
views on ethics.
Although someone said that there was a hacker aesthetic rather than a hacker
ethic, I think âaestheticâ is not quite the right word either. An
aesthetic is an idea of what is beautiful. This is an idea of what is
exciting and meaningful. Is there a word for that? I can think of âthe
hacker wayâ, but that sounds rather pompous and new-age.
Community
TV: Now that brings to mind several questions. For the first, one could maybe
inquire after an ideal society or do forth, but let's leave that for the
moment.
RMS: I approach these issues incrementally. I don't think I could try to
design an ideal society and have any confidence in the conclusion. Attempts
to propose a society quite different from the ones we know often tend to be
disastrously flawed. So instead I propose local changes which I have some
reason to believe are good. Note that I didn't imagine the free software
community on my ownâif I had, I would not be so confident it is a good
idea. I knew that from having tried it.
TV: Is there something that digitalization offers for community-building,
something that other media (like printed books) could not offer, or does
digitalization mean âjustâ and effectivization of existing means?
RMS: Computers and the web make it much easier to work collaboratively and
continuing to improve publications. I think that this will become even more
true in the future, as people develop better ways to do it. The proprietary
mindset might as well be precisely calculated to deprive us of this benefit
of the Internet.
TV: Now, from a historical and philosophical perspective it seems that many a
good invention or technological advance has resulted in the intesification of
colonialization
RMS: In general, technology is a good thing, and we shouldn't turn it down.
Technology tends to cause cultural change. This is not necessarily a bad
thing, and we should not condemn it in a blanket fashion. There are just
certain specific kinds of cultural change that we need to oppose.
TV: I do not necessarily want to get stuck on this public/commercial issue,
but if we say that we need communal agreements, values and systems that tone
down the selfishness of the individual, and we say that the commercial world
systematically has a tendency to promote selfishness, then I guess we have to
conclude that there is a crucial distinction between the communal and the
commercial?
RMS: I would agree. One person can belong to a community and work in a
business at the same time. Nevertheless, there is a fundamental conflict
between the communitarian attitude and the commercial attitude. I would not
say that the communitarian attitude is good and the commercial attitude is
bad. It makes no sense to aim to eliminate the commercial attitude, because
that is simply selfishness, and selfishness is vital. People must be selfish
to a certain extent, just as they ought to be altruistic to a certain extent.
To abolish selfishness would not make sense, even if it were possible.
TV: I mean, in many ways one could say that the communities in the
post-industrial countries these days are based on commercialism, i.e., people
get together, work, communicate etc. mostly because of commercial reasons.
RMS: This is a rather weak and ineffective kind of community, hardly worthy
of the name.
TV: And, furthermore, like you know, the research and university community is
also very tightly bound to the economical interests of the nations states and
of the companies,
RMS: Universities ought to resist being turned to commercial purposes, for
the sake of their integrity. They have failed to resist. People will always
be partly selfish; to keep selfishness from engulfing society, we need
unselfish institutions such as universities and democratic governments to
balance the selfishness and put a check on it. The problem today is that
organized selfishness is taking over society, crushing the other institutions
that were designed to put a check on it.
TV: But, the counter argument goes, a free market economy that seeks to
maximize profit, is the only way of producing wealth and functioning
democratic communities.
RMS: The free software community shows, as cooperatives in Sweden showed,
that this is not true. There are other ways of producing wealth. But beyond
that, producing wealth is not the be-all and end-all of a good society. There
is no need to bend every aspect of life to maximizing the total wealth. The
idea of sacrificing everything else to the production of wealthâregardless
of who gets to share in it!âis exactly what's wrong with the WTO. As for
producing functioning democratic communities, allowing commerce to dominate
not only fails to do that, it is directly antagonistic to that.
TV: If ethics applies to everyone, and ethics is based on community, does
this mean that there is an ideal community to which everyone should belong?
RMS: I don't think that follows.
Copyleft
TV: The concept of copyleft is a brilliant tool for the communal purposes.
Could you tell a little on how you arrived at the idea?
RMS: I had seen simple notices of the form âverbatim copying permitted
provided this notice is preservedâ, and investigated extending this to
handle modification as well.
TV: Let's take a case here. I can see that a free software developer might be
able to make a living by doing free software, because people would pay for
the software, pay for the manuals, pay for the joy of being a part of the
community, and so on. I don't think that is impossible. The same might go for
certain musicians, even scientists and so on. But howabout a writer, a poet,
even a musician that works in a very limited language area â say, Finnish.
Making free software or free music or free poetry will not be a viable
option, because the community is too small to support that kind of activity.
RMS: The current system does rather a bad job of supporting these activities.
To replace it with nothing at all would not make things much worse for these
people. However, I think that voluntary methods of support could do just as
good a job as the present systemâmaybe better.
TV: This seems to lead to some kind of âamericanizationâ or
âanglizationâ.
RMS: You can't be serious, can you? Don't you realize that the
media-copyright complex is fueling the americanization of culture around the
world? Disconnecting that complex would do a lot to improve the situation.
TV: I was just thinking of the fact that in a small langauge area something
like copyrights actually do some good for creative work.
RMS: Not much good, though. How many Finnish writers make a living from
copyright today? Note that I don't advocate the simple and total abolition of
copyright for all kinds of works. See my speech, Copyright and Globalization.
Globalization
TV: You have touched on some issues of globalization is some recent
interviews. One of the problems is that copyright laws put many third world
countries in an unfavourable position. Do you think that those countries
should not follow the copyright laws?
RMS: The US when it was a developing country did not recognize foreign
copyrights. So why should anyone else? Of course, we know the reason why: it
is part of a system of economic domination that the wealthiest business
owners have imposed on the rest of the world.
TV: And, furthermore, could one see this issue also in terms of communities?
If I remember correctly, you have said that globalization in the economic
sense does not seem to be a good way of promoting or distributing well-being.
RMS: There is nothing wrong with globalization in the abstract. What makes
today's form of globalization so bad is not really the global aspect of it.
It is that the WTO/IMF system subordinates all other interests to the
interests of business. Laws to protect the environment, public health,
workers' rights, and the general standard of living, are regularly swept
aside. The result is a major transfer of wealth from most people to business
owners. Paradoxically, it seems to be accompanied by reduced growth as well.
The best way to understand today's âglobalizationâ is as a system to
transfer power from democratic governments to business, which only
incidentally happens to be global. Elimination of trade barriers could be a
good thing if accompanied by global labor standards, global environmental
standards, global health care, a global minimum wage (even if not uniform),
and global income taxes. If these were enforced world-wide with the same
energy that the US pressures countries to use for copyright enforcement, we
could have global trade, clean factories, and high wages. The world-wide free
software community is an example of beneficial globalization: people share
knowledge with the whole world.
Ethics
TV: How is ethcial âworkâ best done? It seems that you often invoke
teachers like Buddha or Jesus as examples of a ethical way of life,
RMS: I never invoke Jesus. I am not a Christian and I don't especially admire
Jesus. I admire Buddha somewhat more, but I don't invoke any teacher or hero
as an authority, only perhaps as an example.
TV: It is also clear that one of the fascinating and influential features of
your work is that you live as you teach. Is that a conscious decision in the
sense that you think that ethics is something that can be taught best through
example?
RMS: Not at all. I do write about my ethical ideas, and I would like to do it
more and better if I could. Of course, it is necessary to live in conformity
with one's principles, or one is a hypocrite and people can see that.
TV: If we say that the reason for ethical behaviour must be given in the
public sphere, let's say through a social contract or something similar, and
if we at the same time notice that the economical/commercial sphere is driven
by âmaximum profitâ-type of principles, then we have to have some sort of
separation between the public and the commercial world.
RMS: I don't follow this reasoningâI see no separation. Ethics applies to
everyone, and the whole point of ethics is that some things you might
selfishly wish to do are wrong, so you may not do them. This applies to group
selfishness just as as to personal selfishness.
TV: ⦠and then the commercial world would be something that almost by
necessity corrupts the idea of freedom.
RMS: Business does have that tendency. Corporations provide a mechanism to
distill the selfishness out of people who, as individuals, are partly selfish
but also have ethics to limit their selfishness. The result is selfishness
that can often be unchecked by any ethics. To change this will require taking
away the power of global business over governments.
TV: Reading Steven Levy's Hackers once again, I was struck by one issue: the
hackers as displayed in the book are mostly concerned with the hacker ethic
in so far as it concerns âtools to make toolsâ.
TV: Levy is not too hard on the point, but the unscrupulousness with which
the early MIT hackers accepted the Department of Defence funding is a case in
point.
RMS: Some of the hackers were uncomfortable with DoD funding at the time, but
they did not go so far as to rebel against it (by quitting, say). I disagreed
with them I don't think it was wrong to accept that funding, and I did not
think it wrong at the time. Corporate funding is far more dangerous.
So I would not call them unscrupulous for having accepted this funding.
TV: This reminds of the âinstrumental rationalityâ that the Frankfurt
school of critical theorists talked about; rationality that pertains to
tools, but not goals.
RMS: Engineers of all kinds are famous for this; I am not sure it is more
true of hackers than others.
TV: So, this brings me to the question, if ethics is about goals and about
content, what exactly is the society or community that Free Software promotes?
RMS: My goal is that we help each other to live better together. Advancing
human knowledge is a part of this; making sure it is available to everyone is
a part of this; encouraging the spirit of cooperation is a part of this.
Those goals apply to various parts of life, but in the area of software they
direct one towards free software.
TV: When and how did you notice that the Tools to Make Tools-attitude is not
enough?
RMS: That just tools without thinking of what to do with them is one I picked
up this idea in my teens, I think. It was well known in the 60s; one did not
have to be especially searching to happen across it then. I think of the Tom
Lehrer song, âWerner von Braunâ:
I send rockets up, but where they come down
is not my department, says Werner von Braun.
Lots of people heard this song.
TV: And, maybe most interestigly, how do you combine the two, the hacking
that is intense and interesting and the ethical real-world work, that is
often tenuous and boring?
RMS: Here you seem to assume that hacking is neither ethical nor real-world.
I disagree with both assumptions. By the way, some parts of developing and
releasing a working program are tedious; they are not merely boring, they are
frustrating. But hackers by the thousands in the free software community do
these tasks in order to release working and reliable free software.
TV: I think this is even quite common in fields like computer science,
physics, mathematics, philosophy, where the austerity and purity of the
formalism give an intense pleasure of a ânon-earthlyâ kind. Is there a
link? Should there be? And how do you bridge the two?
RMS: Is there a link between the pleasure of pure math and the rest of life?
No, I see very little connection, and why should there be one?
I enjoy folk dancing, as well as pure math. There is very little link between
either of those pleasures and the rest of what I do. Why should there be?
They are both harmless. Is there a âgapâ that I need to âbridgeâ?
- Traduction rms-hack.html, Claude Le Paih, 13/06/2008
- Re: [TRAD GNU] Traduction rms-hack.html, Cédric Corazza, 13/06/2008
- Re: [TRAD GNU] Traduction rms-hack.html, Cédric Corazza, 14/06/2008
- Re: [TRAD GNU] Traduction rms-hack.html, Marc Chauvet, 15/06/2008
- Re: [TRAD GNU] Traduction rms-hack.html, Claude Le Paih, 17/06/2008
- Re: [TRAD GNU] Traduction rms-hack.html, Claude Le Paih, 17/06/2008
- Re: [TRAD GNU] Traduction rms-hack.html, Cédric Corazza, 23/06/2008
- Re: [TRAD GNU] Traduction rms-hack.html, Marc Chauvet, 15/06/2008
- Re: [TRAD GNU] Traduction rms-hack.html, Cédric Corazza, 14/06/2008
- Re: [TRAD GNU] Traduction rms-hack.html, Cédric Corazza, 13/06/2008
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