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educ - Re: [EDUC] Dassault Systèmes prudent sur ses objectifs 2009

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Dassault Systèmes prudent sur ses objectifs 2009


Chronologique Discussions 
  • From: "Séverin Lemaignan" <skadge AT gmail.com>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Dassault Systèmes prudent sur ses objectifs 2009
  • Date: Thu, 20 Nov 2008 23:58:40 +0100
  • Domainkey-signature: a=rsa-sha1; c=nofws; d=gmail.com; s=gamma; h=message-id:date:from:to:subject:in-reply-to:mime-version :content-type:content-transfer-encoding:content-disposition :references; b=VfmoCBUUyHlBPFD90CqM4UKvPIFcVzWpkrlfGsbXUOjt1SDcEmKW+5qE7/PYyWoSQX LO+m6AzXq/Ymkm+PvB9Ozaw8v1D17tKG1Y8Nlqu25BYuh/SAU8k+ZqcS4g5dj0Ra3//x 6InwWYfx6E6ZmdLnM6Qx3ab2Z8K1D4ZN6fR2w=

Salut !

Je me sens obligé de réagir : ton discours, Patrice, reflète pour moi
les mauvais côtés du Libre. Nous sommes beaucoup, un peu obnubilés par
notre désir de promouvoir le libre, à faire preuve si ce n'est de
mauvaise foi, du moins d'un manque complet d'objectivité. Et
franchement, ça finit par coûter très cher à notre cause et à notre
crédibilité.

Pour dire les choses clairement, dans le domaine de la CAO, les
"mastodontes privateurs monopolistiques", comme tu les appelles avec
un grand sens de la nuance, sont des outils issus de dizaines d'années
de développement, et de véritable bijoux logiciels pour certains
d'entre eux (CATIA par exemple). Tu dis qu'ils reposent parfois sur
des "données métiers soigneusement vérouillées". Je t'en prie, donne
nous des exemples. Je vois vraiment pas ce qui est verrouillé dans ce
domaine. Les grands formats d'échange de données (STEP, IGES...) sont
des standards ouverts, et après...

En CAO, c'est simple, il n'y a pas d'équivalent qui arrive à la
cheville en terme d'ergonomie et de performance (mais si, mais si,
contrairement à ce que tu sembles affirmer, ces mots existent, veulent
dire quelque chose, sont importants et peuvent faire défaut à certains
logiciels, libre ou non) aux solutions propriétaires.

Comme le disait à juste titre Philippe-Charles, les performances, à
l'école, c'est pas un critère essentiel, mais l'ergonomie, si. Et
l'ergonomie, ce n'est en aucun cas un critère subjectif. C'est une
science plutôt précise (ça s'apprend à l'université...), et ça demande
des compétences et bcp de temps pour l'implémenter correctement dans
des logiciels. Et ce temps, cette compétence qui sont en générale pas
très valorisantes pour les développeurs, font souvent défaut dans aux
logiciels libres (pas tous ! Firefox est un bon exemple d'application
avec une excellente ergonomie. Mais OpenOffice, par exemple, est une
véritable catastrophe. on pourrait en discuter longuement, mais ce
n'est pas le moment). Conclusion : nombreux sont les équivalents
libres à des logiciels propriétaires qui ne sont pas vraiment
utilisable à l'école. Les étudiants sont là pour apprendre à faire des
choses avec leurs logiciels, pas pour apprendre à comprendre une
interface trop mal ficelée.

Après tu dis : "la constitution d'alternatives libres (souvent
absentes au temps présent) nécessiterait un effort de développement
très lourd de la part d'une communauté de libristes forcément à
l'échelle du marché, donc petite". Revenons à la CAO et à Salomé, dont
parlait Philippe-Charles. Salomé : un outil open-source, réalisé par
EDF et un consortium, OpenCascade, piloté essentiellement par Areva,
avec comme clients et partenaires une dizaine d'autres grosses boites
françaises et européennes. C'est un outil extrêmement pointu (écrit à
l'origine pour tester la résistance à l'usure des réacteurs
nucléaires) et s'ils ont récemment intégré un modeleur 3D, c'est avant
tout un outil qui sert à faire de la simulation par éléments finis.
Pour résumer, un outil haut de gamme, extrêmement puissant et très peu
ergonomique (ils le disent eux-même, même si ça s'arrange). Pourquoi
c'est open-source ? probablement parce que EDF n'avait pas l'intention
de faire de l'argent avec (merci le service public) et qu'ils
n'avaient rien à perdre et tout à gagner à l'ouvrir au plus grand
nombre. Mais on est en aucun cas dans la situation d'une petite
communauté de libriste militante. Le développement du libre, ces
toutes dernières années, est largement sorti des sillons "GNU" des
origines, et il faut bien voir ce que l'on cherche en disant "logiciel
libre ou rien". Un autre exemple du même genre, dans le domaine
scientifique, c'est Scilab. Outil de haut vol, très proche au niveau
fonctionnel de MatLab, et open-source parce que réalisé par un labo
public (l'INRIA) et parce que c'était le seul moyen d'avoir un impact
face à la domination de MatLab. Mais il ne faut pas croire que ces les
valeurs d'un Richard Stallman qui anime la majorité de l'équipe qui
effectue le développement.

Pour résumer le message : arrêtons de dire que la seule raison pour
laquelle le monde entier, et l'éduc nationale en particulier, ne passe
pas au libre, c'est à cause du "complot" des grands éditeurs de
logiciels, que ces grands industriels ne font que de la merde (en tant
que libriste depuis des années, je me sens bien placé pour dire que
Word 2007, par exemple, que j'ai eu l'occasion d'essayer récemment,
est un vrai bonheur à utiliser, et que je rêverai d'avoir une appli
libre équivalente sous Linux), et que le logiciel libre est
merveilleux et parfait, et que c'est uniquement parce qu'il y a les
méchants lobby qui font pression, que les gens ne sont pas tous sous
Linux.
La vérité, c'est que la grande majorité des logiciels libres ne sont
pas assez aboutis, en tout cas pas au point qu'un enseignant
"normalement constitué" puisse se sentir suffisamment à l'aise et en
confiance avec pour travailler avec des enfants, et que la motivation
à passer au libre doit être la prise de conscience des enjeux et des
conséquences sociales de l'informatique, et le ralliement à leurs
valeurs, bien plus qu'un dénigrement puéril et stérile de ce que font
les autres.

Je pense que les logiciel libre ont plus que leur place à l'école de
part ces valeurs de partage, d'accès complet à la connaissance, de
collaboration, de bien public qu'ils véhiculent, et c'est ces
aspects-là que je veux personnellement défendre, parce que c'est ces
aspects-là que je crois importants.
Maintenant, si je suis devant une classe avec le choix entre qcad,
Salomé et SolidWorks pour faire comprendre à des élèves ce qu'est la
conception et la création de pièces, je n'hésite pas 30ans, et
j'utilise SolidWorks.

Bonne soirée à tous,
Séverin



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