Re: [EDUC] Dassault Systèmes prudent sur ses objectifs 2009

["Séverin Lemaignan" <skadge AT gmail.com>]

Salut !

> Question naïve. Peux-tu en dire plus sur ces standards ouverts ?
> Pourquoi dans ce cas, devrait-on en ce qui concerne Solidworks passer par
> une visionneuse accessible sur le seul navigateur Internet Explorer ?

Parce que, malheureusement, avoir un format ouvert ne garantit pas
d'avoir un outil ouvert pour le lire. Mais (sauf erreur de ma part),
tu peux exporter depuis SolidWorks vers du X3D ou du VRML que tu peux
afficher dans tous les navigateurs via des plugins libres, non ?
De même (ça fait lontemps que je n'ai pas lancé SolidWorks, donc tu me
reprendras peut-être), tu dois pouvoir exporter vers du Collada,
format ouvert et super moderne qui est visualisable et modifiable par
bcp d'application, en particulier, dans le monde de la 3D libre,
Blender.

> Sur la plan pédagogique, personnellement je trouve que c'est un vrai fiasco.

Ca, je ne le conteste pas, au contraire :-) Mais y a t'il des
alternatives crédibles ? tu dis utiliser Salomé. Est-ce meilleur d'un
point de vue pédagogique ? je ne m'en suis jamais servi directement,
mais vu ce que les gens qui travaillent avec en dise, j'avais des
doutes. Ton retour d'expérience m'intéresse !


> Certains mômes de cinquième ont déjà énormément de mal à comprendre la
> notion d'échelle. Certains, même dans les milieux dits hyper-privilégies, ne
> maîtrisent pas totalement le système métrique, et on leur demande de passer
> à une autre dimension : la pixellisation.

Tout le monde devrait faire du CabriGéomètre ou DrGeo :-)


> L'enseignement des "notions" informatiques y est proscrit et a été rayé des
> programmes. La technologie en collège participe donc de l'illettrisme
> technologique. Et quand tu dis qu'il n'y a pas de 'complot', j'en doute,
> sans pour autant être parano.

"Faites de bon travailleurs, pas des gens intelligents"
Je suis complètement d'accord avec toi.

> OpenOffice est un outil pédagogique fantastique en ce qu'il est plus
> efficient que Word pour apprendre aux élèves à séparer la forme des
> contenus. Il permet donc de dégager deux notions, celle de l'organisation
> arborescente des données que les élèves peuvent retrouver dans une carte
> heuristique, un système de fichiers, une table des matières, etc ; et celle
> citée précédemment qu'ils pourront transférer en apprenant le LaTeX , les
> feuilles de style CSS, etc.

La notion de séparation forme/fond est quelque chose d'essentiel pour
la structuration générale de la production écrite des jeunes. Il se
peut qu'OpenOffice soit légèrement plus explicite que Word (du moins,
les versions plus anciennes de Word) dans ce domaine parce que son
ergonomie fait qu'on ne peut pas efficacement modifier l'apparence
d'un texte sans passer par les styles (en tout cas personnellement, si
j'utilise exclusivement les styles dans OpenOffice, c'est que je
n'arrive pas à faire autrement). Mais de là à dire que les styles sont
proprement implémentés dans OpenOffice...

Pour faire bien comprendre, aujourd'hui, à des jeunes, la distinction
entre fond et forme, je leur ferais sans doute faire des CSS,
effectivement. Il suffit d'aller faire un tour sur Zen Garden pour
comprendre l'enjeu et la puissance d'une séparation propre entre fond
et forme (et en plus, Zen Garden, c'est joli :-) ). Latex, c'est bien
(c'est mon "éditeur" de texte primaire aujourd'hui), mais légèrement
aride quand même :-).

En tout cas, moi je m'arrache les cheveux sur ce mastodonte qu'est
OpenOffice. Et j'ai pas envie de faire une formation pour utiliser
efficacement un traitement de texte.

> S'il n'y a pas complot, il y a des lobbies.
> A commencer par les éditeurs et leurs campagnes sous l'ère de Claude Allègre
> sur le prétendu photocopillage.
>
> En 2007, le CFC a perçu 36 millions d'Euros de redevances au titre de la
> reprographie et des copies électroniques.
> http://www.cfcopies.com/V2/cfc/home.php
>
> Et tous les établissements scolaires de France et de Navarre contribuent.

Je suis d'accord. Il faut juste voir que la prise de conscience et les
débats autour des droits à la copie ou des licences ne s'est
cristallisé que très récemment, et j'ai l'impression que les mentalité
changent assez vite (ou plutôt, que ceux dont les mentalités ne
changent pas sont mis peu à peu sur le carreau).

>
> Je pourrais également évoquer la guerre déclenchée par le lobbye des
> éditeurs contre la CPU (Conférence des Présidents d'Université) qui,
> profitant des débats sur la DADVSI, réclamait des sommes astronomiques pour
> que les universités puissent avoir le droit de publier des thèses en ligne,
> sans oublier l'argumentaire sur la manque à gagner (j'ai pas le temps de
> chercher les références, mais je peux les mettre ce soir).

Oui, mais le résultat, c'est qe de projet comme HAL
http://hal.archives-ouvertes.fr/ (qui regroupe toutes les publications
du CNRS et autres établissements de recherche comme l'INRIA) existe et
se porte bien. Forcément, ça fait râler les gros éditeurs qui s'en
mettaient plein les fouilles pour quelque chose qui leur coûtait pas
cher. Je les comprends très bien, et je serais à leur place, je ferais
du lobbying aussi, j'imagine. M'empêche qu'aujourd'hui, c'est eux les
perdants (merci Google Scholar, au passage, qui rend accessible toutes
les publis hébergées sur les pages perso des chercheurs).

> PS : Pardonne ma véhémence, elle n'est pas dirigée contre toi mais contre un
> système.

Il faut juste être optimiste vis-à-vis de ce système. Il ne faut pas
lâcher la pression (et c'est pour ça qu'on est tous là, j'imagine),
mais les revendications que nous avons sont nouvelles pour bcp
d'acteurs du monde de l'éducation en particulier, et ils ont du mal
(ou ne veulent pas) s'adapter. Evidemment, l'illétrisme technologique
de nombre de nos dirigeant n'aide pas (qu'est ce que j'ai pu rire -
jaune - en écoutant Albanel parler de piratage), mais j'ai quand même
l'impression que des choses bougent, et bougent dans le sens que nous
souhaitons : faire de nos jeunes des humains qui comprennent les
enjeux technologiques auxquels ils font face et non des robots qui
obéissent parce ignorants qu'ils sont dans une caverne technologique
platonicienne :-)

Bonne journée à tous,
Séverin