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educ - Re: [EDUC] Dassault Systèmes prudent sur ses objectifs 2009

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Dassault Systèmes prudent sur ses objectifs 2009


Chronologique Discussions 
  • From: "Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Dassault Systèmes prudent sur ses objectifs 2009
  • Date: Fri, 21 Nov 2008 07:23:46 +0100
  • Organization: april AT april.org

Séverin Lemaignan a écrit :

Salut,
Salut !


Pour dire les choses clairement, dans le domaine de la CAO, les
"mastodontes privateurs monopolistiques", comme tu les appelles avec
un grand sens de la nuance, sont des outils issus de dizaines d'années
de développement, et de véritable bijoux logiciels pour certains
d'entre eux (CATIA par exemple). Tu dis qu'ils reposent parfois sur
des "données métiers soigneusement vérouillées". Je t'en prie, donne
nous des exemples. Je vois vraiment pas ce qui est verrouillé dans ce
domaine. Les grands formats d'échange de données (STEP, IGES...) sont
des standards ouverts, et après...
Question naïve. Peux-tu en dire plus sur ces standards ouverts ?
Pourquoi dans ce cas, devrait-on en ce qui concerne Solidworks passer par une visionneuse accessible sur le seul navigateur Internet Explorer ?

D'après ce que j'ai pu comprendre, si l'on "recommande" fortement l'usage de Solidworks pour les enseignants, aucun programme ne le prescrit noir sur blanc pour les élèves, si ce n'est peut être en troisième. A la suite de l'accord cadre avec l'éducation nationale, Dassault Systèmes/Solidworks offre "gratuitement" une licence aux enseignants, mais sous condition me semble-t-il d'achat de licences pour les établissements que les élèves n'utiliseront pratiquement pas. Ce qui est demandé c'est la lecture des différentes pièces sur la visionneuse Edrawing.

Sur la plan pédagogique, personnellement je trouve que c'est un vrai fiasco.

Certains mômes de cinquième ont déjà énormément de mal à comprendre la notion d'échelle. Certains, même dans les milieux dits hyper-privilégies, ne maîtrisent pas totalement le système métrique, et on leur demande de passer à une autre dimension : la pixellisation.

Si l'on considère que la Technologie n'est pas une discipline, mais une méta-discipline, toujours en interaction avec les autres ; alors, l'apprentissage des bases du dessin technique à la main, la projection orthogonale, devraient logiquement être enseignées avant de passer à un modeleur 3D.

Alors même que de nombreux jeunes adolescents ont du mal à se repérer dans l'espace on les plonge dans une virtualisation.

Les nouveaux programmes de Technologie en collège, tout en s'inscrivant dans le simulacres des TICE comme image du modernisme, sont dans une totale régression épistémologique et obscurantiste en affirmant que la technologie c'est l'étude des objets techniques. Les logiciels qui mériteraient d'être étudiés comme objets technologiques sont considérés comme des outils. Point barre.

L'enseignement des "notions" informatiques y est proscrit et a été rayé des programmes. La technologie en collège participe donc de l'illettrisme technologique. Et quand tu dis qu'il n'y a pas de 'complot', j'en doute, sans pour autant être parano.


Comme le disait à juste titre Philippe-Charles, les performances, à
l'école, c'est pas un critère essentiel, mais l'ergonomie, si. Et
l'ergonomie, ce n'est en aucun cas un critère subjectif. C'est une
science plutôt précise (ça s'apprend à l'université...), et ça demande
des compétences et bcp de temps pour l'implémenter correctement dans
des logiciels. Et ce temps, cette compétence qui sont en générale pas
très valorisantes pour les développeurs, font souvent défaut dans aux
logiciels libres (pas tous ! Firefox est un bon exemple d'application
avec une excellente ergonomie. Mais OpenOffice, par exemple, est une
véritable catastrophe. on pourrait en discuter longuement, mais ce
n'est pas le moment). Conclusion : nombreux sont les équivalents
libres à des logiciels propriétaires qui ne sont pas vraiment
utilisable à l'école. Les étudiants sont là pour apprendre à faire des
choses avec leurs logiciels, pas pour apprendre à comprendre une
interface trop mal ficelée.

OpenOffice est un outil pédagogique fantastique en ce qu'il est plus efficient que Word pour apprendre aux élèves à séparer la forme des contenus. Il permet donc de dégager deux notions, celle de l'organisation arborescente des données que les élèves peuvent retrouver dans une carte heuristique, un système de fichiers, une table des matières, etc ; et celle citée précédemment qu'ils pourront transférer en apprenant le LaTeX , les feuilles de style CSS, etc.

Pour résumer le message : arrêtons de dire que la seule raison pour
laquelle le monde entier, et l'éduc nationale en particulier, ne passe
pas au libre, c'est à cause du "complot" des grands éditeurs de
logiciels, que ces grands industriels ne font que de la merde (en tant
que libriste depuis des années, je me sens bien placé pour dire que
Word 2007, par exemple, que j'ai eu l'occasion d'essayer récemment,
est un vrai bonheur à utiliser, et que je rêverai d'avoir une appli
libre équivalente sous Linux), et que le logiciel libre est
merveilleux et parfait, et que c'est uniquement parce qu'il y a les
méchants lobby qui font pression, que les gens ne sont pas tous sous
Linux.
S'il n'y a pas complot, il y a des lobbies.
A commencer par les éditeurs et leurs campagnes sous l'ère de Claude Allègre sur le prétendu photocopillage.

En 2007, le CFC a perçu 36 millions d'Euros de redevances au titre de la reprographie et des copies électroniques.
http://www.cfcopies.com/V2/cfc/home.php

Et tous les établissements scolaires de France et de Navarre contribuent.

Je pourrais également évoquer la guerre déclenchée par le lobbye des éditeurs contre la CPU (Conférence des Présidents d'Université) qui, profitant des débats sur la DADVSI, réclamait des sommes astronomiques pour que les universités puissent avoir le droit de publier des thèses en ligne, sans oublier l'argumentaire sur la manque à gagner (j'ai pas le temps de chercher les références, mais je peux les mettre ce soir).

Je pourrais évoquer l'exception pédagogique, pourtant inscrite dans la Directive EUCD, que Donnedieu de Vabres s'obstinait à refuser. Il a fallu pour qu'elle soit votée au Sénat que certains enseignants-chercheurs et étudiants appellent à la désobéissance civile. La compensation offerte permet de financer des médias, dont les formats sont protégés par des DRM.

Je pourrais longtemps continuer cette liste, mais je dois aller travailler.

PS : Pardonne ma véhémence, elle n'est pas dirigée contre toi mais contre un système.

Amicalement Charlie




--
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