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educ - Re: [EDUC] Douze propositions pour l'école à l'ère numérique

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Douze propositions pour l'école à l'ère numérique


Chronologique Discussions 
  • From: Guyot <linux AT cvgg.org>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Douze propositions pour l'école à l'ère numérique
  • Date: Sat, 8 May 2010 20:14:22 +0200

Le Saturday 08 May 2010 16.10:43 Yves Combe, vous avez écrit :

Si je puis me permettre quelques commentaires :

Concernant le point 3, il faut remarquer l'importance du mot "collaboratif".
Mais, je pense qu'il est nécessaire aller encore plus loin, en suivant en
cela deux des principes du "Manifeste Agile" :

"Les meilleures architectures, spécifications et conceptions sont issues
d'équipes qui s'auto-organisent."

et mettre en avant

"l’interaction avec les personnes [plutôt] que les processus et les outils"
(toujours Agile)

Cela peut certes paraître renversant dans le monde de l'informatique, mais à
l'origine de ces principes se trouvant des programmeurs, il me semble que
cela doit être souligné dans ce cadre, dans celui de l'éducation et dans
celui de cette discussion.

Car avant le point 5 se trouve le point 4. La remarque ci-dessous pour le
point 5, que je trouve parfaitement justifiée, prend en effet un sens
particulier au point 4 ou il est question d'évaluation, dans les faits trop
souvent réalisée à sens unique, et d'un observatoire d'experts qui me semble
déjà bien éloigné d'équipes d'enseignants qui s'auto-organisent pour
construire de bonnes pratiques dans les TICE.

> > Point 5 : « La mise en oeuvre de dispositifs TICE efficaces ou innovants
> > est prise en compte dans l'évolution de la carrière des enseignants. »
>
> C'est n'importe quoi. Du grand n'importe quoi. D'abord parce que c'est
> déjà largement le cas à un point assez ridicule, ensuite parce que ça
> pose la question du comment on enseigne, qui relève de la liberté
> pédagogique de l'enseignant, en oubliant la question du contenu à
> enseigner. Et ça pose comme principe que pour être efficace, il faut
> utiliser les TICE, ce qui est extrêmement discutable et jamais discuté

Je suis parfaitement d'accord. Je dirais même : ce qui est faux.

Forcer les enseignants à utiliser l'ordinateur dans son enseignement est tout
simplement un acte de dogmatisme pédagogique. Lier "l'évolution de la
carrière des enseignants" à "la mise en oeuvre de dispositifs TICE" est
inadmissible. Cela contredit le point 1 qui stipule la liberté de ne pas les
utiliser.

> Que l'on se batte pour enseignement de l'informatique en tant que
> matière à enseigner, d'accord. Que l'on se batte pour une utilisation de
> l'informatique pour l'enseignement de chaque matière, non. C'est la
> liberté pédagogique de l'enseignant de choisir ses outils, il faut la
> lui laisser, pas lui créer des obligations. On n'est pas un mauvais
> enseignant parce qu'on préfère faire faire la géométrie sur feuille
> blanche plutôt qu'avec un logiciel de géométrie dynamique.

Nous avons en Suisse une expérience intéressante à ce sujet. La "nouvelle
maturité" (entendez un ensemble de principes définissant le cadre général des
études menant au bac) définie en Suisse, il y a une dizaine d'années, a posé
comme principe l'utilisation de l'informatique, au sens large, dans chaque
branches. Il s'agissait, sans contraintes, pour chaque professeur de faire
l'effort d'intégrer l'informatique dans son enseignement. Fort de ce
principe, des crédits importants pour des salles informatiques ont été
débloqués. Quelques années plus tard, de timides évaluations se sont faites
jour pour tenter de savoir dans quelle mesure ce coûteux matériel était
utilisé. Celles-ci n'ont jamais rendu leur résultats, mais les directions
nous disent aujourd'hui que ces salles sont sous-utilisées.

Les faits sont simples : la pluspart des enseignants n'ont pas besoin des
ordinateurs dans leur enseignement. Ils sont coûteux en temps, risqués dans
leur utilisation et peu efficaces quant au rendement pédagogique.

> Tu as raison, on n'est pas dans l'enseignement, mais dans le discours :
> "regardez je fais beucoup pour l'enseignement, j'oblige les enseignants
> à utiliser un ordinateur". Quand parle-t-on du contenu? Il ne suffit pas
> d'avoir des ordinateurs pour que les programmes soient cohérents.
>
> En 2000 on a publié la toute première version du B2i et obligé ainsi les
> collectivités à équiper les écoles et collèges. Pour quel résultat? Les
> evaluations de fin de primaire n'ont jamais montré l'ombre d'une
> évolution favorable. Des millions d'euros dépensés pour un résultat
> inexistant, il faut peut-être se poser la question qui fache: "ne
> feraient-on pas mieux d'arréter" ? La place de l'informatique dans le
> système éducatif ne peut pas être celle d'un outil qu'on utilise parce
> que ça fait bien, ça coûte trop cher à la collectivité pour cela.

Justement, peut-être faudrait il repenser à ce sujet le point 8 qui met en
avant le "développement et la maintenance" du réseau informatique. Comme je
l'ai dit, chez nous, il est sous utilisé (dans ses tâches éducatives). Or,
s'il n'est désormais plus question de vouloir augmenter le nombre de
machines, il n'a jamais été question de les diminuer. Au contraire, pour les
directions il est trop souvent dogmatiquement évident qu'il faut mettre à
jour leur parc. Sous Window$, mettre à jour signifie changer aussi les
machines car "elles ne fonctionnent plus très bien sous 7". La spirale est
alors nommée maintenance.

Au contraire, Je crois qu'il faut aujourd'hui avoir le courage de mettre en
avant une décroissance des parc informatique et de ce type de maintenance.
Une immense majorité des ordinateurs d'il y a quelques années sont
parfaitement suffisant pour ce qu'on en fait dans l'enseignement. Et pour en
faire la maintenance, il faut sérieusement réfléchir à des OS différents au
sein de l'informatique libre, des OS léger et spécialisés.


FInalement, contrairement à ce qui est écrit au point 9. la position d'Agile
évoquée comme point 2 ci-dessus, me semble bien plus justifiée. Faciliter la
liaison école-famille avec du travail distant est pour le moins un non-sens.

Et au point 10, "vaste support en ligne gratuit" me semble
insuffisant : "vaste support en ligne libre et gratuit" me semble nécessaire.

Amicalement.

Vincent Guyot
Enseignant (physique)
Lycée Blaise Cendrars
vincent AT cvgg.org
www.cvgg.org
www.informethics.org
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