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educ - Re: [EDUC] Parlons français

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Parlons français


Chronologique Discussions 
  • From: Nicolas George <ngeorge AT april.org>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Parlons français
  • Date: Wed, 28 Oct 2015 19:23:11 +0100

Le septidi 7 brumaire, an CCXXIV, cyberesprit a écrit :
> 1. « Mail » ne devrait pas se prononcer à l'anglaise car cette
> prononciation
> ne correspond pas au français.

Contrairement à une croyance répandue, l'écriture d'un mot ne donne pas sa
prononciation. Il y a un lien, évidemment, mais il est loin d'être parfait.
Il est meilleur en français qu'en anglais, mais moins bon qu'en allemand.
Par exemple, comment prononces-tu un mot qui se termine par « men » ? [mɛ̃]
comme dans examen, ou [mɛn] comme dans cérumen ?

Eh bien voilà, le mot français mail, qui veut dire courrier électronique,
s'écrit comme ça et se prononce comme un vague intermédiaire entre [mɛl] et
[mɛjl]. Ça ressemble un peu à la prononciation du mot anglais mail qui veut
dire courrier, mais ce n'est pas la même chose non plus. Ça n'est d'ailleurs
pas exceptionnel, comme prononciation, on a déjà cocktail, déjà largement
établi, qui se prononce de cette manière.

> Email est un mot français comme dans

Non, sans accent alors que les moyens techniques permettent de les mettre,
c'est une faute d'orthographe.

> Courriel
> est très bien adapté, contraction logique de courrier et électronique,
> facile
> à dire et à écrire, qui prend également sa place de plus en plus.

À mon sens, ce mot a le défaut de ressembler trop à courrier. Mais
clairement c'est une proposition moins catastrophique que la plupart des
autres propositions artificielles.

> 2. La plupart des mots « anglicistes » ont été inventés de toute pièce
> (comme
> beaucoup des mots de toutes les langues d'ailleurs) alors pourquoi en
> inventer
> d'autre est-il un problème ?

Le problème n'est pas d'inventer des mots, le problème est dans le fait de
chercher les imposer à la place d'autres mots. Les deux volets sont chacun
un problème en soi :

- À la place d'autres mots : comme s'il ne pouvait y avoir qu'un seul mot
pour désigner une notion. On peut parfaitement décider, pour soi-même,
d'utiliser « courrier électronique » en toute situation, ça n'oblige pas à
reprendre tout ceux qui ont choisi différemment.

- Les imposer : si le mot est bon, il s'imposera par ses qualités propres.
Chercher à imposer les mots d'autorité nuit à la langue.

Sans compter l'idée d'utiliser des mots déjà existants (« fouineur » !), qui
en plus des inconvénients ci-dessus a l'inconvénient de rende la langue
encore plus ambigüe.

> Qui plus est en suivant les logiques de la langue (écrit et prononcé).

Faux, justement. Ce que les créateurs de ces mots ont cherché à respecter,
c'est une sorte d'élégance de la langue qui n'existe que dans l'esprit de
certains grammairiens. Le mécanisme de formation des mots est bien plus
compliqué, les linguistes savent l'expliquer a posteriori mais pas le
prédire.

> 3. Dire que « mail » s'intègre bien est ambigu, car tout mot s'intègre
> grâce à
> l'habitude,

Pas seulement, non. Si c'était le cas, on mesurerait la mémoire en [bajt],
et pourtant c'est le mot octet qui s'est imposé, et qui arrive même à
supplanter l'original en anglais dans certains milieux.

> 4. Certains mots ne sont que des traductions pures et dures, comme « cloud
> »
> en « nuage », si vous êtes un anglais/américain, vous entendez « nuage » en
> disant « cloud », comme ceux du ciel.

C'est justement l'intérêt d'importer le mot plutôt que de le traduire. Si tu
dis « nuage » tout court, c'est ambigu, il faut compter au moins sur le
contexte pour être sûr qu'on ne parle pas des intempéries. Si tu dis [klud],
il n'y a pas d'ambiguïté. Ce n'est pas nouveau, pour un français, un
[ʃɔnɛn], c'est une bande dessinée de style japonais destinée plutôt à un
public adolescent masculin ; pour un japonais, c'est un garçon.

> SPAM => Pourriel (Pourri + Courriel)

Connais-tu l'étymologie du mot spam lui-même ? Comme c'était au départ un
nom de marque, il n'y a aucune raison de le considérer comme un mot d'une
certaine langue plutôt qu'une autre.

(D'accord, le nom de marque lui-même était une contraction de mots anglais,
mais des marques françaises qui se basent sur des mots anglais, il y en a
aussi, donc bon.)

> Hacker => Bidouilleur (c'est plus juste que fouineur dans sa définition)

C'est toujours très mauvais.

> Smiley = Émoticone (Icônes émotionnelles)

Illustration parfaite de ce que je reproche aux mots créés artificiellement
par ces comités Théodule : c'est à un mot français ce que la créature de
Frankenstein est à un humain.

> Bug = Bogue (parce-que le U c'est U et pas EU, et c'est toujours mieux
> qu'insecte)

À l'époque avant les transistors où les ordinateurs faisaient la taille d'un
immeuble, il est bien connu que certaines pannes étaient provoquées par des
coquilles de châtaigne qui venaient se coincer dans les contacts.

N'est-ce pas ?

Cordialement,

--
Nicolas George

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