Re: [EDUC] Écriture inclusive

[Philippe Martorell <martorell.philippe AT gmail.com>]

En tous cas, l'interêt incontournable d'une forme aussi visible, est la prise de conscience. C'est toujours un premier pas qui a l'avantage d'ouvrir la voie.

Philippe Martorell
martorell.philippe AT gmail.com

Le 14 septembre 2016 à 21:53, Nicolas George <ngeorge AT april.org> a écrit :

L'octidi 28 fructidor, an CCXXIV, Odile Bénassy a écrit :
> Comprends que cette manière d'écrire essaie de corriger la dominance
> masculine, qui s'exprime notamment dans la langue : ainsi que nous
> l'avons appris à l'école, "le masculin l'emporte", ce qui est
> parfaitement arbitraire mais reflète bien le peu d'existence qui est
> consenti aux femmes dans la société.

Oui, mais attention de ne pas confondre le but et le moyen. Le but est
évidemment louable, mais si le moyen est nuisible, il faut l'éviter et en
chercher un autre.

Imagine si un médecin proposait pour soigner le cancer un médicament qui n'a
pas fait les preuves de son efficacité pour ça et qui a plein d'effets
secondaires. On lui dirait non merci directement.

Pense aussi aux L1nuxOrs excités sur les forums qui ponctuent leurs messages
de « windaube » et de « kro$oft » : ils sont persuadés de promouvoir le
logiciel libre, mais le seul effet est de donner une mauvaise image de toute
la communauté.

Pense enfin à la galanterie. Certains y voient aussi une manière de
compenser la domination masculine. Mais ça renforce aussi l'idée que les
femmes seraient de petites choses fragiles à protéger. Il me semblent que la
plupart des féministes rejettent la galanterie.

> Franchement je n'aurais pas pensé qu'il faille attendre les résultats
> d'hypothétiques études scientifiques avant de décider d'être plus
> courtois envers les femmes (pour tout dire, je ne vois pas le rapport)

Quand on envisage de faire quelque chose qui a des conséquences négatives
(ici : rendre la lecture plus fatigante), il faut au moins quelques indices
pour s'assurer qu'on en tire les conséquences positives attendues. Sinon, il
vaut mieux s'abstenir.

Donc je pose la question explicitement :

As-tu de bonnes raisons de penser que ces « -e- » un peu partout font
évoluer les mentalités dans le bon sens, même de manière infime ?

Pour ma part, je pense qu'au contraire ils freinent, et j'ai expliqué
pourquoi.

> Est-ce que pour toi, écrire "toutes" au moins une fois sur deux, au
> lieu de systématiquement écrire "tous", serait plus facile à lire ?

As-tu lu mon mail précédent où je rapporte l'idée de traiter le genre comme
une catégorie grammaticale sans conséquence pratique et, comme corollaire,
d'utiliser très souvent le féminin pour désigner les gens parce que « une
personne » est le terme générique le plus évident ?

> c'est nettement plus long à écrire, d'où l'habitude prise de combiner
> les deux formes (ou d'utiliser des termes neutres) ; c'est aussi une
> question d'habitude... non ?

Si c'est plus court à écrire mais plus fatigant à lire, il faut mettre en
balance le confort de l'auteur avec celui des lecteurs. Pour un mail
personnel, ça se discute. Pour un message circulaire, il n'y a pas de doute
que le confort des lecteurs doit l'emporter.

Bon, on s'éloigne pas mal de l'objet de cette liste, je m'abstiendrai
probablement de répondre davantage.

--
  Nicolas George