Re: [EDUC] Comment Microsoft va prendre le contrôle de l'ensemble des collèges girondins.

[Guyot Vincent <linux AT cvgg.org>]

Le samedi 13 mars 2021 à 06:33:56, Marie-odile Morandi a écrit :
> Bonjour
> 
> Pour rappel l'émission /Libre à vous !/ du 4 février 2020 et son sujet
> principal : Le logiciel libre et le monde éducatif
> 
> https://www.librealire.org/libre-a-vous-radio-cause-commune-transcription-de-l-emission-du-4-fevrier-2020#Le-logiciel-libre-et-le-monde-educatif-avec-Sebastien-Canet-enseignant-de-nbsp
> 
> Il faut comprendre que l’État est absent de cette histoire, puisque, avec la
> décentralisation, les établissements scolaires dépendent maintenant des
> collectivités : les collèges dépendent des départements et les lycées
> dépendent des régions. Progressivement les collectivités prennent le
> contrôle de tout le matériel dans les établissements scolaires. Donc on est
> effectivement, comme disait Sébastien, dans un dogme libéral où c’est
> l’entreprise qui va tout résoudre, même s’ils sont très majoritairement
> incompétents. Ils ne savent pas ce qu’est le métier d’enseignant, ils ne
> connaissent pas les besoins des enseignants, ils savent déployer du Windows
> et ça s’arrête là. Donc, dans le meilleur des cas, ils interviennent de
> façon très incomplète et insuffisante dans les établissements scolaires.

Bonjour,

Pour moi, c'est un problème économique et philosophique.

Économique au double point de vue que les moyens financiers mis par les 
autorités pour assurer des services de
fonctionnement sont totalement sous estimé et font peser une charge 
importante sur les services techniques. Économique
aussi car l'argent pour la formation aux logiciels libres n'est jamais à la 
hauteur de celui mis pour le propriétaire.
Il y a plus de dix ans, à ma demande d'une formation sous OpenOffice pour le 
corps enseignant, il m'a été répondu : il
n'y aura aucune autre formation que celle pour MicrosoftOffice.

Mais il s'agit aussi d'un problème philosophique. Par la valeur financière 
des logiciels, une valorisation des
techniciens qui les utilisent est faite et la valeur donnée par l'argent 
comme reconnaissance de leur qualité vaut pour les
logiciels et pour les gens. C'est parfaitement compréhensible. De la même 
manière, des enseignants m'ont demandé de faire payer
les supports de cours aux élèves, car ne pas le faire dévalorisait mon et 
leur travail. La fusion entre services et
produits est telle que remettre en question les seconds, c'est s'attaquer aux 
premiers. Dans les écoles techniques et
polytechniques que je connais, Microsoft et Google sont mis en avant pour ces 
raisons. Il s'agit bien d'un capitalisme,
puisque proposer des produits payant fait de ceux-ci une marchandise sur 
laquelle le capital peut spéculer. Alors que proposer
des produits gratuits les dé-valorise en les sortant du système financier. 
Faire comprendre que la valeur n'est pas
attachée au prix est donc difficile, car il faut faire comprendre la valeur 
des produits en termes de bien communs, mais
surtout faire valoir la valeur de ce que produisent les gens en relativisant 
la signification de leurs salaires dans
cette production.

Par contre, je ne pense pas que la décentralisation pose problème pour deux 
raisons :
- impliquer plus de décideurs permet de rendre possible des choix que la 
décision arbitraire d'un pouvoir unique central
  peut interdire totalement et
- pratiquement parlant, en Suisse où l'autonomie est cantonale (de petites 
régions), voir parfois se situe au niveau des
  établissements, si les problèmes liés à la mainmise de Microsoft 
persistent, on doit à la décentralisation le fait que
  d'autres options ont vu le jour et qui n'existeraient pas sans elle.

Voilà. Bon dimanche à tous, aussi calme que possible :-)
-- 
Vincent Guyot
@debian GNU linux