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educ - Re: [EDUC] Comment Microsoft va prendre le contrôle de l'ensemble des collèges girondins.

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Re: [EDUC] Comment Microsoft va prendre le contrôle de l'ensemble des collèges girondins.


Chronologique Discussions 
  • From: Laurent Costy <laurent.costy AT espace.lautre.net>
  • To: educ AT april.org, Laurent COOPER <laurent.cooper AT ac-grenoble.fr>
  • Subject: Re: [EDUC] Comment Microsoft va prendre le contrôle de l'ensemble des collèges girondins.
  • Date: Sat, 13 Mar 2021 15:02:18 +0100
  • Authentication-results: garm.ovh; auth=pass (GARM-104R005d04dbc39-57a8-490b-9faa-0f263a84ab4b, 6B6953BCFBB7B26E182B4F39D2531E13B9F02CC5) smtp.auth=laurent.costy AT ffmjc.org

Bonjour à toutes et tous,

Les échanges résonnent et appellent quelques réflexions que je vous livre en l'état.

On ne peut pas nier que la responsabilité des Collectivités est lourde vis-à-vis des établissements et des élèves. La quantité des parcs est plutôt colossale (les chiffres que Laurent rappellent sont déjà très impressionnants).

Quand on est face à un problème massif, on le décompose en sous problèmes. Là, deux approches possible quand on n'a pas les compétences directement :

- confier le truc à une personne (morale) "compétente" (ici Atos). Elle gère pour vous et, si on a des retours négatifs, on peut taper dessus. C'est pratique. Ça donne l’illusion (et d'un certain côté, c'est sans doute vrai) de maîtriser par l'uniformité ce qui se passe partout dans les sous-ensembles.

- faire confiance et laisser les sous-ensembles s'organiser. Pas très rassurant pour le haut de la pyramide et plus difficile d'agir en cas de soucis. Cette forme d'organisation est privilégiée par le monde du libre car a la vertu d'être au plus proche des besoins, de responsabiliser et de favoriser la connaissance.

Arrivée là, la question pourrait être : pourquoi n'y-a-t-il pas émergence d'une structure massive symétrique d'Atos dont l'objet serait de répondre à de tels besoins  avec des outils pratiquement exclusivement libres ? Ou, autrement posé, pourquoi les structures existantes citées par Laurent ne parviennent pas à changer d'échelle et/ou être prise au sérieux pour être aidée à changer d'échelle (car oui, une structure dimensionnée sera plus crédible et donnera plus confiance qu'un bénévole, souvent transparent, aussi motivé soit-il) ? Je vois 2 éléments de réponses principaux:

1°) une relative réticence de ces structures libristes intermédiaires à devenir massives : cela fait craindre de devenir ce qu'elle ont souvent critiqué et c'est aussi souvent s'exposer à des critiques de la part de la communauté libriste pour ces mêmes raisons. Devenir important impose souvent le fait de tout faire pour le rester et ferait prendre le risque de s'écarter du chemin vertueux pour y arriver.-

2°) une raison idéologique de celles et ceux qui sont aux manettes et qui perçoivent les libristes comme des gens dangereux par rapport à leur modèle de business. Et évidemment, il y a une part de vrai dans cette crainte (la logique du libre est de générer un cercle vertueux qui empêche l'auto-génération de léviathan tels les GAFAM : ces pseudo-licornes -oui, ils ont mal vu, la corne du léviathan leur a fait croire que c'était une licorne- reste pour beaucoup le but ultime à atteindre, le Saint Graal). Néanmoins, nous sommes convaincu·e·s en tant que libriste qu'il faut en passer par là (passer à des  modèles économiques sobres et respectueux donc) pour améliorer notre société sur le long terme.

L'Europe, avec le RGPD est désormais une alliée pour la seconde voie....mais il faut aussi que l'on soit capable de rassurer. J'admire Laurent sur le fait qu'il porte sur ses épaules un responsabilité énorme et surtout qu'il se l'ait infligé lui-même. Avec l'arrivée d'Athos, même si cela va à l'encontre de ses convictions libristes, la conséquence est quand même de lui enlever un certain poids alors qu'il n'y avait pas de conscience pleine de la collectivité de cette responsabilité portée par un individu unique.

J'écris pleine conscience puisque, si j'ai bien compris, il y a quand même une forme de "conscientisation" par une "gratification" qui relève plus du "symbolique" que d'une cohérence avec le travail produit.

Aussi, peut-être que l'une des voies est celle de mettre en lumière toutes ces responsabilités informelles et bénévoles. Il y a souvent une réticence à vouloir "monétiser" un don, du bénévolat (je parle en connaissance de cause car ce sont des discussions qui ont eu lieu lors du développement du projet Bénévalibre). Néanmoins, cela peut avoir la vertu de mettre à jour, pour celles et ceux qui ne savent regarder que les aspects financiers, ce "travail" insoupçonné et oublié quand une analyse est produite sur la base d'un budget. Cela pourrait être rigolo d'évaluer le temps passer par Laurent depuis qu'il a commencé, de le convertir en coût de maintenance informatique et de demander le paiement rétroactivement. L'objectif n'est pas de percevoir les sous (le don était sincère avec l'espoir de faire avancer la cause libriste) mais pour que ce coût (qui a donc une réalité) soit intégré dans les budgets et que le moment venu, ce budget puisse être employé à aider et à faire grandir les structures libristes si elles le souhaitent (et là, il y aura aussi à faire le clair sur pourquoi et comment évoluer). C'est évidemment un doux rêve mais néanmoins, depuis que la valorisation du bénévolat est devenu "obligatoire" dans les compte d’exploitation des associations, c'est quand même un levier qui peut faire évoluer le regard des partenaires...

A minima, si des gens sont motivés et que le CA de l'April converge avec cette motivation, un courrier pourrait être fait pour pointer l'incohérence RGPD et poser la question de savoir comment faire pour avoir une structure libriste dimensionnée.

C'était mes réflexions du samedi, elles valent ce qu'elles valent :).

Librement


Le 13/03/2021 à 10:43, Laurent COOPER a écrit :


Le 12/03/2021 à 23:03, Guyot Vincent a écrit :
Le vendredi 12 mars 2021 à 09:21:11, Stéphane Moulinet a écrit :
Le jeudi 11 mars 2021 à 18:42 +0100, Laurent COOPER a écrit :
Comme défenseur d'une agriculture saine et équitable, je propose que
l'on se fournisse directement chez les producteurs locaux. Comme je
suis engagé, je prendrais sur mon temps avec mon propre véhicule pour
aller faire la tournée des producteurs chaque semaine, afin
d'approvisionner le lycée.
En moins ironique, je suggère de créer une AMAP, qui nécessite certes
un investissement bénévole, mais tout de même plus modeste !
Amusant.

Dans notre lycée, très académique, on a des jardins où on tente de faire valoir une agriculture différente (bio,
permaculture, ...) et il est intéressant de constater un aussi cruel manque de connaissances dans un tel domaine qu'en
une autre informatique. Or, la valorisation de pratiques différentes a amené sans conteste des connaissances importantes
chez beaucoup d'élèves dans ces deux domaines non seulement par la découverte pour eux qu'il existe d'autres mondes que
la monoculture comestible et informatique, mais par la critique que ces pratiques différentes a amenée, de meilleures
connaissances en agriculture et informatique tout court. Par ailleurs, l'utilisation de jardins destinés à la production
de comestibles pour le lycée, même modestement, a eu d'importantes retombées en terme de physique par une interrogation
sur l'efficience d'une production décentralisée utilisant des moteurs thermiques pour la distribution ou le chauffage,
comme l'utilisation de raspberrypi a pu amener bien des discussion autour de l'adaptation des machines aux besoins réels
des élèves en terme d'informatique.

Je prends sur mon temps pour aller à vélo aux jardins de mon lycée pour produire des comestibles directement consommée
par les élèves ou l'environnement direct autour des jardins, parce qu'ils sont partagés. Ce mode de fonctionnement est
pour moi en cohérence parfaite avec l'utilisation de logiciels libres, car les connaissances que ces derniers permettent
de partager et donc de répandre font cruellement défaut aux lycéens dont l'éloignement avec la production est
préjudiciable pour leur santé. Pour moi, il ne fait aucun doute que les tentatives de se réapproprier l'informatique
confisquée par les multinationales du net vont de pair avec l'indispensable réappropriation de nos moyens de production
de comestibles. Le mouvement des incroyables comestibles est né de la prise de conscience que notre indépendance et
notre liberté en terme de subsistance a été confisquée par la marchandisation des comestibles au détriment de leur
production. Il en est exactement de même en informatique.

Nobobstant les railleries, on peut dire que l'agriculture est trop importante pour la laisser au agriculteurs, comme il faut dire que
l'informatique l'est aussi pour la laisser au informaticiens, comme il n'y aurait pas de sens à laisser les langues au
linguistes.

Bonjour

Votre expérience est passionnante et je salue avec sincérité votre engagement

Vous rajoutez cependant de l'eau à mon moulin. Vous le dites vous même, c'est une ouverture, et c'est modestement que vous fournissez des produits.

Avoir un jardin et l'utiliser avec les élèves, cela relève de l'activité de foyer socio-éducatif. C'est très bien. De même que l'on peut faire un "club" informatique où l'on présente les logiciels libres et les systèmes libres, la réappropriation de la connaissance.

Mais si vous voulez filer la métaphore agro-informatique :

  • êtes vous le fournisseur unique de la cantine ?
  • si une rupture de la chaine de fourniture pour les repas se produit, êtes vous mis en cause ?
  • vient on interrompre votre cours s'il grêle ?
  • pensez vous que la production par chaque établissement de la totalité de sa nourriture soit le seul système utilisable, y compris ceux ou personne n'a jamais cultivé dans sa vie ?

Par ce que dans les établissements où des enseignants ont en charge l'informatique :

  • ils sont seul fournisseur de l'outil.
  • ils en sont responsable, et quand ça ne marche pas, ils en prennent la responsabilité.
  • quand ça plante, on vient chercher la personne ressource en cours.
  • et dans ce modèle, chaque établissement doit faire face avec ses ressources internes, même quand il n'y en a pas.

J'ajouterais que si ce modèle peut s'entendre en collège, avec une centaine de machine et un nombre limité de logiciels, en lycée, c'est une autre paire de manche :

  • la personne ressource est pratiquement d'astreinte dès qu'il y a des examens avec l'outil informatique (ECE,ECA)
  • l'accès aux machines pour des épreuves de type bac techno va nécessité de garantir l'intégrité des données, le dossier annuel de l'étudiant étant présenté le jour de l'oral et devant être accessible aux enseignants et verrouillé sur le réseau.
  • la responsabilité légale de la continuité de service incombe au chef d'établissement qui la délègue à la personne ressource
  • les journaux et les sauvegardes de ceux ci doivent être consolidés pour permettre de répondre à toute requête judiciaire sur le sujet

Évidemment, c'est faisable. Mais à quel prix ? Je suis bien placé pour le savoir, je le fais dans mon établissement, un lycée de 1200 personnes, mais je considère moi même que c'est dangereux. Et surtout, ça n'a rien de généralisable, et on ne peut pas l'imposer à des personnes dont ce n'est pas le métier à la base.

Je connais des lycées avec des BTS SIO où les enseignants ont toujours refusé de gérer le réseau informatique. Ils le disent haut et fort à leur hiérarchie : nous sommes enseignants, pas informaticien. Notre responsabilité est le suivi des élèves, leur accompagnement dans la réussite. Pas de gérer un réseau.

Alors oui, sensibiliser au libre les élèves dans le cadre d'activités fait pour, ça fonctionne. On avait d'ailleurs l'an dernier un club informatique pour ça.

Sensibiliser les collectivités comme le fait très bien l'association SambaEdu, ça fonctionne aussi.

Mais imposer à chaque établissement de gérer lui même au titre que c'est important, ce n'est pas viable. Et c'est un grand soulagement pour beaucoup que la loi soit enfin claire et indique les responsabilités.

En espérant avoir mieux explicité ma pensée

Cordialement

Laurent



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