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educ - Re: [EDUC] Raspberry Pi 400

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Raspberry Pi 400


Chronologique Discussions  
  • From: Guyot Vincent <linux AT cvgg.org>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Raspberry Pi 400
  • Date: Tue, 12 Apr 2022 01:29:30 +0200

Le samedi 09 avril 2022 à 06:24:06, JMonnard a écrit :

> > > Je recherche un retour d'expérience. Parmi vous, certains ont-ils
> > > enseignés avec des Raspberry Pi 400? Ce serait pour enseigner en 2de
> > > SNT. Les ordinateurs mis à notre disposition étant catastrophiques,
> > > je pense à cette solution.
> >
> > Le problème des configurations maison dans l'éducation, c'est qu'elles
> > n'auront pas accès à Internet... à moins d'être le gestionnaire du
> > réseau ou d'avoir une complicité avec ce gestionnaire!
> >
> Ou de se contenter d'un réseau autonome dans une salle de classe.

Bonsoir,

Cette discussion à propos des RPI est très intéressante à plusieurs titres :
- En Suisse on parle de plus en plus de permettre, voir d'obliger, les élèves
du lycée à avoir un ordinateur personnel.
Or comme le traçage/identification de ceux-ci pose problème en raison de
leur diversité, l'une des tendance est de
forcer les élèves à n'utiliser que des systèmes officiellement autorisés.
Étant en sous effectifs, ne pouvant gérer
cette diversité, les techniciens vont tout faire pour la limiter. Amener
son ordinateur personnel revient
alors à acheter un ordinateur formaté par l'État, à sa place. On produit
alors de la mono-culture informatique et
pédagogique, non seulement à l'école, mais à la maison où l'ordinateur
personnel ne l'est plus vraiment et où le choix
du système d'exploitation ne l'est plus du tout.
Mais, il faut relever que le fond du problème vient du traçage. Nous avons
à nous poser la question de jusqu'où on va
aller. Les préposés à la sécurité des données en Suisse ne sont, par
exemple, pas tous d'accord sur le fait qu'il faut
enregistrer les gens qui se connectent par l'intermédiaire d'identifiants.
Une connexion anonyme doit-elle être
possible ? Dans la pratique, Active Directory n'étant pas toujours
fonctionnel, une telle connexion s'avère
nécessaire. Mais quid alors du traçage ?
- Si la gestion des connexions peut s'avérer complexe à mettre en oeuvre,
aujourd'hui les élèves savent très bien la
contourner. On commence à voir apparaître sur les ordinateurs connectés en
wifi des hotspot comme « J'ai de la connexion, pas
vous. ». En l'absence de connexion, il faut très peu de temps pour que les
smartphones des élèves entrent en fonction.
Et il faut reconnaître que cela fonctionne très bien. Quid alors du suivi
dans un contexte où les empêcher d'utiliser
leur téléphone ne va pas être facile ?
- Finalement, les RPI sont comme les vélos. Quand un vélo se parque sur la
route plutôt que sur le trottoir, on focalise
sur l'attitude des cyclistes alors que le problème est la place prise par
les voitures. Les difficultés techniques
qu'il y a intégrer les raspberrypi, font trop souvent détourner l'attention
du fait que ces machines sont bien
plus adaptées à l'enseignement, tout en étant moins coûteuses dans tous les
sens du terme, que celles qui nous sont
proposées hautement verrouillées.
- Enfin, de manière plus générale, les RPI sont au coeur de la question de la
liberté pédagogique. S'agit-il d'un moyen
d'enseignement au même titre que les autres ? En Suisse, les enseignants du
lycée ont le choix des manuels scolaires.
Des programmes cadres existent, mais le choix des moyens d'enseignement
aussi. Un RPI est-il un moyen
d'enseignement, comme un livre ou n'est-il qu'un moyen d'enseigner, comme
une craie pour un tableau noir. Ne croyant
pas à la neutralité de la technique (c'est pourquoi à l'heure d'une
technique certainement pas neutre : le tableau blanc,
j'ai pris l'exemple de la craie), je pense que l'utilisation d'un RPI est
un acte pédagogique. La prise en charge par
l'élève de l'installation de logiciels coûteux en place comme LibreOffice
sur de petites configurations ou celle des
mises-à-jour régulières sur des dépôts authentifiés ou encore la
différentiation des entrées-sorties du GPIO, nous
place au coeur même de la numérisation et font, à mon avis, des RPI de
véritables moyens d'enseignement. Avec un
réseau autonome, le caractère moyen d'enseignement des machines est
affirmé, car bien des problèmes trouvent des
solutions originales ou disparaissent simplement au profit de l'expression
du moyen d'enseignement. Par exemple, il
m'est plusieurs fois arrivé d'utiliser les RPI à l'école primaire ou dans
un fablab sans connexion et j'ai été surpris
que le fait de forcer les élèves à trouver des solutions sans recours au
net ne pose aucun problème, voir leur est
profitable. Au lieu d'aller voir des vidéos, ils remettaient le nez dans la
documentation écrite utilisée au cours.
Ils étaient aussi bien plus persévérants dans leur raisonnements à tel
point qu'on peut se demander si le réseau ne
serait pas parfois un handicap, une manière de ne s'intéresser aux machines
à disposition que par l'intermédiaire des
autres. Sans négliger l'apport du réseau, il y a beaucoup de cas où s'en
passer est parfaitement possible.

Bonne nuit :-) A+
--
Vincent Guyot
@debian GNU linux
https://www.cvgg.org



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