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educ - Re: [EDUC] RE: [EDUC] Résister c'est cr éer

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] RE: [EDUC] Résister c'est cr éer


Chronologique Discussions 
  • From: "Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] RE: [EDUC] Résister c'est cr éer
  • Date: Sat, 17 Jan 2009 08:11:22 +0100
  • Organization: april AT april.org

Patrice Pillot a écrit :


Par contre je me demande si l'on peux penser des /moments/ de cette
formation de manière autonome ? Peut-on sensément mettre sur pied les
programmes du collège sans régler ceux du lycée et de l'élémentaire
simultanément ? Je comprends bien qu'il puisse être tentant de saisir
les opportunités offertes par une réforme en cours d'élaboration mais
ne court-on pas le risque, ce faisant, de donner des verges pour se
faire battre à ceux qui n'ont pas nécessairement les mêmes soucis
éducatifs que nous ? Un participant de cette liste a écrit un jour,
ailleurs : « l'analyse pragmatique n'a de valeur qu'en termes
tactiques, jamais en termes stratégiques ».

Cordialement,

phep





Salut,

Le problème des compétences et/ou d'une validation par compétences, si elles ne s'accompagnent pas d'un minimum de connaissances qui s'inscrivent dans une durée, c'est leur caractère profondément éphémère.

Par exemple, dans l'un des documents référencés par Jean-Yves on peut lire ceci :

"La rapide évolution des technologies de l’information et de la communication a conduit en 2006 à une refonte des B2i école, collège, lycée.".

A l'opposé, si je lis le hors-série de la revue GNU Linux Pratique : "35 commandes pour tirer le meilleur de votre système GNU/Linux" de janvier-février 2009 (qui rebondit sur celui d'octobre-novembre 2007) je m'aperçois qu'il se réfère aux mêmes notions qui étaient diffusées dans les Lugs il y a plus d'une dizaine d'années.

L'apprentissage d'un authentique socle commun informatique ne peut pas être déterminé par l'évolution des technologies de l'information qui, par la seule approche par compétences, induisent une régression ; voilà pourquoi je partage l'idée que l'approche pragmatique, censée répondre à des besoins immédiats traduits en termes de "compétences", ne peut revêtir du sens que si elle s'inscrit dans une perspective de longue durée.

Le déploiement du B2i est le fruit d'un débat stérile, au sein de l'Education nationale et de l'Académie des sciences et technologies, opposant l'informatique en tant que science à l'informatique en tant qu'outil, le tout dans des rapports de forces entre inspections générales des différentes disciplines.

Pourquoi l'Académie des sciences et l'Académie des technologies ?

Aucune réforme, aucun contenu, de l'enseignement des sciences et des technologies n'est élaboré en France sans passer par les Avis de ces deux académies qui, en leur sein, et selon les différents pôles d'intérêt de leurs membres peuvent émettre des points de vues contradictoires qui se résolvent par des segmentations artificielles de type : informatique en tant que science/informatique en tant qu'outil.

L'informatique en tant que science est rattachée dans ces catégories, de par l'algorithmie, aux mathématiques. Tactiquement, nous pouvons soutenir cette approche, en ce qu'elle nous livre un argumentaire contre les brevets logiciels ; d'où la différence que j'opère entre tactique et stratégie.
Sur le plan épistémologique c'est un non sens. Cela voudrait dire que l'informatique en tant que "science" n'est le fruit que d'un seul parent hermaphrodite. Quid de la physique ? Quid de la linguistique ? Quid de la philosophie si l'on considère que l'objet de la philosophie a aussi été au XXème siècle : la logique ? Quid de la technologie ?

C'est pourquoi, le module informatique des lycées qui devait être mis en place dans la réforme des lycées, stoppée par les manifestations lycéennes, était programmé dans le pôle sciences. Le recteur Gaudemar qui était chargé de sa mise en oeuvre n'avait fait que traduire en termes de techniques de management (l'un des objectifs de cette réforme étant de supprimer des postes) les recommandations de l'Académie des sciences.

En réalité, il ne s'agissait que de quelques membres de l'Académie, proches de l'ASTI, une société savante au sein de laquelle l'APRIL est membre du bureau, qui avaient fait cette proposition.

Il en est de même pour ce qui concerne la "main à la pâte"recommandée dans les écoles primaires, par des académiciens (principalement biologistes et physiciens), proches de Claude Allègre. L'idée principale de ce dispositif s'appuyait sur une approche pédagogique dite démarche d'investigation où l'enfant, par des observations, des expérimentations, aurait débouché sur la formulation de conjectures. Autant dire que si l'informatique ne fut pas proscrite du dispositif (l'une des rares personnes a avoir travaillé dans l'intégration de séquences informatiques dans la "main à la pâte" c'est précisément Michele Drechsler, ici présente dans cette liste) a été complètement ignorée sur le terrain, d'autant plus qu'était mis en place le dispositif du B2i.
De plus, l'informatique, hormis la manipulation de petits robots, légos, automatismes, se prête mal à la démarche dite d'investigation qui, peut s'apparenter par certains côtés, à une approche similaire de la lecture globale où l'enfant doit deviner.

Avec la réduction de l'horaire d'enseignement en primaire, il y a de fortes probabilités que la main à la pâte passe, dans les faits, à la trappe ; les instituteurs ayant vu leur programme alourdi (apprentissage d'une langue vivante, B2i, etc.) vont se concentrer sur les fondamentaux : apprendre à lire, écrire, compter. Ce qui n'est pas plus mal !

De son côté l'Académie des technologies n'a remis que deux types d'Avis au premier ministre. L'un concerne la brevetabilité des logiciels, l'autre des recommandations pour l'enseignement de la technologie. Les deux Avis sont cohérents. Pour que les logiciels puissent être brevetables, ils doivent revêtir un caractère technique ; c'est-à-dire qu'en tant qu'usage, l'informatique doit être exclusivement considérée comme un outil, où l'on passe allégrement de la métaphore au raisonnement purement inductif. Incorporé dans des dispositifs fonctionnels où le hardware et le software ne sont plus dissociés la technologie y est exclusivement décrite comme étant la science des objets techniques.

Tous les programmes de technologie mis en place dans l'enseignement secondaire s'appuient sur l'Avis de l'Académie des technologies.

Je n'ai pas le temps de développer davantage, dans un texte ultérieur je fournirai toutes les références et montrerai la collusion entre le point de vue de la sociologie des médias (cf. Rapport Assouline qui se propose de réformer le B2i Lycée), de la branche des sciences de l'éducation qui s'exprime sur le site Café pédagogique, les lobbies comme Microsoft, Dassault System, etc. et l'Académie des technologies.

Bien à toi,

Charlie





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