Re: [EDUC] projet POP, transcription entretien

[Aime Vareille <aime.vareille AT wanadoo.fr>]

Bonjour,

Le 22/08/10 03:39, Hervé Darce a écrit :

Le Sat, 21 Aug 2010 23:42:49 +0400,
pvincent <pvincent974 AT gmail.com> a écrit :

Personnellement, je crois qu'il faut se mobiliser en masse et surtout
dans le corps enseignant réunionnais pour cette belle idée
aboutisse : 18 000 OS libres pour les lycéens. 

Voici une autre faiblesse du projet POP. 

Ce projet n'a pas été pensé pour être utilisé pédagogiquement. Bien
sûr l'ordinateur pourra comporter une liste de logiciels et de contenus
libres pédagogiques comme, par exemple, Ghemical qui est un logiciel de
construction et de simulation moléculaire. Ceci ne sera pas suffisant
pour que les logiciels et les contenus libres soient utilisés
pédagogiquement. En outre, ils évoluent de plus en plus rapidement et
l'offre ne cesse de croître. 

Le projet POP est d'abord un projet d'équipement de 18000 lycéens : c'est l'occasion d'innover en projets pédagogiques, éducatifs, culturels et socio-économiques.
Dans l'opération G1G1 des OLPC j'avais été très déçu qu'on ne puisse pas connaître les bénéficiaires des XO offerts pour les accompagner dans les usages éducatifs : le libre c'est aussi du lien et potentiellement du tutorat distant ? Le libre s'incrit bien fondamentalement dans des logiques de développements durables des connaissances ?

Pour accompagner le changement de paradigme, il faut réfléchir et
refonder le métier d'enseignant en concertation avec les enseignants. Je
dirais même plus, il faut refonder la place du travail dans la société,
et avec elle. Pour permettre aux enseignants d'intégrer l'offre libre en
perpétuelle évolution, il faut leur donner le temps pour réaliser trois
choses : la contemplation, la réflexion, l'assimilation.

Les 18000 machines concernent d'abord les activités scolaires mais du point de vue éducatif c'est aussi indirectement une fracture numérique générationnelle qui vient dans les familles.

Aucune réflexion politique n'est engagée sur la place du travail dans
la société. Le travail actuel est réduit à la production de
marchandises (service ou objet) dont l'unité de compte est le temps.

Autre point, les politiques passées, présentes et à venir oeuvrent
contre le service public. Les décisions prises ne sont que des
transpositions des décisions à l'échelle européenne. Comment
allez-vous motiver des enseignants conscients de leur propre
destruction? Le projet POP devenant un gadget devant l'avancée de
sombres nuages.

C'est vrai que de partout l'informatique sert logiquement à optimiser les échanges d'information et donc à changer les emplois : quasiment toutes les activités économiques sont touchées par ces changements.

Le mot d'ordre est la mise en concurrence de tous contre tous. L'autre
devenant un obstacle à son emprise sociale. J'aurais préféré le concept
de partage, l'autre me permettant de m'épanouir.

L'économie réclame des chiffres : le partage avec les mesures d'audience devrait trouver sa place certainement plus facilement que la prévention en matière de santé.

Dernier point. Ce projet n'a pas été pensé pour s'insérer dans un cadre
scolaire. Il ne consiste pas à développer une infrastructure
informatique dans les écoles : ordinateur, réseau, livre électronique,
tableau interactif, outil de collaboration, cartable électronique,
exercice interactif. Le projet POP terminé, les écoles se retrouveront
devant les mêmes problèmes.

En fait nos représentants sont enfermés dans des schémas économiques et
refusent, par peur ou par intérêt, de prendre la mesure du changement de
paradigme. Alors ils s'enferment dans des expédients stériles voire
dangereux éludant les véritables enjeux.

Pour résumer de manière un peu provocante, il y a un risque pour que le
projet POP soit "un cheveu sur la soupe". Mon côté grincheux semble
refaire surface.

Thermodynamiquement, au minimum, quelques emplois auront été financés dans le bon sens et quelques bons usages peuvent en être espérés : certains apprécieront le goût de cette soupe.

C'est le premier pas
qui importe. 

Pas tout à fait. Ce qui compte est le chemin sur lequel on met le
premier pas. Par chemin, j'entends un projet liant une communauté par un
destin commun. Quel destin voulez-vous partager?

La perfection n'existe pas, le bazaar suivra...

J'aime l'idée de désordre créatif. Mais il n'existe pas de
transposition politique. Nous tous dépendons des choix arbitraires de
représentants. Le bazaar suivra-t-il en politique? 

Chacun suit des logiques, les choix qui semblent arbitraires sont en fait souvent le fruit de logiques qui relèvent de théories des jeux et pas tellement de considérations humaines.

Cordialement,

Hervé Darce

Aimé

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