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educ - Re: [EDUC] Rev.de.pres : "Quand les profs dessinent l'Ecole du futur" (Edito de Francois Jarraud)

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Rev.de.pres : "Quand les profs dessinent l'Ecole du futur" (Edito de Francois Jarraud)


Chronologique Discussions 
  • From: François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Rev.de.pres : "Quand les profs dessinent l'Ecole du futur" (Edito de Francois Jarraud)
  • Date: Wed, 27 Oct 2010 02:23:08 +0200

Le Tue, 26 Oct 2010 21:02:15 +0200 (CEST),
cnestel AT free.fr a écrit :

> Salut François,

Salut Charlie.

> Puisqu'on dévie sur les idéologies, si ça peut te rassurer je
> n'emploie pas le mot "pédagogie" désigner le "pédagogisme" que je
> critique, ni le mot "libéralisme" pour désigner le "néo-libéralisme",
> ni le mot "marxien" (dans lequel je me reconnais) pour désigner le
> "marxisme".

Ok. Donc tu es d'accord que je sois réticent à me faire voler « mes
mots ». Ensuite, toute la difficulté est que « mes mots » sont le fruit
d'une existence singulière, que je vis à des lieues de la tienne. Ce
qui signifie qu'il n'y a pas de raison pour que mes mots soient
est une précision absolument rigoureuse (mais ceux des autres et les
tiens non plus). Chaque mot est un préjugé, écrivais Nietzsche. Dans le
doute, j'aime autant que possible me référer à l'étymologie...
autrement le débat et l'échange contribue à accorder nos violons. (Je
ne défendrais pas le pessimisme informationnel de ceux qui considèrent
qu'on ne peut pas échanger.)

Lorsque je disais que le libéralisme pouvait être autre chose que de
l'impérialisme économique, je faisais référence au libéralisme
politique ou social, qui s'appuyait sur l'étymologie renvoyant à la
liberté (je suppose que le terme moderne approprié est « progressisme»).

J'ouvre la parenthèse.

> Pour autant, je considère le libéralisme économique comme une utopie
> totalitaire au même titre que je peux considérer le marxisme-léninisme
> comme une utopie totalitaire aussi.

Je suis d'accord sur l'utopie. Totalitaire, je ne sais pas. Mais c'est
vrai qu'il est de bon ton de marteler d'utopiste le projet de la
gauche... le projet libéral ne l'est pas moins. :-)

> Cela étant dit, j'aimerais bien comprendre comment peut fonctionner
> le numérique au regard de la théorie libérale classique qui considère
> que le marché fixe les prix, conditionnés par la rareté.
>
> J'ai deux billes, j'en vends une. Je suis dans une logique de biens
> (marchandises) matériels soumis à la rareté.
> Donc si l'offre de billes > que la demande, tendance
> à la baisse des prix ;
> si l'offre de billes < demande => tendance à la hausse des prix.
>
> Mais dans le territoire numérique où la copie a un taux marginal et
> peut tendre jusqu'à l'infini : il n'y a pas de rareté.
> Tu as deux infos, j'ai deux infos. On s'échange chacun une info :
> on se retrouve chacun avec trois infos. On est bien dans un phénomène
> démultiplicateur.
>
> Que devient l'analyse libérale dans ce cas là ?
> Je serais curieux de connaître ta réponse en dehors de celle des
> prestataires de services (dont le temps de travail, le talent, etc
> restituent de la rareté).

Ce que tu fais là est (pour moi) une analyse (micro)économique, pas une
analyse « libérale ». Et désolé si ça semble trop facile, mais je
désigne de façon assez orthodoxe** l'économie comme la science qui
étudie la répartition des richesses en quantité limitée.

Pour moi le libéralisme n'est pas ça. Le libéralisme est une doctrine
(orthodoxie) postulant que le maximum de liberté des agents (d'un
système économique) permet le maximum de richesses échangées (et donc
créées et transformées, par extension).

La place du numérique là dedans que je me fais, je la développerai avec
plaisir, mais un autre jour (pas le temps, là).

Et je suis parfaitement d'accord avec toi que le passage au service est
une façon de réintroduire de la rareté.

** Malinvaud, ancien DG de l'INSEE et profésseur au collège de France :
« l'économie est la science qui étudie comment des ressources rares
sont employées pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en
société ».

Je referme la parenthèse.

> Je partage complètement le point de vue d'Yves Combe qui dit les
> choses mieux que moi :
>
> "Accessoirement, la formation tout au long de la vie, c'est la
> négation d'une école exigeante en formation initiale: pas la peine
> d'insister sur tel ou tel aspect, on pourra toujours "se former tout
> au long de sa vie"."
>
> On est donc au moins deux sur la liste à partager une proximité
> de point de vue sur cette question.

Je n'ai pris le temps de répondre à Yves. Mais je n'adhère pas à sa
réponse, et je pense que, entre considérer une « formation initiale »
comme unique exigence d'instruction, et considérer la présence du reste
comme absence entière d'exigence d'instruction, il y a de la marge.

Qu'est-ce qui, intrinsèquement, ferait que la capacité de se former
toute la vie soit nuisible à la formation initiale ? Je pense : rien.
Je pense qu'il s'agit de décisions politiques qui sont extérieures à ça.

François

--
François Poulain <fpoulain AT metrodore.fr>

Nous craignons une disposition hostile du prochain parce que nous
redoutons que cette disposition ne lui ouvre l'accès de nos secrets
replis. -+- Friedrich Nietszche, Humain, trop humain -+-




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