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educ - Re: [EDUC] Un ordinateur prêté à tous les élèves du primaire et du secondaire

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Un ordinateur prêté à tous les élèves du primaire et du secondaire


Chronologique Discussions 
  • From: JC Salmon - Collège de Cluses <coclu AT orange.fr>
  • To: Liste April éducation <educ AT april.org>
  • Subject: Re: [EDUC] Un ordinateur prêté à tous les élèves du primaire et du secondaire
  • Date: Sat, 6 Jun 2020 16:35:12 +0200

Rebonjour,


> Le 6 juin 2020 à 13:10, Étienne ANDRÉ <etienne AT intendancezone.net> a écrit :
>
> Re,
>
>> De: "JC Salmon - Collège de Cluses" <coclu AT orange.fr>
>
>>> Le 6 juin 2020 à 10:17, Étienne ANDRÉ <etienne AT intendancezone.net>
>>> a écrit :
>
>>> Ma conviction en revanche, c'est que le niveau des élèves baisse
>>> inexorablement avec l'augmentation du parc de vidéoprojecteurs
>>> dans les salles et le nombre de milliers de photocopies par élèves
>>> et par an. Arriveront sur le marché du travail, en pleine crise
>>> économique post-Covid, des centaines de milliers de gamins qui ne
>>> savent tout simplement pas tenir un crayon pour écrire trois mots
>>> !
>>
>> Une "conviction" demanderait d'être un peu plus étayée.
>>
>> À mon avis, on ne peut absolument pas faire un lien aussi direct
>> entre le vidéoprojecteur et le niveau des élèves,
>> ni même avec le nombre de photocopies.
>> C'est tout au plus une corrélation, ce qui ne donne aucun argument
>> sur les causes.
>>
>> L'évolution de la société qui fait que les élèves n'écrivent plus est
>> bien plus ancienne et complexe que ce que tu dis.
>>
>> Et je suis d'accord avec toi, la proportion des élèves qui tiennent
>> mal leur stylo est importante, et de plus en plus importante.
>
> Au-delà de ma provocation à deux sous,
je n'en donnerais même pas un sou,
et je n'ai pas compris ce besoin de provoquer.

> je suis sidéré de ce tropisme généralisé chez tous les pédago que je
> fréquente au quotidien (des profs aux chefs d'établissement en passant par
> les CPE), qui consiste à éviter à tout prix de demander à un élève d'écrire.
> J'ai forgé en vingt ans d'observation dans une vingtaine d'établissements
> (un comptable d'EPLE ça brasse du monde !) la conviction que, pour bon
> nombre de profs de mes établissements, l'impression d'avoir fourni un
> travail est d'abord établie par le nombre de photocopies distribuées en
> cours.

C'est mon dernier message car je n'ai pas envie de m'emporter,
et des parents d'élèves aux personnels des établissements qui ne sont pas
profs
(le gestionnaire de mon collège, par exemple, qui est le premier à dire que
son métier est alimentaire,
mais toujours aussi le premier pour traiter de cons les autres, qui
pourraient faire mieux leur métier).

chacun a son avis sur l'enseignement, qui vaut simplement par le fait d'être
exprimé, parfois sans arguments,
et par contre il convient d'être en admiration devant l'intendance, qui fait
un travail difficile.

J'y vois aussi un peu l'idée qu'être prof n'est pas un métier à part entière,
puisque chacun a son avis sur l'enseignement sans être spécialiste,
et surtout en focalisant sur un sujet, ce qui est tout sauf un raisonnement
de portée globale

Je n'aime pas le terme "pédago", qui est un peu péjoratif, peut-être
méprisant, je ne sais pas.

Ce que vous dites est faux,
1) les profs exigent que les élèves écrivent, et ça demande du travail car
actuellement ce n'est pas facile
on ne peut pas toujours rejeter sur l'école les manques de la société,
même si c'est un endroit privilégié pour les observer
2) penser que les profs mesurent leur travail "à la photocopie" est un
fantasme,
ce serait comme penser qu'un intendant qui dépense beaucoup travaille
beaucoup.
En 26 ans d'enseignement, et ayant croisé un certains nombre de
collègues,
avec qui j'ai parlé pédagogie plus que photocopies, je n'ai pas du
tout cette impression


> Alors que je me rappelle avoir, moi, écrit des choses sur un cahier au lieu
> d'y insérer des pages à peine parcourues. Et permettez-moi d'être formel
> sur le fait qu'une information que l'on a recopiée de sa main est
> enregistrée avec une toute autre qualité de mémorisation que n'importe quel
> autre procédé.

Je suis d'accord, écrire permet de mémoriser,
je dois être un poil plus âgé que vous, et j'ai également fait des études
honorables
en écrivant tous les cours, parfois (en prépa) l'activité me prenait un temps
qui aurait été mieux dépensé à écouter et construire des liens

mais là encore, vous vous posez en spécialiste avec deux arguments d'autorité
: votre ancienneté et votre cursus personnel,
qui ne peuvent pas être des arguments.
"avec une toute autre qualité de mémorisation que n'importe quel autre
procédé" est un avis personnel non étayé
et même si je partage cet avis, je crois que vous confondez la concentration
sur l'objet d'étude et le fait d'écrire.


>
> Tout matériel permettant d'éviter la prise de notes aux élèves sera
> considéré comme "essentiel, prioritaire, moderne, innovant". Je signale
> régulièrement que je dois être totalement incompétent et que mes diplômes
> n'ont aucune valeur, ayant fait mes études dans des école, collège, lycée,
> université qui n'auraient pas imaginé disposer d'un vidéoprojecteur.
Il faut aussi savoir que la prise de notes s'apprend, et qu'elle n'est pas
encore maîtrisée en fin de collège.
Il ne faut pas confondre prendre des notes et écrire des cours, et même vous
n'avez certainement pas pratiqué la pries de notes en 6e ou en 5e.


> En six ans j'ai fini la généralisation de l'équipement de chaque salle de
> cours de mon lycée en projos ; c'est drôle mais les résultats au bac n'ont
> pas bougé.
J'espère que vous n'avez pas eu des fins de mois trop difficiles.
Petite provocation pour le "j'ai" et le "mon",
qui oublient que vous n'avez ni réglé avec votre propre argent ni installé
physiquement les dispositifs.

>
> Lire aussi n'est pas une option : à l'annonce du confinement en réunion de
> crise, j'ai indiqué qu'il nous restait trois heures pour vider le CDI et
> mettre un maximum de bouquins entre les mains des élèves, mais personne n'a
> paru trouver que cela représentait le plus petit intérêt.
>
> Donc j'ai délibérément lancé la discussion en [Mode vieux con], mais en
> acteur de l'éducation je suis angoissé par la destruction systématique et
> enthousiaste de ce qui consistait le socle de l'apprentissage et de
> l'acculturation des jeunes depuis, mhhh depuis la Renaissance peut-être :
> lire, écrire.
>
>>> Accessoirement, mais c'est secondaire de mon point de vue, nous
>>> courons un risque de destruction finale de l'école comme lieu où
>>> l'on regroupe des enfants pour qu'ils y acquièrent des savoirs.
>>> L'Ooggle leur apprend bien plus de choses.
>>
>> Je ne suis pas d'accord avec cet avis qui manque de nuances.
>> l'Ooggle comme tu l'appelles est déjà assez divers,
>> et les jeunes sont assez monomaniaques : ils connaissent snapchat et
>> instagram, mais ne savent pas utiliser un mail ou faire une recherche.
>
> Les GAFAM sous leurs divers avatars leur enseignent ce qu'ils savent, ce
> qu'ils veulent savoir. Sur mes 1200 élèves, prépas compris, en
> trouverais-je douze capables de me citer une information acquise dans la
> semaine écoulée à la lecture d'un journal, d'un magazine ? Probablement
> pas. L'école vient imposer aux enfants un savoir qu'ils n'auraient
> généralement pas spontanément été chercher : pfff trop la louze.

"mes" élèves montre aussi un peu de confusion.
Ils sont très loin d'être "à vous",
d'autant qu'il n'y a aucune relation pédagogique entre eux et vous.

>
>> et il ne faut pas oublier les 40% d'élèves qui ont complètement perdu
>> le lien avec l'école
>
> Le ministre parle d'un zéro de moins je crois, mais peu importe.
Je parle de "mes" élèves
J'ai pu enseigner correctement à la moitié, moins bien à quelques autres,
et par contre je vous assure que 40% de "mes" élèves ont décroché
>
> 40 % de gamins qui haïssent cet endroit où on leur demande de travailler,
> qui ne venaient à l'école que par obligation, ou pour toper les potes. Pour
> lesquels le travail scolaire est généralement mesuré selon la plus stricte
> nécessité de la note qu'il faut bien obtenir en fin de trimestre : là y en
> a plus, et les diplômes sont dans la pochette-surprise. Leur avenir, à
> ceux-là, a bien des chances d'être à la hauteur de leurs efforts. La
> grandeur des nations vient de l'instruction ? On va dégringoler, les amis.

Désolé, là vous êtes vraiment dans le mode que vous citiez
Je suis en collège, le diplôme est loin, et le terme "haïr" est à la fois
très fort et mal choisi.

>
>> Non, l'école ne pourra pas être remplacée si facilement par du
>> numérique pur.
>
> L'école pourrait être remplacée par une grotesque farce numérique
> consistant à faire semblant de s'intéresser à ces gamins pas motivés pour
> apprendre ni pour travailler. Expérimenté avec un succès foudroyant au
> Mexique, au Sénégal : pas cher, énormément de déchet mais c'est que des
> enfants de pauvres, pas grave. Au final la meilleure préparation possible
> au beau métier de Amazon Mechanical Turk...

Votre solution pourra succéder à l'école
pas la remplacer



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