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educ - Re: [EDUC] Info sur SILL (Socle Interministériel de Logiciels Libres) pistes..

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

Archives de la liste

Re: [EDUC] Info sur SILL (Socle Interministériel de Logiciels Libres) pistes..


Chronologique Discussions 
  • From: Nicolas MICHEL <nicolas.michel AT crdp-aix-marseille.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Cc: nicolas.michel AT crdp-aix-marseille.fr
  • Subject: Re: [EDUC] Info sur SILL (Socle Interministériel de Logiciels Libres) pistes..
  • Date: Wed, 19 Mar 2014 13:44:17 +0100

Bonjour,
mon gros grain de sel en complément,
Il y a dans ces propos des certitudes qui m'interpellent :

"Personne n'est prêt à acheter du logiciel gratuit.."   Bien sûr que si ! 

Moi le premier. si je dois passer 4 h à fouiller en anglais dans une logique de programmeur pour retrouver le code source d'un programme afin de le recompiler, de l'installer à la main ... cela me coûte une soirée complète ou plus de 200€ (coût chargé, à peu près, le chiffre a peu d'intérêt) à mon employeur, pour un programme standard..
Donc le Libre, ça a un coût, et c'est cher ! Et c'est pas grave, si ça répond à ma demande, et si ça marche in fine.

Jouons le jeu, sortons  un peu de la logique de l'amateur éclairé qui utilise majoritairement des applications communes (FF, LO, Lamp, Gimp, Linux,..).

Une entreprise (ou une collectivité) a besoin d'un progiciel (très gros coût informatique) adapté à son entreprise/ses usagers ..
Elle a besoin d'une tranquillité de fonctionnement, d'une tranquillité juridique, d'une adaptabilité/maintenabilité  et à prix correct... Et personne ne peut promettre cela gratuitement, ou contre un don.

Pour cela il faut une entreprise, qui a des développeurs, des ergonomes, des juristes et une structure à payer.
 Qu'on le veuille où non, dans le monde démocratique où nous vivons, ce sont les entreprises qui créent de la valeur et des conditions pour travailler.
Le reste est politique, et il y a d'autres places pour en discuter.
L'ennemi n'est pas l'entreprise (donc commerciale) mais l'entreprise privatrice (monopole, brevet, drm, pratiques commerciales douteuses..).
Rappelons nous que Linuxmag et autres ne sont pas faits par des amateurs au fond d'un garage..  que nous avons de la chance qd on voit ce qu'il y chez nos voisins dans le genre (en GB, 2pages de pub pour 1pages d'info + qq miettes de contenu)

L’édition de logiciels (progiciels majoritairement) représente environ 10 Milliards d'Euro en France (Syntec), heureusement qu'il y en une partie pour les LL. Cela ne concerne pas les 30 milliards de prestations de services.
Au états unis, si j'ai bien compris, il me semble que lorsqu'un objet devient "commun" au sens du partage, il faut considérer :
1) que s'il est payé par la collectivité (c'est cas de tous les logiciels issus des universités) il revient à tous les citoyens (comme l'open data d'ailleurs)
3) que les représentants des citoyens n'(ont-oups) ne devraient avoir qu'une idée en tête, créer de la valeur pour que tout le monde ai un emploi/de quoi vivre
4) qu'en logique américaine, créer de l'emploi c'est réinvestir l'innovation pour créer de nouvelles valeurs/combinaisons/services qui se vendent et payent la R&D, et ça, c'est justement le travail des entreprises (enfin, celles qui payent des impôts).

En ce sens, tous les américains que je connaissent ne comprennent rien à notre volonté française de mettre du NC (non commercial) partout alors que c'est là l'intérêt du logiciel libre : permettre à de nouvelles entreprises de transformer une idée matérialisée par un code pour créer de la valeur ajoutée, sans avoir de joug super capitalistique privateur..
Ce débat (NC / pas NC) n'a de sens en France que parce-que certain s'imaginent que c'est à l'état de tout payer et aux bonnes volontés de vivre avec de la reconnaissance. Demandons alors à l’État de payer les programmeurs du libre puisqu'ils travaillent au bien commun..
Reprenons le point 4) et demandons nous, en France, ce qui est important pour la Société dans ce qu'apporte le LL. Et il y a des réponses.

Maintenant, comment faire vivre les logiciels "généralistes" genre LO ou Gimp ou FF,.?
En participant au paiement des programmeurs/ergonomes/juristes/traducteurs/promoteurs ...
Qui peut le faire ? l'état ou la collectivité ? Non, effectivement, pas pour un logiciel téléchargeable gratuitement..
Une solution américaine est la fondation.. qui repose sur les dons que les américains, culturellement habitués à rendre la monnaie qd ils ont bénéficié d'un service. cf le financement des universités, des fondations, des églises, ... (Pour "les américains", j'ai bien conscience de généraliser grossièrement). Je me doute qu'il doit bien même y avoir des avantages fiscaux.

En France, pays du "tout cuit", on n'est même pas capable de faire aussi bien que Billou sur ce sujet, toutes proportions gardées .. (ça c'est un bo Troll !!)
il y a donc peu de moyens pour créer/entretenir des LL :
- Une défiscalisation en reconnaissant d'utilité publique (fichier XLS, mdr) les associations et fondations qui participent à la valorisation du libre.
C'est un point majeur. Framasoft ou Wikimédia font bien autant pour le bien publique que certaines de ces asso.

- Le financement participatif par les entreprises/collectivités. Une boite qui utilise du LL peut considérer qu'elle bénéficie du travail des programmeurs précédents et "libère" des heures de travail de ses collaborateurs pour les projets de leurs choix. Ça existe, et ce n'est pas assez connu à mon goût.
Cela devrait s'appliquer aussi aux chercheurs/profs/informaticiens//// de la fonction publique.
Il ne s'agit pas surtout pas de "vendre des formations" faites par des programmeurs ou de faire "faire de la programmation" par des enseignants, chacun son métier.
Donc, plus il y de sociétés de LL, plus il a de moyens pour la création. à condition que ces boites vivent (en opposition à survivre).

- Que les sociétés de formations, conseils et services associées aux LL (quand elles n'ont pas de développeur) puissent prendre, et prennent des parts de participation dans les sociétés de développement.
- Que les grands comptes clients puissent prendre, et prennent des parts de participation dans les sociétés de développement.

- Le Crowdfunding, c'est aussi possible pour les collectivités cf Communes.com.
..

Concernant la commande publique.
Les collectivités ont les mêmes besoins que les entreprises ( tranquillité de fonctionnement, d'une tranquillité juridique, d'une adaptabilité/maintenabilité  et à prix correct). Aucun gratuit ne peut répondre à cela.
Par contre, en achetant/soutenant  les dvp des progiciels libres, les collectivités respectent le principe de non paiement deux  fois d'un développement public ET elles permettent de faire vivre les projets R&D libres (métiers et/ou généralistes), à condition que ces derniers offrent au minimum les même garanties que les autres développements.
Elles font donc des économies d'échelle, elles font vivre les entreprises locales, et elles récupèrent des impôts sur le bon fonctionnement de ces entreprises.

Il ne faut donc surtout pas demander aux pouvoirs publics de "placer" des logiciels gratuits, sans support, ni garantie, ce qui est du perdant/perdant/perdant
(0 fric pour les entreprises, 0 support pour l'utilisateur. Pour la collectivité, vus les garanties juridiques/fonctionnement/pérennité/support ça se discute).
Proposons leur plutôt des logiciels et services adaptés à leurs demandes, et en Educ, il y en a des besoins..

D'où l'importance de l'April  et consorts dans le débat public.
D'où l'importance d'aller voir les candidats pour leur demander des engagements comme l'a fait Charlie.

C'était un gros grain de sel
Amitiés à toutes et tous

Nicolas





Le 18/03/2014 09:56, cnestel AT free.fr a écrit :
Suite de mon message parti à cause d'une fausse manoeuvre

----- cnestel AT free.fr a écrit :
----- Éric Seigne <eric.seigne AT ryxeo.com> a écrit :

      
Nous devons contester l'escroquerie intellectuelle qui consiste à considérer
les logiciels comme des "biens économiques" et revendiquer, notamment
pour tous les établissements d'enseignement une dotation dédiée à un mécénat
public, pour encourager la culture, la production de savoirs et les logiciels.

Donc la suite :  Voilà qui serait cohérent avec la philosophie du Libre
et avec la tentative de mettre en place un mécénat global par le regretté 
Francis Muguet (l'un des fondateurs de l'Internet français qui fut membre
de l'April) et Richard Stallman lui-même.

Cela étant dit. Rien n'interdit également de prendre en compte les 
prestations. Là on est dans un modèle économique qui n'est pas antinomique
avec le logiciel libre.


Maintenant, la question de fond, c'est lorsqu'un développeur passe 100%
de son temps à coder, comment fait-il pour vivre de son art ?
généralement on réponds "fais du service à côté" ... ok mais alors s'il
fait 50% de son temps de la formation et qu'il réinvestit ses bénéfices
dans le développement de logiciels il n'est toujours pas payé pour
pratiquer son art de développeur. Ça pose une question. Juste une
question simple. Tous les développeurs ne font pas ça que pour
l'occupation du dimanche quand il pleut. Certains développeurs de talent
"valent cher" et je ne vois aucune raison à leur dire que je ne peux pas
les payer sous prétexte qu'on fait du libre. Faire du libre serait donc
lié à l'idée d'être pauvre ? je peux comprendre des collègues qui après
avoir bossés plus de 10 ans à développer du logiciel libre aient envie
d'acheter un petit appartement ... et de fonder une famille.

      
Je sais que tout le monde sur cette liste ne peut être que d'accord avec
ça et je ne fais qu'enfoncer des portes ouvertes.

Ce que tu dis est tout à fait légitime.



Revenons à la question de départ: vendre du logiciels libres aux
collectivités:
Dire qu'on vend un logiciel est une aberration. On ne peut pas
vendre une oeuvre de l'esprit.
J'ai deux billes, j'en vends une : il m'en reste une.
J'ai deux infos, j'en "vends" une, il m'en reste toujours deux.
Je l'ai toujours. J'ai donc vendu une copie, mais pas le logiciel.

elles ont toutes des "lignes budgétaires pour acheter des
licences de logiciels". Nous savons traduire ça en "achat de droits
d'utilisations ponctuels pour des logiciels propriétaires et donc
gaspillage d'argent public".
Tu es je pense sur la bonne voie, mais le terme "achat de droits
d'utilisation" ponctuels" est antinomique avec les logiciels libres.
En revanche, ce que l'on appelle "don" ou "financement participatif" 
ne sont pas antinomiques avec les logiciels libres. C'est cette possibilité
qu'il faut légaliser pour les services publics lorsqu'ils téléchargent
des logiciels libres de type suite bureautique ou autres.
En revanche, lorsqu'il s'agit de prestations de services de type
installation, maintenance de réseaux, etc ; les règles existantes
permettent déjà de financer les entreprises en logiciels libres, 
malgré certains handicaps.




 Maintenant question suivante: on fait
comment pour faire bouger les choses ? après avoir essayé pendant
environ 10 ans on a fini par se poser la question d'une autre manière.
Ai-je le droit de vendre des licences de logiciels si ces logiciels sont
libres ? la réponse est OUI, cf
NON !
Tu ne vends pas une licence, c'est-à-dire un droit d'utilisation. Ceci me semble
antinomique avec la philosphie du logiciel libre. Tu ne peux pas vendre
la liberté.
Tu vends donc une distribution ou une copie.

Cf. dans la source que tu réfères :

" Ainsi, si vous redistribuez des copies de logiciels libres, vous pouvez aussi bien 
fixer un prix élevé et faire un peu de bénéfice. La redistribution de logiciels libres 
est une activité honorable et totalement légale ; si vous l'exercez, vous pouvez 
très bien en tirer profit.


https://www.gnu.org/philosophy/selling.fr.html ... donc pourquoi ne pas
le faire ? Nous "vendons donc des licences de logiciels" 
NON ! Sauf si tu entres dans une logique privatrice. Ce qui est tout à fait
ton droit.


comme ça on
rentre dans les intitulés des acheteurs des collectivités pour qui le
libre n'est malheureusement pas encore un argument discriminant (mais on
espère tous que ça viendra). En échange on leur fournit "des trucs" qui
les surprennent: le code source et les droits liés à la GNU/GPL ...
c'est un peu comme le cadeau offert par une grande marque à un bon
client ... tiens un truc en plus. Et de temps en temps ça donne des
résultats. Tant mieux.

L'adullact est une bonne piste pour améliorer les choses mais bon sang
que les mentalités sont lentes à faire bouger.Un financement
participatif d'argent public pour payer une fois le développement des
outils nécessaires pour mener à bien la mission de service public ...
Le financement participatif est une piste à explorer et développer.
De même, reprendre l'idée de Mécénat global de Muguet/stallman.


c'est un doux rêve qu'on arrivera peut-être un jour à faire devenir
réalité. Afficher un prix libre ? ça marche de temps en temps. Afficher
un tarif pour un service accessible gratuitement ? ça étonne mais
quelques clients paient ... décoreller l'obligation de payer contre
service rendu, c'est un truc étrange mais quelques personnes commencent
à y venir. Le hic c'est qu'il faut faire bouger la loi et ensuite faire
descendre tout ça jusqu'au niveau du donneur d'ordre qui passe
commande... en attendant je préfère qu'il dépense de l'argent public en
achat de logiciels libres même si ça s'écrit dans la ligne budgétaire
"achat de licences de logiciels".
Pour conclure. Je considère que tu es sur un créneau/niche plus simple
à gérer en matière d'éducation que les collèges et lycées.
Les maires ont un réel pouvoir, et sont organisés dans des associations
de type Association des Maires de France qui me semblent ouvertes
et transpolitiques. Localement avec le pacte du logiciel libre dans
ma ville, les candidats que j'ai contactés m'ont semblé ouverts.

Librement,
Charlie




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