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educ - Re: [EDUC] SaaD (was : Nouvelle version de Framadate)

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] SaaD (was : Nouvelle version de Framadate)


Chronologique Discussions 
  • From: Pascal Fautrero <pascal.fautrero AT ac-versailles.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] SaaD (was : Nouvelle version de Framadate)
  • Date: Fri, 28 Nov 2014 16:24:14 +0100
  • Organization: DANE Versailles


On 28/11/2014 15:09, Louis-Maurice De Sousa wrote:
Le 28/11/2014 14:39, Pascal Fautrero a écrit :
Bonjour,

Je me greffe sur ce fil même si le SaaS est traité en parallèle sur au
moins deux autres fils de discussion.

Voici un petite réflexion personnelle (orientée technique) sur le SaaS
issue de ce texte (merci à Charlie Nestel pour la référence) :

https://www.gnu.org/philosophy/who-does-that-server-really-serve.html

Le SaaSS
---

Stallman crée un nouveau terme "SaaSS" pour pointer du doigt le vrai
problème de cette technologie : transmettre ses données personnelles à
un serveur tiers pour réaliser un traitement spécifique (qui aurait pu
être fait localement)
S'il n'y a pas de traitement de données (j'entends par là, s'il n'y a
pas de modification de la donnée), ce n'est pas du SaaSS. Tous les
systèmes de publication centralisés ne sont donc pas considérés comme du
SaaSS.

Framapad n'est par exemple pas du SaaSS. C'est un outil collaboratif de
publication. Le texte saisi n'est pas traité par un service (situé sur
le serveur de framasoft)
Framadate peut ne pas en être non plus. Il faut savoir si les données
sont traitées côté serveur.
Si tu remplaces Framasoft par Google® ça devient du SaaSS. De la même 
façon qu'un blog sur la plateforme académique, ce n'est pas pareil que 
chez Blogger®.

ce n'est pas ce que je lis :

"[...]Même aujourd'hui c'est ce que font la majorité des sites web, et cela ne pose pas le problème du SaaSS, parce qu'accéder aux informations publiées par quelqu'un n'a rien à voir avec votre propre informatique. Publier votre propre contenu par l'intermédiaire d'un blog ou d'un service de microblogging comme Twitter ou StatusNet, non plus".



Les tendances du web (anti-SaaS ?)
---

Vous le savez, html5 est devenu une recommandation du W3C (depuis
octobre de cette année).
Cette technologie vise à faciliter ce qui est communément appelé les
"webapps". C'était une idée lancée par Opera en 2004 mais refusée à
cette époque par le W3C :
http://www.w3.org/2004/04/webapps-cdf-ws/papers/opera.html
Ceci aboutit alors à la création du WhatWG et cette fameuse présentation
proposée par le jeune Ian Hickson en 2005 :
http://www.hixie.ch/advocacy/whatwg-presentation/#0

Il se trouve que cette idée amène à changer de posture sur le
développement d'applications web. Le traditionnel serveur apache/tomcat
+ traitement en php/java avec un côté client juste prévu pour
l'affichage est tombé au profit d'une application cliente plus lourde,
capable de faire les traitements auparavant réservés côté serveur.
Le _javascript_ est un langage puissant qui, depuis la naissance de html5,
s'est vu équipé d'une API non moins puissante.

Ceci a donc engendré un très gros mouvement dans le monde des
développeurs pour s'orienter vers des développements "frontend" (et ce
que certains appellent les SPA). Le serveur n'est alors quasiment plus
sollicité si ce n'est pour stocker les résultats obtenus localement.
Ceci allège les charges serveurs, c'est une forme de délocalisation. En
fait, on revient à la case départ avec un client lourd qui fait le travail.

On retombe ici sur les problématiques classiques du logiciel privateur. 
La transmission sur le poste client d'un code _javascript_ dont 
l'utilisateur n'a pas le contrôle pose problème.
https://www.gnu.org/philosophy/_javascript_-trap.html
que tu obtiennes l'application _javascript_ par un navigateur ou une application compilée depuis un site est fondamentalement la même chose. A moins de prôner l'utilisation exclusive des dépôts.

Est-ce que télécharger une application compilée sous licence libre sur un site est considéré comme une démarche incompatible avec la philosophie du libre ?

Quoiqu'il en soit, si l'utilisateur ne souhaite pas télécharger l'application web, il peut très bien demander à utiliser un client lourd qui utilisera les webservices de la plateforme en question.



Des idées de position vis à vis du SaaS
---

HTML5 nous incite a réaliser les traitements en local. Ceci inverse la
tendance SaaS. Il est donc assez aisé de pousser dans ce sens.
Aisé parce que les arguments à avancer peuvent être de plusieurs natures :

  - éthique (le SaaS n'est pas compatible avec le libre)
  - technique (économie des serveurs, limitation des problèmes de bande
passante, de connexion...)
Si l'utilisateur sait clairement ce que le navigateur va exécuter, ce 
n'est pas un problème. S'il n'a aucun contrôle là-dessus, ça en devient 
un. L'acceptation par tous les navigateurs des DRM est de ce point de 
vue peu rassurante.
Les DRM ne sont pas des backdoors. Sans compter que le draft "encrypted media extension" n'a pas été validé par le W3C :
http://www.w3.org/TR/encrypted-media/
C'est même finalement l'effet inverse. Si tu n'as pas payé le droit de consulter une ressource, tu n'y accéderas pas. Charge à l'utilisateur de refuser d'utiliser ce système de verrouillage.
Il est encore possible qu'il ne soit jamais standardisé. NetFlix, Google et Microsoft poussent pour que ça le devienne mais ils n'ont pas encore gagné.


      
Quid des données envoyées sur le serveur ?
---
Certains l'ont déjà précisé dans d'autres fils de discussion sur cette
liste. Tout d'abord, ce n'est pas la problématique du "SaaSS". SaaS
équivaut à "traitement des données personnelles par un service".
Mais je crois qu'il faut prendre position sur le problème des données
stockées "ailleurs". Le SaaS n'est qu'une brique du cloud computing. Le
stockage des données en est une autre tout aussi importante.
Actuellement, la solution pour régler ce problème me semble à la portée
de tous.
Ce qui pose problème dans ce cas de stockage distant, c'est la "valeur"
intrinsèque de la donnée envoyée. Une donnée sans valeur peut très bien
être stockée sur un serveur quelconque. Le fournisseur de service ne
pourra rien en faire.
Pour qu'une donnée perde sa valeur, il suffit de la chiffrer. Et pour
partager ces données avec d'autres utilisateurs, il suffit que
l'application échange des clés de chiffrement/déchiffrement entre ces
utilisateurs.
Encore une fois, HTML5 le permet. De cette manière, des données "sans
valeur" sont stockées quelque part, partageables entre utilisateurs et
inexploitables par les fournisseurs de service.
Tu ne peux pas dévaloriser une donnée. La seule dévalorisation possible 
est que personne n'y accède. Si on y accède, même de façon chiffrée, 
elle aura une valeur.

laquelle ? Je fais des paiements en ligne sans aucune inquiétude. C'est un leurre de croire que tes données sont plus sécurisées si elles sont physiquement chez toi. Le verrouillage numérique est aussi sûr (ou aussi peu sûr) que le coffre fort dans ton salon.


Le problème tient à la construction de l'économie de l'informatique. Le 
modèle de Microsoft® est illégitime. On ne vend pas des choses dont la 
reproduction ne coûte rien, comme si c'est c'était des objets matériels.
Le modèle de Google® est illégitime et injuste. On n'offre pas un 
service gratuit en transformant ses utilisateurs en produits.

Ces systèmes économiques ne profitent à personne sinon aux entreprises 
qui les portent et sont inutiles.



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