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educ - Re: [EDUC] Nouvelle version de Framadate

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Nouvelle version de Framadate


Chronologique Discussions 
  • From: Pierre Boudes <pierre AT mindsized.org>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Nouvelle version de Framadate
  • Date: Fri, 28 Nov 2014 00:41:27 +0100


Le 27 nov. 2014 à 13:23, Rémi Boulle <mail AT remiboulle.fr> a écrit :

> Le jeudi 27 novembre 2014, 11:35:27 cnestel AT free.fr a écrit :
>> Et c'est précisément pour cette raison que Stallman est, une fois
>> de plus, bien seul dans le combat contre le SaaS.
>
> Certes mais quelle alternative ? Que les services en ligne soient gérés par
> l'État ou une agence de l'État comme le suggère RMS ?

Oui, c'est la meilleure option.

Je plaide pour que les collectivités locales développent ces services et
notamment la partie réseaux sociaux, c'est une question de construction de
l'espace public. Autant aux États-Unis je doute que cela arrive, autant en
France ça serait tout à fait possible.

Prenons par exemple Diaspora* (ou friendica/red etc.), et plus précisément la
version qui aura une vraie crypto forte et où la clé privée serait détenue
uniquement par les utilisateurs et utilisatrices (les messages privés et les
espaces de stockage sont illisibles par les admins).

Avec un pod par collectivité (ville ou communauté de commune ou pays), on
pourrait proposer un réseau social non privatif fédéré avec le reste du
monde. Chaque collectivité pourrait bâtir ses propres services. Une gestion
fine des services municipaux, par exemple (inscriptions diverses,
informations de dernière minute).

C'est l'avenir des réseaux sociaux libres et décentralisé : une
décentralisation sur les contours des espaces de socialisation qui sont
physiques (écoles, marchés etc. du "copains d'avant" encore et toujours),
l'interopérabilité (fédération) et une délégation de pouvoir à l'échelon
local (admin, hébergement). Soit ces réseaux font à terme concurrence aux
collectivités locales, soit on fusionne les deux approches dès le départ.

Les libristes iront (et vont déjà) plus loin (auto-hébergement, réseaux mesh
etc.), mais restons pour le moment à l'échelle la plus urgente.

Les collectivités et l'État se sont intéressées aux tuyaux de l'internet en
pensant en terme d'infrastructures et de développement du territoire.
L'action publique était orientée routes (tuyaux à marchandises) au lieu de
penser rues (espace de rencontre et d'échange). Du coup on a laissé fleurir
d'immenses "gated communities" (résidences privées à l'échelle ville) au
niveau applicatif, construisant des mégapoles (des /gafapoles/ ?) avec leurs
privations de libertés (règlements privés, exploitation etc.). Notre chance
est que notre territoire physique n'est pas sur ce modèle contrairement à
d'autres pays où la fracture pauvres/riches est organisée selon ces espaces
fermés[1].

L'espace public au sens d'espace d'expression libéré du pouvoir politique
s'est construit par une association historique avec les commerçants[2]. Cela
s'est prolongé avec l'internet (après Altern et la Rafale on a eu Amazon puis
Google). Mais cette vielle alliance ne doit plus être le moteur principal de
la création d'un espace de démocratie et d'intelligence collective.

A+
Pierre

[1] Dans Planet of slums (Le Pire des mondes possibles : de l'explosion
urbaine au bidonville global), Mike David décrit bien la gated community,
avec sa police privée et son règlement spécial, bâtie entre l'aéroport
international et la ville, avec, comme il se doit, ses voies rapides
dangereuses pour les pauvres.
[2] En gros, les commerçants finançaient les journaux par la publicité,
créant ainsi de l'espace public dans lequel l'opinion publique pouvait se
former (voir Habermas).


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