[EDUC] Re : Re: Mise au point indispensable

[cnestel AT free.fr]

----- jamal <jamelou AT gmail.com> a écrit :
> Salut à tous,
> 
> Si j'ai bien compris l'objet de la discussion, c'est la consultation
> concernant les format ouverts dans l'éducation, mais si ça se trouve j'ai
> rien pigé !

Pas toutafè. Ce n'est pas une consultation sur les formats ouverts et 
l'interopérabilité
dans l'éducation, mais sur un substantif global nommé *le* "numérique" mis 
à différentes sauces.

* le numérique, les apprentissages et la réussite de tous les élèves, 
* le numérique, renouvellement et diversification des pratiques pédagogiques 
et éducatives,
* le numérique et les compétences de demain,
* le numérique et la réduction des inégalités,
* le numérique, un facteur d’ouverture de l’école à son territoire et à son 
environnement.



> En tout les cas, je vais vous faire part de mon (ma petite) expérience dans
> le domaine.
> 
> Je suis responsable informatique dans une petite commune de 7500 habitants.
> J'administre le parc info de la mairie mais également celui des 8 écoles (4
> maternelles, 4 primaires).
> Cela représente environ 270 pc.
> 
> Comme toutes les mairie, nos budgets rétrécissent d'années en années et il
> a fallu trouver des postes d'économies. Etant militant et pro-libre, j'ai
> mis en place une stratégie en 2 phases.
> 
> 1ere phase : éliminer tous les logiciels propriétaires des postes et les
> remplacer par des alternatives libres.
> Pas évident au début, panique des profs, ma tête mise à prix par l'ATUIC du
> secteur, je suis devenu le bad boys des réunions de profs ! Mais j'ai
> renversé la vapeur, en accompagnant, individuellement les profs à
> l'utilisation de ces nouveaux outils. En quelques semaines d'explications,
> formations, argumentations, j'ai réussi à avoir l'adhésion de 99 % des
> profs (on se claque la bise et on se dis "tu" maintenant !).
> Pour infos, j'ai opéré la même migration sur la parc de la Mairie avec pour
> seule différence, le choix de la suite bureautique, LibreOffice en
> l'occurrence. Là aussi, toutes les réticences ont été effacées avec de
> l'écoute, et de l'accompagnement personnalisé.
> Maintenant, soit 18 mois aprés, dans mes 8 écoles, ils utilisent
> OpenOffice, firefox (et chrome), thunderbird, 7zip, the gimp et Krita,
> Opensankoré, pour les principaux. Le tout est piloté par un serveur Zentyal
> (base ubuntu) qui gère réseau, partages, sauvegarde et filtrage web. Et
> tout se passe bien côté élèves et profs.
> 
> La 2ieme étape sera la suppression de l'OS windows et le remplacement par
> Linux MINT. C'est prévu pour début 2016. J'attends avec impatience cet
> évènement, d'autant plus que j'ai des retour positifs sur l'OS, vu que je
> l'ai dejà installé sur les pc en salle des profs.
> 
> Tout ça pour dire qu'il est important de prendre conscience de l'importance
> des formats ouverts, et d'offrir une alternative, de préférence libre, au
> enfants (qui ont été pour moi la seule motivation). L'adhésion des profs au
> projet, étant utiles mais secondaire.
> Parce que discuter, consulter, se réunir pour en parler, c'est bien. Mais à
> un moment donné, il faut agir et toutes les difficultés tombent les unes
> après les autres, si le changement est expliqué, motivé, argumenté. (mais
> je reste lucide, et je sais que c'est pas forcement toujours aussi simple)

"L’analyse des indicateurs relatifs à la rentabilité et à l’évolution de la 
valeur 
ajoutée montre par ailleurs que l’enseignement constitue avec l’édition 
juridique
l’un des secteurs les plus profitables de l’édition." note le rapport "La 
structuration 
de la filière du numérique éducatif : un enjeu pédagogique et industriel".
  
http://www.education.gouv.fr/cid73971/la-structuration-de-la-filiere-du-numerique-educatif-un-enjeu-pedagogique-et-industriel.html

Il s'agit donc de piloter dans une vaste convergence numérique différents
acteurs - Etat, entreprises, opérateurs de télécom, collectivités 
territoriales,
fabricants de tablettes, grosses entreprises proposant du cloud sur le mode
"service comme logiciel", les éditeurs, etc - pour accompagner ce passage
au numérique.

Il s'agit donc purement d'une opération de marketing, mais pas que.

La posture du Libre ne peut être une réponse en termes d'outils se substituant
à d'autres outils. Le SaaSS en mode open source, pour l'utilisateur final
c'est kif kif que du proprio à la sauce Minitel 2.0.

Le modèle cognitif sous-jacent au libre induit une autre école où l'élève
apprend à copier intelligemment, travailler en mode collaboratif, où il
est également producteur de contenus, où il apprend à sélectionner différentes
sources, les synthétiser. Ce qui présuppose le libre accès et la libre 
circulation de contenus non DRMisés, encapsulés dans de la publicité,
sur des moteurs de recherche où le classement n'est pas conditionné par
de la vente aux enchères, c'est-à-dire une école où le savoir est au
coeur du dispositif.

Librement,
Charlie