Re: [EDUC] Visio-conférence

[william <wgambazza AT yahoo.fr>]

Le 13/11/2020 à 19:57, Guyot Vincent a écrit :
> Vous avez donc utilisé une technologie vidéo pour faire de l'audio, ce
> qui est intéressant :-).


Attention, je n'ai pas dit qu'il n'y avait pas de lien vidéo : je
partageais mon écran avec les activités à faire et les corrections en
live correspondantes.

Pour le reste, n'oublions pas non plus qu'il s'agit d'une situation
exceptionnelle et sans précédent jusque là pour laquelle personne n'a
reçu de formation à "comment faire classe à distance" (si tant est que
cette expression ait un sens, ce qui reste à prouver...)



> C'est très problématique et pour moi, avec la systématisation de ces
> conférences l'écoute devenant régulière si on a plusieurs enfants,
> cela n'est pas admissible. 

Je comprends et n'ai pas encore d'avis vraiment tranché sur la question.
Cette intrusion a aussi eu lieu chez moi et je ne l'ai pas mal vécu
parce que je me donnais les conditions pour que ça ne dérive pas. On est
d'accord que j'étais en capacité de le faire et que ce ne doit pas être
un pré-supposé pour tout les élèves et toutes les familles.


> Comme je l'ai dit, même les enseignants ont des difficultés à refuser
> de faire de telles vidéos. 

Mon constat est plutôt qu'il y a aussi des enseignants qui cherchaient à
maintenir ce lien. Il ne faut pas oublier que c'est ce lien si
particulier qui fait notre place dans l'enseignement et de se retrouver
chacun confiné à devoir poursuivre un apprentissage avec les élèves à
mené une part d'entre nous à chercher ce lien. À tort ou à raison, dans
tout les cas, sans recul ni formation sur ce sujet. Les seuls qui
avaient un peu d'expérience dans ce domaine sont les enseignants du CNED
qui utilisaient ce moyen de contact dans certains cas, les formateurs
qui produisent les ressources magistère (et on peut considérer que c'est
éloigné de la situation avec des élèves) et c'est à peu près tout à ma
connaissance.


> C'est pourtant ce que demandaient mes collègues « pour être certains qu'ils 
> travaillent ». Car à la violation de
> domicile, se superpose une volonté de contrôle qui me pose problème, comme 
> je l'ai dit précédemment, car elle amène à la
> maison un cadre horaire qui pose des problèmes d'accès aux machines, de 
> gestion familiale et in fine implique une
> la nécessité d'une sur-informatisation.

Ce problème de "cadre horaire" est pourtant bien présent le reste du
temps : l'emploi du temps scolaire rythme celui du cadre familial
d'ordinaire. Le lever des enfants, leurs départ au bus ou les amener à
l'école, les récupérer ... plus les activités péri-scolaires, sportives
... On peut le regretter mais c'est un peu inévitable avec un
"enseignement de masse" il me semble. Alors pourquoi s'étonner qu'il
soit là dans une période inédite où les élèves ne font plus classe dans
les lieux habituels ? Je ne suis pas sûr de comprendre ?


> À tel point que chez nous ils ont refusé de faire la promotion de Moodle.

Ça c'est pas cool ! :-(


> Merci. Quant à moi, je pense qu'une liste de réflexion sur l'informatique 
> dans l'enseignement ne peut faire l'impasse
> d'une discussion de fond sur nos pratiques et en rester à des réflexions 
> techniques. De la même manière qu'on a
> interpellé sur le fonctionnement économique des logiciels privateurs, on 
> doit interpeller sur l'utilisation d'outils qui
> même libres sont potentiellement problématiques, surtout dans le cadre 
> d'évolutions sociétales comme la reconnaissance
> faciale.

On est d'accord, c'est le débat qui fait avancer les mentalités et
permet d'ouvrir les perspectives !

Je suis aussi entièrement d'accord sur le fait que Libre n'est pas
"magique" et qu'on ne peut pas éluder la question de l'impact du
numérique dans nos vies.

Lors d'une réunion, cette semaine, je me suis étonné de ce que des
collègues du supérieur envisageait Whats'app comme moyen de
communication au sein des travaux qu'auraient à mener leurs groupes
d'étudiants. Si on met de côté le logiciel et ce que tout le monde doit
en penser sur cette liste. Je me suis étonné de ce que les enseignants
poussaient en fait les étudiants à installer sur leur smartphone
personnel un outil qui n'a d'autre effet que de s'introduire
profondément dans la vie personnelle et privée de ces mêmes étudiants.
Qu'arrivera-t-il lorsqu'ils devront alors échanger sur le projet. On
leur apprend donc qu'il faut être disponible à tout moment et répondre
dans l'instantanéité pour mener un projet ? Au même moment où on parle
de droit au décrochage numérique ?

Comme quoi les pratiques se nourrissent des outils existants sans
forcément de réflexion sur les usages ....

William