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libreassociation - Re: [LibreAsso] RE: [LibreAsso] RE: [LibreAsso] Texte de présentation de l'ESS aux libristes

Objet : Liste de discussion pour le groupe logiciel libre et monde associatif (liste à inscription publique)

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Re: [LibreAsso] RE: [LibreAsso] RE: [LibreAsso] Texte de présentation de l'ESS aux libristes


Chronologique Discussions 
  • From: Frédéric Sultan <fredericsultan AT gmail.com>
  • To: libreassociation AT april.org
  • Subject: Re: [LibreAsso] RE: [LibreAsso] RE: [LibreAsso] Texte de présentation de l'ESS aux libristes
  • Date: Mon, 25 Jul 2011 14:21:47 +0200

Cher Jean-Yves,

Merci pour ces précisions.

De mon point de vue, justifier un "je milite pour que l'on supprime les formations à l'ESS dans les universités" ! par un amalgame entre entreprenariat individuel et ESS, sous prétexte des bonnes intentions d'un grand nombre de ces entrepreneurs ne tient pas debout.

Cette argumentation, si on l'appliquait au domaine du logiciel libre, reviendrait à proposer de confier aux éditeurs de logiciel propriétaire le soin d'informer les consommateurs des valeurs du logiciel libre.

Pour un petit témoignage de la manière dont est enseignée l'économie, je vous suggère de regarder l'anecdote rapportée par une étudiante et présenté par sa mère, Ruth Meinzen-Dick, de parti pris puisque présidente de l'International Association for the Study of the Commons sur la vidéo suivante (à partir de la minute 17) :
http://www.boell.de/economysocial/economy/economy-commons-10451.html
Le contexte est anglo-saxon -la vidéo en anglais, désolé-, mais les écoles françaises ne sont pas en reste. Et bien sur, ce n'est qu'une anecdote. Elle montre seulement que les enseignants sont pris dans leur doctrine et loin d'être neutres qu'on pourrait le penser.

Il me semble que pour ne pas "se battre bêtement", il faut justement donner du sens aux statuts, faire qu'ils soient respectés/appliqués autant dans l'esprit que dans la lettre et si besoin les faire évoluer, plutôt que discuter des bonnes intentions ou la gentillesse (dont je ne doute pas) des dirigeants d'entreprises (petites ou grandes par la taille, la créativité, ...etc) scop, associations.

Militer signifie défendre des droits, et non pas juger des bons sentiments. Personnellement, je n'ai aucune raison d'en vouloir aux auto-entrepreneurs, aux responsables des multinationales, aux enseignants en éco, aux économistes, aux profs de fac, .... enfin, pas pour le moment ;-)

Fred

PS : Je ne connais pas l'histoire de RMS
Comme il m'est arrivé d'être méchamment
agressé par RMS, parce que j'étais présent devant une affiche qui ne
reconnaissait pas tous ses mérites, je sais que le libre a des
limites...

(et franchement, je ne comprends rien à cette phrase)
mais j'espère ne pas avoir méchamment agressé personne.

Fred


ROYER Jean-Yves a écrit :
-----Message d'origine----- De : Philippe Pary
[mailto:ppary AT april.org] Envoyé : vendredi 22 juillet 2011 21:52 À
: libreassociation AT april.org Objet : Re: [LibreAsso] RE:
[LibreAsso] Texte de présentation de l'ESS aux libristes

Bonjour,

Je partage la réaction de Frédéric à ce sujet.

Ceci m'incite à quelques précisions et réactions dans le texte.

A+

Jean-Yves ROYER

Le jeudi 21 juillet 2011 à 16:20 +0200, Frédéric Sultan a écrit :
bonjour,


ROYER Jean-Yves a écrit :
-----Message d'origine----- De : Jean-Christophe Becquet [mailto:jcb AT apitux.com] Envoyé : mardi 19 juillet 2011 22:22
À : libreassociation AT april.org Objet : Re: [LibreAsso] Texte
de présentation de l'ESS aux libristes


Bonsoir,
Bonjour,

Oui, c'est un point très important selon moi, le préjugé : «
association = gentils / entreprise = marchands = méchants »
est extrêmement répandu, notamment dans les communautés du
libre.
Oui, je trouve cela très regrettable, notamment, c'est un point
de vue que l'on rencontre chez des jeunes.

Je milite pour que l'on supprime les formations à l'ESS dans
les universités, car cela contribue à construire des frontières
alors qu'il y a un continuum entre la multinationale et
l'entreprise individuelle avec de mauvais et bons exemples à
toutes
les échelles
et des pratiques diversifiées qui ont chacune leurs avantages
et leurs inconvénients.
Quelle est la relation entre entreprise individuelle et ESS ?

Je voulais indiquer qu'il n'y a pas de frontières : ni en fonction de
la taille de l'entreprise, ni en fonction de ses motivations et de
ses valeurs.

Par exemple, je connais des entrepreneurs individuels qui ont pris ce
statut pour continuer à travailler dans le secteur associatif après
avoir été licenciés par des ONG, et pour certains, avant de créer une
coopérative à plusieurs d'une ancienne équipe. Même les entrepreneurs
individuels peuvent avoir des motivations très différentes et des
activités qui traduisent les valeurs qu'ils défendent.

Et pourquoi pas plutôt l'inverse ? rendre obligatoire une
connaissance de l'ESS, son histoire,
ses valeurs,
son poids, ses réussites et ses échecs... dans les formations économiques classiques ? voir dans le cursus scolaire général ?

Bien entendu. Je pense que c'est le cas dans un certains nombre
d'écoles "de management", comme on dit. J'en veux pour preuve
certains témoignages entendus à Dialogues en humanité à Lyon au début
de ce mois ou l'expérience de rencontres à l'EM Lyon.

Aux journées de l'économie à Lyon, principalement destinées aux
enseignants en économie, c'est un thème qui a été largement traité en
novembre dernier. Je n'étais pas le seul à trouver que toutes les
formations en gestion devraient être génériques et non cloisonnantes.


Avez-vous déjà fait l'expérience de rencontrer un expert
comptable qui
ne sait même pas que des formes alternative d'entreprises
existent...

Non !

c'est un peu comme lorsque vous expliquez à votre grand
père que Windows
n'est qu'un système parmi d'autres et qu'il a quelques
inconvénients
auxquels il n'avait pas songé. Il vous regarde avec des yeux
ronds jusqu'au moment où si vous êtes assez habile, vous
réussissez à allumer
une petite lumière d'intérêt dans ses yeux.

Pensez-vous vraiment que supprimer les cursus ESS à
l'université va nous
aider à mieux faire dans le champ l'ESS ? voir même à
seulement mieux
faire valoir les valeurs de l'ESS (si on considère que les
statuts ne
sont pas si importants que cela) ?

De manière générale, je trouve regrettable que l'on mette les jeunes
dans des cases, surtout quand cela les incite à diaboliser le reste
du monde. Donc je suis contre un cursus spécifique mais pour la
généralisation de la découverte des divers modes d'organisation des
activités humaines. Les quelques spécificités de l'ESS pourraient
faire l'objet d'une option.

Les relations humaines, l'organisation du travail, les bases de
l'économie ou de la communication, etc. sont communes à toutes
les activités.

Ceci n'empêche pas de percevoir des différences
fondamentales dans la
répartition des richesses produites ou dans l'exercice du
pouvoir. Si
le statut privilégie une forme ou une autre, il ne fait pas
tout, loin de là. Tous les étudiants devraient connaître toutes

les options
qui s'offrent pour être mieux à même de s'orienter et d'agir
dans leur vie professionnelle.

Je doute que les étudiants des écoles de commerce ne
sachent grand chose
sur l'ESS. Alors que le contraire, que ceux des cursus ESS
méconnaissent
totalement l'économie de marché et le monde de l'entreprise
capitaliste, serait assez étonnant. Est-ce que je me trompe ?

Je pense que oui. Comme indiqué, plus haut, certaines écoles sont
plus ouvertes que tu le supposes.

Par ailleurs, des étudiants des filières ESS d'université qu'il
m'arrive de rencontrer ont une vision épouvantable de l'entreprise en
général, qui est celle des mauvais exemples médiatisés, entreprises
souvent gérées par des "managers" parachutés. Entendant quelques
enseignants, je ne suis pas surpris... C'est loin d'être la réalité
de la grande majorité des entreprises.

Par exemple, j'ai eu beaucoup de plaisir à entendre des élèves de 3e
d'insertion à leur retour de stage en entreprise. A côté de quelques
cas compliqués, beaucoup d'élèves, dits "en difficulté" par
l'institution (quelle scandaleuse appellation), étaient contents de
leur stage et souvent invités par l'entreprise à revenir pour un
apprentissage ou une embauche. Ces élèves ne sont donc pas aussi en
difficulté qu'on le dit et les entreprises, parfois dirigées par
d'anciens "élèves en difficulté", pas si inhumaines que certains le
pensent.

Il y déjà très longtemps, dans une école d'ingénieurs, nous avions
des cours sur tous ces thèmes avec des expériences dans le monde
industriel : Poêles Godin, Boismondeau et d'autres, mais aussi des
comparaisons entre les divers systèmes économiques, notamment, on
parlait des expériences yougoslaves d'autogestion qui, à l'époque,
semblaient un bon compromis.

Depuis que j'ai quitté le monde des entreprises pour celui des associations, je caricature en disant que les patrons
propriétaires
de leur entreprise ont au moins la reconnaissance du
ventre vis-à-vis
de leurs salariés, car ils mesurent leur rôle fondamental dans
la marche de leurs affaires et le coût d'une mauvaise ambiance
(sans négliger qu'ils sont des humains qui aiment souvent vivre
dans un contexte apaisé).
Les coopérateurs sont aussi propriétaires de leur entreprise.

Les coopérateurs sont propriétaires, mais ne sont pas toujours
travailleurs dans l'entreprise. Jean-Christophe avait raison de
signaler que certaines SARL étaient gérées de manière similaire à des
coopératives de production, quand tous les travailleurs sont
associés. La différence est que dans une coopérative 1 personne = 1
voix, alors que dans une SARL, le poids des individus dans les
décisions dépend de la part du capital (s'ils ont tous des parts
égales...).

Je rencontre des associations où même cette
reconnaissance n'existe pas car les responsables ne sont
pas impactés
dans leurs biens par la mauvaise ambiance qui règne et
leur ego guide
leur conduite sans aucun frein. Ce sont des "managers" qui
parfois semblent se venger de je ne sais quoi.

Oui, la répartition des pouvoirs au sein d'une association
peut laisser
la possibilité à quelqu'un qui se considère "despote
éclairé" de ne pas
respecter les gens qui l'entourent. Peut-être devrait-on
supprimer les associations ;-)

On pourrait retourner la question pour les entreprises... Je voulais
montrer que le statut est de second ordre par rapport aux personnes
qui le mettent en oeuvre quotidiennement et qu'il ne faut pas y
attacher plus d'importance qu'il mérite, même si je ne le néglige
pas.

Il faut donc prendre du recul pour juger avec le moins
possible d'a
priori. On doit retrouver les mêmes travers dans les luttes
entre "libre", "Open source" et "propriétaire".
et dans la même logique, cessons de nous battre pour le libre ?

Non ! Il faut se battre, mais pas bêtement, en faisant la part des
choses et en reconnaissant que le modèle ne peut pas s'appliquer à
tout et tout le temps. Comme il m'est arrivé d'être méchamment
agressé par RMS, parce que j'étais présent devant une affiche qui ne
reconnaissait pas tous ses mérites, je sais que le libre a des
limites...









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