Re: [SENSIBILISATION] projet premier dessin animé : brevet logiciel

["Gérald Sédrati-Dinet (Gibus)" <gibus AT april.org>]

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Le 29/03/2012 22:32, mammig.linux a écrit :
> Nous avions deux autres idées de scénarios qui reposaient
> également sur la notion de "vol d'idée" avec la notion d'idée
> trouvée par une ou plusieurs personnes. Je pense que nos scénarios
> ne font pas assez ressortir le fait que l'idée peut être
> implémentée ou non. Gibus, as-tu lu les idées de fluorflux et de
> Luc ?

Oui, mais comme dit précédemment, je suis assez réticent quant à la
simplification "breveter du logiciel revient à breveter des idées".

> 
> Nous devons également sortir de cette notion "d'idée" et trouver 
> quelque de chose de plus concret qui ne soit pas trop technique et
> qui soit compréhensible par le grand publique.

Exactement !

> 
> Voici 3 nouvelles idées ( encore très générales ) qui devrait
> mieux correspondre à ce que tu souhaites :
> 
> 1/ Je pense qu'il faut penser à quelque chose qui représente un
> ensemble d'éléments. J'avais pensé faire une analogie avec le conte
> de fée. Un conte de fée est un ensemble de personnages ( princesse,
> prince, château, fées, sorcières... ) et un programme est un
> ensemble de fonctionnalités ( ouvrir un fichier, enregistrer un
> fichier, modifier un fichier, quitter le programme... on doit
> pouvoir facilement trouver d'autres fonctionnalités facilement
> compréhensible par le grand publique ). Breveter certains éléments
> du conte de fée, revient à breveter certaines fonctionnalités d'un
> programme. Ca empêche donc de créer de nouveaux contes de fées (
> pas de prince, pas de princesse => pas de conte ) et de nouveaux
> programmes ( comment créer un programme qui ne peut pas sauvegarder
> ou qu'on ne peut pas quitter ? ). Je pense que cette approche
> permet de montrer la modularité des programmes qui semble être si
> importante ( et sans descendre jusqu'à l'algo ou la prog ). Je
> pense également qu'on peut facilement faire un parallèle entre la 
> description d'une princesse et "quitter le programme". Par exemple
> on doit pouvoir indiquer qu'on peut décrire une même princesse de
> différentes façon ( description "verticale" en partant des cheveux
> vers les pieds, une autre en partant des pieds pour arriver aux
> cheveux, une autre en partant des détails ( yeux... ) pour arriver
> au général ( silhouette, vêtements ) ou l'inverse... ). De même
> pour quitter un programme on peut soit fermer le programme sans se
> poser de question, ou faire des choses avant ( vérifier ou non que 
> le traitement en cours est terminé, si un fichier est ouvert
> demander si on veut l'enregistrer... on peut par exemple utiliser
> des logiciels libre connue comme firefox pour illustrer notre
> propos. Quand plusieurs onglets sont ouverts, avant de fermer il
> nous demande si on souhaite "enregistrer" ou non nos onglets. Si on
> prend VLC, si on le ferme avant la fin d'une vidéo, il ne pose
> aucune question et il se ferme ). Je pense que ça peut illustrer le
> fait qu'un même "fait informatique" ( fermer un logiciel ) peut
> être réalisé de différentes façons ( se poser ou non des questions
> avant de fermer )

Oui, ça peut donner une analogie intéressante.

> 
> 2/ Ton autre idée de montrer un monde "breveté" me semble aussi
> très intéressante. Je pense qu'on peut monter des "choses du
> quotidien" et à chaque fois qu'un personnage fait quelque chose, il
> met une pièce dans une tirelire ( un petit cochon rose avec
> "brevet" dessus ;) ). On pourra montrer des enfants dans une cours
> de recréation ( filles qui sautent à l'élastique, qui font de la
> corde à sauter, des garçons qui jouent au bille ou "à la guerre"
> ),

si ça pouvait moins renforcer les clichés de séparation sexuelle des
activités...

 ou des joueurs d'échecs ( ils
> reprennent souvent des "tactiques" d'autres joueurs ) ou une
> personne qui utilise son ordinateur... ( il me semble qu'il y a
> quelques année Billou avait essayé de brevetter les notions de clic
> de souris et/ou double clic... Je ne suis plus très sure de moi )
> chaque mouvement serait stoppé par une pancarte "brevet n°xxx" et
> on entendrait un bruit de tiroir caisse par exemple. On verrait des
> sous aller dans le cochon puis la pancarte disparaîtrait et le
> mouvement continuerait. On pourrait "remonter" comme tu le suggères
> en disant qu'un jour les "tactiques et techniques" ont été breveté
> parce qu'avant la "définition" de l'objet a été breveté. ( on
> brevette le fait d'utiliser ce telle façon une corde à sauter car
> la façon de sauter en question est perçu comme une invention ( en
> avant, sur place, sur 1 pied, sur 2 pieds... ) , avant on a
> breveter l'idée d'un jouet composé d'une corde avec un petit bâton
> de chaque côté... ). Par contre, avec cet exemple, je n'ai pas
> encore trouvé comment illustrer la notion d'appauvrissement
> créatif.

j'aime bien aussi en tout cas !

> 
> Voici quelques autres idées d'exemples que nous pourrions utiliser
> :
> 
> * Si on brevette la fourchette, un autre brevette la cuillère et
> la pince à salade ne se fait jamais car ça coute trop cher.
> 
> * Le fromage : si on brevette la fabrication de fromage quand on
> cuit le lait=> un seul fromage à pâte cuite et pas de raclette
> parce qu'on a breveté le gruyère avant( ou pas de comté ) Si on
> brevette le principe de la fabrication du fromage sans cuisson, 
> même chose => un seul fromage + impossibilité pour les petits 
> producteurs de créer des nouveaux fromages...
> 
> * Si les blinis sont brevetés, pas de crêpes, pas de pan cakes... 
> répercutions sur la production de sirop d'érable. même chose avec
> les tortillas, les faritas et tous les pains non levés cuit à même
> une plaque comme on peut en trouver dans des pays désertiques... 
> Pour les blinis, je pense qu'on peut aussi montrer quelqu'un
> d'autre qui imaginerai une autre façon farfelu de faire des blinis
> et qui la brevetterais sans la mettre en oeuvre ( par exemple une
> machine du genre "savant fou" qui prend une louche de pate, la met
> dans une espèce de tourbillon qui l'aplatira mais l'empêchera de
> s'éparpiller pendant qu'un courant d'air chaud fera la cuisson...
> ou autre... tout aussi improbable )
> 
> Les exemples du fromage et des blinis permettent de mettre
> facilement en évidence la notion d'appauvrissement de la création à
> cause de brevet.

J'ai un peu peur qu'avec ces trois derniers exemples on se heurte à la
limite de l'analogie entre le monde informationnel qui est celui du
logiciel et le monde matériel. Il faut toujours se méfier de ces
analogies car elles buttent à un moment ou à un autre sur les
spécificités de l'un ou de l'autre monde. Sur un sujet différent mais
bien connus des apriliens, cela donne l'assimilation regrettable tout
autant qu'erronée de ceux qui partagent des œuvres culturelles
numériques aux voleurs de pains.

Ce qu'il y avait de bien dans les premiers exemples avec les contes de
fées ou les jeux des enfants, c'est qu'on compare deux choses
(logiciels et contes de fées/jeux) qui sont des moyens d'expression ou
des activités sociales. Et c'est précisément des caractéristiques du
logiciel qui expliquent l'inadéquation avec le brevet...

> 
> La notion d'"idée" disparaît et nous la remplaçons par des notions 
> "générales" mais qui sont peut-être d'avantage concrètes pour le
> grand publique. De même, on fera un rapprochement avec
> l'informatique en reprenant le fait qu'un programme est un ensemble
> de fonctionnalité.

oui, avec le bémol ci-dessus qu'il faut se méfier de l'analogie avec
des choses trop matérielle.

> 
> 3/ J'ai vu également le texte qui parlait de l'impossibilité pour
> Victor Hugo d'écrire les misérables pour cause de violation de
> brevet. Nous pouvons également essayer de l'exploiter. Par contre,
> mes connaissances en littératures étant assez limitées, si nous
> suivons cette idée nous pourrions demander à la liste educ des noms
> de bouquins classique qui répondent à 1 ou plusieurs thèmes
> classique en littérature. Par exemple, pour "un type qui reste
> longtemps en prison et change d'identité en sortant", nous avons
> certes "Les misérables" mais aussi "le compte de monté cristo" ( et
> certainement plein d'autres ). J'ai cependant un peu peur qu'avec
> des exemples tirés de la littérature on soit mal compris car tout
> le monde ne connaîtra pas forcement des livres/histoires citées. 
> Pour faire le lien avec la programmation on doit pouvoir reprendre
> le fait qu'un programme est un ensemble de fonctionnalité ( cf 1 )
> au même titre qu'un roman est un ensemble d'idées.

Oui, cela me semble très semblable à l'idée du conte de fées. Pour
ceux qui désirent lire le texte sur Hugo, c'est ici en français :
<http://www.ffii.fr/Brevets-logiciels-et-brevets.html> et la version
orginale là :
<http://www.guardian.co.uk/technology/2005/jun/23/onlinesupplement.insideit>.
Si on avait utilisé cet exemple avec RMS, c'était précisément parce
que le logiciel et la littérature ont ceci de commun d'être des moyens
d'expression utilisant des concepts se situant à divers niveaux
d'abstraction (lettres/mots/phrases/élément narratif/histoire
complète/etc.).

> 
> Gibus, que penses-tu de ces "pistes" ?

Elles sont beaucoup plus prometteuses ! Et ce projet me semble très
motivant, nan ?

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