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educ - Re: [EDUC] Re: [EDUC] RE: [EDUC] Re: [EDUC] Re : [EDUC] Catastrophe : la DUI donne des leçons d'OpenOffice.org !

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] Re: [EDUC] RE: [EDUC] Re: [EDUC] Re : [EDUC] Catastrophe : la DUI donne des leçons d'OpenOffice.org !


Chronologique Discussions 
  • From: Bastien <bzg AT altern.org>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: Re: [EDUC] Re: [EDUC] RE: [EDUC] Re: [EDUC] Re : [EDUC] Catastrophe : la DUI donne des leçons d'OpenOffice.org !
  • Date: Fri, 24 Jul 2009 13:11:29 +0200
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Merci Charlie pour ce texte.

Cela me fait aussi penser au combat de Gilles Deleuze contre les
« arbres » et les segmentations arborescentes du réel.

J'ai toujours pensé qu'il fallait se méfier du rapprochement facile
entre ce qu'il appelle « rhizome » et la structure de l'internet
(rapprochement qui fut fait mainte fois, mais trop souvent par des
philosophes qui ne comprenaient pas vraiment ce qu'était le réseau
Internet) mais ce que tu dis me donne l'impression qu'il faudrait à
nouveau se pencher sur ce rapprochement.

Peut-être à titre de pensée-force, comme il dit.

"Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr> writes:

> Jean-Yves,
>
> Je pense que ton désir de promouvoir le seule et "bon usage" du
> traitement de textes débouche sur une approche excessive.
>
> Autant je suis partisan que l'on apprenne dès le plus jeune âge, par
> exemple dès la sixième, l'usage raisonné du traitement du textes (viré
> des programmes de l'éducation technologique, en collège, sur
> recommandation de l'Académie des sciences et technologies sur la base du
> même discours que le tien : le seul usage de l'outil) ; autant je suis
> partisan que l'on puisse aborder quelques années plus tard
> l'apprentissage de formateurs de textes (HTML, CSS, LaTeX) ; autant je
> ne peux que m'élever contre un dogmatisme qui prétendrait que séparer le
> fond et la forme serait la seule et unique méthode efficiente.
>
> Comme l'a déjà écrit ici Ivaylo - dont inutile de dire que je partage le
> point de vue - , et quelques mois plus tôt également Patrice Pillot,
> promouvoir le Libre dans l'éducation, ce n'est pas seulement promouvoir
> LaTeX ou l'usage structuré du traitement de textes sous Ooo et/ou
> Abiword ; c'est également promouvoir des logiciels de PAO comme Scribus.
>
> De plus, en tant qu'enseignant (et non pas en tant que "libriste") je ma
> bats contre toutes les approches unidimensionnelles qui souhaiteraient
> imposer dans l'éducation un seul et unique modèle cognitif : la
> segmentation arborescente.
>
> Dois-je rappeler la théorie de l'intertextualité d'une Julia Kristeva
> reprise par Roland Barthes qui appliquée, par exemple à la presse, fait
> qu'un titre, une une de couverture, un intertitre, un chapô, etc,
> participent dans leurs interactions du processus de signification. Dans
> ce cas, la hiérarchie, contrairement à un rapport, un mémoire d'étudiant
> structuré par une table des matières, n'est pas déterminée par une
> séparation entre le fond et la forme.
>
> Et ce n'est pas parce que je milite pour un usage structuré du
> traitement de textes dès le plus jeune âge que je considère ce modèle
> comme le seul et unique méritant d'être enseigné. D'ailleurs, si TeX
> s'inscrit dans la culture ancestrale typographique des ouvriers du
> livre, cette culture typographique n'était pas seulement conditionnée
> par le livre, mais également par la presse.
>
> Promouvoir le libre dans l'éducation, ce n'est pas promouvoir l'outil
> mais promouvoir un certain nombre de principes informatiques au rang
> desquels entre en premier lieu : l'interopérabilité.
>
> En dernière analyse, ce n'est pas tant OpenOffice.org (dont l'ergonomie
> est perfectible) dont nous faisons la promotion que le format libre et
> ouvert désigné sous la norme : OASIS Open Document Format for Office
> Applications.
>
> La communauté éducative du Libre, à distinguer de celle de l'Open
> source, n'a pas seulement pour ambition de promouvoir l'usage des
> logiciels libres en tant que produits, ce qui reviendrait à sombrer dans
> les mêmes défauts que l'informatique propriétaire, mais de tendre - à
> travers l'usage de ces "produits logiciels" - vers une culture
> informatique pour tous.
>
> Il devient donc nécessaire dans le cursus que puissent au moins être
> enseignés ce qui sépare le matériel des logiciels, un système
> d'exploitation de logiciels d'applications, les notions de formats de
> données, de codage. Sans ces notions, l'élève ne sera pas en mesure de
> comprendre pourquoi il doit coller en mode texte non formaté un
> paragraphe issu d'une page web ou d'un autre document, ni pourquoi
> lorsqu'il importe un texte dans un format de données non interopérable
> dans Scribus des caractères "bizarres" peuvent apparaître en lieu et
> place des caractères accentués.
>
> Pour revenir sur le dogmatisme niant l'intertextualité, y compris dans
> un texte qui serait structuré par du LaTex et/ou une feuille de style,
> cet admirable texte de Bernard Stiegler (qui donna une conférence aux
> RMLL) dans "philosopher par accident" où se référant à la structure
> d'écoulement posée par Husserl où l'unité de sens ne procède dans la
> conscience que des éléments qui précèdent, cette expérimentation du
> metteur en scène Russe Koulechov qui aurait demandé à l'acteur Ivan
> Mosjoukine de tourner un plan affectant une expression un peu
> indéterminée, indécidable, peut être comme celle, fameuse de la Joconde.
>
> Or, relate Stiegler, le même plan fut monté après trois plans différents
> (une table de victuailles, un cadavre, un enfant), et ce qui était vu
> dans chaque montage par les spectateurs formait trois expressions
> différentes, bien que ce fut à chaque fois le même plan. Et reprenant
> Husserl, Stiegler écrit : "Husserl nous enseigne qu'il faut distinguer
> la rétention primaire qu'il vient de découvrir dans le présent de la
> perception de rétention secondaire qui constitue le passé et relève de
> l'imagination".
>
> La théorie de l'intertextualité de Julia Kristeva ne dit rien d'autre.
>
> Allant encore plus loin que Julia Kristeva, les premiers théoriciens des
> hypertextes, dont le groupe Paragraphe, en France, formulaient
> l'hypothèse que si, par l'intermédiaire d'un indexeur plein texte, l'on
> retrouvait des co-occurrences communes entre deux paragraphes relevant
> de textes appartenant à des catégories disjointes, il était fortement
> probable de reconstituer une troisième unité de sens occasionnelle.
>
> Les ordinateurs en réseaux ont permis la matérialisation des premiers
> hypertextes, comme le web qui n'est pas tout à fait hypertexte au regard
> de la théorie des hypertextes en ce que tous les liens sont
> monodirectionnels. Seuls des liens bi-directionnels dans un corpus,
> permettent dans un champ lexical, de déterminer quelle notion occupe,
> dans un instant t donné, une position nodale.
>
> Apprendre à apprendre à l'ère du numérique, se serait en aucune manière,
> se limiter d'une part au seul usage d'"outils", ce qui ne veut rien dire
> et que la communauté éducative du Libre doit combattre, mais également
> sur le plan cognitif, ne pas se limiter à la seule approche par
> segmentation arborescente.
>
> L'approche par segmentation arborescente, reprise par Descartes dans
> "décomposer chaque difficulté jusqu'au plus simple élément" que l'on
> retrouve tout aussi bien, en tant que paradigme, dans la division
> sociale capitaliste du travail appelée fordisme ou taylorisme, dans le
> mode d'organisation des structures bureaucratiques comme le feu parti
> bolchévik, dans la littérature d'un Georges Péréc - penser, classer -,
> dans une table des matières, générée par un usage structuré du
> traitement de textes, dans un système de fichiers, dans toute forme
> d'organisation sémantique de classement, de catégorisation, etc, ne
> constitue en aucune manière le seul et unique modèle cognitif, à l'ère
> des hypertextes, qui doit être enseigné.
>
> Il faudrait arrêter de systématiser et dire que séparer le fond et la
> forme sont les prolégomènes de toute pensée structurée. Comme le
> démontre fort bien Bernard Stiegler, un même paragraphe copié/collé, mis
> en scène, après un autre, ne prendra de véritable signification que dans
> un contexte d'intercations avec les autres paragraphes.
>
> Les dizaines de mémoires universitaires qu'il m'a été donné de diriger
> témoignent tous que les tables des matières ont systématiquement été
> reconstruites qu'en fin de travail, pour donner le change et l'apparence
> d'une cohérence en fonction des données écrites mises en forme. Elles
> sont une reconstruction qui permet de donner le change. La pensée
> "structurée" n'est qu'un artifice.
>
> Ce qui est sûr en revanche, c'est qu'un usage structuré du traitement
> de textes ou d'un formateur de textes de type LaTeX permet, sans être
> victime de bugs, de déplacer des sections, rajouter aisément des titres
> de niveaux 1, 2, ou trois, en supprimer, etc.
>
> Mais de là à systématiser que c'est le seul et unique modèle cognitif
> qu'il s'agit d'enseigner à l'ère des ordinateurs en réseaux est un non
> sens.
>
> Librement,
> Charlie

--
Bastien




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