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educ - POURQUOI LE COLLEGE EST-IL EN RECUL DEPUIS 2008 SUR LES APPRENTISSAGES DE BASE EN TIC ?

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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POURQUOI LE COLLEGE EST-IL EN RECUL DEPUIS 2008 SUR LES APPRENTISSAGES DE BASE EN TIC ?


Chronologique Discussions 
  • From: "Philippe-Charles Nestel (Charlie)" <cnestel AT free.fr>
  • To: educ AT april.org
  • Subject: POURQUOI LE COLLEGE EST-IL EN RECUL DEPUIS 2008 SUR LES APPRENTISSAGES DE BASE EN TIC ?
  • Date: Thu, 22 Oct 2009 23:51:56 +0200
  • Organization: april AT april.org

J'aprouve à 100% le texte d'Ignace Rak, Inspecteur d’Académie, membre du groupe ITIC de l'Asti qui, bien que non membre de la communauté du logiciel libre, a une vision juste du terrain et décrit avec objectivité et finesse pourquoi l'apprentissage de notions informatiques régresse dans le collège depuis 2008.

Ce texte est sa contribution à la mission Fourgous. Il mérite qu'on le lise.

Cordialement,

Charlie

Texte d'Ignace Tak :
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POURQUOI LE COLLEGE EST-IL EN RECUL DEPUIS 2008 SUR LES APPRENTISSAGES DE BASE EN TIC ?*

Les professeurs actuellement et officiellement en charge des apprentissages de base en TIC, sont principalement les professeurs de technologie et ceci depuis 1996. Dans un très récent sondage, octobre 2009, ceux-ci sont assez formels : 91 % disent qu’il n’est pas envisageable sans apprentissages de base organisés et planifiés, y compris sur quelques connaissances informatiques et pour 80 % d’entre eux il est nécessaire de maintenir ou d’installer un enseignement spécifique (voir les documents et résultats ci-dessous). Ma contribution s’appuie sur mon expérience professionnelle personnelle de 1987 à 1999 d’Inspecteur de l’Education Nationale, puis comme Inspecteur d’Académie, Inspecteur Pédagogique Régional (IA IPR) en sciences et techniques industrielles, donc d’acteur en 4e et 3e technologiques en collège et lycée professionnel, puis en technologie au collège pour la mise en place des formations des professeurs concernant les TIC puis des nouveaux programmes (1985, 1990, 1996).

*Une histoire vécue et datée : 1985-1996-2000-2008*

Dès la parution du nouveau programme de technologie collège en 1985 totalement axé sur les savoirs et savoir-faire sélectionnés dans les pratiques sociales du monde de l’entreprise, les professeurs de technologie ont été formés et ont enseigné la dactylographie sur des machines à écrire, puis rapidement sur les premiers ordinateurs avec les logiciels de traitement de texte et de tableur-grapheur utilisés dans les entreprises. D’autre part ils ont été contraints d’apprendre la programmation de petits systèmes automatisés et petites machines à commande numérique pour usiner des pièces en métal ou en matière plastique. A la rentrée 1996 lors de la révision de l’ensemble des programmes de collège, le ministère de l’éducation nationale décide de confier à la seule discipline technologie l’ensemble des apprentissages de base aux TIC bureautique, ceci pour tous les élèves du collège pour être utilisés dans des applications dans toutes les autres disciplines. C’était donc très clair. Etant en poste d’IA IPR dans l’académie de Paris en 1996, la quasi-totalité des crédits de formation continue pour les 400 professeurs de technologie en poste durant quatre années (1996-2000) ont été dépensés pour une solide formation en TIC. Dans les années 2000 apparaît un référentiel des TIC pour l’école et le collège afin d’obtenir une certification officielle intitulée Brevet Informatique et Internet (B2i), d’abord expérimental, puis obligatoire au collège à la session 2008 et intégré au collège dans le Diplôme National du Brevet (DNB). Curieusement cette certification ne concerne que les usages courants bureautiques et de communication usuels au niveau « domestique ». Ne sont donc pas retenues les connaissances informatiques dispensées pour les applications industrielles du programme de technologie enseignées depuis 1996. Entre 2000 et 2008 le ministère et l’une de ses directions, la DGESCO, révise plusieurs fois le référentiel des compétences en supprimant, dans sa dernière version, les quelques connaissances informatiques existantes et en ne gardant que les « compétences », donc des savoir-faire dans leur seule dimension d’outil. Cette même direction ministérielle instaure ainsi le principe selon lequel toutes les disciplines du collège sont désormais responsables des apprentissages et des validations de la certification B2i, c’est-à-dire tout le monde, donc plus personne.

*Quelques faits et chiffres pour éclairer les enjeux et décisions*

Deux faits importants sont à signaler. Le premier c’est le fait que seulement 24 % des élèves arrivent en 6e avec le B2i école dans un sondage récent de septembre 2009 sur 63 collèges. Le second fait, c’est qu’à l’issue de la scolarité du collège 48 % des validations du B2i collège sont directement prononcées par le jury départemental, ceci malgré un avis défavorable du conseil des professeurs. D’autres chiffres sont à examiner. En novembre 2007 dans un sondage sur 135 collèges, 96 % des apprentissages de base en TIC sont assurées par les professeurs de technologie et se sont encore eux qui valident 78 % des compétences du B2i à la session 2008 du Diplôme National du Brevet (DNB). Une étude que j’ai aussi faite sur la place de l’apprentissage des connaissances TIC dans les nouveaux programmes de collège lors de la consultation des enseignants de d’avril-juin 2008, indique que 58 connaissances en TIC se trouvaient dans la discipline technologie avec 0 heure fléchée pour cela et 3 connaissances en mathématiques sans aucune heure fléchée non plus.

*Enjeux et décisions*

Je suis spécialiste de l’élaboration des curriculums et programmes mais pas spécialiste des contenus informatiques et des technologies de l’information et de la communication. Or je constate une dérive depuis les années 2000 vers ce que j’appelle « tout le monde est responsable des apprentissages informatiques de base et donc personne n’est responsable d’une faute répartition précise des connaissances ». Par ailleurs comment comprendre que la discipline technologie au collège soit responsable de 98 % des apprentissages de base dans les nouveaux programmes de collège 2008 et que dans le même temps on ramène le temps à y consacrer du programme 1996 (1/3 du temps), au programme de 2005 (1/4 du temps), à 0 heure en 2008 ? Quant aux contenus, les connaissances en TIC, ne peut-on pas se poser la question de savoir pourquoi depuis 1996 ceux-ci ne se sont pas ouverts aux connaissances relatives aux logiciels libres, à l’interopérabilité, etc. Nul doute que la commission présidée par M. Fourgous devrait examiner, ou réexaminer, les contenus et orientations des programmes actuels de 2008 en collège, en particulier ceux du programme de technologie pour leur donner, redonner, les moyens horaires et contenus pour installer une véritable culture informatique de base responsable de 98 % des connaissances de base en collège ? Faute de réponse, alors ne faut-il pas se résoudre à ne rien installer en France de solide, contrairement à d’autres pays comme par exemple le Maroc qui a installé depuis 2007 une nouvelle discipline informatique au collège et au lycée ? La décision, au collège, se trouve, selon moi, entre la désignation d’une discipline existante comme responsable de l’ensemble des apprentissages TIC, et une discipline à créer (avec toutes les contraintes : contenus informatiques, création d’un corps de professeurs informatique, un corps d’inspection spécifique, des salles équipées et attribuées à cette discipline, des budgets conséquents pour l’achat et renouvellement de matériels, ainsi que pour les achats de fournitures consommables). La solution ministérielle actuelle (DGESCO) décidée en 2000 d’un flou dans la répartition des responsabilités des apprentissages de base entre toutes les disciplines à gérer dans chaque établissement, est une orientation suicidaire vis-à-vis d’une égalité claire entre tous les collégiens sur le territoire national d’accession à une culture de base en Informatique et Technologie de l’Information et de la Communication (ITIC). Pour ne pas encombrer ce texte de différentes adresses URL sur les documents cités, vous pouvez consulter le portail http://pagesperso-orange.fr/techno-... <http://pagesperso-orange.fr/techno-hadf/index.html> et en particulier « Sondage 2009 sur : B2i et TIC technologie 2009-2010, quel avenir ? »

Le 20 octobre 2009

Ignace Rak Inspecteur d’Académie, Inspecteur Pédagogique régional en Sciences et Techniques Industrielles honoraire de l’Académie de Paris.

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Membre de l'April - « promouvoir et défendre le logiciel libre » -
http://www.april.org

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