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educ - Re: [EDUC] projet POP, transcription entretien

Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)

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Re: [EDUC] projet POP, transcription entretien


Chronologique Discussions 
  • From: yo8yo AT april.org
  • To: educ AT april.org
  • Cc: pvincent974 AT gmail.com
  • Subject: Re: [EDUC] projet POP, transcription entretien
  • Date: Fri, 13 Aug 2010 07:12:04 +0400

Bonjour,

Je remercie Philippe pour le travail qu'il effectue au Conseil Régional
pour appuyer la cause du libre.

Nénamoins, je vais jouer les troubles fêtes et me limiter au rôle du
grincheux, jamais content, assis dans fauteuil fort confortable,
sirotant une bière bien fraîche. Par avance, je vous présente mes
excuses pour les blessures au coeur et/ou à l'esprit que je m'attends à
commettre.

J'espère que ma nanoscopique contribution sera appréhendée avec
indulgence.

Prêt? 3 ... 2 ... 1 ... 0

>
> * *Pourquoi le choix d'un système d'exploitation libre pour les
> portables POP ? *
>
> Le choix qui a été fait pour les lycéens de mettre une distribution
> Linux est d'ordre économique à l'origine.
>
> Mais c'est aussi dans un sens de développement économique dans un
> deuxième temps.

Est-il possible que le Conseil Régional verse 100 euros par portable à
l'association, l'entreprise ou l'institution qui gère le développement
de la distribution? Cette rémunération permettrait de reconnaître le
travail magnifique de cette armée de codeurs, de graphistes, de
traducteurs, de testeurs, d'éditeurs, d'utilisateurs intervenant dans le
développement de la distribution.

Le libre n'est pas le gratuit, n'est-ce pas. Je comprendrai, ainsi,
plus facilement le deuxième temps : "c'est aussi dans un sens de
développement économique dans un deuxième temps."

>
> * *Et pourquoi pas le choix Microsoft ? *
>
> Je compare le don des licences Microsoft comme la première dose de
> drogue gratuite.
>
> Nous, à la région, nous ne donnons pas de première dose, on donne des
> produits libres.
>
> A des fins éducatives, les logiciels libres sont gagnants pour tout le
> monde.
>
> On a choisi cette option là.
>

Je trouve ce point fort contestable.

* Si le projet POP était intervenu dans le cadre d'un équipement des
établissements scolaires, j'aurais compris l'imposition de l'OS et du
matériel notamment pour des raisons d'homogénéité et d'efficacité.
J'aurais compris l'installation d'outils de contrôle pour des raisons
de maintenance.
* Mais le projet POP s'inscrit dans une logique d'équipement INDIVIDUEL
de l'élève. L'imposition de l'OS est en contradiction avec la
liberté de choix. Le Conseil Régional a, tout de même, conscience de
cette contradiction car il n'impose pas de choix de matériel.

L'ordinateur portable de l'élève sera une extension de SON IDENTITE,
sera SON ORDINATEUR dans lequel on trouvera SES DONNEES. Je pense que
le choix de l'OS lui revient.


> L'objectif est commun : équiper la population en matériel
> informatique.
>

Exact l'objectif n'est pas d'équiper les lycées d'une infrastructure
informatique.


> * *Quel système d'exploitation, quelles particularités ? *
>
> On va lancer le marché sous peu. Le cahier des charges est déjà
> rédigé.

Je crois bien que le choix est déjà un peu orienté. Il suffit pour cela
de lire l'article
http://www.clicanoo.re/11-actualites/13-economie/253366-un-portable-pour-tous-mais-pas.html

"La Région impose l’utilisation d’un OS de type Unix (Mandriva, Ubuntu,
SuSe, BSD...), c’est ça et rien d’autre. Du coup, on vous propose un
portable mais vous ne pouvez pas en faire ce que vous voulez"

Je renvoie dos à dos Ubuntu et Microsoft. Microsoft tend vers le libre,
Ubuntu tend vers le propriétaire mais les deux partagent la même
asymptote. Alors troquer Microsoft pour Ubuntu est contreproductif pour
la cause du libre.

J'aimerais bien des distributions qui possèdent un contrat social comme
Debian et Gentoo ou une distribution qui pousse la liberté à son
extrême comme une BSD like.

De toute façon, le Conseil Régional refuse aux parents d'élèves
toute critique dans le domaine de l'OS et remet à quelques experts le
soin de penser à leur place.

>
> * *Une gestion de parc informatique pour 18000 portables depuis
> Internet, n'est-ce pas trop compliqué ? *
>
> L'Assemblée Nationale a déjà choisi Ubuntu comme solution pour
> l'ensemble de son parc informatique, députés et attachés
> parlementaires compris.
>
> La région Guadeloupe avec 9000 portables. Nous, on en aura le double,
> on va bien voir.
>
> On a mis les moyens financiers et humains puisque on va employer 48
> animateurs TIC à la rentrée scolaire, un responsable par
> établissement.
>
> Ces personnes serviront de relai local pour les lycéens.
>
> Il y aura également un ingénieur réseau avec de fortes expériences
> dans le domaine de l'open-source et Linux.

L'éducation nationale a une longue expérience dans l'embauche de
précaires : pas de possibilité de carrière, rémunération extrêmement
faible. Le projet POP s'intégre-t-il dans la logique de précarisation
des acteurs du système éducatif? Le libre contribuerait-il à
l'abaissement du coût productif d'un salarié?

Le mouvement libre ne se limite pas à des questions techniques. Il pose
des enjeux politiques.

> * *Comment imposer le choix du système d'exploitation aux
> utilisateurs ? *
>
> On peut faire un comparatif avec la défiscalisation :
>
> lorsqu'on défiscalise une construction immobilière à la Réunion,
> l'état aide mais avec une contre-partie :
>
> on n'a pas le droit de vendre sa maison n'importe quand - ou - de la
> louer à n'importe qui, il y a des contraintes.
>
> C'est pareil pour POP.
>
> On donne un bon de 500€ au lycéen pour qu'il achète son portable mais
> en contre-partie, le contenu est géré par nous.
>
> Il n'a pas le droit de revendre son ordinateur pendant 3 ans.

Cette analogie est frauduleuse. Dans le premier cas, on aide les riches
à se libérer de l'impôt... cet impôt qui permet de payer les services
publics. Dans le deuxième cas, on aide les pauvres à limiter leur
liberté.

Néanmoins on peut me rétorquer que le peuple réunionnais a voté pour
ces choix politiques à travers des représentants. Je le concède et tant
pis pour les pauvres.


>
> * *Pas de mot de passe ROOT, accès au BIOS verrouillé dès l'achat,
> n'est-ce pas trop limitatif ? *
>
> L'ordinateur (matériel) appartient à l'élève.
>
> Cependant, on demande que le contenu pédagogique soit commun aux
> étudiants, il ne peut pas changer de système d'exploitation.
> Un élève a surtout besoin de naviguer sur internet, de discuter ; il
> joue très peu en fait.
>
> On veut forcer l'uniformité sur la base de produits libres avec un
> large panel de logiciels à sa disposition.
>
> Les élèves vont découvrir et comprendre dans un premier temps. Le
> déclic peut arriver après.
>
> Si l'élève arrive malgré tout à bidouiller et devenir un as de
> Linux, tant mieux pour lui.
>
> Ce que nous ne voulons pas c'est que l'ordinateur se transforme en
> console de jeu.
>
> D'où le verrouillage du BIOS et du mot de passe ROOT.

Si j'avais un enfant, je refuserai le bon de 500€ qui est un cadeau
empoisonné pour permettre à mon enfant de garder intact sa liberté. La
liberté n'a pas de prix.

Mais je doute que les pauvres aient le choix.

Nous sommes bien dans une logique de contrôle de l'équipement
individuel. Je rappelle que le projet POP n'est pas un projet
d'équipement des établissements scolaires mais un projet d'équipement
individuel. Cette logique de contrôle s'inscrit dans un mouvement plus
vaste dans lequel on retrouve HADOPI, LOPSI et ACTA.

Nous allons mettre dans la têtes des élèves de secondes l'idée qu'il
est normal de limiter l'accès au bios de SON ORDINATEUR. Et ce d'autant
plus facilement qu'ils trouveront des adultes pour justifier
l'injustiable.

L'élève a besoin d'apprendre la liberté et non de se résigner à
l'ignorance.

>
> * *En cas de refus du chef d'établissement, que se passe-t-il ? *
>
> Ce serait dommage.

La question serait plutôt :

En cas de refus du parent d'élève, que se passe-t-il?

Je dirais que le choix du parent mettrait les initiateurs du projet POP
devant leurs propres contradictions. Ce serait merveilleux et
enrichissant!

Certains parents refuseront d'être réduit à de simples consommateurs
et ils joueront pleinement leur rôle de citoyen. Dans tous le cas, je le
souhaite.

>
> L'étudiant pourra néanmoins profiter du bon de 500€ et utiliser son
> portable chez lui.
>
> On a rencontré la plupart des chefs d'établissement et les syndicats,
> dans l'ensemble, sont plutôt pour.
>
> Les profs doivent surtout être initiés, pour certains, à accéder au
> contenu pédagogique.

On discute, on palabre... mais on oublie les enseignants. C'est vrai!

Je vous rassure tout de suite. Nous pouvons compter sur les enseignants
pour financer eux-mêmes leur ordinateur portable comme dans toute
grande entreprise. Ils vont installer eux-mêmes la distribution après
avoir téléchargé l'image iso mise gracieusement à disposition sur le
site de la Région. Ils vont résoudre les problèmes de carte graphique,
carte wifi, webcam... avec une facilité qui va déconcerter tout
bureaucrate ou représentant du Conseil Régional.


> Notre cible c'est d'abord le lycéen afin de réduire la fracture
> numérique.

A mon humble avis, ce plan vise à réduire la fracture de la
consommation numérique. Tous les élèves vont enfin découvrir les joies
récursives de Facebook, l'univers majestueux des fermes de Google et les
sommets grandioses d'Ubuntu One. Que du bonheur capital!

>
> * *Imposer un système d'exploitation libre n'est ce pas un moyen de
> lutter contre la vente forcée ? *
>
> Cela peut faire bondir Microsoft mais la vente forcée est interdite
> par la loi.

Le fait d'imposer un OS libre ou propriétaire à un particulier
relève-t-il de la vente forcée?

Cordialement,

Hervé Darce





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