Re: [EDUC] windows imposéà l'école

[cnestel AT free.fr]

----- "Frucot Jean-Louis" <frucot.jeanlouis AT pourlecole.net> a écrit :

> > De même que la carte n'est pas le territoire, un programme ne
> > reflète pas la pratique réelle sur le terrain.

> Évitons de généraliser, même si tout n'est pas rose

Penses-tu un seul instant que tes références au réglement,
en réponse au vécu de parent d'Alain Wazner soit "généralisé" dans 
toute la France ? En l'occurrence :

"Les élèves apprennent à maîtriser les fonctions de base d’un ordinateur
: fonction des différents éléments ; utilisation de la souris, du
clavier. Ils sont entraînés à utiliser un traitement de texte, à écrire
un document numérique ; à envoyer et recevoir des messages. Ils
effectuent une recherche en ligne, identifient et trient des informations.
Les technologies de l’information et de la communication sont utilisées
dans la plupart des situations d’enseignement."

Soyons sérieux. Encore une fois la carte n'est pas le territoire.


> > Je ne peux que constater sur toutes les "cohortes" entrant en
> sixième
> > depuis la réforme Darcos du primaire que les enfants ne savent
> > même plus se repérer sur un clavier.

> Parce qu'avant ils savaient : permets-moi d'en douter !
> *toutes les "cohortes"* par là tu veux dire toutes celles que tu as
> vues ou toutes celles de France ?

Dans un premier temps je n'ai eu comme point de comparaison 
que les classes entrant en sixième dans mon collège, y compris
des fratries, avant et après la mise en application de la réforme
Darcos.

Je me suis donc livré à une enquête qualitative de terrain.

Et là, je me suis rendu compte que la plupart du temps c'était
principalement le samedi matin - supprimé depuis la réforme Darcos -
que se pratiquaient dans les écoles les activités plus récréatives
de type "main à la pâte", théâtre, informatique, etc.

Et ma perception a été corroborée dans des échanges sur des listes.
Et ici même par d'autres.

A rajouter à cela une pression accrue sur les instits par des
programmes surchargés.

Ce serait cool si toi tu relatais ta propre pratique plutôt que
de répondre de manière cinglante par un rappel des programmes.


> Cette façon de pratiquer l'amalgame discrédite les propos par ailleurs
> 
> intéressants que tu exprimes. En tant qu'enseignant au primaire, 
> utilisant l'informatique libre en classe, en la promouvant auprès des
> collègues, je me sens agressé par de telles assertions qui relèvent
> plus  du café du commerce que d'une réflexion de fond.

J'utilise aussi l'informatique libre dès que je le peux, au sein
de mon collège et ce, en étant limite par rapport aux programmes,
ce qui ne m'empêche pas de regarder la réalité en face.

Et ce qui importe le plus, au lieu de se référer à des programmes 
contestés de plus en plus à tous les niveaux (en guise de réponse 
aux interrogations d'un parent); ce qui est un phénomène 
inouï et révélateur de la crise profonde que traverse l'école, 
examinons davantage ce qui devrait constituer une culture
commune informatique à tous les citoyens, au sortir de l'école.
Et quels moyens nous proposons pour y parvenir.

> > Aussi je corrobore par mes propres observations celles d'Alain.
> >
> > C'est surtout à la maison ou dans les activités périscolaires
> > que les enfants pratiquent "l'ordinateur'.
> >
> N'y a-t-il pas là une contradiction s'ils l'utilisent à la maison, le
> clavier n'est-il pas le même qu'au collège ?

Justement. 

1. Un grand nombre d'enfants de milieux modestes n'ont pas 
les mêmes pré-requis informatiques que leurs camarades. 
En se déchargeant sur la sphère privée ou le périscolaire,
on renforce la fracture numérique.

2. Ce n'est pas parce qu'un enfant a accès aux consoles de jeux,
aux téléphones portables etc, depuis sa plus tendre enfance,
qu'il ne sera pas désarmé en classe pour repérer sur un clavier
les caractères accentués, les touches de basculement, etc.

3. Un certain nombre de rapports sur les prétendus digital natives
corroborent mes propos :

Internet et ses pratiques juvéniles
http://medialog.ac-creteil.fr/ARCHIVE69/juvenile69.pdf

L'autre fracture numérique : celle des 16-25 ans
http://www.lemonde.fr/technologies/article/2009/12/18/l-autre-fracture-numerique-celle-des-16-25-ans_1282850_651865.html#ens_id=1278946

"Le mythe de l'inutilité d'une discipline informatique dans 
l'enseignement général", par Jean-Pierre Archambault :
http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1103d.htm


> > Si on veut améliorer le monde, nous devons partir de ce
> > qu'il est réellement.
> Qu'est-il réellement ?

- Interdiction d'enseigner des notions informatiques dans tout
l'enseignement secondaire, excepté un enseignement de spécialité Informatique 
et sciences du numérique sera proposé aux lycéens de la filière générale S,
de 2h/semaine en TS, à la rentrée 2013 ;

- Une DHG qui en augmentant partout le nbre d'élèves par classe
a pour conséquence une diminution des pratiques numériques au
profit du Tableau blanc interactif (avec un substantiel marché
qui se profile à l'horizon pour les tablettes numériques DRMisées)

- L'accroissement du harcèlement au travail pour les enseignants

A ce propos, ci-joint un extrait de compte-rendu de mon intervention
au CA, publiée sur la liste de mon collège :

Temps partiels :
----------------
"La démultiplication  des temps partiels est le symptôme d'une dégradation 
des conditions de travail des enseignants : compléments de services, classes 
surchargées, hétérogénéité non maîtrisable, fatigue nerveuse, etc.

[...]

Harcèlement au travail :
----------------------
En premier lieu j'ai évoqué  les nouveaux programmes de Technologie qui 
furent, phénomène inouï dans toute l'histoire de l'Education,  condamnés sur 
le 
fond et rejeté au Conseil supérieur de l’Education de juillet 2008 par tous 
les 
syndicats réunis (entre autres pour ces raisons : aucune formation aux 
contenus, 
locaux inadaptés aux organisations préconisées, matériel non budgété, etc. ).

Puis j'ai rajouté que pour mettre un programme en place, il fallait un 
minimum 
de consensus entre les acteurs censés l'enseigner et non pas remplacer ce qui 
fonde une culture commune par une atomisation de compétences éphémères.

J'ai rappelé que l'on avait supprimé 33% des programmes de Technologie,
liés à l'apprentissage de l'enseignement de notions informatiques pour :

- mettre en place le socle commun pour une validation transdisciplinaire  
du B2i que des rapports parlementaires (y compris UMP) reconnaissent comme 
étant un échec. Ce qui n'empêche pas l'usage systématique de l'ordinateur en 
Techno ;

- au prétexte que l'apprentissage de l'ordinateur et de l'usage structuré
du traitement de texte, était réalisé en école primaire...

Les  nouveaux programmes recommandent une démarche dite par "investigation" 
improbable dans un groupe-classe de 29 élèves qui, de toutes les manières, 
n'entrent pas dans l'espace des salles de Technologie du collège XXXXXXXXX.
C'est là que, par ironie, j'ai demandé qu'on me retire tous les ordinateurs 
qui encombrent l'espace, afin de les remplacer par des tables et des chaises 
pour accueillir les classes entières.

Et on en arrive enfin au harcèlement au travail. J'ai relaté que le 
harcèlement 
au travail n'était pas réductible au harcèlement moral qui heureusement 
n'existe 
pas, en tous cas de la part de la Direction (les clans entre collègues 
peuvent 
également conduire au harcèlement moral) au collège XXXXXX, mais consistait à 
 placer 
les personnels dans une "double contrainte"  en leur fixant des objectifs 
qu'ils ne peuvent pas atteindre.

J'ai conclu mon intervention par : "De ce fait, chaque enseignant est mis en 
faute 
en cas d'inspection".".

Voili, voilà.

En revanche si tu veux participer à un groupe de travail sur le primaire,
apporter tes compétences, mais aussi commencer par faire un sondage
sur tous les membres parents et enseignants de la liste, sur les usages,
même si ce panel de passionnés n'est pas représentatif, tu es le bienvenu.

Librement,
Charlie