Objet : Liste de discussion du groupe de travail Éducation et logiciels libres de l'April (liste à inscription publique)
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- From: Thierry Munoz <thierry.munoz AT free.fr>
- To: educ AT april.org
- Subject: Re: [EDUC] Articles et communiqués en cours sur éduc
- Date: Wed, 25 Feb 2015 23:20:46 +0100
Le 25/02/2015 22:15, Laurent COOPER a
écrit :
Salut Laurent,Le 25/02/2015 21:25, Rémi Boulle a écrit :Bonjour à tous, Je centralise dans un mail les quelques pads de rédaction de communiqués/articles : Académie de Lyon qui passe en serveur Microsoft alors que tout est en EOLE/Scribe et que cela fonctionne : http://pad.april.org/MicrosoftRhoneAlpesBonjour désolé pour ce courriel un peu long, mais un éclaircissement me semble nécessaire. Je suis aussi dans la région Rhônes Alpes, et j'ai été pendant 16 ans dans l'académie de Lyon. J'ai été l'un des instigateurs du libre dans l'académie de Lyon, avec les passerelles internets libres, et bien d'autres applications. J'ai fait les premières expérimentations avec Oscar, travaillé avec des personnes qui avant wpkg travaillaient déjà sur les installations automatisées J'y ai gardé beaucoup de contacts privilégiés et j'ai assisté au naufrage de cet appel d'offre. Pour replacer le contexte. J'ai commencé le libre en 1991, j'ai travaillé pour le libre dans l'éducation nationale à partir de 1999 et je le fais encore. Je suis même allé en formation à Dijon sur le projet Eole. Je maintiens un parc de 600 serveurs sous Debian dans l'académie de Grenoble et je suis en train de procéder à la migration de ces serveurs vers la solution EOLE. Difficile donc de penser que je serais opposé par principe au libre. Ou aux solutions Eole. Seulement. Il m'est douloureux de le dire, mais la réalité est un peu plus complexe. Je suis désolé pour Cédric dont j'ai toujours apprécié la force de l'engagement. Dire que tout est en EOLE/Scribe et que cela fonctionne, c'est réellement aller un peu vite en besogne. En clair, les technos ne sont pas du tout en place là bas. Ça ne fonctionne pas. Rapidement. Les collègues avec qui j'ai gardé contact dans plus d'une dizaine d'établissement se plaignent de l'état des réseaux informatiques. En gros, dans beaucoup d'établissement, on ne peut pas faire grand chose. Mon fils est encore dans l'académie de Lyon. Il a fait deux collège différents. Comme d'après ses enseignants "rien ne fonctionnait correctement", il a fait en tout et pour tout 8 séances informatiques sur 4 années de collège ! La seule fois ou il a rendu un devoir informatique, c'est sur la clef USB que le prof faisait circuler... Les causes ? Oscar, projet dont j'ai vu la naissance, souffrait dès le début d'un défaut majeur : pas de console de gestion. Il n'en a toujours pas. Il est inapproprié pour gérer un réseau important où l'on veut pouvoir faire de l’infogérance. Par rapport à d'autres logiciels comme FOG, on est dans un mode de fonctionnement qui est réellement dans la catégorie en dessous Scribe. Il y a plein de fonctionnalités qui ne sont pas utilisables. Un exemple : un enseignant peu couper l'accès internet de toutes les autres personnes dès qu'il le souhaite. Un autre exemple : un enseignant peut voir ce qui se passe sur n'importe quel poste élève n'importe où dans l'établissement. Un dernier exemple ? Si un enseignant veut effectuer une action sur les machines de ses élèves, il doit choisir le groupe concerné parmi tous les groupes de l'établissement. Pour ceux qui ne le savent pas, un gros lycée, c'est 1200 à 1600 groupe. La liste déroulant avec des "AG1SP2G3" est un peu indigeste avec 1200 noms ! Il y a des tickets ouverts sur le site EOLE sur le sujet, qui sont en souffrance depuis deux ans. Dans l'académie de Lyon, les préconisations on un peut changer, mais jusqu'à récemment, le cahier des charges stipulait "C:\Program Files" doit être en lecture/écriture pour tous les utilisateurs pour être sur que les logiciels fonctionnent. Bizarrement, beaucoup de réseau étaient clafis de virus jusqu'à la gorge. Mais surtout les moyens humains n'ont jamais été à la hauteur. Dans beaucoup d'établissement, les profs finissaient par avoir tous le mot de passe administrateur pour pouvoir installer les logiciels, faire les mises à jour, par ce que personne ne le faisait. Je vous raconte pas le foutoir avec 80 admins dans un collège ! Le problème avec le libre, c'est qu'à imposer des choses, on peut vite se tirer une balle dans le pied. On passe vite de prosélyte à intégriste. L'académie de Lyon n'a pas mis les moyens pour faire vivre une solution pourtant prometteuse. Elle a voulu cacher la poussière sous le tapis, en faisant comme si tout marchait alors que les chefs d'établissement allaient régulièrement se plaindre aux politiques, faisant remonter l'exaspération des enseignants et des parents. Dans certains lycées, les enseignants demandent aux élèves d'amener les ordinateurs portables personnels pour faire les TPE ! Si faire du libre, c'est prendre ceux qui pensent différemment pour des imbéciles, on est pas sorti de l'auberge. Quand je vois parler de "WinDaube" par exemple, je peux vous dire que ceux qui tiennent ce genre de propos se décrédibilisent auprès de ceux qu'ils veulent convaincre. Le "CPasLibreCaPueCpasBien" ne fera jamais avancer les choses. Je vous donne un exemple. OpenOffice.org à la gendarmerie nationale. Génial ? Le responsable du projet était au salon solution linux pour une table ronde. Question de ma part. "Et pour la formation, pour la transition d'une suite bureautique à l'autre vous avez fait comment ?" Réponse "Oh, on les formait déjà pas avant, alors on les a pas plus formés ou accompagnés" Autre question "Et comment avez vous fait adopter la transition" Réponse "C'est simple. Si une gendarmerie veut garder microsoft office, ils peuvent. Il faut qu'ils remplissent un formulaire en 7 exemplaire pour chaque licence acheté, et qu'ils achètent les licences sur les fonds de la gendarmerie qui sont déjà bien maigre. OpenOffice.org on peut le charger sur le site du ministère" ... et il fait un grand sourire. Dans le public, certains libristes exultent. Je vous laisse imaginer l'opinion des gendarmes sur OpenOffice et le nombre de copies pirates de Microsoft Office dans les gendarmeries ( ce qui est quand même un comble!) En résumé, pour revenir à Lyon, vouloir sauver une solution parce que c'est libre, sans se renseigner sur la façon dont ça fonctionnait réellement peut ternir l'image de l'April. Bien entendu, cela n'est que mon point de vue. Librement votre Laurent Super éclairage de la situation avec un avis concret sur le terrain. Paradoxalement, il me semble plutôt "positif" en remettant les pendules à l'heure et prouve que toute solution demande un minimum d'investissements (en matériel, logiciels et humains). Car au final, on voit que tout est d'abord une question de manque de moyens que ce soit pour l'entretien ou la formation. Que ce soit avec des solutions libres ou propriétaires n'y changera rien : les problèmes sont les mêmes. Je ne rentrerai pas ici dans les choix éthiques du libre qui justifient encore plus leur choix pour des collectivités. L'erreur faite par les décideurs (et pas seulement eux) est d'associer le libre à la gratuité et donc in fine de pouvoir réaliser de substantielles économies. Du coup, l'argent récupéré (dans l'achat de licences par exemple) n'est pas réinjecté dans le circuit. Et on en arrive à assimiler le libre à du bricolage ... car ce qui est gratuit n'est pas sérieux. Du coup, on se trompe de cible en tirant sur l'ambulance. Quel dommage que l'argent que l'on est prêt à engloutir dans des solutions propriétaires, ne le soit pas dans le développement de solutions libres ! Si l'argent économisé était destiné à payer le développement de solutions libres (souvent en souffrance d'argent), la plupart des manques/problèmes seraient réglés (rapidement) et profiteraient à toutes les collectivités qui pourraient payer à leur tour d'autres développements et ainsi de suite : on rentrerait dans un cercle vertueux où l'argent des impôts profiterait à tous en ne payant qu'une fois. Bref, les dysfonctionnements constatés résultent plus d'un manque d'investissements dans le libre que du libre lui-même. Paradoxalement, ce qu'on refuse d'investir dans le libre (investissement = retour positif dans le futur), on est prêt à le lâcher pour payer un loyer à fonds perdus (entre autres "désagréments" en édulcorant)... N'est-ce pas ce point-là qu'il faudrait développer ? Cordialement, en espérant n'avoir pas été trop redondant ;-) , Thierry |
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