Re: [LibreAsso] texte

[Mathilde Guiné <mathilde AT outils-reseaux.org>]

Bonjour,
Bravo pour cette initiative de rapprochement ESS / LL ! Cela montre qu'il y a un  pas de plus franchi pour relier ces 2 univers, si proches au niveau des valeurs et qui ont pourtant tendance à se méconnaître. Depuis plusieurs années, c'est un thème de réflexion dans de nombreux colloques et rencontres (Forums des usages coopératifs de Brest, Autrans, RMLL...), donc les choses avancent... Et c'est très bien que les acteurs qui agissent sur ce chantier s'identifient et travaillent ensemble !

Par rapport aux 2 problématiques que proposait Vincent Calame (1 : la promotion des logiciels libres existants et «généralistes» ; 2 : le développement libres à destination de l'ESS), on propose une autre piste, qui nous semble prioritaire : développer des outils à destination de l'ESS, non pas simplement des logiciels "métiers" (gestion des adhérents, d'un CLSH...), mais plutôt des outils pour mettre en avant ce qui fait la spécificité de l'ESS : la coopération.
Il faut à la fois des outils pour coopérer en interne des structures (fonctionnement démocratique, diffusion des données à tous, salariés comme administrateurs, et transparence des décisions...) et en externe (comment plus coopérer avec d'autres structures qui travaillent comme moi sur telle thématique, sur tel territoire, plutôt que d'avoir les mêmes réflexes concurrentiels que l'économie traditionnelle). Or ces outils existent (on pourrait bien sûr en imaginer d'autres...), certains en logiciel libre, mais aussi, de plus nombreux et performants, plus simples d'usage, dans la sphère des services gratuits mais propriétaires de google, yahoo... C'est donc un défi que le logiciel libre réinvestisse ce secteur.

Pour détailler ceci, voici un texte écrit par Laurent Marseault, de notre équipe (association "Outils-réseaux" et future SCOP "Kaleïdos.coop"), sur notre positionnement sur ces questions :
"Dans l'économie ultra-libérale, les entités (personnes, structures...) sont mise en concurrence afin de favoriser cette saine émulation vectrice de profits monétaires. Au final, ne restent que les bons, et les escrocs et ceux qui on été pressurés, exclus.
Le fait de parler d'Economie Sociale et Solidaire re-convoque le terme d'économie. On arrive alors dans la dimension des richesses créées au niveau des biens communs fondements des sociétés, des liens humains et de leurs qualités, de l'intelligence collective et de ses dynamiques d'élaboration, des débats citoyens... Il s'agira là de plus travailler sur la mise en lien des entités (personnes, structures...) pour leur permettre de produire ensemble des choses qu'ils ne pourraient produire seul.
Objectivement, les acteurs de l'Economie Sociale et Solidaire (associations, mutuelles, coopératives) se comportent comme dans l'économie ultra-libérale (que cela reste entre nous). Logique de concurrence, pressuration des individus au nom d'idées suprêmes...
L'Economie ne sera Sociale et Solidaire que lorsque ces liens de coopération seront opérants et il y a du boulot. Pour illustrer cette affirmation, il suffit de regarder les annuaires de membres et projets des réseaux, CRES, URSCOP... Nous n'y trouvons qu'un piètre catalogue d'objets que l'on peut classer par départements et par ordre alphabétique. Même IKEA fait mieux. Où est le sens ajouté, où est la valeur ajoutée, ne pourrait-on pas faire mieux pour encourager solidarités et socialisme (partage équitable et renforcement des biens communs) ?
Autre illustration, "Ajouter du sens" ("ad sense") a déjà été utilisé par google mais on voit tout de suite dans quelle économie la bête se situe. Ce sens ajouté se traduit en publicités contextuelles. Peut-on imaginer la même performance informatique qui consiste à ajouter, lorsqu'un acteur remplie sa fiche de présentation lors de son inscription, des personnes ou projets qui lui ressemblent et quelques autres qui lui permettent de découvrir du nouveau ? "

"Peut-être que l'on promet trop de choses ?" demandait Vincent
Certes il y a du travail, et le monde du libre ne peut rivaliser avec Google et autres, mais peut-être que l'on peut gagner en efficience en mutualisant nos moyens ?

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Mathilde Guiné
Outils-réseaux